Page images
PDF
EPUB

retour du Roi. Les bons habitans de l'hospice avoient concouru à parer l'église, et l'office s'est fait avec beaucoup de solennité. M. l'abbé de Seillans, aumônier en chef, a prononcé une instruction courte, mais expressive sur les bienfaits de la Providence et sur nos devoirs envers le Roi. A l'office du soir, on a chanté et répété de grand coeur le Domine, salvum fac Regem. M. l'abbé de Fontenailles a fait un discours à peu près sur le même sujet. Sa division étoit : Nous ne serons fidèles à Dieu qu'autant que nous le serons au Prince; nous ne serons fidèles au Prince qu'autant que nous le serons à Dieu. On nous écrit qu'il a traité ce sujet d'une manière aussi noble qu'intéressante. Il avoit déjà prononcé le même discours aux Quinze-Vingts et à SaintEtienne-du-Mont, et y avoit captivé l'attention, et rempli l'attente d'un nombreux auditoire.

Nous avons parlé en dernier lieu de la mort de M. Becherel, évêque de Valence, arrivée le 25 juin dernier. Nous avons appris depuis qu'il avoit manifesté en ses derniers momens de grands sentimens de religion et d'attachement au saint Siége, et il importé d'autant plus de les faire connoître, que le bon évêque avoit peu auparavant donné de plus justes sujets de plainte à son clergé. Le 19 avril, il adressa à ses curés une circulaire où il annonçoit le retour de Napoléon en qui l'armée avoit retrouvé son héros, et la France ce génie puissant qui la tira de l'anarchie. Il ordonnoit en même temps les prières pour l'empereur, et même, s'il est nécessaire, disoit-il, le Te Deum en actions de grâces de ce que la France étoit délivrée de la guerre intestine. Il est vraisemblable que cette circulaire n'étoit pas de lui. Son âge et ses infirmités autorisent ce soupçon, et l'on sait assez à Valence que, dans ses dernières aunées surtout, on a pu abuser de sa facilité et de sa situation d'esprit. Quoi qu'il en soit, il paroît que sa circulaire a servi de prétexte pour tourmenter son clergé, et nous avons reçu de plusieurs côtés des renseignemens sur les mauvais effets de cette pièce, qui fut très-mál

vue des prêtres. A peine, nous dit-on, un vingtième des ecclésiastiques dans les paroisses se conforma-t-il à l'ordre de l'évêque. Un curé lui adressa des réclamations où il relevoit les principes de la circulaire, et entr'autres la comparaison assez maladroite qu'on y faisoit du temps de Phocas avec la nôtre, comparaison qui n'étoit pas flatteuse pour Buonaparte, mais qui au fond étoit assez juste. Ce curé dans sa lettre justifioit le Roi des calomnies de ses détracteurs. Il adressa sa réponse à l'évêque le 14 mai, c'est-à-dire, dans un temps où elle pouvoit lui attirer quelques désagremens. Nous ne l'avons reçue que récemment, et ce qui fait l'éloge de cet ecclésiastique, c'est qu'il ne dit point son nom; ce qui prouve que son zèle en cette affaire est tout-à-fait désintéressé, et qu'il n'a point cherché à s'en faire un mérite auprès des hommes.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Dans la nuit du 15 août, Mgr. et MADAME, duc et duchesse d'Angoulême, sont partis pour Bordeaux, après avoir assisté, dans l'après-midi, à la procession de la Métropole. LL. AA. RR. y avoient donné l'exemple de cette piété qui s'allie si bien, comme le prouveroit leur exemple seul, avec des qualités supérieures. Elles vont actuellement dans un pays où elles ont laissé les plus touchans souvenirs, et où elles sont attendues avec impatience. Tout le midi se dispose à recevoir ces augustes personnages.

[ocr errors]

Les souverains alliés et les princes de leur famille ont fait leur visite à MADAME avant son départ.

—Le 15 août, un grand nombre d'officiers-généraux étrangers ont eu l'honneur de faire leur cour au Roi.

Les opérations des assemblées électorales des arrondismens de Paris se continuent. Nous ne pouvons nommer tous les candidats qui ont été élus. Mais il paroît qu'en général on se loue des choix, qui sont tombés sur des hommes recommandables par leurs lumières, leur conduite et leur attachement au Roi. Les intrigans ont trop long-temps prévalu. Il est temps que les hommes sages et modérés soient investis

d'une confiance à laquelle le public gagnera plus qu'eux, Nous avons besoin de députés qui profitent de l'expérience du passé pour rétablir l'ordre par un heureux concert avec le

monarque.

-Les procès du maréchal Ney, du général Debelle, et dé plusieurs autres prévenus, seront successivement jugés par les conseils de guerre de la 1. division militaire. On dit que le 1. conseil est déjà saisi de l'affaire du général Drouot, qu s'est constitué lui-même prisonnier.

On dit que le général Vandamme a été arrêté sur le pont de Charenton, et le général Laborde dans les environs de Rennes.

-Une ordonnance du Roi, du 14 août, nomme MM. Auger, Fiévée, Mutin, Pellenc et de Torcy, membres de la commission créée pour l'examen des écrits périodiques.

-Buonaparte a fait sa translation, le 7 août, du Bellerophon sur le Northumberland. Il s'étoit mis pour cela en grande tenue, et a beaucoup causé avec les officiers anglois. Les gens de sa suite continuent à le décorer du titre d'empereur, et il a paru surpris qu'un officier anglois l'appelât simplement général. Il a voulu réclamer contre l'ordre qui le transporte Sainte-Hélène. Il ne voyoit pas, disoit-il, d'objection raisonnable contre sa proposition de rester en Angleterre. On n'auroit pas manqué de réponses à lui faire. On s'est contenté de lui dire qu'il pourroit s'échapper comme d'autres généraux et officiers françois, et entr autres Lefevre-Desnouettes qui étoit libre sur sa parole, et dont il avoit lui approuvé l'évasion. Le grand homme n'a rien répondu. Il a d'ailleurs paru fort causant, et s'est étendu sur son ancienne conduite et ses projets. Il emmène avec lui les sieur et dame Bertrand, sieur et dame Montholon, Lascases, Gourgaud et douze domestiques, dont trois femmes. Savary et Lallemand n'ont pas eu la permission de l'accompagner. On dit qu'il a sauté fort lestement quand il a été question de passer sur le Nor

thumberland. Bon voyage! 32 Le colonel Labédoyère, dans son interrogatoire au con

seil de guerre, le 14 août, n'a nié aucun des faits qui lui étoient imputés, et a prétendu seulement les expliquer. Il a pu, a-t-il dit, s'être laissé entraîner par des illusions, et il a fait des voeux pour que la France fut heureuse et tranquille sous le gouvernement du Roi, et pour que sa mort, précédée de la reconnoissance de son erreur, soit utile à son pays. Le

rapporteur, M. Viotti, a résumé les faits, et a fait sentir la force des accusations et la foiblesse des excuses. Labédoyère a désobéi à ses chefs, il a entraîné son régiment, il a donné un exemple funeste. Il a conclut à ce que l'accusé fut déclaré coupable de trahison et de rebellion, mais non d'embauchage. Le conseil l'a condamné à l'unanimité à la peine de mort. On dit que l'accusé a entendu la lecture de son arrêt avec beaucoup de sang froid, et qu'il s'est pourvu en révision.

LOUIS, etc.

Ordonnances du Roi.

A tous ceux qui ees présentes verront, salut:

L'attentat commis sur la France a forcé les puissances étrangères à y faire entrer leurs armées pour atteindre l'ennemi de leur sûreté. Elles occupent notre territoire: ces maux auroient été prévenus si notre vois eût été mieux écoutée; mais loin de notre cœur toute récrimination! Les souffrances de nos peuples ne nous permettent de songer qu'à les adoucir, en attendant le moment peu éloigné qui doit y mettre un terme. Les circonstances sont telles, que nous n'avons pas le choix des moyens; nous avons dû nous arrêter à celui qui nous a paru présenter le moins d'inconvénient, et être le plus propre à soulager ceux de nos sujets qui ont le plus, souffert, en appelant à partager leurs charges ceux sur lesquels les réquisitions ont moins porté.

Nous nous sommes déterminé à établir provisoirement une contribution extraordinaire, répartie sur les divers départemens en proportion de leurs ressources, espérant que, quelque pesans que soient ces sacrifices, ils le seront moins que le maintien d'un régime sans calcul et sans règle.

Plein de confiance dans le patriotisme des principaux négocians, propriétaires et capitalistes, nous désirons les associer à notre sollicitude pour le soulagement de leurs compatriotes ruinés par les événemens, sans prétendre pourtant que les sommes qu'ils paieront au-delà de leur part contributive restent définitivement à leur charge, et ne considérant ces excédans que comme des prêts faits pour donner à la perception extraordinaire une accélération proportionnée à l'urgence des besoins.

Considérant que le mal qui s'accroît chaque jour ne nous permet pas d'attendre la réunion des deux chambres pour concerter avec elles les mesures qu'il nous commande:

A ces causes :

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. Il sera levé extraordinairement et versé au trésor royal, comme requisition de guerre, une somme de cent millions sur les départemens, et dans les proportions déterminées par l'état ci-joint.

2. Il sera ajouté au contingent de chaque département un fonds de non valeurs de 10 centimes par franc, au moyen duquel la totalité de ce contingent devra rentrer au trésor.

5. La charge extraordinaire dont il s'agit sera provisoirement sup

portée par les principaux capitalistes, patentables et propriétaires de chaque département.

[ocr errors]

6. Il sera statué par le pouvoir législatif, à la prochaine session des deux chambres, sur le mode de répartition définitive de cette contribution de guerre et du remboursement des sommes qui auroient été payées au-delà du contingent définitif.

7. Pour déterminer la somme à fournir par chaque capitaliste, patentable ou propriétaire, il sera formé près de chaque préfet un comité composé du maire du chef-lieu du département, du receveur-général, et de cinq membres choisis par le préfet dans le conseil-général, dans le conseil de préfecture, et parmi les principaux propriétaires et capitalistes.

9. Pour la répartition individuelle du contingent des autres arrondissemens, il sera formé un comité particulier, composé du sous préfet, d'un membre du conseil de l'arrondissement et de deux notables habitans, tous trois désignés par le sous-préfet, du maire de la ville cheflieu de l'arrondissement, et du receveur particulier.

Signé, LOUIS.

Etat de répartition de la contribution extraordinaire à verser au trésor royal comme réquisition de guerre, annexé à l'ordonnance du 16 août 1815.

Seine, 13,340,000 fr.; Gironde, 5,330,000; Indre-et-Loire; 1,480,000; Manche, 2,680,000; Nord, 4,330,000; Orne, 1,800,000; Pas-de-Calais, 3,000,000; Puy-de-Dôme, 1,740,000; Seine-Inférieure, 5,350,000; Somme, 3,330,000; Tarn-et-Garonne, 1,280,000; Bouches-du-Rhône, 2,200,000; Calvados, 3,540,000; Charente, 1,700,000; Charente-Inférieure, 2,000,000; Côtes-du-Nord, 1,200,000; Eure-et-Loire, 2,000,000; Haute-Garonne, 2,000,000; Hérault, 2,530,000; Ille-et-Vilaine, 1,330,000; Loire Inférieure, 1,800,000; Loiret,800,000; Moselle, 1,480,000; Rhône, 2,600,000; Sarthe, 1,330,000; Vienne, 950,000; Vienne (Haute), 800,000; Allier, 670,000; Ardennes, 940,000; Aude, 940,000; Aveyron, 340,000; Cantal, 500,000; Cher, 540,000; Côte-d'Or, 1,270,000; Dordogne, 1,000,000; Doubs, 600,000; Eure, 1,740,000; Finistère, So0,000; Gard, 940,000; Gers, 800,000; Isère, 1,140,000; Jura, 670,000; Loir-et-Cher, 740,000; Loire, 800,000; Lot-et-Garonne, 1,145,000; Maine-et-Loire, 135,000; Mayenne, 1,000,000; Morbihan, 400,000; Nièvre, 670,000; Deux-Sèvres, 800,000; Var, 740,000; Vaucluse, 470,000; Ain, 270,000; Aisne, 740,000; Basses-Alpes, 95,000; HautesAlpes, 70,000; Ardèche, 135,000; Arriège, 95,000; Aube, 70,000; Corrèze, 174,000; Creuse, 135,000; Drôme, 300,000; Indre, 300,000; Landes, 135,000; Haute-Loire, 246,000; Lot, 334,000; Lozère, 135,000; Marne, 200,000; Haute-Marne, 135,000; Meurthe, 135,000; Meuse, 135,000; Mont-Blanc, 27,000; Oise, 270,000; Basses-Pyrénées, 240,000; Hautes-Pyrénées, 100,000; Pyrénées-Orientales, 160,000; Bas-Rhin, 200,000; Haut-Rhin, 135,000; Haute-Saône, 135,000; Saône-et-Loire, 270,000; Seine-et-Marne, 270,000; Seine-et-Oise, 400,000; Tarn, 440,000; Vendée, 270,000; Vosges, 270,000; Yonne, 270,000. Total, 100,000,000.

« PreviousContinue »