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l'honneur de la Mère de Dieu. Plusieurs prélats et gens de lettres y ont pronoucé des discours ou récité des vers à sa louange. Trois cardinaux y assistoient, ainsi que l'ambassadeur de France, M. de Pressigny.

PARIS. Nous ne pouvons donner des extraits de tous les discours qui nous été adressés, tant sur la restauration que sur les événemens de cette année en général. Ces discours attestent le zèle de leurs auteurs, et peutêtre seroit-il à désirer qu'ils fussent plus connus. Alors leur utilité ne se borneroit pas aux lieux où ils ont été prononcés, et ils serviroient peut être à détromper ceux que l'on cherche encore à égarer et à tromper. Puisque les méchans sont si habiles à calomnier et si experts à propager leurs calomnies, les gens de bien devroient redoubler d'efforts pour dissiper leurs mensonges. Nous recommandons dans ce but un prone prononcé à Lunéville, le 16e. dimanche après la Pentecôte. L'auteur, sans sortir de l'esprit de son ministère, y justifie le Roi en exposant simplement les faits qui ont accompagné son retour. Un autre ecclésiastique, M. le curé de Montesquiou, a fait aussi un résumé des derniers événemens considérés sous le rapport religieux. Ces écrits sont à la fois solides et modérés. Espérons que les instructions de ces zélés pasteurs et de ceux qui, comme enx, cherchent à éclairer et à détromper leurs paroissiens, seront enfin couronnées du succès, et que les esprits les plus prévenus, s'ils sont susceptibles de réflexions, sentiront qu'il n'est de salut pour la France qu'aux pieds de l'autel et autour du trône.

MADRID. On a publié ici la pièce suivante :

A notre cher fils en Jésus-Christ, Ferdinand VII, roi d'Espagne, le Pape Pie VII.

Il nous est difficile de vous exprimer la joie que nous avons éprouvée lorsque nous avons appris, par les lettres de votre majesté catholique, que vous aviez agréé le

dessein que nous avions formé de rétablir la société de Jésus, et que nous avons mis à exécution par notre constitution du 7 des ides du mois d'août dernier.

Quoique les justes raisons qui nous avoient porté à rétablir une société si utile, et que plusieurs pontifes romains nos prédécesseurs avoient approuvé et confirmé, nous fissent croire que les fidèles de Jésus-Christ applaudiroient à notre projet, notre joie a été à son comble, notre cher fils, lorsque nous avons su que vous l'approuviez, vous dont la religion, la sagesse, la prudence font notre admiration.

Nous nous sommes réjouis encore des biens immenses que l'Espagne retirera, comme nous l'espérons, des prêtres réguliers de la société de Jésus; car une longue expérience nous apprend que ce n'est pas seulement par leurs bonnes mœurs et leur vie évangélique qu'ils répandent la bonne odeur de Jésus-Christ, mais encore par le zèle avec lequel ils travaillent au salut des ames; pour y parvenir, unissant à la vie la plus pure une connoissance approfondie des sciences, ils s'appliquent à étendre la religion, à la défendre contre les efforts des méchans, à retirer les chrétiens de la corruption, à enseigner les belles lettres à la jeunesse, et à la former à la piété chrétienne.

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Aussi n'avons-nous aucun doute que le rappel dans vos, Etats de ces religieux, qui se livreront absolument aux devoirs qui leur sont imposés, n'y fassent refleurir l'amour de la religion, le goût des bonnes études, et la sainteté des moeurs du christianisme, qui augmenteront de jour en jour. A tous ces avantages s'en joindront d'autres d'une bien grande importance, les liens d'amour et d'obéissance qui unissent les sujets à leur roi, se res serreront; l'union entre les citoyens, la tranquillité et la sûreté renaîtront; enfin, pour tout dire en un mol, on verra reparoître parmi les peuples commis à votre majesté royale, le bonheur public et particulier.

Ce n'est pas seulement vous, notre cher fils en notre

Seigneur, que nous félicitons de tous ces biens, mais encore touté la nation espagnole, cette nation (que nous chérissons en notre Seigneur d'un amour particulier à cause de son constant attachement à la religion chrétienne, et des preuves de fidélité qu'elle nous a données, ainsi qu'au saint Siége apostolique) sera une des premières à ressentir les heureux effets qui résulteront du rétablissement de cette illustre société, et que nous nous sommes proposés de procurer à tous les fidèles de JésusChrist.

Nous pouvons encore assurer votre majesté, que le rétablissement de cette société, dont le fondateur est Espagnol, qui compte daus son sein plusieurs Espagnols qui l'ont illustrée par leur sainteté et leur science, et qui enfin a fait tant de bien à l'Espagne, sera regardée par les peuples commis à votre majesté comme un nouveau bienfait, et un des plus précieux parmi ceux que ne cesse de leur procurer votre sage prévoyance. Ce bienfait rattachera de plus en plus à votre personne sacrée le royaume d'Espagne, assurera parmi les gens de bien, et perpétuera la gloire de votre nom, et, ce qui est bien plus important encore, sera pour vous un sujet de mérite auprès de Dieu.'

Afin que vous puissiez recueillir tous ces biens, comme nous l'espérons, nous vous exhortons à mettre en exécution, le plutôt possible, un projet si utile et si religieux; et afin que vous commenciez votre entreprise sous des auspices heureux, et que Dien bénisse vos travaux, nous donnons à votre majesté catholique notrebénédiction apostolique.

Donné à Rome, le 15 décembre 1814, et de l'an 15o. de notre pontificat.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. La séance royale pour l'ouverture de la session des deux chambres a eu lieu le samedi 7, comme cela avoit

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été réglé. A midi et demi, des salves d'artillerie ont annoncé le départ du Roi du château. Le cortége étoit ouvert par des détachemens de troupes et de la garde nationale, que suivoient les voitures des ministres et des grands officiers de la couronne. La maison militaire du Ror précédoit la voiture de S. M., où les princes étoient avec elle. C'est dans cet ordre qu'on est arrivé au palais Bourbon. La salle étoit remplie depuis plusieurs heures, Les pairs et les députés, revêtus de leur nouveau costume, occupoient les places qui leur avoit été assignées. Le roi de Prusse, en habit de sinple particulier et sans aucune décoration, s'étoit placé dans une tribune supérieure. Une tribune avoit été disposée en face du trône pour MADAME; mais S. A. R. a fait savoir qu'elle ne pouvoit assister à la cérémonie. Le prince royal de Bavière et plusieurs étrangers de distinction étoient dans la tribune des ambassadeurs. Les autres tribunes étoient remplies de nombreux spectateurs et des dames. Plusieurs même n'ont pu entrer, et sont restés sous le péristyle. A une heure, le Roi est arrivé. Une nombreuse députation de chaque chambre est allée recevoir S. M. au bas du grand perron. Le mcnarque, après s'être reposé quelques instans dans une pièce voisine, est entré dans la salle, précédé des ministres, des maréchaux de France et des princes. L'assemblée entière s'est levée, et a long-temps fait retentir la salle des cris de Vive le Roi! Vivent les Bourbons! S. M. a pris place sur son trône, ayant à sa droite, MONSIEUR, M. le duc de Berry et M. le prince de Condé, et à sa gauche, M. le duc d'Angoulême et M. le duc d'Orléans. M. le chancelier étoit assis dans un siége à bras. Les ministres et les autres personnes de la maison du Rot, sur des banquettes au-dessous du trône et de chaque côté. L'assemblée étoit debout et découverte. Le Roi s'est assis, a ôté son chapeau, l'a remis, et a dit :

« Messieurs, lorsque l'année dernière j'assemblai pour la première fois les deux chambres, je me félicitai d'avoir, par un traité honorable, rendu la paix à la France. Elle commençoit à en goûter les fruits, toutes les sources de la prospérité publique se rouvroient; une entreprise criminelle, secondée par la plus inconcevable défection, est venue en arrêter le

Cours.

» Les manx que cette usurpation éphémère a causés à notre patrie, m'affligent profondément. Je dois cependant déclarer

ici que s'il eût été possible qu'ils n'atteignissent que moi, j'en bénirois la Providence; les marques d'amour que mon peuple m'a données dans les momens mêmes les plus critiques m'ont soulagé dans mes peines personnelles; mais celles de mes sujets, de mes enfans, pèsent sur mon cœur, et pour mettre un terme à cet état de choses, plus accablant la que guerre même, j'ai dû conclure avec les puissances, qui, après avoir renversé l'usurpateur, occupent aujourd'hui une grande partie de notre territoire, une convention qui règle nos rapports présens et futurs avec elles. Elle vous sera communiquée, sans aucune restriction, aussitôt qu'elle aura reçu sa dernière forme.

>> Vous connoîtrez, Messieurs, et la France entière connoîtra la profonde peine que j'ai dû ressentir; mais le salut même de mon royaume rendoit cette grande détermination nécessaire; et quand je l'ai prise, j'ai senti les devoirs qu'elle m'imposoit. J'ai ordonné que cette année il fût versé du trésor de ma liste civile, dans celui de l'Etat, une portion considérable de mon revenu. Ma famille, à peine instruite de ma résolution, m'a offert un don proportionné. J'ordonne de semblables diminutions sur les traitemens et dépenses de tous mes serviteurs, sans exception. Je serai toujours prêt à m'associer aux sacrifices que d'impérieuses circonstances imposent à mon peuple. Tous les états vous seront remis, et vous connoitrez l'importance de l'économie que j'ai commandée dans les dépariemens de mes ministres et dans toutes les parties de l'administration. Heureux si ces mesures pouvoient suffire aux charges de l'Etat ! Dans tous les cas, je compte sur le dévouement de la nation et sur le zèle des deux chambres.

» Mais, Messieurs, d'autres soins plus doux et non moins importans vous réunissent aujourd'hui; c'est pour donner plus de poids à vos délibérations, c'est pour en recueillir moi-même plus de lumières que j'ai créé de nouveaux pairs, et que le nombre des députés des départemens a été augmenté. J'espère avoir réussi dans mes choix, et l'empressement des députés dans ces conjonctures difficiles, est aussi une preuve qu'ils sont animés d'une sincère affection pour ma personne et d'un amour ardent de la patrie.

» C'est donc avec une douce joie et une pleine confiance que je vous vois rassemblés autour de moi, certain que vous ne perdrez jamais de vue les bases fondamentales de la félicité

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