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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous avons annoncé le retour des bons religieux de la Trappe dans le monastère que la réforme de l'abbé de Rancé a rendu si célèbre : il y a vingt-quatre ans. qu'ils en partirent pour aller chercher des lieux où il leur fut permis de suivre leur règle et de faire pénitence. Ils traversèrent la France avec leur habit religieux, et allèrent porter en Suisse l'odeur de leurs vertus. Ils profitent de la première lueur de tranquillité pour revenir dans leur patrie. Ils ont voulu habiter encore le désert sanctifié par leurs pieux prédécesseurs, et prier sous ces voûtes qui ont retenti si long-temps de saints cantiques. Les paroisses des environs les avoient redemandés l'année dernière, et on avoit ouvert une souscription pour le rétablissement de leur maison. Mais le retour de l'usurpateur a arrêté cette bonne oeuvre comme tant d'autres.. Cependant les personnes qui avoient eu la bonté de promettre d'y contribuer, ne se croiront sûrement dispensées de tenir leur parole. Elles apprendront avec joie que ces religieux sont dans leur maison, qu'ils y ont repris l'exercice de leur règle, et qu'ils y chantent jour et nuit les louanges de Dieu. Mais elles sauront en même temps que la maison manque de tout, et qu'on n'a point de fonds pour la pourvoir du plus étroit nécessaire. Peut-être seront-elles touchées d'un dénuement si absolu. On compte sur leur intérêt et sur leur charité, comme elles peuvent compter de leur côté sur les prières que l'on fera et que l'on fait déjà pour elles, pour tous les bienfaiteurs de la maison, pour le Roi, pour la France. Les dons pourront être déposés chez M. Denis, notaire, rue de Grenelle Saint-Germain, et au bureau de l'Ami de la Religion et du Roi.

Plusieurs des évêques rentrés l'année dernière en

France, et qui étoient sortis au mois de mars, se disposent à revenir. M. de la Fare, évêque de Nanci, et premier aumônier de MADAME, est déjà arrivé. On atfend M. de Couci, évêque de la Rochelle.

Un journal contient l'article suivant: Le curé de la cathédrale de Dijon vient d'etre arreté; plusieurs chefs de fédérés et un septembriseur ont eu le méme sort. Nous ne savons si le curé a mérité d'être ainsi accolé à des fédérés et à un septembriseur; mais nous avons le chagrin d'avoir à parler d'un curé qui mériteroit, dit-on, d'être le pendant du curé de Cosnes. On nous écrit d'Alsace pour nous dénoncer le curé de M.... qui, au retour du Roi, en 1814, refusa de chanter le Te Deum, et ne céda qu'après vingt-quatre heures de prison, et qui cette année a montré beaucoup de joie et d'enthousiasme au retour du tyran. A l'arrivée du général Rapp, il se joignit à la foule arrêtée devant son logement, et se mit à crier : Vive l'empereur, le restaurateur de la France, pour laquelle je suis prêt à verser tout mon sang. La lettre ajoute que ce curé fut toujours chaud révolutionnaire. On ne sait si MM. les grands-vicaires de Strasbourg, parmi lesquels il y a des hommes aussi bien intentionnés que sages et éclairés, ont pris des mesures contre ce pasteur, qui est un présent que feu M. Saurine avoit fait à la paroisse de M....

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Le désastre de Soissons a coûté la vie à sept séminaristes. Cinq ont été tués sur le coup; les deux autres sont morts le lendemain dans des sentimens de résignation très-touchans. Plusieurs autres personnes du séminaire ont été blessées, ainsi que la majorité des enfans de la maîtrise. Une maîtresse de pension a eu le bras cassé en voulant sauver un enfant qui alloit être écrasé. On est occupé en ce moment de la répartition du don de 100,000 fr. fait par S. M. Mais cette somme est à répartir entre tant de malheureux, que chacun en aura peu de chose. Aussi on accueillera avec reconnoissance les

offrandes des fidèles. Déjà un ecclésiastique, M. L. curé de W. près le Quesnoy, nous envoie une somme de 100 fr, pour la réparation du séminaire, en s'excusant presque de donner si peu. Cet exemple qui sera sans doute imité, paroîtra plus touchant encore quand on réfléchira que le clergé n'est pas riche et n'est pas payé.

Les ecclésiastiques dans ces graves circonstances ne peuvent mieux honorer leur ministère qu'en recommandant l'union des esprits, l'attachement au Roi, le concours mutuel pour assurer le repos de la France, C'est ce qu'a fait entr'autres l'auteur d'un discours que nons avons reçu, et qui paroît avoir été prononcé à la Rochelle. Cet écrit, qui se vend au profit du séminaire, est destiné à faire sentir les avantages de la concorde et de la paix. C'est à ce but qu'a tendu aussi M. Chardonnet, curé dans une autre ville, qui a profité des prières ordonnées en expiation des crimes précédens, pour rappeler à ses auditeurs les principes que nous' avons méconnus, pour leur montrer la source de leur malheur dans les mauvaises doctrines, et pour les rallier autour d'un trône dont le rétablissement peut seul sauver la France, comme sa chute a suffi pour la perdre.

Ce n'est pas sans raison que le Diario de Rome avertit de se défier des nouvelles adoptées par certains journaux. Ils parlent d'un évêque de Saint-Gall qui se trouve à Rome, taudis qu'il n'y a jamais eu d'évêque à Saint-Gall. Aujourd'hui on lit dans un journal que la quene de la robe de Buonaparte à son couronnement étoit portée par quatre cardinaux. L'article est, à la vérité, extrait des journaux anglois, qui n'ont pas été fachés de donner ce petit ridicule au sacré collége. Mais le journaliste françois auroit dû savoir que les cardinaux ne se sont point abaissés à un rôle si indigne d'eux, et qu'aucun d'eux n'a porté la queue du manteau de Buonaparte.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le dimanche 29 octobre, il y a eu une revue des huit dernières légions de la garde nationale. Elles se sont rassemblées, le matin, dans la place du Carrousel. A onze heures, S. A. R. MONSIEUR, accompagné du maréchal duc de Reggio, a parcouru lentement les lignes, et a témoigné aux divers commandans sa satisfaction sur la bonne tenue des troupes. A peine le prince avoit-il terminé la revue, que le Ro a paru au balcon du château, accompagné de MADAME et de M. le prince de Condé. Un cri général de Vive le Roi! a retenti aussitôt. Les légions ont commencé à défiler devant S. M., qui se levoit et se découvroit chaque fois que le drapeau d'une légion passoit devant elle. A chaque fois aussi la foule saluoit S. M. par des cris réitérés. Au moment où l'escadron à cheval défiloit, S. M. a paru vouloir parler. « Mesamis, a dit le monarque, je suis encore plus satisfait, s'il est possible, que dimanche dernier; car plus je vois de troupes qui me sont chères, plus je suis content». Ces paroles ont été accueillies par des acclamations réitérées.

-Mr. le duc d'Angoulême a passé plusieurs jours à Lyon. Il a visité l'église de Fourvières, les hospices et les manufactures. Partout il a été accueilli par des acclamations, et a montré cette bonté et cette affabilité qu'il a héritées de son auguste père. S. A. R. est partie le 24.

-Les grenadiers à cheval de la garde royale se forment à Sèvres, les cuirassiers à Rambouillet, les dragons, chasseurs et lanciers à Versailles et Saint-Germain, l'artillerie à Orléans, et l'infanterie à Fontainebleau. Les premiers corps des grenadiers à cheval qui seront formés, commenceront le mois prochain leur service auprès du Roi.

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- Le général Deveaux et M. Lejeas, beau-frère de Maret, ont été arrêtés à Dijon.

-Murat, qui étoit débarqué à Pizzo, dans le royaume de Naples, avec une petite troupe, y a été pris, le 8 octobre, à la suite d'un court engagement, et a été fusillé, le 13, par ordre du gouvernement napolitain. Il avoit répandu des proclamations audacieuses, où il annonçoit le retour de la reine

et l'assistance de l'Autriche. En voilà du moins un qui trouve une fin digne de lui. Le mitrailleur de Madrid devoit périr

ainsi.

-Le général Hullin est arrivé, samedi, à Paris, escorté par quatre gendarmes. Sa voiture s'est arrêtée long-temps à l'hôtel du ministre de la police. Il a été renvoyé dans son département, et mis en surveillance.

-On dit que le conseil de guerre chargé du jugement du maréchal Ney a reconnu sa compétence.

-On a commencé, le 18 octobre, la démolition des fortifications de Huningue.

-Le lieutenant-général Lecourbe, commandant de Béfort, vient d'y mourir à la suite d'une maladie aiguë.

-M. de Floirac, ancien préfet du Morbihan, est nommé préfet de l'Hérault, en remplacement de M. de Brévannes, démissionnaire.

La cour royale de Lyon est organisée. M. Bastard de l'Etang en est premier président, et M. Delhorme, procureur-général.

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Orléans et les environs n'ont plus de troupes étrangères, ni en séjour, ni en passage. Les troupes qui occupoient cette partie se dirigent vers la frontière par Fontainebleau et Montereau. Avant de quitter Orléans, le commandant bavarois a écrit à la supérieure des religieuses de l'HôtelDieu, une lettre pour la remercier des soins qu'elle et ses sœurs avoient donnés aux malades bavarois. Cette lettre étoit pleine de sentimens de reconnoissance et même de religion, et le commandant y rendoit hommage à la piété et à la charité, qui sont le mobile des vertus des saintes filles auxquelles il écrivoit.

Théodore Rosey, lieutenant de la vieille garde, a été condamné à mort par un conseil de guerre séant à Bourges, pour révolte et pillage à main armée commis à Bourganeuf. Il s'est pourvu en révision. Sept chasseurs et deux tambours ont été condamnés à dix ans de fers.

M. le maréchal duc de Tarente a fait publier que tout militaire absent de son corps et non en activité, est justiciable des tribunaux ordinaires, quel que soit son grade.

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