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que jamais que nous devons tous nous réunir pour seconder les intentions d'un monarque bienfaisant et éclairé, et les mesures que prendra sous ses ordres un ministère composé d'hommes unis par les mêmes vues, et qui ont des droits acquis à l'estime et à la confiance générale.

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Le 27 septembre, les trois souverains alliés ont fait ensemble une visite au Roi, chez lequel ils sont restés assez long-temps. On a cru remarquer sur leurs visages, au sortir de cette visite, un air de satisfaction plus prononcé. Ils se sont embrassés avant de monter en voiture, et se sont donné des rendez-vous. On dit que l'empereur de Russie va à Bruxelles. Ce prince est parti le 28. L'empereur d'Autriche, dont on annonce le départ comme très-prochain, se rendra à Dijon, pour y passer la revue de ses troupes. Le roi de Prusse ne partira que le 4 octobre. On dit que ces souverains doivent se réunir encore à Francfort.

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- On se flatte que le traité, si impatiemment attendu, été signé. Il restoit, dit-on, encore quelques difficultés, et les prétentions d'une grande puissance ont retardé la conclusion. Mais la modération de l'empereur de Russie a dissipé ces nouveaux orages, et il a eu la gloire de terminer cette œuvre importante qui va fixer tant d'incertudes, et as surer sans doute le repos de l'Europe,

M. le duc de Feltre est arrivé à Paris, et a prís et a pris le portefeuille de la guerre.

Plusieurs journaux ont annoncé que l'ouverture des chambres seroit encore différée de huit jours. Il n'y a encore rien d'officiel à cet égard.

-On avoit répandu le bruit que les alliés vouloient s'emparer du Mont-de-Piété et des effets qui y sont déposés. Ce bruit, quelqu'absurde qu'il fut, s'est propagé à tel point que plusieurs personnes se sont empressées de venir réclamer leurs effets. Nous devons assurer qu'il n'y a pas le moindre fondement à cette nouvelle, qui ne peut avoir été semée que par la malveillance, et répétée par la crédulité.

Le lieutenant-général Carnot, qui ne se sent pas net quoi qu'il en dise, vient encore de publier un écrit pour sa justification. C'est un Exposé de sa conduite depuis juillet

4814. Il y règne le même orgueil que dans son Mémoire de . l'année dernière. L'auteur parle toujours de la pureté de ses vues, de la loyauté de ses démarches, de l'estime qu'on lui porte, de la franchise de son caractère. Il faudroit le prendre sur un ton un peu moins haut quand on a à rougir de tant de choses. Nous pourrons parler de cette nouvelle production d'un de nos plus incorrigibles révolutionnaires.

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Le duc d'Otrante, dont on avoit annoncé plusieurs fois Je départ, s'est mis en route pour Dresde où il sera ambassadeur du Roi.

VIENNE (Autriche). Le 14 septembre, S. A. I. l'archiduchesse Marie-Louise s'étoit rendue au château impérial de Schoenbrunn; et là, pour éteindre tout esprit de parti, prévenir toute espèce de discussion que pourroient susciter des 'esprits mal faits, S. A. I. a signé l'acte formel par lequel elle renonce pour sa personne et celle de son filsau titre de Majesté, et à toute prétention quelconque à la couronne de France. S. A. I. prendra désormais les titres d'archiduchesse d'Autriche et de duchesse de Parme; son fils sera appelé le prince héréditaire de Parme.

L'acte a été lu avec solennité par M. le conseiller d'Etat de Hondelisse; il a été ensuite présenté à la signature par M. le prince de Metternich le père, faisant les fonctions de chancelier de cour et d'Etat, comme le plus ancien des conseillers d'Etat et de conférence.

S. A. I. la duchesse de Parme s'étant retirée avec Mmc. la marquise de Scarampi, qui a remplacé comme grande-maitresse feu Mme. la marquise de Brignolles, le nouveau grandmaître, M. le marquis de Sanvitali, a réuni toutes les personnes attachées à la cour de la princesse, et leur a lu cet acte pour avoir à s'y conformer.

La duchesse de Parme se rendit le soir à Vienne, et soupa chez Me. l'archiduchesse Beatrix, au palais du faubourg.

Nous voudrions pouvoir contenter tout le monde, et satisfaire à toutes les réclamations. Mais il y en a de si différentes qu'elles sont difficiles

à concilier. Un curé nous écrit pour se plaindre que nous ne dorpong pas assez de nouvelles politiques, tandis que d'autres trouvent encore que nous en donnons trop. Il faut expliquer d'où viennent des jugemens si divers. Dans les villes où nos abonnes ont d'autres journaux politiques, ils voudroient qué l'Ami de la religion et du Roi ne s'occu pât que de matières ecclésiastiques, de discussions littéraires, d'objets qui fussent neufs pour eux. Dans les campagnes, au contraire, où l'on n'a le plus souvent qu'un journal, on désireroit y voir plus de nouvelles qui évitassent de recourir aux autres gazettes. Placés entre deux demandes contradictoires, nous avons pris un moyen-terme que nous avons cru propre à concilier les goûts, autant qu'il étoit en nous. Nous avons partagé notre journal entre quelque morceau de littérature et quelques nouvelles. Áinsi nous offrons à chacun ce qui lui convicut, Nos lecteurs auront sans doute remarqué avec un peu d'attention que nous leur donnons la substance des nouvelles politiques, dégagées de tous les on dit et de toutes les inquilités des autres journaux. Il nous seroit aisé, comme à d'autres, de remplir cinq ou six colonnes de nonvelles sans intérêt, de leur dire, par exemple, combien le piéton Wilson a fait de lieues tel jour, et s'il est fatigué Nous ne ferons point l'injure à nos lecteurs de croire qu'ils regrettent ces minuties. Nous tâchons encore une fois de leur donner l'essentiel. Si nous avons quelquefois omis des articles intéressans, ce que nous croyons fort rare, c'étoit que nous avions des raisons de douter de l'authenticité des nouvelles. On doit sentir aussi que le ton de gravité que nous nous sommes prescrit, nous interdit certains détails frivoles que se permettent des journaux d'un autre genre. Nous engageons donc l'ecclésiastique que nous avons en vue en ce moment, et dont nous aimerions à suivre les conseils, à examiner s'il ne trouve pas dans nos feuilles ce que les autres renferment de plus important. Nous crayons pouvoir consentirà être jugés sur cet examen.

LIVRES NOUVEAUX.

Lettres et Pensées d'Atticus, ou Solution de cette question: Quet est le meilleur et le plus solide des gouvernemens? Ouvrage politique et religieux. 1 vol. in-12; prix, r fr. 50 c. et a fr. franc de port. Odes patriotiques sur le gouvernement de Buonaparte, la campagne des alliés et la restauration des Bourbons. In-12; prix, 75 cent. franc de port.

Adresse aux deux Chambres en faveur du culte catholique et du clergé de France, ou Pensez-y bien, sans religion point de gou vornement; par M. l'abbé Vinson. In-8°. de 68 pages; prix, 1 fr. 50 e et 2 fr. franc de port.

ALLOCUTION prononcée par N. S. P. le Pape Pie VII, dans le consistoire secret du 4 septembre 1815 (1).

VÉNÉRABLES FRÈRES,

Vous aurez peut-être été surpris que nous ne vous ayons pas encore de ce lieu fait part de la juste cause d'une joie qui vous est connue, et en effet la communication réciproque de cette joie eût mis le comble à notre satisfaction. Nous aurions certainement désiré yous instruire de la restitution de plusieurs provinces sitôt que nous en eûmes reçu la nouvelle, d'abord afin de rendre sur-le-champ à Dieu, de qui tout bien procède, les actions de grâces qui lui étoient dues, et avec la so Jennité qui convenoit à un si grand bienfait, et en outre afin de témoigner par cet empressement notre vive reconnoissance aux glorieux monarques à qui nous sommes redevables après Dieu. Mais sitôt qu'une convention relative à la remise des provinces en exécution du décret du congrès eût été conclue avec les ministres de notre cher fils en Jésus-Christ, François, empereur d'Autriche et roi apostolique de Hongrie, de Bohême et de l'Etat Lombardo-Vénitien (lequel étoit déjà parti de Vienne), nous avons jugé qu'il falloit suivre cette affaire jusqu'à ce que nous eussions commencé à exercer notre juridiction dans ces provinces, et que S. M. L. eût ratifié la convention. Ces deux points Sétant terminés, il ne nous reste qu'à donner un libre cours à cette joie que nous avions retenue avec peine, et à vous faire part, suivant l'antique coutume du saint Siége, de l'heureuse conclusion d'une affaire şi importante.

A peine fumes-nous délivrés de notre captivité, l'année dernière, que nous tournâmes nos premières pensées et nos soins vers les inté

(1) Il a déjà paru une traduction de cette Allocution; mais elle ne nous a paru ni fort élégante, ni surtout fort exacte, et celle que nous présentons ici a été faite avec le soin que meritoit la dignité de celui que l'on fait parler, et l'importance du sujet. Nous avons mieux aimé être un peu en retard, et inettre dans ce travail toute l'exactitude dont il étoit susceptible. Nous rassemblons ici toutes ces pièces, afin qu'on puisse mieux juger de leur ensemble. Nos lecteurs remarqueront que, pour faire entrer ces pièces dans un senl numéro, if a fallu prendre un caractère extrêmement serré, et ajouter même une demifeuille; double dépense à laquelle nous nous sommes décidés pour satisfaire la juste curiosité de nos Abonnés, sans rien retrancher de la partie des nouvelles, et qui leur prouvera, à ce que nous espérons, et notre désir de les servir selon leurs goûts, et notre désintéressement, Tome V. L'Ami de la R. et du R. No. 120.

rêts de l'église catholique, que nous gouvernons malgré notre indiguité; interêts qui tiendront toujours la première place dans noire esprit. Nous jugeâmes devoir travailler avec zèle à procurer la restitution de toutes les provinces qui composent le patrimoine de saint Pierre, et de la possession desquelles le saint Siege avoit été privé dans les temps fâcheux qui se sont écoulés. Nous y étions obligés en effet, tant par notre qualité d'administrateur, que par le serment que nous avions prêté lors de notre élévation au souverain pontificat. Aussitôt donc que notre cher fils le cardinal Hercule Consalvi, diacre de SainteAgathe alla Suburra, nous eut rejoint dans notre voyage vers Rome, nous l'envoyames à Paris, tant pour offrir à notre très-cher fils en Jésus-Christ, Louis, Roi très chrétien, nos félicitations sur le recouvrement de son royaume héréditaire, que pour entretenir avec lui et les autres princes que nous savions réunis dans sa capitale, les relations les plus saivies, qui procurassent au saint Siege la restitution de tous ses domaines. Nous adressâmes dans cette vue à chacun des princes un bref conçu dans les termes les plus obligeans, car quoique nous ne doutassions point que ces souverains seroient portés, sans aucune prière de notre part, et par leur seul esprit de magnanimité et de justice, à protéger la cause du siége apostolique, cependant il n'étoit pas convenable que nous restassions oisifs dans une affaire si grave, et que nous négligcassions d'invoquer pour le recouvrement de nos provinces les secours de ces princes, dont les soins et les armes venoient de délivrer ces mêmes pays du joug qu'ils avoient souffert.

Le cardinal se rendit en toute bâte à Paris, remplit auprès du Roi très-chrétien la commission dont pous l'avions chargé, et après avoir été reçu de S. M. avec les témoignages d'intérêt et d'amour pour nous, que nous ne pouvions ne point attendre de sa piété et de sa religion il partit sans retard pour Londres, où s'étoient transportés les soureraios alliés, à l'exception de naire très-cher fils en Jésus-Christ, Franz eois, empereur d'Autriche. Et ici nous ne pouvous nous dispenser d'exprimer les sentimeus de joie et de reconnoissance dont nous fumes pénétrés en apprenant ce qui se passa alors dans cette magnifique capitale d'un vaste royaume. Ce qu'on n'avoit pas vu depuis plus de deur siècles, un cardinal de la sainte église romaine, un legat du siége apostolique parut publiquement dans Londres, avec la permission d'un gouvernement généreux, et y parnt revêtu des marques tives de sa dignité, comme il l'eût fait dans notre capitale même. Admis à l'audience de S. A. R. le prince régent d'Angleterre, il lui présenta notre bref, lui offrit nos félicitations et nos témoignages d'affection, tant pour le prince que pour sa courageuse et illustre nation, et fut reçu dans cette cour avec des marques telles de bienveillance et d'intérêt pour notre personne, qu'il eût été impossible d'en montrer davantage. A ce titre, nous nous reconnoissons très-redevables envers ce prince, et tous les ordres dont se compose cette généreuse nation, pour laquelle nous nous sentions déjà le plus tendre penchant, et nous saisissons volontiers cette occasion de leur donner un témoignage public de notre estime et de notre vive reconnoissance.

distinc

Notre légal présenia donc nos brefs à chacun des souverains, com

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