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humble et persévérante prière; la prière que, depuis sa mort déplorable, il n'a cessé de lui adresser pour cette France qui lui est toujours chère. S'il est vrai qu'il y ait une correspondance d'amour entre le ciel et la terre; si les destinées de ceux qui vivent ici-bas ne sont point étrangères aux affections de ceux qui les ont précédés dans une vie plus heureuses; si les Rois qui ont été les pères de leurs peuples, veillent du sein de leurs demeures immortelles sur les nations qu'ils ont gouvernées; s'ils en sont encore les anges tutélaires; ah! n'en doutez pas, ils ont prié avec lui tous les Rois dont la France s'honore; ils ont, exemple, sollicité par leurs vœux ce jour à jamais mémorable, ce jour de paix profonde qui luit enfin sur le monde fatigué, après tant d'années de bouleversemens et d'orages.

à son

Non, encore une fois, il n'y a rien ici qui appartienne à l'homme. Le Roi qui va paraître n'est point un Prince ordinaire. Il lui a été donné de faire le bien avec puissance, parce que la sagesse qui se fait remarquer en lui est la sagesse d'en haut; il marche environné de tous les Rois ses aïeux, qui ont aimé le bien comme lui. Son frère, son magnanime frère, noble victime d'expiation après tant d'attentats; son frère, qui semble n'avoir quitté la terre que pour réconcilier avec le Dieu de toute justice, avec le Dieu vengeur des crimes, les Français égarés, son frère le

précède (1). Tout est religieux, tout est commandé par la divinité elle-même, dans la pompe imposante qui l'environne. N'entreprenez donc pas de mêler des voix discordantes au concert d'admiration et d'amour que la présence de Louis XVIII ne manquera pas d'inspirer. Puisqu'au sein de tant de prodiges, vous avez pu, comme par le passé, ne vous occuper encore que de votre intérêt propre, que du maintien d'une fortune qui nous a coûté tant de larmes, souffrez qu'il choisisse ailleurs que chez vous des coopérateurs et des amis; et, comme nous, attendez avec respect la loi de bonheur et de liberté qu'il a seul le droit de donner à son peuple.

(1) Je voulais parler ici de notre infortunée Reine, de cette Madame Elisabeth, qu'il est impossible de louer, parce qu'il y a des vertus si hautes qu'elles ne peuvent être qu'affaiblies par des éloges; de ce jeune Prince, de Louis XVII, qui a trouvé la mort dans sa prison, après y avoir éprouvé les traitemens les plus barbares, sans que, parmi les autorités du jour, il ait jamais pu obtenir un regard de pitié. Mais ces souvenirs me déchiraient, mais j'ai senti que je ne serais pas le maître de mon ressentiment, et que je devais aux circonstances présentes, le sacrifice de ma douleur et de mon indignation.

Signé BERGASSE.

RÉPONSE

AUX RÉFLEXIONS

DE M. BERGASSE,

SUR L'ACTE CONSTITUTIONNEL DE L'ÉTÁT.

L'ACTE de déchéance de Bonaparte a surpris l'auteur des Réflexions, qui «n'a pu comprendre comment le Sénat, en le rédigeant, n'avait pas aperçu qu'il ne pouvait, sans une grande inconvenance, livrer à l'opprobre un homme auquel, après tout, il doit ses éminentes prérogatives et son étrange fortune.»

que

Cet acte aurait moins surpris cet auteur, s'il eût réfléchi le Sénat, lorsqu'il a été question de prononcer cette déchéance, était le seul corps politique constitué existant; qu'Alexandre l'avait invité à agir, dans la circonstance, comme l'intérêt de la France l'exigeait; que cet intérêt commandait la déchéance;

qu'il ne pouvait pas la prononcer sans la motiver; que les motifs devaient être pris dans les infractions à l'acte constitutionnel, et qu'on ne voue pas à l'opprobre, mais bien que l'on accuse et que l'on condamne le coupable.

L'auteur n'a pas pu penser que le Sénat aurait dû laisser Bonaparte sur le trône. S'il n'a pas pu le penser, pourquoi, à l'occasion de la déchéance, des injures remplissent-elles les quatre premières pages de son écrit?

Ces injures n'auraient point été dites, avec un peu de réflexion sur la tigrité de Bonaparte. Elles n'auraient point été dites, si l'on eût voulu avouer que toutes les puissances de l'Europe avaient reconnu qu'il fallait se réunir pour le détruire, comme tous les princes de la Grèce s'étaient réunis pour détruire le sanglier de Calydon.

Au retour de Moscow, où Bonaparte, par une imprévoyance dont n'aurait peut-être pas été capable le dernier soldat, avait fait périr toute l'armée française, sa déchéance aurait dû être prononcée; elle aurait dû l'être pour cette guerre - là même; elle aurait dû l'être pour sa guerre d'Espagne; elle aurait dû l'être à son retour de Dresde; elle aurait dû l'être

aussi pour cette guerre; elle aurait sans doute été prononcée dans ces différens cas et dans d'autres; mais qui aurait appuyé cette déchéance?

Si le Roberspierre à pied, sans armées, par la seule monstruosité de son caractère, faisait trembler toute la France; que ne devait pas faire le Roberspierre à cheval, qui comman dait depuis long-temps nos armées; dont le caractère n'est pas meilleur que celui de l'autre, qui s'était rendu redoutable, et qui, par une extrême précaution, avait su semer l'espionnage par-tout.

Quand on n'a qu'à juger, on est bien à son aise. La difficulté est pour celui qui est forcé d'agir.

Je l'ai dit de bonne foi plus de cent fois, et je le répète, je n'acccuse que Bonaparte de tout le mal de son temps, comme je n'accusais que Roberspierre de tout le mal du sien.

Toutes les doléances hypocrites ne doivent en imposer à personne.

Aucun Français ne pouvait être complice de Bonaparte, comme aucun ne pouvait l'être de Roberspierre: tous les Français étaient comprimés.

Que l'on recherche tous les petits torts par

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