Page images
PDF
EPUB

chrétiens. La peste, depuis la fin de l'année 1813, a fait de grands ravages dans la Haute-Cochinchine, qui confine avec le Tonquin. Elle a enlevé plusieurs prêtres cochinchinois.

L'on a baptisé dans cette mission, pendant l'année 1813, deux cent soixante-trois adultes, six cent trois enfans d'infidèles à l'article de la mort, desquels cinq cent treize étoient déjà allés au ciel, et quatre mille sept cent quatorze enfans de chrétieus. Le sacrement de confirmation a été administré à trois mille cent per sonnes, l'extrême-onction à mille vingt-huit malades, et cinq cent huit mariages ont été bénis solennellement.

Parmi les Mandemens publiés à l'occasion de notre dernière délivrance, nous n'avons pu nous empêeher de distinguer celui des grands-vicaires du diocèse de Saint-Brieuc, le siége vacant. On y trouve une vérité de couleurs et une énergie d'expressions qui rappellent, à notre avis, la touche de Bossuet. Nous nous contenterons d'en rapporter ce fragment, qui nous a le plus frappé, et qui, nous avons lieu de le eroire, ne fera pas moins d'impression sur nos lecteurs:

« D'où vient qu'il a suffi d'un seul homme et de son audace, pour jeter dans une horrible confusion l'Europe entière, qui l'avoit repoussé de son sein? D'où vient que le corps social, sans vigueur et sans vie, a failli être brisé sous sa main, comme un vase fragile? C'est que toutes les idées d'ordre, de justice et de vertu, tous les sentimens généreux que la religion inspire et consacre, se sont affoiblis, ainsi que la foi, dans le coeur de la plupart des chrétiens; et

voilà, N. T. C. F., voilà où conduit l'oubli de tous les principes sous le nom de sagesse, et l'absence de toute morale sous le nom de philosophie. Quand' la religion est muette et la conscience éteinte, l'homnie perd, avec le sentiment de sa grandeur, l'instinct de ses immortelles destinées semblable à la brute, ou plutôt, s'abaissant au-dessous d'elle, il ne connoît plus d'autres jouissances que celles des sens, d'autre culte que celui de l'or, d'autres sacrifices que ceux qu'il fait à ses plaisirs. Que lui parlez-vous de dévouement à son Roi, d'amour de la patrie? Taisezvous, et pleurez, en le voyant se traîner fièrement dans la fange des passions les plus ignobles. O doulear! c'est à qui se dégradera davantage; il règne entre toutes les classes de la société, je ne sais quelle épouvantable émulation d'immoralité, à laquelle les lois ne peuvent opposer qu'une barrière impuissante; et disons-le, la société elle-même n'est plus qu'un cadavre en dissolution, vile et dégoûtante pâture qu'e dévorent en silence, comme des vers rongeurs, l'égoisine et la cupidité.

»Ne croyez point, N. T. C. F., qu'en traçant ce tableau, nous exagérious le mal que nous voudrions guérir. Ah! toute parole est au-dessous de la vérité, lorsqu'on essaie de peindre la corruption qui a pénétré dans nos entrailles.

» Et en effet, qu'est-ce qu'un peuple où le saint nom de Dieu invoqué ne garantit plus la foi des promesses; où le déshonneur s'excuse par la nécessité; où le parjure se justifie par l'usage; où chacun est disposé à tout endurer et à tout faire pour dormir son sommeil; où l'amour de soi et la conservation de son bien-être physique sont universellement considérés

1

comme l'unique devoir social? Ceci est prodigieux, N. T. C. F.; depuis l'origine du christianisme, jamais on n'avoit vu rien de semblable. Sous l'influence même des doctrines païennes, l'homme moral, quoiqu'opprimé, n'étoit pas entièrement détruit; le doux, nom de patrie, une vaine image 'de gloire remuoient au fond des ames encore vivantes quelque chose de grand..... Aujourd'hui tout est mort, et si, à travers ces honteuses ténèbres, on aperçoit quelques hommes sans tache, qui n'aient composé avec aucune foiblesse, et dont rien n'ait pu ébranler l'intrépide vertu, leur nombre, hélas! est aussi petit que celui des olives demeurées dans l'arbre après la récolte, que celui des raisins suspendus au cep après la vendange.

» Cependant, N. T. C. F., quelques hideuses que soient ces plaies, ne désespérons point du salut de la France. Eclairée par une si horrible expérience, comment seroit-il possible qu'elle ne rejetât pas loin d'elle ces doctrines perverses et désolantes, ces systêmes destructifs et meurtriers? L'érêt de l'Etat l'intérêt des familles, tout nous rappelle vers la religion, que nous n'avons pu abandonner sans descendre jusqu'aux derniers degrés de l'infortune, jusqu'aux derniers excès de l'anarchie. Sans doute, dans tous les temps, la religion fut nécessaire, et ce n'est qu'à l'ombre de cet arbre de vie que les nations ont trouvé la sécurité et le bonheur mais aujourd'hui plus que jamais, il est démontré aux yeux de tout homme qui n'a point abjuré la raison, qu'il n'y aura de repos pour nous que lorsque l'impiété cessera de nous raconter ses fables, de nous tromper par ses prestiges, de nous corrompre par des discours qui gagnent comme la gangrène, suivant l'expression de l'Apôtre,

et qu'il faut, ou que la France revienne pleinement, sincèrement à la religion de nos pères, ou qu'elle se dévoue à des révolutions sans fin, et à des malheurs

sans mesure.

>> C'est principalement sous ce rapport, N. T. C. F., que l'Eglise se réjouit de voir son Fils ainé remonter sur un trône où il a déjà douné, avec le spectacle de toutes les qualités d'un bon Roi, l'exemple de toutes les vertus d'un chrétien. Environnons-le donc de respect, d'amour et de confiance s'il ne peut fermer en un jour les blessures de Etat, songeons que c'est une autre main que la sienne qui les a faites, et ne retardons point, par des plaintes aussi indiscrètes qu'injustes, le moment où nous jouirons de tout le bonheur que nous promet son règne. Puisse de règne de paix n'être plus désormais troublé! Puissent Jes animosités et les haines expirer aux pieds d'un Monarque vraiment père de ses sujets, qui n'aspire point à une autre gloire que celle de les rendre heureux »>!

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. a tenu, le 27 juillet, un consistoire dans lequel elle a prononcé une allocution sur les derniers événemens. Elle s'est étendue sur les plaies de la religion, qu'elle a considérées comme l'effet des nouvelles doctrines accréditées par l'incrédulité. Après avoir déploré ces funestes résultats d'une extrême liberté de penser, elle a passé aux grands événemens dont nous venons d'être témoins, et a fait espérer à l'Eglise des jours plus heureux, graces aux principes d'équité et de sagesse des souverains qui viennent de rendre au saint Siége ses domaines, et

[ocr errors][merged small][ocr errors]

qui n'ont fait par cet acte de justice que préluder à des, avantages plus importans encore pour la religion.

Les religieux bénédictins du Mont-Cassin ont repris solennellement leur habit dans la basilique patriar cale de saint Paul. On sait que le Pape régnant a appartenu à cet ordre ancien et célèbre.

La congrégation qui avoit été chargée de l'examen de la conduite qu'avoient tenue quelques évêques dans ces derniers temps, ne paroît pas s'occuper beaucoup de cet objet. On présume que S. S. veut témoigner son indulgence envers eux Ces prélats ont montré du repenfir, se sont mis en retraite, et ont protesté de leur obéis

sance.

PARIS. Nous avions parlé, avant le 20 mars, d'une association d'ecclésiastiques qui se proposoient de donner des missions, et qui s'étoient réunis pour cet effet à Paris. Ils avoient débuté par une mission à Beauvais, où ils avoient opérés les plus grands biens. La révolution du 20 mars vint interrompre leurs travaux. Les missionnaires furent dispersés; mais ils trouvèrent encore le moyen de se rendre utiles. L'un d'eux suivit S. M. dans son exil. L'autre, non moins attaché à la même cause, la servit par des travaux, des courses et un dévouement constant. De retour à Paris, ils sont rentrés dans leur maison, et sont toujours prêts à recevoir ceux qui se sentiroient auimés de la même vocation. Quand fut-il plus nécessaire de trouver des ouvriers zélés, qu'à une époque qui offre tant de maux à réparer, tant de passions à calmer, tant de préventions à guérir? Quand fut-il plus nécessaire d'aller semer le bon grain que lorsqu'il y a tant de terres incultes à défricher, ou tant de plantes mauvaises à arracher? Espérons qu'il se trouvera de ces hommes courageux qui se consacreront à un ministère laborieux et utile, et qui, pour y mieux réussir, sentiront le besoin de s'unir à des eccclésiastiques déjà voués à cette bonne œu

« PreviousContinue »