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jets, et nous pouvons lui assurer qu'il aura une toniè autre idée de ces évêques concordataires qu'il dénigre avec tant de fureur. Il y verra de tous côtés des séminaires élevés par leurs soins, et sans autres ressources que celles de la Providence, sortis de dessous terre comme par enchantement. Il verra que l'éducation cléricale n'est pas moins fondée aujourd'hui sur la piété que dans les séminaires avant la révolution. Il verra que c'est par leur zèle que tant de communautés religieuses ont été rétablies, et consacrées à l'éducation gratuite des pauvres et au soulagement des malades. Il verra que ces évêques et carés, qu'il appelle napoléoniens, sont d'ex cellens bourboniens; que le Roi n'a pas de sujets plus. fidèles, plus dévoués à sa race auguste, et que le Roi les regarde comme tels, depuis surtout qu'ils ont présque tous refusés d'assister au théâtre du champ de mai, au risque de compromettre cruellement leur existence. Il verra que plusieurs d'entr'eux ont été victimes de leur zèle pour avoir eu le courage de résister en face à l'oppres seur. Il verra que ces évêques et ces prêtres concordataires étoient si peu les esclaves de Napoléon, et que Napoléon le savoit si bien, ainsi que tous ses adhérens, qu'à son retour de l'ile d'Elbe, on entendoit de toutes parts cette vocifération simultanée: Vive l'empereur! à bas les calotins! Preuve évidente que les calotins et l'empereur n'étoient donc pas si bons amis. Il verra qu'il n'y a aucun schisme scandaleux entre les consciences relâchées et les consciences timorées; qu'elles sont toutes réunies dans l'unité de l'épiscopat, réuni lui-même au chef de l'Eglise, et que s'il y a quelques consciences timorées; comme celle, par exemple, de l'abbé Vinson, elles sont en si petit nombre, et font si peu de bruit, que l'on peut dire en toute vérité qu'il n'y a pas plus de scandale que de schisme et plus de schisme que de scandale. Il verra que parmi ces évêques concordataires, il y a eu, et qu'il s'y trouve encore quelques anciens évêques non moins recommandables par leurs lumières que par leurs vertus; qu'on y distingue des prélats du plus grand mérite;

et qu'enfin tout ce clergé impérial n'est composé que d'hommes, ou qui n'ont jamais fait le serment constitutionnel, ou qui l'ont rétracté, ou qui, comine ceux dont M. Vinson parle tant, ont été déportés, emprisonnés, transportés au-delà des mers dans des tombeaux flottans, suivant ses expressions, et par conséquent, beau coup plus purs que lui qui n'a jamais flotté dans aucun tombeau.

Voilà ce qu'il verra, et nous ne doutons pas que, convaincu par ses propres yeux, il ne revienne à résipiscence, en revenant de sa tournée; qu'il ne rougisse de ses emportemens, et que, non content d'être un confesseur de la foi, comme chacun sait, il ne devienne en même temps confesseur de la vérité, de la charité, de la justice et de la décence, ce qui ne laisse pas d'avoir aussi son prix.

Après avoir ainsi bien chargé ses tableaux, dénaturé les faits, et menti à l'évidence même, notre visionnaire s'écrie avec un air de triomphe: Voilà l'organisation de l'église concordataire qu'on peut appeler à juste titre l'église napoléonienne. Elle est au milieu de nous, et subsiste dans toute sa déloyauté, telle qu'elle est sortie des mains de son révolutionnaire auteur. Il falloit au moins ajouter et des mains du Pape, ce qui auroit été plus loyal. D'où M. Vinson conclut que le Roi doit se háter d'anéantir cette église déloyale et concordataire, et ordonner le licenciement de l'armée religieuse du tyran, comme il a ordonné celui de sa milice guerrière. Que si vous lui demandez comment il s'y prendra pour réorganiser maintenant la nouvelle église, de quels élémens il va se servir, sur quel fond il va travailler, comment il remplira cette immense lacune que va laisser l'extermination qu'il demande de l'église impériale, et comment il se tirera d'affaire pour remplacer tous les généraux, officiers et soldats employés dans la milice religieuse du tyran, il vous répondra : J'ai rassemblé autour de moi les vénérables pasteurs, confesseurs de la foi, restes animés et languissans de ce clergé pur et

irréprochable aux yeux de Dieu et du monde chrétien, qui ne rapportent de leur long exil que des infirmités et des vertus. Que si vous lui faites observer que tous ces vénérables pasteurs, confesseurs de la foi, languissans quoique animés, remplis d'infirmités et de vertus, ne sont guère propres à cultiver cette église naissante, cette vigne eu friche qui demande des bras robustes et nerveux, il vous répondrá qu'il vaut encore mieux une église languissante, qu'une église polluée, et une église infirme, qu'une église morte; et qu'ainsi il faut toujours commencer par la licencier sans miséricorde comme sans délai. Et si vous montrez quelque inquiétude sur l'impossibilité de former sa nouvelle église, sans aucun mélange de parties hétérogènes qui en altèrent la pureté, et de remplir l'immense lacune que laissera le licenciement de l'église concordataire, il vous répondra qu'il faut toujours commencer par l'abattre, d'autant mieux qu'elle tombe, non de vétusté, mais de corruption; s'abandonner ensuite, pour le remplacement, la divine Providence, et que si la Providence ve fait ancun miracle pour cela, l'abbé Vinson y pourvoira. (La suite au prochain numéro ).

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. continue à jouir d'une bonne santé. Elle à donné successivement audience au général Hitroff, ambassadeur de Russie près la cour de Toscane, et au chevalier de Lebzeltern, qui lui a présenté ses lettres de créance comme ministre du grand-duc à Rome.

Le comte François Benedetti, de Sinigaglia, a lu dans une séance de l'académie ecclésiastique, une dissertation sur la primauté de saint Pierre et de ses successeurs, qu'il a prouvé être non-seulement d'honneur, mais de juridiction dans toute l'Eglise.

-S. S., pour accroître la dévotion envers la Vierge mère de Dieu, a accordé à perpétuité à tous les fidèles

des indulgences partielles pour chaque jour, et une indulgence plénière une fois par mois, applicable aux ames du purgatoire, en récitant le matin, à midi et le soir, après l'Angelus, trois fois le Gloria Patri, etc., pour remercier la sainte Trinité des grâces accordées à la sainte Vierge.

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Le cardinal Oppizoni, archevêque de Bologne, vient de réunir à son troupeau une famille juive. S. Em. a baptisé le sieur Félix Levi, de Cento, chef de cette famille, et le jour de saint Matthieu, elle a administré le baptême, la confirmation et l'Eucharistie à Catherine Wolf, Parisienne, femme dudit Félix, Elle a baptisé également leurs deux enfans. Cette conversion est due aux soins et au zèle du P. Gordon, Jésuite espagnol, qui a instruit Levi et sa femme, et qui s'est assuré de leurs bonnes dispositions.

-Lucien Buonaparte vient d'arriver en cette ville, où il n'y avoit déjà que trop de membres de cette fa mille. Elle vient encore de s'accroître d'un nouvel individu. Mme. Lucien est accouchée dernièrement d'un fils, qui a été baptisé par le cardinal Fesch. On a re marqué qu'on lui avoit donné les noms de Pierre-Napoléon, et cette affectation a déplu. Il y avoit déjà assez des gens de ce nom là, Ici, comme ailleurs, ce nom est encore le point de ralliement d'un certain parti, qui mérite l'attention du gouvernement, et les jacobins de Rome se rallient avec empressement autour d'une famille sur laquelle ils fondent peut-être encore de coupables espérances. La conduite qu'ont tenue, dans ces derniers temps, ceux même de cette famille qui avoient eu le plus à se plaindre de l'ex-empereur, montre qu'on ne doit avoir aucune confiance en eux 5 et qu'il faut les surveiller avec soin. Les gouvernemens et les peuples y sont également intéressés, et nous en particulier nous avons toute sorte de raisons de redouter des menées qui tendroient à ressusciter un régime qui nous a fail tant de mal.

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REL

PARIS. En annonçant, l'année dernière, la mort de M. de Savines, ancien évêque de Viviers, nous dîmes qu'il avoit eu le bonheur de reconnoître ses erreurs avant de mourir, et qu'il avoit rétracté sa conduite et ses écrits. On nous a communiqué récemment des pièces qui prouvent ces particularités consolantes. Nous avons sous les yeux la copie certifiée d'une lettre que M. de Savines crivit, en juin 1805, à un évêque avec lequel il avoit été lié autrefois. Mes yeux, dit-il, se sont ouverts sur mą faute et mes erreurs passées, et je n'ai vu dans toute ma conduite, et mes pensées, et mes écrits, que le plus grand désordre. Je m'adresse à vous pour vous prier de faire connoître que je désavoue et déplore de tout mon coeur les écarts sans exemple auxquels je me suis livré. Je rétracte sans exception tout ce que j'ai dit, ou écrit, ou fait dans le sens des mauvais principes que j'avois adoptés. Je prie le clergé du diocèse de Viviers de me pardonner mes égaremens, et de ne se souvenir de moi que pour me plaindre et prier Dieu pour moi. Le reste de la let tre est plein des mêmes sentimens. L'évêque y fait même des aveux qui prouvent qu'il ne craignoit point l'hu miliation. J'ai été dans une espèce de démence, dit-il, depuis que j'ai prété le malheureux serment, jusqu'à ce que je l'aie pleinement rétracté. Enfiu, nous avons yu aussi une autre lettre de la propre main de cet évêque, et datée du mois de septembre 1811, dans laquelle il fait un portrait déplorable de son intérieur, Nous aimons à croire que dans l'excès de son repentir, il a un peu chargé les couleurs. Mais cette lettre montre toujours combien il étoit affecté du passé, et combien il avoit à cœur de l'expier en se couvrant lui-même de confusion, Ceux qu'il avoit scandalisés par des écarts malheureusement trop grands et trop connus, apprendront avec joie qu'il les a reconnus et confessés, et qu'il a rétraclé, et ses écrits, et ses érrours, et ses actes de schisme, et toutes les folies par lesquelles il signala la fin de son administration à Viviers,

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