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-Un supplément de la Gazette officielle du 19, joint à cette liste le marquis de Bonnay, ambassadeur en Danemarck, et les fils aînés du prince Berthier, du duc de Montebello et du duc d'Istrie, lorsqu'ils auront atteint l'âge.

-Une ordonnance royale, du 19 août, rend la pairie héréditaire de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, dans la famille des membres actuels de la chambre des pairs. La même prérogative s'étendra à ceux qui seront nommés à l'avenir. Dans le cas d'extinction de la ligne directe, le titre sera transmis à celle des lignes collatérales qu'il-plaira au Rot de désigner.

LORRIS (Loiret). Cette petite ville, qui avoit été alarmée d'un événement fâcheux, a été consolée par un acte qui fait honneur à un prince étranger. Des habitans d'une paroisse voisine s'étoient réunis pour enlever un troupeau qui étoit à la suite de l'armée bavaroise. Un d'eux fut pris et condamné à mort. Mais à la prière du curé et du maire, S. A. R. le prince Charles de Bavière, second fils du Roi, a accordé sa grâce, en engageant les gens de campagne à être plus circonspects. La ville qui étoit dans les alarmes a témoigné au prince sa reconnoissance par des démonstrations de joie, des vivat et une illumination.

On distribue depuis quelques jours le Prospectus d'un nouveau Journal, qui portera le titre de Memorial religieux, politique et litteraire, et qui parcit destiné spécialement pour les ecclésiastiques. Ce Prospectus promet beaucoup, suivant l'usage, et tiendra sûrement tout de qu'il promet; c'est de quoi nous ne nous permettons pas de douter. Nous souhaitons à ce nouveau confrère toute sorte de prospérité. Peutétre n'a-t-il pas bien choisi son moment pour débuter. Son abonnement paroîtra peut-être un peu cher dans un temps où le clergé n'est pas riche; mais sauroit-on trop payer les bonnes choses qu'il doit dire? Seulement il a paru qu'il pourroit choisir une plume plus exercée, et qu'il feroit bien de recommander à ses rédacteurs de mettre dans leur style, si cela leur est possible, un peu plus de chaleur, de vie et d'intérêt.

A cé Prospectus, qui a été répandu avec une extrême libéralité, est jointe une lettre d'envoi pour la province. On y fait encore, comine de raison, l'éloge du journal futur. On y dit entr'autres, que ce journal devoit commencer au mois de mars dernier d'après une décision de M. Dandré, alors directeur-général de la police, décision prise et malivée sur la demande de Mr. le grand-aumônier de France. Que

M. Dandre eût pris une semblable décision, cela est possible; qu'il ait voulu favoriser un entrepreneur qui avoit imaginé cette spéculation, il n'y auroit pas de quoi s'en étonner. Mais que Mgr. le grand-aumônier eût demandé cette mesure, C'EST CE QUI EST FAUX, ENTIÈREMENT FAUX; c'est ce dont on défie de donner la preuve. Nous avons bien ouïdire que quelque solliciteur avoit fait à ce sujet, pendant tout l'hiver, les instances les plus persévérantes; mais nous savons aussi qu'il n'a pas réussi, malgré l'activité de ses démarches. Les rédacteurs de la lettre ont voulu jeter de la poudre aux yeux par leur allégation; mais ils auroient du sentir combien il est déplacé de s'autoriser à l'aventure d'un grand nom, et de citer sans fondement une autorité imposante. Ce charlatanisme est aussi un peu grossier.

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Dans la même lettre, les rédacteurs s'écrient d'un ton qui n'est pas modeste Le clergé de France va donc enfin avoir son Journal. Ce petit artifice n'est pas non plus bien fin. Ces MM. savent bien, sans doute, qu'il existe un Journal ecclésiastique, et ils le savent si bien qu'ils viennent de s'y abonner. Nous ne prétendons pas avoir beaucoup de célébrité, mais enfin notre existence étoit connue. Elle l'étoit du moins de ces MM., qui ont cherché plus d'une fois à nous attirer à eux. Le clergé de France a donc son Journal; il l'a depuis longtemps. Ce Journal est le même sous différens titres. Il fut commencé après la terreur par des ecclésiastiques que nous ne voulons pas nommer ici, mais dont les noms et les talens ne sont ignorés de personne. Les Annales catholiques prirent successivement les noms d'Annales philosophiques, d'Annales littéraires et morales, de Mélanges de philoso phie. Elles eurent sous ces différentes dénominations un succès qui n'a pas été contesté. Nous pourrions parler ici, sans être accusés de vanité, de l'intérêt et du piquant que surent y mettre nos prédécesseurs; mais nous n'apprendrions rien à nos lecteurs,qui ont joui si long-temps du fruit des veilles d'un écrivain qui occupe aujourd'hui un haut rang dans le clergé. Quant à nous qui lui fûmes associés, et qui fumes chargés exclusivement pendant cinq ans de la rédaction des Mélanges, nous avons hérité, non, sans doute, de ses talens, nous n'avons pas cette vanité, mais du moins, nous osons le dire, de son esprit, de son zèle et de ses efforts. Formés sons ses yeux, nous n'avons dégénéré ni de son altachement aux principes ni de son ardeur à les répandre. L'un et l'autre nous attirèrent, en 1811, un ordre de nous taire. Nous avons repris notre travail avec joie, en 1814, et nous avons eu la satisfaction de voir le clergé accueillir nos soins. Une correspondance assez étendue et trop flatteuse peut-être nous prouve que du moins on apprécie nos intentions, et qu'on nous sait gré de nos efforts. Le clergé de France a donc son Journal, et à en juger par ce qu'on veut bien nous écrire il n'en est pas généralement mecontent. Que les auteurs du Mémorial en établissent un autre, il en sont bien les maîtres. Qu'ils fassent mieux que nous; on le leur souhaite. Mais qu'ils ne heurtent personne dans leur chemin, et que des hommes si zélés ne commencent pas leur carrière par des détractions impolies, par des assertions fausses, et par un manège et un charlatanisme indignes de la cause qu'ils paroissent vouloir défendre.

HISTOIRE de Henri-le-Grand; par Mme. la comtesse de Genlis (1).

Le nom et le caractère de Henri IV ont je ne sais quoi de magique qui excite toujours un vil intérêt, et on ne peut en quelque sorte parler de ce prince aimable sans réveiller dans tous les esprits des idées riantes et populaires. Sa gaieté et sa bravoure, scs malheurs et ses succès, ses aventures, ses bons mots, le feroient presque regarder d'abord comme un héros de roman, et comme une de ces créations fantastiques de l'imagination. Mais en même temps sa conduite soutenue, sa constance, son habileté dans les affaires, sa sagesse, un mélange heureux de fermeté et de douceur, le talent qu'il eut de concilier les partis, d'appaiser les discordes, et d'assurer le repos de la France après tant de troubles et d'orages, prouvent que, sous une bonhomie apparente, ce monarque connoissoit parfaitement les hommes, et possédoit l'art de les gouverner. Cette partie de ses qualités a été moins remarquée que l'autre, et elle éblouit peutêtre moins les yeux du peuple, toujours plus frappé de ce qui est extraordinaire, que de ce qui ne s'aperçoit que par la réflexion. Mais aux yeux de l'observateur politique, le Roi dans Henri IV est encore plus admirable que l'homme privé, et sa prudence

(1) 2 vol. in-8°.; prix, 12 fr. et 15 fr. franc de port. A Paris, chez Maradan, libraire, rue des Grand's-Augustins; et au bureau du Journal.

Tome V. L'Ami de la R. et du R. N°. 109.

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dans le gouvernement l'emporte encore sur tout ce que son caractère offre d'attrayant.

L'historien aura donc comme deux personnages à peindre en lui, le François aimable, et le prince habile, et j'ose croire qu'on ne lui reprochera pas d'avoir plus insisté sur ce dernier portrait. Assez d'autres ont parlé des prouesses et des saillies de Henri IV. Cette partie de son caractère a été même gâtée en quelque sorte par les éloges maladroits de quelques mcdernes qui l'ont défiguré en prose et en vers. Le théâtre surtout a travesti ce prince de mille manières dans de fades copies, où on lui prêtoit une sensibilité ridicule, de mauvais lazzis, et le ton affecté d'un bourgeois langoureux, ou d'un soldat gascon. Le grand homme disparoît entièrement sous ces froides ébauches, qui ne peuvent amuser qu'une foule oisive et ignorante, et qui dégraderoient plutôt un héros qu'elles ne le feroient connoître. L'intérêt de la vérité, comme le soin de sa gloire, demandent donc également qu'on le représente sous ses couleurs véritables, et qu'on lui donne à la fois le caractère de dignité qui lui convient, et le ton d'amabilité et de franchise qui lui étoit na turel. Sous cette double vue, l'histoire de Henri IV offre un cadre aussi attachant que fidèle, et l'homme et le monarque se trouvent tous deux appréciés. Un tel sujet tire même un nouveau prix de l'état de la France à cette époque. Les progrès d'une religion nouvelle, les dissentions civiles, les guerres renaissantes, les intrigues et les cabales, de grands crimes et de beaux exemples de vertu offrent à l'écrivain nne variété de tableaux, un mouvement de narration qui laissent à peine reposer l'attention; et le talent, en s'emparant du récit de tant d'événemens, pout y jeter

un nouvelintérêt, et en faire sortir d'heureuses leçons. Telle est la tâche dont s'est chargée Mme. de Genlis. Peut-être le genre d'ouvrages auquel elle sembloit s'être consacrée, ne l'avoit-il pas préparée à cette nouvelle espèce de productions. Il y avoit une grande différence entre les nombreux romans qui ont signalé sa carrière littéraire, et une histoire telle que celle-ci. L'auteur, accontumé à donner l'essor à son imagination, devoit au contraire se mettre en garde contre ses inspirations, et ce qui eût été un mérite dans ses ouvrages précédens, devenoit ici un défaut et une source d'erreurs. Elle avoit même en quelque sorte augmenté cet inconvénient en composant dans ces dernières années plusieurs romans historiques, et en s'habituant au niélange de la vérité et de la fable dans ce genre mixte, indécis et dangereux. Au lieu d'inventer des caractères et des épisodes ne devoit-il pas coûter à Mme. de Genlis de se livrer à des recherches laborieuses, de consulter de vieux mémoires, et de chercher péniblement la vérité dans les monumens du temps, et nous pardonnera-t-elle d'avoir pensé que ce travail, un peu fastidieux, peseroit à e plume élégante et légère? Cette crainte ne sembloit-elle pas excusable et fondée? Nous pouvons d'autant mieux énoncer à cet égard notre avis, que nous sommes forcés de reconnoître que nous avons été agréablement trompés. Les anciennes habitudes de Mme. de Genlis ne paroissent pas avoir

avoir influe sur ses soins pour la perfection de ce dernier ouvrage, et les romans n'ont point pui à l'histoire. L'auteur paroît avoir fait des recherches exactes, et avoir travaillé avec l'attention scrupuleuse qu'exige ce genre de composition.

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