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gion. Ceux-là attendent qu'on vienne leur rompre le pain, et plusieurs exemples font voir qu'ils accueilleroient avec joie les missionnaires qui viendroient, s'établir parmi eux. Cette catholicité naissante appelle donc le zèle des ouvriers évangéliques. Elle réclame aussi l'intérêt de tous les fidèles; car ses besoins sont grands en ornemens, en vases sacrés, en livres, etc. On y a formé quelques écoles catholiques. Les Jésuites ont un collége à Georgestown, et les prêtres de Saint-Sulpice un séminaire à Baltimore, outre un petit séminaire au Mont-Sainte-Marie. Récemment les Jésuites ont fait un autre établissement à NewYorck, et M. Brozius a levé un collége à Germantown, dans la Pensylvanie. Mais ces divers établissemens n'ont point l'étendue et la solidité dont ils séroient susceptibles.

A ces renseignemens le missionnaire respectable dont nous avons parlé, en a joint quelques autres sur les sectes protestantes répandues dans les Etats-Unis. Elles sont à peu près aussi nombreuses qu'en Angleterre; mais le déisme et l'esprit d'indifférence y font de grands ravages. L'église épiscopale entr'autres menace de plus en plus ruine. N'étant plus soutenue, comme dans la métropole, par l'autorité des lois, elle perd chaque jour son crédit, et ses ministres font de vains efforts pour ranimer le souffle de vie qui lui

reste.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. en arrivant à Castel-Gandolfe, se rendit d'abord à l'église paroissiale, où se trouvoit le cardinal Dugnani, évêque d'Albano. Elle y fit sa prière,

et reçut la bénédiction du saint Sacrement. Plusieurs : cardinaux, prélats et seigneurs sont allés, les jours suivans, faire leur cour au saint Père, qui jouit d'une très-bonne santé, ainsi que nous l'apprennent les dernières nouvelles (1).

- S. Exc. M. l'ambassadeur de France à Rome a accordé un témoignage de satisfaction aux chapelains de l'église royale de Saint-Louis des François, qui dans les derniers troubles se sont montrés fidèles à la religion, au chef de l'Eglise et à leur Ror légitime. Ces ecclésiastiques sont MM. Antoine Michel-Angéli et Jules Orsini, tous deux de Corse; Jean Vidal, d'Alais, instituteur du fils de la reine d'Etrurie; Pierre- Valère Charles et Jean-Antoine Thomas, de Montpellier, Tous ont eu les honneurs de la déportation.

Le 18 septembre sont partis pour Madrid les Jésuites espagnols Zuniga, Ossuna et Silva. Le premier. est commissaire-général pour le rétablissement de sa compagnie en Espagne. Le P. Ossuna est un littérateur connu. Il y a ordre de fournir aux autres religieux de la même nation des bâtimens qui les transporteront aux frais de S. M. C. Ils seront distribués ensuite dans la péninsule et en Amérique. L'Italie ne verra pas partirsans regrets ces illustres exilés, qui l'ont édifiée par lantab d'années de patience, et eux de leur côté font des vœux pour des peuples qui les ont accueillis avec tant de bonté dans leur longue disgrâce (2).

-Des ecclésiastiques romains, déportés à Bologne pendant la dernière persécution, avoient fait un voeu à la sainte Vierge pour leur délivrance. Ils viennent de l'acquitter par un beau calice travaillé avec beaucoup d'art,

(1) Ceci dément un bruit qui circuloit récemment, et d'après lequel il paroissoit que le souverain Pontife étoit fort malade. Jamais temps ne fut plus fertile que le nôtre en mauvaises nouvelles de toute espèce.

(2) Ce fut en 1767, sous le règne de Charles III, que les Jésuites furent bannis d'Espagne. Ils se réfugièrent en Italie, où il paroît qu'il reste encore quelques-uns de ces vénérables proscrits.

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qu'ils ont envoyé à Bologne avec une lettre au cardinalarchevêque, où ils expriment leur reconnoissance pour les soins généreux qu'ils ont trouvés dans cette ville. On a gravé sur le pied du calice une inscription qui atteste l'occasion de ce vou,

Le dimanche 17 septembre, S. S., après avoir cé lébré la messe, se transporta dans une des stalles du Quirinal, et y fit publier un décret d'approbation de deux miracles dans la cause de la beatification du vénérable serviteur de Dieu, Alphonse de Liguori, évêque de Sainte-Agathe des Gots, S. S, étoit assistée du cardinal della Somaglia, préfet de la congrégation des rits; du cardinal Mattei, qui remplaçoit le cardinal Caracciolo, ponent de cette cause et absent de Rome; de Mgr, Cavalli, promoteur de la foi, et de Mar, Riario, protonotaire apostolique, M. de Liguori, né à Naples en 1696, mourut, le 1er. août 1787, à Nocera de Pagani, en grande réputation de vertu. Il avoit travaillé long-temps aux missions, et a fondé une congrégation qui se consacre spécialement à cette œuvre, sous le nom du saint Redempteur. Clément XIII le fit évêque, en 1762, et il fallut un commandement exprès pour vaincré sa résistance. En 1775, épuisé de travaux, il obtint de Pie VI d'être déchargé de son fardeau, et il se retira dans sa congrégation. Il eut des démêlés avec le P. Patuzzi, sur le probabilisme, et a laissé un grand nombre d'ouvrages de théologie et de piété, dont plusieurs ont été traduits en françois, entr'autres la Visite au saint Sacrement.

Dans une autre congrégation, tenue le 24 août, S. S. avoit condamné un écrit intitulé: Mémoire pour montrer que les évêques de Sicile doivent rester assemblés dans les circonstances actuelles, où le recours au souverain Pontife est périlleux et difficile, par le chanoine Etienne di Chiara, professeur de canons à Palerme, 1813. Le décret porte que cet écrit contient des propositions respectivement fausses, erronées, téméraires,

injurieuses au saint Siége et au Pontife romain, destructives du gouvernement ecclésiastique, favorisant le schisme et l'hérésie, et même schismatiques et hérétiques.

-Le vendredi 22 septembre, il a été tenu, dans la basilique des douze Apôtres, une chapelle cardinalice pour le service annuel en l'honneur de Clément XIV. Onze cardinaux y assistoient. La messe a été chantée par M. Pereira, évêque de Terracine.

le

Les cardinaux Pacca, di Pietro et Brancadoro, sont partis, le premier pour Foliguo et Pérouse, second pour Albano, et le troisième pour son archevêché de Fermo.

PARIS. En voyant, il y a huit jours, S. M. prosternée à Notre-Dame devant le Très-Haut pour y implorer les lumières de l'Esprit saint, quelques personnes se sont rappelées avoir vu aussi quelquefois Buonaparte dans cette enceinte, et elles n'ont pu se défendre d'une comparaison, qui seroit presque un outrage pour un prince vertueux, si elle ne servoit pas à montrer l'énorme diffe rence qui se trouve entre un roi très-chrétien et un souverain de théâtre. Buonaparte daignoit quelquefois paroître dans l'église; mais il témoignoit assez par tout sun extérieur qu'il jouoit un rôle. L'oeil égaré, l'air farouche, il promenoit sa vue sur tous les objets pour se distraire de son ennui, et sembloit, par son attitude arrogante et dédaigneuse, demander pardon aux philosophes de faire un acte de religion. Personne ne doutoit qu'il ne regardât avec mépris les cérémonies les plus augustes, et qu'y assister ne fut pour lui un sacrifice fait à la politique et aux préjugés. Il venoit là comme il eût été à la mosquée. Il y portoit son masque, et n'étoit pas fâché qu'on le sût. Qui n'a pas été touché, au contraire, du recueillement religieux du fils de saint Louis, dans ce temple, plein du souvenir de ses pères? On eût dit que toul prioit dans sa personne, son regard, så bouche, son attitude. A genoux pendant presque toute la cérémonie,

tantot le visage caché dans ses mains, tantôt les yeux élevés, il sembloit appeler de tous ses voeux les secours d'en haut, et tout cela d'un air aussi noble que naturel. Il paroissoit pénétré parce qu'il l'étoit. Sa piété étoit sans affectation, et sa dignité sans hauteur. Autour de lui sa famille imitoit son exemple et le donnoit aux autres. Qui n'a pas été frappé de la contenance religieuse de ces princes? L'indifférence et l'orgueil rougiroient-ils encore de s'humilier dans le lieu saint, tandis qu'un grand Ror s'y abaisse profondément? Espérons que la pureté de son ame, si bien empreinte sur sa figure, aura rendu son encens agréable au Très-Haut, et qu'elle obtiendra pour lui et pour son peuple la force, la sagesse et l'union nécessaires pour nous tirer de la crise où nous a plongés l'oubli de Dieu, de la religion et de la morale.

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On sait que sous le dernier règne de Buonaparte, il fut question d'exiger un serment des ecclésiastiques. Un très-grand nombre d'entr'eux répugnoit à le faire. On assure qu'un vicaire général d'un diocèse voisin de la capitale, écrivit alors au ministre de la police pour lui représenter l'inconvénient d'exiger ce serment. Je répondrois, disoit-il, de la fidélité de ceux qui ne le feront pas; je ne répondrois pas de ceux qui le feront. La lettre fut montrée à Buonaparte, qui fut frappé de la réflexion, et la chose n'alla pas plus loin. Il sentit sans doute qu'un homme qui refuse un serinent ou qui y met quelque restriction, n'agit que par délicatesse de conscience, et que ces sortes de gens-là ne troublent pas les Etats. Ceux qui sont le plus à craindre, ce sont ceux qui prêtent un serment sans y attacher d'importance, et qui n'y voient qu'une formule indifférente; ce sont ceux qui ont juré haine à la royauté, puis fidelité au premier venu, qui ont voté pour l'article 67 de l'acte additionnel de la constitution du mois de mai, et qui depuis parlent sans cesse de leur attachement à la chartre. Ceux-ci n'offrent aucune garantie. Ceux, au contraire, qui y regardent à plusieurs fois avant de s'engager, ins

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