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sans condition, sous l'empire du traité de 1814. Hors de là, que ce fût au nom du fils ou des parens de Buonaparte que l'on stipulât, le même état de choses subsistait, c'est-à-dire, ce fils ou ces parens pouvaient-ils gouverner? Mais, je le répète, cette question avait été décidée négativement par la France et l'Europe, et alors même que l'alliance avec l'auguste dynastie des Bourbons n'avait pas été contractée par les puissances. Or, cette alliance était devenue indissoluble: la nation française en majorité était restée solennellement fidèle à ce pacte, fondé sur les principes de cette morale éternelle, sans lesquels il n'y a que désordre, anarchie et bouleversement dans les Etats.

Aussi, ce n'avait été qu'un subterfuge et un artifice que Napoléon avait employés pour masquer la déloyauté de ses intentions, lorsqu'en se démettant de l'autorité il avait affirmé avec ironie que le vœu des puissances était explicitement rempli. Eh! qu'avait représenté la personne de Napoléon? l'établissement du gouvernement impérial. Or, du moment où ce gouvernement reconstruit par lui eût été cédé à son fils, ou à ses

Chambres des pairs et des re

additionnel.

frères, ou à ses parens, c'eût été toujours
le même édifice, toujours la même famille
toujours la même usurpation.

Conséquemment, les puissances s'étaient
mises en harmonie avec les stipulations de
1814, en s'armant pour le maintien du
traité exclusivement garanti à la maison
royale des Bourbons.

Nous allons à présent jeter un coup-d'œil sur les Chambres formées par l'acte additionnel, c'est-à-dire, par le contrat de la rebellion.

Nous nous demanderons d'abord de qui présentans, éta-les soi-disant représentans étaient les manblies par l'acte dataires ? ils l'étaient des individus qui avaient accepté l'acte additionnel, et qui formaient à peine, comme nous l'avons fait voir plus haut, la dixième partie de la population, si même il y avait eu exactitude dans l'inscription et dans le dépouillement des votes. Ainsi, voilà la minorité qu'on appelait la nation, quand les neuf-dixièmes des Français avaient refusé de signer! On ne pouvait insulter plus effrontément au bon sens, à la liberté du peuple français. On crut sans doute en imposer par une réu nion vraiment hétérogène de 15,000 élec

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teurs. Mais ces hommes n'avaient-ils pas été nominés sous l'influence d'un conspirateur heureux, environné de bayonnettes pour comprimer l'opinion? mais avait-on craint de passer par-dessus toutes les formes et tous les principes, en faisant les élections à tort et à travers, sans que les colléges fussent en nombre compétent? mais enfin, et les électeurs, et les représentans, et les pairs impériaux, n'étaient-ils pas illégaux, puisqu'ils étaient reniés par les neuf-dixièmes de la France, cette immense et véritable majorité qui avait frappé d'anathème Buonaparte et son acte additionnel ?

A l'époque du 22 juin, on sentit tellement, au premier abord, dans ces prétendues Chambres, que le régime impérial finissait avec son créateur, qu'à peine la démission de Napoléon obtenue, on exprima spontanément le vœu de former une assemblée nationale. C'était vouloir, par ce vœu, faire renaître une grande et monstrueuse erreur politique de notre histoire; mais c'était en même temps déclarer qu'on ne faisait aucun cas du successeur que se donnait Buonaparte, et avouer que le systême de cet homme était incompatible avec

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Commission de

la volonté nationale et la tranquillité de l'Europe. Ce ne fut que secondairement après de violens débats, et sur les instances, les supplications d'une éloquence subreptice, que l'on revint à l'acte additionnel mais avec l'arrière-pensée de se dégager bientôt de cette entrave, pour se replonger dans les abstractions des constitutions, et pour tenter d'opérer une commotion politique qui servît de sordides et ambitieux intérêts.

On nomma donc, pour exercer provigouvernement. soirement le pouvoir exécutif, une commission de gouvernement, composée de cinq membres.

Séances des Chambres.

Ainsi, ces Chambres illégitimes se hasardèrent à garder un rôle éphémère, sans réfléchir qu'il vouait les acteurs à la risée, au mépris, même à la vindicte de la nation ét des alliés. L'amour-propre des uns, la faiblessé ou la rage des autres, la cupidité du plus grand nombre, voilà ce qui fut mis à la place du bien public, du véritable honneur, et du désintéressement que commande le sincère amour de la patrie.

Ces messieurs n'auraient-ils pas dû, pour sortir du cercle vicieux dans lequel Buo

naparte les avait enfermés, aller offrir un hommage expiatoire au Roi magnanime vers lequel tous les bras étaient étendus et s'empresser de rentrer dans la foule des citoyens, en abandonnant ces chaises curules qui n'étaient point les leurs, pour se ranger à l'opinion publique, manifestée par les neuf-dixièmes de la France ?

Au lieu de cela, ils se sont acharnés, dans leur prétendue importance politique, à lutter contre l'opinion, et à profaner le sanctuaire des lois par de virulentes et incendiaires vociférations, qui, si leur mandat avait été légal, les auraient rendu indignes d'être les représentans d'un peuple généreux et policé ( 17 ).

nouvelle consti

tution.

Ils prétendirent, savourant la manie des Projet d'une innovations, réviser sur un nouveau plan et démembrer les constitutions de nos diverses périodes, et de leurs lambeaux incohérèns habiller un fantôme qu'ils devaient inaugurer à la face du monde, en déclarant que le Souverain qui n'accepterait pas cette œuvre de leur génie, sans contredit malfaisant, serait méconnu par eux. Ils ne voyaient qu'eux effectivement, et non la nation, dans cet acte d'orgueil, de démence et d'usur

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