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têtes qui désoloit notre malheureuse patrie ; songez que les droits de Louis XVIII sont les vôtres, que sa cause est celle de tous les souverains, qu'il est essentiel pour vous que le trône français repose sur des bases solides, qui détruisent tous les germes de troubles qui pourroient altérer encore le repos de l'Europe. Conquérans généreux, vous avez conquis tous les cœurs français en nous ramenant nos princes légitimes; la nation vous a voué pour toujours des sentimens de reconnoissance et d'amour.

D'UN

SÉNATEUR,

ET SON

AMENDE HONORABLE

A LA NATION FRANÇAISE.

Lumen ad revelationem.....

PARIS,

CHEZ LES MARCHANDS DE NOUVEAUTÉS.

I 8 1 4.

D'UN SÉNATEUR,

ET

SON AMENDE HONORABLE

A LA NATION FRANÇAISE.

La France vient de perdre, sans qu'elle s'en doute, un grand homme. Le sénateur Thomas Pagniodès n'est plus! Depuis quelque temps il se sentait incommodé de cinq ou six maladies, presque toutes causées par ses travaux et ses habitudes philosophiques; aucune d'elles cependant n'était assez grave pour alarmer les nombreux amis de Pagniodès. Le 2 avril encore il assista au Sénat, et aida à rédiger le projet de la nouvelle Constitution; le soir même il se sentit toutà-coup travaillé d'un violent mal de tête, se mit au lit, et quarante-huit heures après il avait cessé de vivre. Voyant sa fin approcher, il me fit appeler auprès de lui; j'eus d'abord de la peine à le reconnaître, ses traits étaient totalement changés. Thomas Pagniodès me fit approcher de son lit, puis se soulevant avec effort, il se pencha de mon côté, et d'une voix défaillante m'adressa les paroles suivantes, avec

prière, lorsqu'il ne serait plus, de les publier sous la forme d'un discours, afin que la nation française pût juger des sentimens qui l'animaient au moment de sa mort.

« Après vingt ans de souffrances et de malheurs, la France enfin respire! Déjà se lèvent pour elle des jours de calme et de sérénité! La voix de la justice s'est fait entendre, elle a rappelé sur le trône l'auguste héritier de Henri IV! Il revient ce Monarque trop long-temps exilé pour le repos des Français ! La paix et l'espérance accompagnent ses pas. Libre de toute contrainte, le Français peut sans crime se livrer aux transports de joie que lui inspire cette révolution heureuse, qui vient de précipiter du trône cet étranger ambitieux, qui ne régna que sur le sang et les larmes de ses sujets. Moi seul, hélas ! ne pourrai donc jouir de l'alégresse publique ! Il m'est défendu de voir sourire ce même peuple dont j'aidais à faire couler les pleurs. Qui le sait, ce plaisir passager eût peut-être de quelques momens retardé l'heure fatale.... Mais la mort s'avance...... honneurs, dignités, fortune, elle va tout engloutir!! Bientôt je ne serai plus !.... et ma patrie ne conservera de moi que le souvenir des maux dont je ne cessai de l'abreuver. Ah! du moins avant d'expirer, méritons de la nation française, par le naïf récit de nos fautes, un pardon que nous sommes loin de mériter. Si nous n'avons su vivre avec honneur, mourons le repentir dans l'ame. »

Ecoute, mon ami, l'histoire de mes erreurs.

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Lorsque l'Eternel voulut punir la nation française, il souffla sur elle le désordre et l'anarchie. Tout-à

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