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représentations. Un officier, qui avoit paru le plus récalcitrant, avoit cédé au bout de quelques jours. De vieux soldats, des officiers pleins de bravoure, des hommes à larges moustaches prévenoient eux-mêmes l'ecclésiastique, el lui témoignoient leur désir de se reconcilier. Plusieurs le faisoient avec larmes. Ils se soucioient peu alors du respect humain, et ne craignoient pas de paroître religux. Ils donnaient des signes de respect lorsqu'on administroit auprès d'eux un de leurs cainarades, et c'étoit une chose touchante que de voir ces braves revenir à Dieu avec cet abandon et cette franchise qui conviennent à des militaires.

Et ce n'est pas seulement à Paris qu'on eut de ces exemples consolans. On se rappelle qu'à la même époque il fut formé des hôpitaux dans presque toutes les villes, et l'on n'a pas oublié aussi avec quel zèle le clergé se porta à les secourir. Un assez grand nombre de pretres furent atteints de l'épidémie. Mais avant de mourir, ils eurent le bonheur d'être utiles à beaucoup de militaires, et ces martyrs de la charité virent du moins le fruit de leurs soins, et retrouvèrent des chrétiens dociles et repeutans.

Une lettre que nous recevons donne des détails qui viennent à l'appui de ceux que nous venons de présenter. A la fin de 1813, lorsque l'armée françoise repassa le Rhin, après la désastreuse campagne d'Allemagne, on établit un hôpital militaire au château de Limbricht, canton de Sittard, département de la Roër. On y reçut journellement plus de sept mille malades et blessés, dont six cent quatre-vingt-trois moururent. Le curé du lieu, M. Page, ne voulut pas laisser ces braves gens sans secours. Il les visita jour et nuit, et ranima dans eux les sentimens de religion dans lesquelles plusieurs avoient été nourris. Un seul, qui étoit de Paris, persista à refuser ses soins, et soutit jusqu'à la mort son rôle d'incrédulité. Les autres ou demandèrent d'eux-mêmes un confesseur, ou embrassèrent les exhortations qu'on leur adressoit, et le curé, secondé de quelques autres ec

elésiastiques, les a tous administrés. Un protestant même, touché du zèle et de la charité de ces généreux prêtres, à fait abjuration entre leurs mains, quelques jours avant sa mort. M. Page ne se lassa point, pendant deux mois, de donner des soins à ces militaires. Il y contracta une maladie dangereuse dont il a eu peine à se rétablir, et M. Wemans, qui l'aidoit, a succombé à la contagion. Il est à regretter, ajoute la lettre, que M. Page ait eu la modestie de ne pas vouloir donner lui-même des détails sur les succès de son ministère en cette occasion. On y auroit vu des traits touchans de repentir, de résignation et de religion.

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La même lettre finit par des réflexions sur la possibilité de ramener les soldats aux principes religieux, et sur les avantages qui en résulteroient pour l'Etat. Des militaires chrétiens seroient par-là même plus fidèles. Ils observeroient la discipline, et seroient les protecteurs de leurs compatriotes, au lieu de les tyranniser. Une armée dans ces sentimens n'auroit pas en dernier lieu abandonné son Roi.

Eufin une autre lettre qui nous a été écrite de Strasbourg par un homme fort zélé, donne les moyens de rétablir la religion dans les armées. Comme il seroit peut-être difficile, en ce moment, à cause de la rareté des prêtres, de donner à chaque corps son aumônier particulier, l'auteur proposeroit d'en assigner d'abord un pour chaque grande garnison, comme Besançon, Brest, Lille, Metz, Strasbourg, etc. Les troupes s'y accoutumeroient aux exercices de la religion. Il fau droit, dit M. C. D. C., que ces aumôniers eussent nonseulement les vertus de leur état, beaucoup de donceur, de zèle et de prudence, mais encore des connoissances étrangères à leur ministère; qu'ils pussent donner, par exemple, aux officiers des leçons de mathé matiques. Plus ils se rendroient utiles, plus ils auroient de considération, et je souhaiterois même qu'ils fissent des cours d'histoire, de géographie, de langues. Leur ministère y gagneroit; mais il seroit nécessaire qu'on

leur accordât un rang honorable. Ils devroient être assimilés, pour le traitement, aux capitaines, et au bout de plusieurs années de service, on les feroit même monter à un rang supérieur. Sous Louis XVI, on avoit formé le projet d'un séminaire où l'on auroit préparé des aumôniers pour les troupes. Une mauvaise plaisanterie d'un ministre frivole, et l'opposition d'un corps puissant, empêchèrent l'exécution. Elle seroit peut-être facile aujourd'hui. On rendroit ces aumôniers dépositaires des livres nécessaires à leur enseignement. Il y auroit même un fonds pour qu'ils pussent donner de bons livres à leurs soldats. On feroit réimprimer quelques livres de piété d'une utilité reconnue: par exemple, les Heures militaires, de M. de Chabrié, général d'artillerie, tué à Berghen, en 1759, qui renferment, dans un très-petit volume, les prières, instructions et lectures les plus convenables pour un soldat (1).

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Telles sont les vues de M. C, D. C,, qui paroît joindre l'expérience au zèle, qui a vécu long-temps dans une ville de guerre, et qui s'y est occupé du soin des soldats. Il ne doute pas qu'on ne pût, avec des soins bien entendus, parvenir à ramener la foi parmi eux, et les rendre à la fois et plus fidèles et plus chrétiens, M. l'abbé Rauzan, prédicateur et chapelain du Roi, a prêché ces jours derniers les sermons de la retraite au séminaire de Saint-Nicolas et chez les Clercs de la chapelle, et a été secondé, dans ces pieuses fonctions, par M. l'abbé de Janson. On sait avec quel zèle l'un et l'autre travailloient dans nos provinces pour le bien de la religion et pour la cause du Roi, dans le temps même où l'usurpateur revenoit fomenter parmi nous des sentimens contraires. Ils avoient non-seulement le mérite d'avoir senti que l'objet le plus important pour notre

(1) On a réimprimé nouvellement un petit ouvrage très-portatif qui contient tout ce que peut désirer un soldat attaché à la religion, ayant pour titre: Manuel du militaire chrétien; 1 vol. in-24, prix, 80 cent. et 1 fr. 20 cent. franç de port, A Paris, chez Ad. Le Clere; au bureau du journal.

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patrie étoit le rétablissement de la foi, mais encore le courage de se dévouer à obtenir ce résultat si désirablė. C'est pour ce noble but qu'ils se sont adjoints d'autres missionnaires. C'est pour cela encore qu'ils ont cherché à inspirer à de jeunes élèves du sanctuaire les sentimens qui les animent eux-mêmes. Qui pourroit s'effaroucher d'une association destinée à combattre l'immoralité, à prêcher la soumission aux lois, la concorde, toutes les vertus chrétiennes et sociales! C'est-là tout ce que cherchent nos missionnaires. Espérons que le succès couronnant leurs efforts, déconcertera de plus en plus les craintes des méchans, et remplira les espérances des gens ⚫ de bien.'

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il a été arrêté dans une conférence entre les ministres des quatre grandes puissances alliées, que, pour éloigner tout ce qui pourroit exciter des troubles, soit en France, soit en Europe, les individus compris dans l'ordonnance rendue, le 24 juillet dernier, par S. M. le Roi de France, ne pourroient se fixer que dans les trois monarchies autrichienne, russe et prussienne, où ils devront se soumettre à une surveillance particulière : l'Italie, même la partie qui est sous la domination de la maison d'Autriche, est exceptée de cette disposition. Le résultat de cette conférence a été communiqué à toutes les cours d'Italie et d'Allemagne, ainsi qu'à la confédération helvétique.

-Mr. le duc d'Angoulême est arrivé, le 26 octobre, à Marseille au milieu des démonstrations de la joie la plus vive de la part des habitans. On espère que ce prince y passera quelques jours.

par

Les troupes prussiennes, qui sortent de France les routes de Mézières, Reims, Rhétel et Soissons, sont trèsnombreuses. Elles ne s'arrêtent que très-peu de temps dans

chacune de ces villes.

- On dit que la cour de France, pour des motifs d'économie, n'aura pendant quelque temps près les puissances étrangères que des ministres du second rang. Les ambassades de famille seront seules exceptées.

- La chambre des pairs a discuté la loi sur la cour des

comptes, et a adopté plusieurs amendemens. La discussion a été renvoyée au vendredi 3.

Il n'y a pas eu de séance publique, le 31, à la chambre des députés. Les membres de la chambre sont restés dans leurs bureaux pour la discussion préparatoire des projets de loi qui leur ont été présentés.

Le 2 novembre, il a été porté à cette chambre, par M. le ministre des finances, un projet de loi pour supprimer un droit mis, en 1803, sur les denrées coloniales rées portées par mer.

-L'administration prussienne qui est à Paris doit quitter eette ville le 10 novembre.

-Le camp des Anglois, aux Champs-Elysées, est entièrement levé. On achevoit ce matin de démolir les dernières baraques.

Le prince Repnin a quitté Paris, le 29, pour retourner en Russie.

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- L'instruction publique du procès du maréchal Ney commencera samedi prochain dans la salle de la cour d'assises. Le procès de M. Lavalette, ex-directeur-général des postes, commencera le 16 novembre prochain. M. le premier président Séguier doit présider lui-même la cour d'assises, et M. le procureur-général Bellart suivra les débats. - Le 22 octobre, des lanciers, qui se trouvoient à Montauban, ont voulu entrer de force dans une salle de danse, et y ont tenu des propos qui ont exaspéré les esprits Une rixe s'est élevée, et quatre lanciers ont été tués. Les autres auroient eu le même sort, quand la force armée arriva. Treize lauciers ont été mis en prison pour être poursuivis devant les tribunaux.

Une circulaire de M. le ministre de la police générale aux préfets peut rassurer ceux qui avoient pris des alarmes mal fondées sur l'exécution de la loi relative aux détentions prolongées. Elle prouve combien le gouvernement a à cœur de ne pas confondre l'innocent avec le coupable, et de ne pas pousser la rigueur au-delà de ce qui est nécessaire pour la tranquillité de l'Etat.

Loi, telle qu'elle est portée dans la Gazette officielle, après ́les amendemens des chambres.

Louis, etc.

Nous avons proposé, les chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:

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