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Boisgelin; le troisième, MM. Tabarié, Delaitre, Pasquier, Camet de la Bonnardière et Roy. S. A. R. a présidé l'assemblée sans aucun cérémonial, et avec cet aimable abandon qui lui cague tous les cœurs. Une partie des membres a été invitée à dîner chez S. A. R., qui a reçu les autres les jours suivans. A la dernière séance, M. Bonnet, un des électeurs, a adressé au prince un compliment auquel S. A. R. a paru fort sensible. Tous les électeurs auront l'honneur de lui être présentés dimanche.

- La fête du Roi a été célébrée avec les sentimens de joie qu'appeloit ce jour, et aussi avec la réserve et l'économie que prescrivoient les circonstances. Le 24, il y a eu concert aux Tuileries. Une foule considérable étoit rassemblée sous les fenêtres du château. S. M. a paru au grand balcon. Aussitôt des cris ont parti de toutes parts. Il sembloit que chacun voulut consoler le Roi de ses peines, et lui offrir un adoucissement. à ses chagrins; car plus il souffre, plus il nous est cher et vénérable, ce père tendre qui ressent tous les maux de ses enfans, et qui est seul capable d'y mettre un terme. Que n'eût-il point fait si une conjuration insensée ne s'étoit agitée pour le ravir à nos voeux? Qu'elle s'applaudisse de sou outvrage, en voyant quelles en sont les suites. Pour nous, nous n'en serons que plus attachés à celui qui nous tient tous dans sou cœur, et nous lui porterons du moins le tribut de nos vœux et de nos acclamations. Puisse le ciel entendre nos prières pour lui, et couronner ses soins pour notre bonheur ! Une ordonnance du Roi, du 16 août, autorise la ville de Paris a ajouter à sa contribution foncière de 1816 et 1817 une somme de 2,134,000 francs, et à sa contribution personnelle une autre somme de 970,000 francs.

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-Le collége électoral de Seine et Oise a nommé députés M. le marquis de Bizemont et M. Haudry de Soucy; celui de Seine et Marne, M. de Saint-Cricq et M. le duc d'Otrante; celui de l'Oise, MM. Alexis de Noailles, Lancry, Kergorlay, Héricart de Thury et Bayard de Plainville; celui de 'Youne, MM. Bourienne, de Laurencin, Hay et Baudot.

S. A. S. M. le duc d'Orléans s'est embarqué, le 19 de ce mois, à Boulogne, pour se rendre en Angleterre. Il étoit arrivé à deux heures du matin avec lord Damley; à dix heures, il a mis à la voile.

-On écrit du département de l'Ain que toutes les parties de l'administration viennent d'être remisés par les Autrichiens aux divers agens du Roi dans ce département.

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- La nouvelle de l'entrée des Espagnols en France est démentie par le chef de l'armée espagnole, le comte d'Abisbal, qui le commandant de Bayoune avoit écrit pour savoir jusqu'à quel point ces bruits étoient fondés. La réponse du général est aussi rassuraute que polie.

-M. Durbach, l'un des trente-huit particuliers soumis par l'ordonnance du Roi à une surveillance particulière, s'est rendu aux eaux de Toeplitz.

M. Méhée de la Touche, compris dans la même mesure, s'est retiré à Clermont en Auvergne.

- Le maréchal Ney a déjà subi deux interrogatoires devant M. le préfet de police.

DôLE. Les élèves du collège de Dôle peuvent, malgré leur jeunesse, réclamer l'honneur de n'avoir pas été inutiles à la cause du Roi dans un pays qui, grâce au zèle de quelques autorités, et aux prédications d'un vieillard, mort victime de son patriotisme prétendu, avoit quelquefois montré un esprit différent, et avoit fourni des recrues aux fédérés. Le 12 juillet, ces jeunes gens arborèrent le drapeau blanc sur le clocher de leur chapelle. Ils chantèrent un Te Deum, ils portèrent en triomphe le buste du Rot. Ceux memes que de fâcheuses impressions, ou des craintes pusillanimes avoient rendus muets jusque-là, cèdent à cet exemple. Les bons habitans se réunissent à leurs enfans, et le nom du Roi retentit de toutes parts. Après un banquet gai et nombreux, les élèves firent une nouvelle promenade, ayant chacun un drapeau blanc. A leur imitation, on en mil aux fenêtres. Très-peu d'habitans s'en dispenserent, Il faut croire que ceux-là n'avoient pas eu le temps de se préparer à arborer ces signes de la fidélité. Nous ne voulons pas leur soupçonner d'autres motifs. Leur négligence a été à peine aperçue au milieu des élans de la joie de la majorité. Cette ville renferme beaucoup d'hommes animes du meilleur esprit, et qui ont montré, au milieu des dangers, leur dévouement à la cause du Roi, qui est la même que celle de la France. En célébrant l'enthousiasme des élèves du college de Dôle, nous ne pouvons nous empêcher de remar

quer qu'on a retrouvé à peu près le même esprit dans les maisons dirigées par les mêmes principes. Car l'éducation religieuse est la meilleure garantie du patriotisme véritable, et on est plus disposé à être fidèle au Roi quand on l'est à Dieu. C'est apparemment par la raison inverse que, dans quelques établissemens d'instruction publique, des enfans, égarés par des maîtres fort mal disposés, ont montré, il y a quelques mois, un esprit si différent, et se sont enrôlés sous des drapeaux odieux. Ils étoient sûrement moins coupables que ceux qui les faisoient agir. Mais combien n'est-il pas important pour des parens bien intentionnés de ne placer leurs enfans que dans des maisons sûres, où l'on professe la religion franchement, et où une bonne discipline soit une garantie de la loyauté des principes?

BORDEAUX. Les augustes voyageurs, si impatiemment attendus, sont enfin arrivés daus nos murs, et le 19 août ne sera pas un jour moins heureux pour nous que le 12 mars. LL. AA. RR. étant arrivées à la Bastide, ont traversé le fleuve sur un petit bâtiment, au bruit de l'artillerie et aux acclamations d'un peuple immense. La cale où elles devoient débarquer étoit également ornée. LL. AA. RR. ont été reçues sous un pavillon, et sont montées, M. le duc à cheval, et MADAME en calèche. Il est impossible de peindre la joie, l'ivresse, les acclamations de tout le peuple, qui a voulu traîner lui-même la calèche. Le soir, la ville étoit illuminée.

Que n'avions-nous pas à craindre? Qu'avons-nous à espérer ? ou Réflexions d'un Observateur impartial (1).

Cet écrit est une espèce de résumé des causes et des suites de la révolution du mois de mars. L'auteur examine par quelles craintes exagérécs on est parvenu à opérer un si grand changement, et ses reflexions sur le passé le conduisent à présenter le meilleur remède pour l'avenir, l'union mutuclie, la confiance dans la sagesse du Roi, et l'éloignement pour tous ceux qui sement les inquiétudes et les alarmes. Il nous a paru que l'auteur justifioit son titre d'Observateur impartial, et que ses vues et ses vœux étoient ceux d'un homme sage, 'éclairé, amí de l'ordre, et étranger aux factions.

(1) Brochure in-8°.; prix, 1 fr. 25 c., au bureau du Journal.

LA FÊTE DU ROI.

Nous avons ouï dire que plusieurs personnes dans les provinces refusoient encore de croire aux récits des journaux sur la foule qui se presse aux Tuileries, et sur les acclamations qui s'y font entendre. Elles allèguent qu'on leur en disoit à peu près autant sous Buonaparte; que c'est un langage convenu ou dicté; que les journalistes cherchent à faire leur cour par ces rapports exagérés ; qu'ils en disent trop pour être crus, et que l'affectation même qu'ils mettent à revenir sur cet objet doit inspirer la défiance. Il faut avouer que sous la censure impériale plusieurs journaux ont cherché à tromper le public par des articles que la pusillanimité ou l'adulation avoient dictés, et qui insultoient à la vérité en grossissant des acclamations payées, et en parlant d'un enthousiasme qui n'existoit pas. Mais ce tort qu'ont eu des flatteurs complaisans, ne doit point nuire, ce semble, à ceux qui ne se sont point abaissés au mensonge. Nous n'avons pas cherché, Dieu merci, à tromper nos lecteurs en leur faisant de fausses peintures d'une joie imaginaire, et en leur parlant d'applaudissemens dont nous n'avons pas été témoins; mais nous avons peut-être droit d'être crus, lorsque nous leur racontons ce que nous avons vu et entendu. Notre silence dans les temps. fâcheux donne peut-être quelque poids à notre témoignage actuel. Nos récits ne sont point des formules usées ou décréditées par l'abus que nous en avons fait, et comme nous n'avons point prostitué les Tome V. L'Ami de la R. et du R. No. 110. F

expressions les plus pompeuses pour décrire un enthousiasme feint, nos tableaux d'un enthousiasme vrai ne seront point affoiblis par des souvenirs défavorables à notre franchise, ou par des reproches pour quelque foiblesse. Nous espérons donc qu'on accordera à nos écrits une confiance que nous n'avons pas mérité de perdre, et que notre véracité ne portera pas la peine des variations ou de la complaisance de quelques autres.

Si, malgré ces considérations, il étoit encore des incrédules qui refusassent d'ajouter foi à ce que nous avons quelquefois rapporté de l'esprit de la capitale et des scènes réjouissantes des Tuileries, nous n'aurions d'autre ressource que de les engager à venir en être eux-mêmes les témoins. Ils ne seroient sans doute pas moins surpris qu'un habitant de la province, venu récemment à Paris, qui nous avouoit l'autre jour qu'il n'auroit jamais imaginé que l'enthousiasme fut si vif et si général, et qu'après avoir taxé les journaux d'exagération, il trouvoit qu'ils étoient plutôt au-dessous de la vérité; tant il avoit été frappé de cette foule, de ces démonstrations, de ces applaudissemens, et de tous ces signes non équivoques de dévouement et d'amour; et nous osons dire que ce spectacle produiroit toujours le même effet sur les étrangers qui auroient été dans la même erreur, et qui n'auroient pu se faire une image de la réalité.

Nous avons vu se renouveler pour la fête du Roi tout ce qui nous avoit frappés lors de sou entrée et les jours qui la suivirent. Même empressement à se rendre aux Tuileries, et à voir cet excellent prince; mêmes acclamations, mêmes témoignages d'attachement et de respect. Ce n'étoit point ici la magni

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