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ce tableau funèbre, on voulait encore se faire illusion? qui croira qu'après avoir évincé Buonaparte, les apôtres de l'acte additionnel devinrent ceux d'un pacte infernal ébauché à la hâte et au bruit du canon ennemi, dans la vue d'avilir la France aux yeux des nations, en calomniant son amour pour les fils de ses Rois? Ainsi parut cette déclaration ou ce prétendu Du prétendu testament politestament politique des soi-disant repré- tique des représentans, qui fait leur condamnation chez sentans. les contemporains, comme elle la fera chez les races futures. Voilà comment, sous le manteau de la philantrophie et en se parant des noms de liberté et d'indépendance, on ne faisait autre chose qu'évo quer de son profond tombeau la sanglante anarchie de 1793.

C'en était trop: la longanimité du peuple français était lasse de l'audace de cette tourbe factieuse qui n'avait revendiqué de Buonaparte le commandement, que pour renchérir sur son affreuse morale; et l'on n'en tendit sur tous les points de la France qu'un appel à la prompte justice du Roi pour interdire ces assemblées qui avaient osé porter une main sacrilége sur l'arche

sainte de notre alliance avec les plus augustes têtes couronnées de la terre.

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Toutefois, nous le publierons avec une douce consolation: plusieurs membres de ces assemblées s'éloignèrent, et quelquesuns (a) plaidèrent avec courage la cause de la Nation en ne la séparant point de son Roi. L'estime de leurs concitoyens leur est acquise: ils ne les confondront pas avec ces hommes qui se sont joués de l'opinion publique.

Cependant les légions des Souverains alliés, après la bataille de Mont-Saint-Jean, avaient marché sur la capitale. Le 28 juin, ĺes corps d'armée anglais et prussiens n'en étaient qu'à peu de distance, et Buonaparte, retiré à la Malmaison, n'était pas parti. Sa présence donna des inquiétudes. Le bruit courut que, révoquant sa seconde abdication comme il avait révoqué la première, il avait proposé un plan de défense dont il voulait diriger l'exécution. Cela n'eut Buonaparte se point lieu, et le lendemain 29, on fit conrend à Roche naître officiellement qu'il avait pris la route

fort.

(a) Sur-tout M. de Malleville fils.

de Rochefort, dans le dessein de s'embarquer pour les Etats-Unis d'Amérique.

et de son carac➡

Quel spectacle offrait au monde la fuite De sa conduite de cet homme, qui, à deux époques aussi tère. rapprochées, était rejeté de la France, frappé de la haine de l'Europe, et poursuivi par les malédictions des peuples et des armées, qu'il n'avait flattés que pour les tromper et leur faire perdre jusqu'aux plus nobles palmes de leurs victoires! Il se sauvait, et, depuis les champs de l'Ibérie jusqu'à la ville antique des Czars, des millions de victimes humaines avaient été égorgées pour lui seul : il avait mis l'Europe en deuil. Eh! que lui importait? il vivait encore. Il se sauvait, et il ne jetait pas même derrière lui un regard de pitié et de repentir sur les maux affreux de son dernier séjour sur le sol de notre patrie : comme l'Ange des ténèbres, il ne regrettait que d'avoir échoué; il ne regrettait que de n'avoir pu, en tombant, marcher sur les cendres fumantes de nos villes et de nos derniers hameaux; il se félicitait, avec la joie du tigre, des traces hideuses qu'il laissait après lui; et si, pour assouvir l'ambition la plus effrénée, on lui eût fait entrevoir qu'il pourrait mettre en

feu le nouveau monde, un léger sourire aurait déridé son front,

Il est pris en Mais l'heure de cet homme funestement mer par les Anextraordinaire est marquée pour le repos glais. du monde.... L'Europe a atteint le grand coupable: c'est au tribunal des nations à donner un grand exemple à la terre. L'homme des destinées, en s'élançant au sein de l'Océan pour échapper à la vengeance de la terre, est tombé dans la croisière anglaise devant Rochefort, et s'est rendu, le 15 juillet, au vaisseau le Bellerophon ( 19 ). Ainsi, c'est la nation britannique qui n'a jamais reconnu l'Empire de Buonaparte; c'est la nation qu'il a le plus injuriée; c'est la nation à qui il avait déclaré une haine éternelle, que le ciel a placée comme une barrière insurmontable entre l'ancien et le nouveau monde, pour fermer le sage à l'ennemi du genre humain.

La France est

délivrée.

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pas

Séchons donc enfin hos larmes. La main vengeresse de la Providence ne s'appesantira plus sur notre patrie. Le despotisme militaire voulait nons faire reculer jusqu'à l'esclavage de la barbarie, et éteindre le flambeau des sciences, en entraînant, dès le printemps de leur age, des générations

entières dans des caravanes sanglantes et dévastatrices; mais toutes les nations assemblées sous les armes ont arrêté la course du nouvel Attila, et l'étoile de nos Rois, sortant radieuse et bienfaisante des nuages qui nous l'ont par fois dérobée, a réparu pour luire à jamais sur notre belle France et sur cette capitale du goût et des beaux-arts, deux fois sauvées et délivrées au nom des fils du grand Henri.

militaire du 3

Le 3 juillet 1815, comme au 30 mars Convention 1814, la convention la plus honorable, la juillet. plus sage et la plus heureuse pour l'humanité, a arrêté l'effusion de sang. Aussitôt les divers corps de l'armée française, qui, parvenus à se réunir autour de l'enceinte, de Paris, allaient, après plusieurs combats partiels, en venir à une affaire générale, et exposer la plus belle cité du monde à l'incendie et au carnage, ont remis cette cité à la foi des Souverains alliés, et se sont retirés sur la rive gauche de la Loire, choisie pour la limite entre les armées françaises et étrangères.

Dès le 22 juin, Louis XVIII, notre Retour du Roi.

bien-aimé Roi, était parti- de Gand et

s'était avancé vers Paris, avec sa cour et

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