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Louts, etc.

Notre ordonnance du 17 février dernier n'ayant pu être mise à exécution, et les difficultés des temps ne permettant pas qu'il soit pourvu aux dépenses de l'instruction publique, ainsi qu'il avoit été statué par notre ordonnance susdite;

Voulant surseoir à toute innovation importante dans le régime de l'instruction jusqu'au moment où des circonstances plus heureuses, que nous espérons n'être pas éloignées, nous permettront d'établir par une loi les bases d'un systême définitif,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit;

Art. 1er. L'organisation des académies est provisoirement maintenue. 2. La taxe du 20e. des frais d'études, établie par le décret du 17 mars 1808, continuera d'être perçue à dater du 7 juillet dernier, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné; le recouvrement de l'arriéré, dû le 17 févrer dernier sera poursuivi conformément aux décrets et réglemens.

3. Les pouvoirs attribués au grand-maître et au conseil de l'Université, ainsi qu'au chancelier et au trésorier, seront exercés, sous l'autorité de notre ministre secrétaire-d'Etat au département de l'intérieur, par une commission de cinq membres, laquelle prendra le titre de Commission de l'instruction publique.

4. Elle régira les biens, et percevra les droits, rentes et revenus qui formoient la dotation de l'Université.

5. La présence de trois membres au moins sera nécessaire pour validité de ses actes.

la

6. Le président de ladite commission délivrera les diplômes, et ordonnera les traitemens et pensions, conformément aux états arrêtés par la commission.

7.

Les dénommés en notre ordonnance du 21 février dernier, rempliront les fonctions d'inspecteurs-généraux des études.

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8. Nous avons nommé et nommons membres de la commission de l'instruction publique les sieurs Royer-Colard, conseiller d'Etat et conseiller au conseil royal de l'instruction publique, président de la commission;

Cuvier, conseiller-d'Etat et conseiller au conseil royal de l'instruction publique;

Le baron Silvestre de Sacy, membre de l'Institut, professeur au collége Royal, recteur de l'Université de Paris;

L'abbé Frayssinous, inspecteur-général des études;

Gueneau de Mussy, ancien inspecteur-général des études;

Le sieur Petitot, inspecteur de l'Université de Paris, est nommé secrétaire de ladite commission.

9. Le sieur Ampère est nommé inspecteur-général des études en remplacement de l'abbé Frayssinous, nommé membre de la commission de l'instruction publique.

Donné à Paris, le 15 août.

Signé, LOUIS.

Un mot à MM. les Membres des Colleges électoraux de 18.5. A Paris, de l'imprimerie de Laurens aîné.

Ce sont des réflexions d'un ami de son pays sur les meilleurs choix à faire dans les circonstances actuelles.

PRECIS des nouvelles des missions du Sut-chuen, du Tonquin et de la Cochinchine, reçues à Paris au mois d'août 1815.

MISSION DU SUT-CHUEN.

UNE lettre de Mr. l'évêque de Tabraca, vicaire apostolique de cette mission, datée du 2 octobre 1814, annonce que dans le cours de cette même année, l'empereur de Chine a porté plusieurs nouveaux édits pour défendre l'exercice de la religion chrétienne; que ces édits ont été publiés et affichés dans toutes les provinces; mais que nonobstant ces défenses réitérées, les chrétiens continuent de faire profession ouverte de leur foi, et même de la prêcher aux Gentils sans en être empêchés par les Mandarins, qui en général paroissent peu disposés à persécuter les chrétiens, sachant qu'on ne peut leur reprocher autre chose que leur croyance, et rien qui puisse troubler le gouverLement, et qu'il n'y a rien à gagner en traitant leurs affaires, si ce n'est des corvées, des dépenses, des réprimandes et même des châtimens. Il y a pourtant eu en quelques endroits des persécutions excitées contre quelques particuliers, telles qu'il en arrive même dans les temps les plus paisibles. En toutes il n'y eu qu'un petit nombre de personnes compromises. Quelques-uns de ces chrétiens sont morts dans les prisons: quelques autres, dont l'affaire étoit encore pendante devant les tribunaux supérieurs, craignoient d'être exilés à perpétuité en Tartarie, ou pour trois ans dans la province.

Tome V.L'Ami de la R. et du R. No. 198. D

Beaucoup d'idolâtres disposés à embrasser la foi, ont été retenus par la crainte des édits portés contre les chrétiens. On a pourtant baptisé dans cette mission, pendant le cours d'une année, huit cent vingtneuf adultes, et fait huit cent quatre-vingt-sept nouveaux catéchumènes. Mil neuf cent quatre-vingt-dix enfans de fidèles ont reçu le saint baptême.

Une grande disctte et une maladie épidémique ont fait dans le Sut-chuen beaucoup de ravages pendant les derniers mois de 1813 et les premiers de 1814. La mortalité a enlevé un très-grand nombre de chré- ́ tiens adultes et d'enfans de chrétiens, baptisés les uns par les prêtres et les autres par des chrétiens, à cause du danger pressant. Elle a fourni l'occasion de procurer le baptême à trente-six mille quatre cent soixantedix enfans de païens en danger de mort. On sait certainement que douze mille deux cent soixante-dix de ces enfans sont morts, et il est probable que la plu- ¿ part des autres le sont aussi, à en juger par l'état dans lequel on les a laissés après leur baptême.

Il n'y a dans cette mission, qui comprend trois provinces de Chine, et où l'on compte environ soixante mille chrétiens, que quatre missionnaires européens, savoir: deux évêques, qui sont le vicaire apostolique et son coadjuteur, et deux prêtres. Il y a en outre vingt-cinq prêtres du pays.

Mission du Tonquin occidental.

Cette mission vient de faire une grande perte par la mort de M. Joseph le Pavec, décédé le 22 juin 1814. Ce missionnaire étoit d'une santé robuste, infatigable, et âgé seulement de cinquante-six ans. Il y avoit vingt-quatre ans qu'il travailloit dans cette

mission, et Dieu répandoit sur ses travaux une bénédiction toute particulière. Pendant les quinze pre→ mières années il avoit essuyé des fatigues incroyables, et montré un zèle vraiment apostolique dans la visite et l'administration des chrétientés des provinces qui sont au nord-ouest de la ville royale, et voisines de la Chine. Ges provinces sont remplies de très-hautes montagnes et d'immenses forêts: l'air et l'eau y sont presque partout de mauvaise qualité, et préjudiciables à ceux qui y séjouruent ou y passent. Depuis 1805, ce missionnaire étoit à la tête du principal collége où l'on enseigne le latin.

Il ne reste dans cette mission, où l'on compte près de deux cents mille chrétiens, que l'évêque-vicaire apostolique, son coadjuteur, aussi évêque, et troismissionnaires françois, tous âgés, d'une très-foible santé et épuisés de fatigue. Il y a de plus environ soixante prêtres tonquinois, mais dont dix ou douze au moins ne peuvent plus rien ou presque rien faire. Le séminaire de cette même mission a maintenant plus de quarante sujets, ce qui est le double de ce qu'il y en avoit ordinairenient. Il y a dans le principal college où l'on enseigne le latin, plus de quatrevingts étudians, et plus de trente dans l'autre.

y.a

Le Tonquin et toute la Cochinchine ne font, depuis 1802, qu'un seul royaume. Le roi n'y trouble point l'exercice de la religion chrétienne, et il lieu d'espérer que tant que ce prince vivra, les missionnaires et les chrétiens y seront tranquilles; mais il est fort à craindre que les choses ne changent sous le règne de ses enfans, qui ne promettent rien de bon, et semblent, au contraire, annoncer aux chrétiens un triste avenir.

Des troupes de voleurs et de brigands, qui infestent le Tonquin depuis environ dix ans, ne sont point encore soumis: quoique depuis peu le gouvernement en ait arrêté un grand nombre, auxquels on a tranché la tête, néanmoins la source n'en est point tarie. Trop foibles pour faire face aux Mandarins, trop forts pour que le peuple puisse leur résister, ils font de très-grands ravages.

Le peuple Tonquinois, fatigué du règne actuel, désire un changément, et n'attend qu'un moment favorable pour se révolter. Le choix que le roi se dispose, dit-on, à faire de son successeur pourra en fournir l'occasion. Le roi veut désigner pour héritier de sa couronne le fils d'une de ses concubines. Beaucoup des grands Mandarins veulent qu'il nomme son petitfils, c'est-à-dire, le fils de l'élève de Mr. l'évêque d'Adran, qui étoit venu en France avec ce prélat en 1787. Si le roi et les Mandarius ne s'accordent pas, le Tonquin est menacé d'une révolution qui, vu les dispositions actuelles du peuple, y est facile à opérer, mais ne peut qu'occasionner de grands mal heurs.

Mission de Cochinchine.

Ms. la Bartette, évêque de Véren, vicaire apostolique de Cochinchine, qui est âgé de plus de soixantedix ans, et est depuis quarante-un ans dans cette missión, y reste seul avec deux missionnaires françois déjà âgés, et dont l'un est si infirme qu'il ne peut travailler, deux missionnaires italiens, sexagénaires et infirmes, et quelques prêtres du pays. On compte dans cette mission, qui a plus de deux cent cinquante lieues de longueur, de soixante à quatre-vingt mille

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