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Le 6 août, le saint Père est allé dire la messe dans le monastère de Saint-Dominique et Saint-Sixte.

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Une députation de Bénévent est arrivée pour offrie ses hommages au souverain Pontife, auquel le domaine de cette ville vient d'être rendu. Elle a été présentée au cardinal Consalvi, secrétaire d'Etat, par Mer. Charles Pedicini, de Bénévent, substitut du secrétaire de la Pro pagande, et depuis au saint Père lui-même, qui a assuré la députation de sa protection, et de son désir de faire tont ce qui pourroit tourner à l'avantage et à la prospérité de la ville et du duché. Le 15 juillet, Ms. Bottiglia, délégué apostolique, étoit arrivé à Bénévent. Le soir même l'autorité lui fut remise par le duc de Montejasi, gouverneur. Le peuple a témoigné sa joie par des cris, des fêtes, et des illuminations qui ont duré trois jours. Le dernier jour M. l'archevêque a officié pontificalement dans l'église cathédrale, et on a chanté le Te Deum.

PARIS. S. M., également pénétrée des sentimens de religion et d'humanité, trop long-temps oubliés parmi nous, avoit ordonné, l'année dernière, que l'on plaçât des aumôniers dans les hôpitaux militaires, afin de ne pas priver des secours de la religion les militaires mafades et blessés, qui jusque là étoient livrés sous ce rapport à un triste abandon. En conséquence il fut établi des aumôniers dans les hôpitaux, et notamment au Valde-Grâce. M. l'abbé Deloutte, nommé à cette dernière place, a eu la satisfaction d'y être utile à beaucoup de braves soldats qui avoient été élevés chrétiennement, et qui n'avoient pas perdu la foi. Ses exhortations l'ont même ranimé dans le coeur de plusieurs chez qui elle s'étoit fort affoiblie, et tous ont senti le prix d'un bien'fait qu'ils devoient à la bonté paternelle de S. M. Cet excellent prince vient encore de leur donner une nouvelle marque d'intérêt. Par son ordre, le P. Elisée, son premier chirurgien, est allé visiter cet hôpital. Il en a parcouru toutes les salles, s'est fait rendre compte des

besoins, et a parlé à un grand nombre de malades. Ces braves gens ont été touchés d'apprendre que S. M. daignoit, au milieu de tant de soins, s'occuper de leur sort. Ils ont fait d'eux-mêmes cette réflexion, que l'ex-. empereur n'envovoit jamais demander de leurs nou-. yelles. Mais aussi, si l'on osoit comparer ce qui est si fort dissemblable, l'un étoit un bourreau, l'autre est un père; l'un ne voyoit dans les soldats que des instrumens de son ambition, l'autre les considère comme ses enfans. Les militaires du Val-de-Grâce ont donc crié de tout leur cœur Vive le Roi, et le P. Elisée a pu rendre un compte favorable à S. M. de l'effet qu'a produit sa visite. On espère même que les renseignemens qu'il a pris ameneront des améliorations qui avoient déjà été arrêtées l'année dernière, mais dont l'exécution avoit été empêchée par le retour du fléau de la France. L'anmônier n'est point logé dans la maison; d'où il résulto que si quelque soldat se trouve en danger la nuit, it meurt sans secours. Il n'y a même pas encore de chapelle, et on ne dit pas la messe dans l'hôpital. On avoit décidé, avant le 20 mars, qu'on disposeroit un local pour cet effet. Les circonstances permettent aujourd'hui d'exécuter ce projet, qui remplira le vou de plusieurs militaires. Enfin l'aumônier désireroit qu'on pût lai proearer un fonds peu considérable pour des livres d'instruction et de piété, qu'il mettroit entre les mains des soldats, Ces différentes dispositions auront sans doute successivement lieu sous le gouvernement d'un prince religieux, qui, loin d'exciter ses sujets à l'oubli de leur foi et de leurs devoirs, sent la nécessité de les rappeler à leur croyance, et qui sera bien plus sûr d'avoir des soldats fidèles quand on aura réveillé dans leurs cœurs les sentimens chrétiens que la licence précédente avoit comme assoupis.

On nous engage a appeler l'attention du législaleur sur un point important. Le nombre des prêtres employés dans le ministère diminue de jour en jour, et

devient insuffisant pour les besoins des peuples. Leurs fonctions réclament tout leur temps, et souvent même ils ne peuvent donner à toutes également le soin qu'ils désireroient. Cependant, comme s'ils étoient oisifs, on les charge de tutelles qui les forcent à un travail, à des discussions, des absences, des voyages incompatibles avec leurs devoirs ou nuisibles à leur ministère. Ces tutelles leur attirent des querelles. Ne seroit-il pas convenable que les prêtres, qui exercent des fonctions publiques, fussent exempts de ces charges, et qu'une loi spéciale prononçât qu'ils ne seront point détournés de leurs occupations naturelles par de semblables commissions, qui quelquefois les obligent à plaider? Il seroit digne de la piété du Roi de les soustraire à ces embarras séculiers.

NANTES. Le 19 juillet, le chapitre et le clergé de Nantes ont signé l'adresse suivante, qu'ils ont envoyée au Roi, et dans laquelle ils réclament contre une autre adresse faite en leur nom, il y a quelques mois :

« Sire, le 10 mars dernier, le chapitre de l'église cathédrale de Nantes, à l'unanimité, déposoit aux mains de votre ministre de l'intérieur; et ses justes alarmes, et le témoignage de sa fidélité et de son amour envers votre personne sacrée, par une adressé que V. M. daigna accueillir, ainsi que nous cûmes la satisfaction de le savoir par la réponse qui nous parvint en date du 18 dá même mois. Le chapitre étoit loin de s'attendre qu'à peine quinze jours se seroient écoulés, deux de ses membres, les deux vicaires - généraux capitulaires, eussent osé faire, à l'usurpateur, une adresse de félicitation sur son retour dans la capitale, et se permettre d'énoncer leur von personnel, comme étant celui du chapitre et du clergé de Nantes.

»H nous tarde, Sire, de désavoner, au nom de tout le diocèse, cet acte ténébreux, fait à notre insu, qui nous souleva tous d'indignation, et contre lequel l'oppression, sous laquelle on gémissoit alors, ne nous per

mit pas de nous élever. N'ayant rien de plus empressé, Sire, que de mériter votre confiance, et de nous laver de l'injure qui nous a été faite, nous attestons à V. M., que les jours de votre retraite ont été pour nous des jours de douleur et de larmes, pendant lesquels nous n'avons cessé de faire des voeux pour le prompt retour de V. M. Nous le regardons comme le seul moyen de bonheur et de salut que la divine Providence ait ménagé à vos peuples. Rendus désormais, sous vos auspices, à la tranquillité dont nous avons été si long-temps privés, nous continuerons d'adresser au ciel nos prières pour la prospérité et la longue durée de votre règne ».

L'adresse est signée des chanoines, des curés de la ville et autres ecclésiastiques.

RUMILLY. Le clergé du diocèse de Chamberi mérite une mention particulière par la conduite qu'il a tenue sous l'usurpateur. Il a constamment refusé de chanter à l'église la prière pour ce perturbateur de la religion et de l'Etat. Il a bravé les menaces du commissaire extraordinaire et les bayonnettes de ses agens. Les séminaristes ayant été obligés de passer près d'un corps d'infanterie, furent interpellés de crier Vive l'empereur, et refusèrent obstinément. Ils auroient cru souiller leur bouche. Pour les punir, on envoya, au milieu de la nuit, six cents hommes au séminaire. Il paroît qu'on vouloit les forcer à quitter la maison. Mais ils tinrent bon, malgré les insultes et les avauies de tout genre dont on se plut à les accabler. Dans les rues, les prêtres étoient souvent accueillis par des provocations insolentes. On les arrêtoit pour leur faire pousser, le, cri de la révolte. On leur donnoit des épithètes grossières. Il semble qu'on cherchoit tous les moyens de soulever le peuple contre eux. Ces clameurs et ces projets n'ont pas eu de succès. Le clergé a laissé passer l'orage, et a demandé au ciel des jours plus heureux, qui nous ont enfin été accordés.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 22 août, à cing heures, le Roi a reçu la visite du roi de Prusse. LL. MM. sont restées ensemble près d'une heure.

L'assemblée électorale du département de la Seine s'est ouverte le même jour, à sept heures et demie du matin. S. A. R. MONSIEUR, frère du Roi, nommé président, s'y est rendu, et a prononcé, avec la grâce qui le caractérise, le petit discours suivant :

« Messieurs, au moment où nous allons procéder au choix des députés du loyal et fidèle département de la Seine, je ne' chercherai pas à tracer ici le tableau de la situation actuelle de la France; il n'est que trop présent à nos esprits et à nos regards. Je ne rappelle pas non plus les grands et impérieux devoirs qui nous sont imposés; ils sont gravés dans nos cœurs en caractères ineffaçables, et ils serviront de règle et de base à notre conduite. Je me bornerai donc à vous parler, messieurs, de ma reconnoissance pour le Roi mon frère, puisque c'est à sa bonté et à sa confiance que je dois le plaisir véritable de me trouver au milieu de vous, et d'unir

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mes sentimens à ceux qui vous animent.

>> La divine Providence m'a placé au rang de premier sujet de notre Ror; mais elle a beaucoup plus fait pour moi en m'accordant la faveur d'être né François d'une race purement françoise, et d'avoir hérité des sentimens vraiment françois dont nos ancêtres s'honoroient et se glorifioient.

» Le Roi et la patrie, la patrie et le Roi, sont inséparables; les liens qui les unissent sont indissolubles. Rallionsnous lous à cet étendard sacré; le ciel bénira nos efforts, et cette grande et illustre métropole donnera encore à la France entière l'exemple de tout ce qu'un véritable patriotisme peut inspirer de zeie, de fidélité et de dévouement ».

Après ce discours, l'assemblée a choisi pour secrétaire, M. Séguier, et pour scrutateurs, M. le général Dessoles et M. Pérignon. Le premier jour, MM. Bellart et Decaze ont été nommés députés; le second, MM. Louis, Try cɩ de

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