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seurs, nous autorise à dire, de la troisième race de nos rois, ce que nous lisons dans les saints livres de la race royale de David: « C'est Dieu qui, en vertu d'un pacte qu'il a fait, n'a » pas voulu, ne veut pas que le trône françois soit renversé, » ni qu'il passe à un étranger. Lui-même il s'est réservé d'être » votre lumière et celle des rois de votre maison, qui régne

»ront sur nos neveux.

» Votre présence dans la métropole est encore, Sire, une seconde et solennelle inauguration des monumens de la foi, de la tendre piété, de la gloire de Louis XIII et de Louis XIV. En leur rendant leur place dans ce sanctuaire, aux pieds de la mère de Dieu, votre Majesté s'associe aux vœux, à la pieuse offrande de ses pères; elle confirme l'antique et indissoluble alliance de la monarchie françoise et de l'église catholique.

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Le sang de David se perpétua, Sire, à la tête du peuple de Dieu, jusqu'à l'expiration de l'ère judaïque : puisse V. M. régner sur nous long-temps! Puisse-t-elle dans l'accomplissement de ses projets paternels jouir d'une consolation qui compense ses épreuves et ses sollicitudes! Puissent les Bourbons, héritiers, Sire, de vos grandes vertus, de votre sagesse courageuse, de votre respect pour la religion, de votre amour pour vos peuples, se perpétuer sur le trône de France jusqu'au dernier âge de l'ere chrétienne »>!

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Le Roi a répondu : : « Je suis sensible aux sentimens que chapitre m'exprime. Je l'invite à unir ses prières aux miennes » pour implorer les lumières du Saint-Esprit, dont nous avons » grand besoin dans ce moment ».

Après ces discours, S. M, est allée s'asseoir dans le milieu du choeur. Elle n'avoit point de trône; l'usage ancien de la famille royale étant de ne point s'en permettre dans le lieu saint. Le fauteuil du Roi étoit seulement surmonté d'un dais. A la droite du Ror étoient MONSIEUR; les deux princes ses fils, et M. le duc d'Or léans. A la gauche, MADAME, Mme, la duchesse d'Orléans et Mme la duchesse de Bourbon; derrière le Roi, les personnes de sa maison, Les évêques occupoient les stales du choeur, à l'exception de M. l'ancien évêque de Langres, qui étoit placé avec la maison du Roi, sans doute comme membre du conseil privé. Les pairs étoient

dans la nef à droite; les députés à gauche. La messe a été célébrée par M. de Clermont-Tonnerre, ancien évêque de Châlons et pair de France; la musique étoit dans les travées. Cette imposante réunion, où la nation comptoit ce qu'elle a de plus cher et de plus grand, offroit un spectacle à la fois touchant et magnifique. La France sembloit y être à genoux devant le TrèsHaut. Le profond recueillement du Ror et des princes étoit un grand exemple. MADAME attiroit l'attention par l'air de piété répandu sur toute sa personne. Après l'Evangile, on est venu présenter au Roi le livre à baisser, et S. M. a été encensée deux fois. On a remarqué qu'elle s'est tenue à genoux presque tout le temps. La messe a été précédée du Veni, Creator, et suivie de l'Exaudiat, et de la bénédiction du saint Sacrement. Vers deux heures et demie, S. M. s'est retirée, et a été reconduite avec les mêmes honneurs qu'à son arrivée. Sur sa route, elle a été accueillie par de nombreuses acclamations de la foule répandue sur son passage.

-Pendaut que le sang des François couloit pour une cause impie, cette famille des Bourbons, dont il semble que la clémence ne sauroit être jamais épuisée, ne songeoit qu'à adoucir des maux qu'elle n'avoit pu prévenir. On sait avec quel zèle nos princes, après nos désastres, parcouroient les champs de bataille, couverts de morts et de mourans, et prodiguoient les consolations et les soulagemens à ces soldats égarés, et que leur céleste bonté ramenoit à la vertu, en leur inspirant des remords. Ces infortunés avoient aussi été l'objet de la sollicitude du Roi. Avant de connoître l'issue de cette horrible lutte, S. M. avoit fait recommander à de vertueux ecclésiastiques de se transporter sur les champs de bataille qui, bientôt, seroient arrosés du sang de ses sujets. M. le curé de Nivelles entr'autres, et ses deux vicaires, ont répondu dignement à cet appel de S. M. Plus de mille François blessés ont reçu d'eux les secours de la plus industrieuse charité ; leurs efforts ont été payés de la plus douce ré

compense; sur un si grand nombre de blessés, deux seulement ont résisté à l'onction de leurs discours et repoussé les consolations de la religion : tous les autres ont accueilli avec actions de grâces les secours de leur ministère, et ont témoigné leur repentir d'avoir abandonné les drapeaux de l'honneur et du devoir, pour servir sous ceux de l'usurpation. S. M. s'est fait raconter avec détail les succès de l'apostolat de ces dignes prêtres, et leur a fait remettre une somme d'argent qui, entre leurs mains, sera un nouvel instrument de bonnes œuvres. L'envoi de cette somme a été accompagné d'une lettre de Mgr. le grand-aumônier de France. Le soldat françois n'est donc pas aussi éloigné qu'on pourroit le croire d'être ramené à ces principes religieux, sans lesquels la valeur n'est plus qu'une puissance aveuglesans règle et sans frein, qui ne peut protéger la société; mais qui la détruiroit tôt ou tard infailliblement. On a donc lieu d'espérer que le rétablissement des anciens aumôniers, qui ne peut manquer de concourir avec la réorganisation des régimens, produira des fruits salutaires, et que nous verrous bientôt disparoître du milieu de nous, ce scandale sans exemple dans l'histoire du monde, d'une armée sans prêtres, sans religion et sans autel.

Paris, le 3 octobre 1815.

« Monsieur le curé, le Roi s'est fait instruire avec détail des services que vous avez rendus aux soldats françois blessés dans les derniers événemens, et des succès que votre ministère a obtenus. S. M. me charge de vous en témoigner sa satisfaction et sa reconnoissance. Vous trouverez la plus douce récompense de votre dévouement dans le bien même que vous avez fait, et dans les consolations que le Seigneur vous a ménagées; mais S. M. s'est crue obligée de vous dédommager des dépenses que vous avez faites en cette circonstance, et de vous offrir une occasion de répandre de nouveaux soulagemens. Je me félicite d'avoir à remplir, auprès de vous, une mission dont l'objet vous est si honorable, et de pouvoir vous exprimer l'estime que votre zèle apostolique m'a inspiré, et dont vous me trouverez toujours disposé à vous donner des témoignages.

J'ai l'honneur d'être, avec une haute considération, Monsieur le curé,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Signé, ALEX. ANG., archevêque-duc de Reims. -Nous avons reçu plusieurs Mandemens d'évêques, soit à l'occasion des prières expiatoires, soit pour la réunion des deux chambres. M. l'évêque de Soissons a publié sur l'un et l'autre objet une lettre et un Mandement, dans lesquels il remonte à la cause trop évidente de nos malheurs, et en indique le remède. Il rappelle ses diocésains à ce qu'ils doivent à Dieu et au Roi. Le prélat auroit pu, sous ce dernier rapport, citer son dévouement comme un modèle, et nous devons d'autant moins oublier son zèle et son courage, qu'il paroît ne pas s'en souvenir. MM, les vicaires-généraux de Strasbourg signalent les dangers des doctrines perverses, et soutiennent avec raison que l'attachement au Roi sera bien plus vif et plus durable lorsqu'il sera fortifié par les sentimens de religion. M. l'évêque de Troyes développe encore plus, dans son Mandement (1) du 4 octobre, ces vérités qui frappent tous les bons esprits, et auxquelles son éloquence prête une nouvelle energie:

«Il n'y a, dit presque en commençant ce prélat, il n'y a, N. T. C. F., que celui qui a dit que la lumière soit et la lumière a été, qui puisse également l'appeler au milieu de nous et la répandre principalement sur le chef de l'Etat et sur l'élite de ses membres. Il n'y a que celui qui a fondé les cieux, qui puisse rasseoir sur ses antiques fondemens un empire ébranlé à une si vaste profondeur. Il n'y a que celui qui a dit à la mer, vous irez jusque là, qui puisse arrêter ce déluge des passions, et ce débordement de corruption et de licence qui menace de tout engloutir. Il n'y a enfin que celui dont la voix souveraine doit réveiller les morts, qui puisse vivifier ces ossemens arides, rassembler ces débris épars sur la poussière, et ressusciter cette France, jadis si belle et si florissante, l'envie et la princesse des nations, et qui n'offre plus maintenant qu'un triste cadavre, doublement mort à la vérité et à la vertu ».

(1) Se trouve au bureau du Journal; prix, 50 cent.

Plus loin le prélat s'exprime en ces termes :

:

« Ainsi, N. T. C. F., s'est déjà fait une heureuse révolution dans les esprits : ainsi on a senti que l'Etat le mieux réglé, et l'Empire le plus fort, n'est pas celui où il y a beaucoup de politiques et de calculateurs; mais où il y a le plus d'hommes vertueux, fidèles et intègres; et qu'une nation ne se sauve pas par ses sciences et par ses arts, mais par ses mœurs et sa sagesse. On a senti également que dans ces grandes occurrences, il nous falloit des hommes sans passions comme sans préjugés, étrangers à l'art des intrigues comme à celui des sophismes qui sussent se précautionner contre la manie des innovations et du zèle inconsidéré de ce perfectionnement imaginaire, que nous prenons pour la santé et qui n'est que notre maladie. Et voilà ce que ne perdront jamais de vue les dignes interprètes de la nation. Il se diront à eux-mêmes qu'ils ne sont point envoyés pour faire de l'extraordinaire, mais du raisonnable, du merveilleux, mais de l'utile: que s'il y a des préjugés anciens dont il faut se préserver, il y a aussi des préjugés nouveaux dont il faut se garantir bien davantage; et que si tout ce que nos pères ont fait ne peut pas subsister en entier, tout ce que nos prétendus réformateurs ont entrepris avec tant de légèreté, doit subsister encore moins. Ils comprendront que notre véritable liberté est dans la puissance de notre Roi, et que moins il seroit fort et plus le peuple seroit esclave; parce que les droits du Ror sont les vrais droits du peuple, et que le Roi ne peut pas avoir d'autres intérêts que les intérêts du peuple. Ils comprendront enfin qu'aucune puissance humaine n'empêchera jamais que la plus belle constitution ne puisse devenir une source de calamités et de désordres par les fautes de ceux qui conduisent les affaires, ou par les crimes de ceux qui abusent de leur pouvoir; de même que la plus imparfaite peut faire le bonheur d'un peuple, par la sagesse de ceux qui gouvernent et la fidélité de ceux qui obéissent: qu'ainsi la religion, source de toutes les vertus civiles et sociales, est la constitution par excellence, la charte véritablement fondamentale, sans laquelle il n'en peut exister aucune, et qui peut suppléer à toutes les autres; la seule que tout le monde entend, sur laquelle personne ne peut se tromper, dout personne ne peut abuser d'autant plus inviolable et plus obligatoire que personne ne l'a faite; d'autant plus facile dans l'exécution, qu'elle ne dépend ni des gloses des commentateurs, ni des

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