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de la gloire militaire, et combien leur destinée a été différente!

L'un, passant du camp sur le trône, ne peut souffrir la gloire importune de son rival. Il l'enveloppe dans une procédure criminelle, et le traîne devant les tribunaux pour le perdre, ou le flétrir.

pour

L'autre, passant du théâtre de sa gloire au banc des accusés, sort avec peine victorieux de cette lutte inégale, et si nouvelle pour lui. Toutefois il est contraint de s'exiler de sa patrie, de quitter l'Europe, et d'aller chercher un asile dans le Nouveau-Monde. Il y vit dans la retraite et dans la simplicité de la vie privée, pendant que son rival, arbitre des nations, s'élève au plus haut degré de la puissance; mais son élévation creuse son précipice. Pour achever de l'abattre, Moreau est ramené du fond de l'Amérique. Il arrive, il est opposé front-à-front à son ancien rival, dont il devient l'ennemi le plus redoutable, l'attaque‚'. et trouve au champ d'honneur une mort glorieuse, emportant au tombeau l'espoir de la délivrance de sa patrie, et la consolation d'y avoir contribué de son sang.

Napoléon s'efforce de lui ravir cette gloire, il insulte à une mort qu'il n'aura garde d'imiter. Vaincu à son tour, il demande la vie, selon la

Ainsi celui qui, le soir d'une bataille, visitoit d'un œil sec le champ du carnage, et disoit froidement au milieu des cris de désespoir de ses victimes voilà une grande consommation! le même homme qui, revenant de Moscou, parcouroit une route de trois cents lieues jalonnée de morts et de mourans, sans donner le moindre signe d'émotion: uniquement occupé du soin de sauver sa personne, cet homme que les plus terribles catastrophes avoient vu insensible, trouve enfin un spectacle qui lui arrache des larmes, c'est celui de sa chute, de son humiliation, de sa déchéance!

C'est ainsi qu'il a justifié l'idée qu'avoit de lui le célèbre général, dans lequel il avoit si lâchement poursuivi un rival, en essayant de le faire périr par le glaive des lois, comme un conspirateur, et qui a fini d'une manière si différente!

Comme on demandoit au général Moreau, lors de son dernier voyage à Londres et à son départ pour la campagne de Dresde, ce qu'il pensoit de Buonaparte ce qui caractérise cet homme, répondit-il, c'est le mensonge et l'amour de la vie. Je vais l'attaquer, je le battrai, et je le verrai à mes pieds me demander la vie.

Quel spectacle ont offert à notre siècle ces deux hommes parvenus l'un et l'autre au faîte

de la gloire militaire, et combien leur destinée a été différente!

L'un, passant du camp sur le trône, ne peut souffrir la gloire importune de son rival. Il l'enveloppe dans une procédure criminelle, et le traîne devant les tribunaux pour le perdre, ou le flétrir.

pour

L'autre, passant du théâtre de sa gloire au banc des accusés, sort avec peine victorieux de cette lutte inégale, et si nouvelle pour lui. Toutefois il est contraint de s'exiler de sa patrie, de quitter l'Europe, et d'aller chercher un asile dans le Nouveau-Monde. Il y vit dans la retraite et dans la simplicité de la vie privée, pendant que son rival, arbitre des nations, s'élève au plus haut degré de la puissance; mais son élévation creuse son précipice. Pour achever de l'abattre, Moreau est ramené du fond de l'Amérique. Il arrive, il est opposé front-à-front à son ancien rival, dont il devient l'ennemi le plus redoutable, l'attaque,. et trouve au champ d'honneur une mort glorieuse, emportant au tombeau l'espoir de la délivrance de sa patrie, et la consolation d'y avoir contribué de son sang.

Napoléon s'efforce de lui ravir cette gloire, il insulte à une mort qu'il n'aura garde d'imiter. Vaincu à son tour, il demande la vie, selon la

prédiction de son rival, il l'obtient. Il survit au désespoir de sa chute, au désespoir de voir la Françe délivrée, rendre à une famille auguste, qu'il avoit si lachement poursuivie, les hommages dont elle est digne (1).

Moreau meurt, et sa gloire lui survit. Buonaparte veut vivre, et sa gloire périt avant lui.

(1) Buonaparte a signé son abdication le jour où MONSIEUR est arrivé aux portes de Paris. Il est entré dans le port de Porto-Ferrajo le jour où Louis XVIII a fait son entrée dans sa capitale,

FIN.

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