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votre jugement, et que le sien sera celui des Ainsi finit le célèbre orateur, sans

siècles.

sauver l'infortuné Monarque.

Enfin donc a lui sur la France, après vingtcinq ans de révolutions, le jour heureux qui a ramené parmi nous le digne frère de ce vertueux Monarque, ainsi que son auguste famille. Enfin, Louis XVIII est rendu aux vœux unanimes de tous les Français; il nous retrace déjà par sa bonté l'objet chéri de nos regrets, et veut, comme lui, n'être aimé qu'à force de bienfaits.

Sa première pensée fut le bonheur du peuple; sa seconde de remercier le Ciel de son retour au trône de ses ancêtres, et pressentant les désirs de la France entière, d'invoquer ce même Ciel pour un frère qui a par ses prières désarmé la vengeance. Enfin, le 14 mai 1814, un premier acte expiatoire, un premier culte religieux a été consacré au Roi martyr, que la voix des fidèles, prévenant celle du SaintPontife, a déjà proclamé le second SaintLouis. En vérité, ce n'est pas pour lui, c'est par lui, et pour nous, qu'il faut invoquer la clémence du Ciel. Il nous l'a obtenue, puisque sa mémoire a été bénie par des milliers de

Français, dans ce même sanctuaire où une poignée de tyrans a osé la charger de malédictions sacrilèges, au nom d'un Peuple qu'ils opprimaient et calomniaient à-la-fois, et qui fit trop peu alors en se bornant à les dé

mentir.

<< Ombre de notre Roi!...» (s'écriait, il y a dix-huit ans, le défenseur des Français opprimés, en voyant la première basilique de France ravie à la religion, pour être dédiée au parricide.) « Victime de tes bienfaits, de >> nos passions et de leurs crimes; toi, dont » la mort nous a rendus tous malheureux et > tous coupables: ah! du moins, que tant de >> millions de cœurs qui se sont sentis brisés » dans ce jour exécrable ; que tant de voix qui » se sont courageusement élevées pour dé» mentir ces organes imposteurs, ces triom

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phateurs gagés, cette solennité déserte; » que l'effroi visible de ce petit nombre de » méchans qui ont balbutié les sermens de la haine, tandis que les accens de l'amour et » de la douleur étaient par-tout si prononcés; » que jusqu'au choix du lieu devienne pour > toi autant d'hommages, et pour nous autant> d'expiations! Non, ce choix n'a pas été fait > sans un dessein secret de la Providence.

.

» Dieu a voulu que la profanation de son »Temple devint la consécration de ta mé» moire. Il a voulu marquer que ton ame cé» leste était digne d'être associée à l'injure du » Ciel, et que désormais la vertu pouvait » être méconnue, là seulement où la Divinité » était blasphémée. »

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Les peuples de la Vendée, les soldats de l'armée catholique et royale, furent si touchés de cette apostrophe, qu'ils la firent imprimer dans leurs livres d'heures, comme prière au martyr royal. Quel cœur fidèle n'aurait pu s'unir aux sentimens de ces soldats religieux, que Bonaparte appelle des héros, des géans? Et qui ne sentira que la première expiation due aux manes de Louis XVI, c'est que chacun travaille, autant qu'il est en lui, à consommer cette salutaire restauration de Louis XVIII, héritier des vertus moins que du sceptre de

son adorable frère.

Déjà on a célébré, dans plusieurs villes du royaume au Nord et au Midi, des messes expiatoires pour demander pardon à Dieu du parricide commis le 21 janvier 1793.

Dans l'église de Milhaud, département de l'Aveyron, on avait placé un grand portrait.

de Louis XVI, au bas duquel étaient écrits les quatre vers suivans:

Chrétiens, prosternez-vous dans un humble silence,
Admirez un Héros, admirez un Martyr;

Sous le fer des bourreaux, il pria pour la France,
Et pardonna le crime avant le repentir.

Nous allons rapporter dans cet ouvrage la description du service funèbre qui a eu lieu, le samedi 14 mai 1814, dans l'église métropolitaine de Notre-Dame, pour la mémoire de Louis XVI, de Louis XVII, et pour celle de la Reine Marie-Antoinette d'Autriche et de Madame Elisabeth.

Le 14 mai devrait être, dans tous les siècles, pour la France, un jour de deuil et de larmes, c'est l'anniversaire de la mort de Henri IV assassiné par le fanatisme religieux au milieu de son peuple. Soit que ce jour ait été choisià dessein pour honorer la mémoire des infortunés descendans du bon Roi; soit que le hasard seul ait produit ce rapprochement, un tel souvenir se mêle avec une convenance bien touchante à ceux que réveille la triste et pieuse cérémonie qui vient d'avoir lieu.

Des causes très-différentes sans doute ont armé des mains également fanatiques, contre

les successeurs des Valois et contre les descendans des Bourbons; mais tous les cœurs français doivent confondre et le chef de la famille et ses enfans dans un même regret, comme ces augustes et innocentes victimes sont confondues dans un même malheur.

Déjà notre amour a relevé, au sein de la capitale, la statue de Henri : d'autres hommages publics pouvaient-ils être différés plus long-temps?

La cérémonie religieuse et funèbre qui vient d'ètre célébrée, se lie parfaitement à tous nos besoins politiques, parce qu'elle était ellemème un besoin de la morale. Malheur à qui la croirait intempestive et précipitée! car cette même morale, qui condamne les haines et qui proscrit les vengeances, n'ajourne pas les expiations. Que le devoir sacré d'honorer la vertu et la royauté, conserve seul et purifie le souvenir de nos jours malheureux! que rien d'amer et de violent ne corrompe les saintes émotions dont ils remplissent nos ames!

Ah! Français, d'assez longues discordes déchirèrent les entrailles de notre patrie! Croyons, croyons maintenant qu'il existe un repentir par-tout où il exista une faute! C'est un des grands maux des révolutions politi

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