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» des sentimens qui l'animent, et ceux du >> monarque dont il est le représentant et l'in»terprète. L'espoir des jours de bonheur » qu'il vous assure a soutenu mes forces. Les >> premiers, vous avez donné un glorieux >> exemple à la France.

» Tout nous permet d'espérer qu'à l'excès

>> des maux vont succéder enfin ces temps dé-
>> sirés
pour
où doivent cesser les
la sagesse,

>> rivalités des nations; et peut-être étoit-il
» réservé au capitaine qui a déjà mérité le titre
» de libérateur des peuples, d'attacher son
>> nom glorieux à l'époque de cet heureux
>> prodige.

>> Tels sont, ô mes concitoyens! les.motifs et >> les espérances qui ont guidé mes démarches, >> et m'ont déterminé à faire pour vous, s'il le » falloit, le sacrifice de ma vie. Dieu m'est » témoin que je n'ai en vue que le bonheur » de notre patrie. Vive le Roi»!

Telle fut la journée du 12 mars, où les drapeaux de l'Angleterre, de l'Espagne et du Portugal, réunis à l'oriflamme, annoncèrent que le signal de la restauration étoit donné; telle

qu'une

qu'une flamme électrique, la commotion du midi se communiqua d'un bout de la France à l'autre, et substitua bientôt à l'usurpation sanglante d'un étranger, le gouvernement paternel des Bourbons. On pouvoit tout espérer d'un régime salutaire et réparateur, qui, succédant au plus affreux despotisme, ramenoit enfin le calme au milieu de la France si long-temps désolée.

Déjà tout Paris avoit vu avec amour le monarque si vivement désiré; les acclamations, les cris de joie avoient été unanimes. Les regards s'étoient arrêtés avec attendrissement sur l'illustre orpheline assise à côté de Louis, et que sembloit émouvoir le témoignage de l'affection générale. On avoit vu la fille de Louis XVI s'avancer au milieu des Français, parée de ses malheurs, de ses vertus et de cette pieuse tristesse qui voiloit son front au milieu même de l'allégresse publique et de son propre triomphe. Les traits de l'auguste Princesse étoient empreints d'une douce mélancolie; ses yeux étoient humides de larmes; elle paroissoit un ange placé entre le

ciel et la terre, pour réconcilier avec la divinité, cette France, où tant de vertus avoient été livrées à la persécution des méchans.

On eût dit que les bénédictions du ciel planoient sur MADAME; qu'à son aspect auguste, les douleurs, toutes les haines, tous les crimes étoient oubliés; que la religion sainte qui pardonne, rentroit dans les murs de Paris, et annonçoit à la France que ses maux touchoient à leur terme, Illusion passagère ! Espérance trompeuse!

Cependant, sous une administration paternelle tout rentroit dans l'ordre, tout marchoit sans contrainte comme sans efforts; la justice reprenoit son empire, les lois étoient discutées; on jugeoit les actes du ministère; la patrie n'étoit plus un vain mot; la tranquillité régnoit dans les provinces; nos cités devenoient l'asile de la paix, de l'industrie et du commerce; le monarque s'abandonnoit à la loyauté de son peuple, et sa confiance attestoit la légitimité de ses droits. Mais le génie du mal veilloit pour bouleverser encore cette malheureuse France, dont le

bonheur ne devoit être que le rêve d'un moment. Une trame horrible, ourdie publiquement, alloit précipiter la France dans l'abîme.

Cependant, à l'approche du jour anniversaire du 12 mars, jour si mémorable pour les bordelais, ils manifestèrent le vœu de revoir dans leurs murs M." le duc d'Angoulême, accompagné de Marie-Thérèse de France, son auguste épouse. Cette princesse avoit témoigné elle-même l'extrême désir de connoître une ville si chère aux Bourbons, et les bordelais avoient reçu l'assurance que LL. AA. RR. entreprendroient le voyage de la Guyenne au commencement de mars (1). En effet, le 5 mars, apparut sous les murs de Bordeaux, le prince adopté une année auparavant par les habitans de cette ville, lors que la lutte étoit encore indécise entre le gouvernement de l'usurpateur et le gouvernement du souverain légitime. Il approchoit, ayant à ses côtés son épouse chérie, l'auguste fille de Louis XVI, qu'appeloient les vœux

(1) Voyez la lettre de M.gr le duc d'Angoulême au comte Maxime de Puységur, Pièces justificatives, n.o 1er.

des bordelais et leur respectueuse curiosité. On vit s'avancer au bruit de tous les canons de la rade, la gondole qui portoit le couple royal. Sensible aux témoignages d'amour qui éclatoient de toutes parts, MADAME dit avec émotion: « Ah! je vois bien que nous appro» chons de Bordeaux ! >>

« Nous la possédons enfin, s'écrièrent les >> bordelais, par l'organe de leur premier ma>>gistrat; nous la possédons enfin la fille de »> nos rois, la gloire de la France; celle que » la divine Providence conserve pour être la >> consolation du meilleur des rois, pour faire » le bonheur du meilleur des princes; nous » la possédons enfin, non qu'un heureux ha»sard ait placé notre ville sur sa route, mais >> parce que sa bonté l'y a conduite ».

Un groupe de jeunes filles vêtues de blanc jetoit des fleurs sur son passage, et les accens de la ville entière célébroient cette époque nouvelle de bonheur public.

Toutes les classes de citoyens accouroient pour contempler cette Princesse chérie, et partout elle étoit reçue avec des transports qu'il

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