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» tous les officiers d'artillerie de la direction gé» nérale étoient réunis au Champ-de-Mars, où » ils s'occupoient de l'évacuation ordonnée. » MAILLARD DE LESCOURT (1),

Major d'artillerie.

C'est ainsi que Paris échappa comme par miracle à une ruine préparée par tant d'affreux moyens. On sait avec quelles acclamations y furent reçus les monarques alliés, et quel contraste forma leur entrée aussi brillante que pacifique, avec les projets de destruction et d'incendie que leur avoit prêtés le seul et véritable ennemi de Paris. Mais revenons à celui-ci, et suivons-le dans son retour à Fontainebleau,

Ily arriva le 31 au matin, accompagné du prince de Wagram, du grand-maréchal Bertrand, et du grand-écuyer Caulaincourt, avec lesquels il avoit passé la nuit à la Cour-de-France.

er

Le lendemain 1° avril, il publia le bulletin suivant: « L'empereur, qui avoit porté son quar» tier-général à Troyes le 29, s'est dirigé, à >> marches forcées, par Sens, sur sa capitale. » S. M. étoit à Fontainebleau le 31 mars; elle a

(1) On sait que l'empereur Alexandre, touché de la belle action de cet officier, voulut l'en féliciter lui-même, et lui donna la déonFation de l'ordre de Sainte-Anne de seconde classe,

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appris que l'ennemi, arrivé vingt-quatre heures » avant l'armée française, occupoit Paris après » avoir éprouvé une forte résistance qui lui a » coûté beaucoup de monde.

» Le corps des ducs de Trévise, de Raguse, » et celui du général Compans, qui ont concouru » pour la défense de la capitale, se sont réunis » entre Essone et Paris, où S. M. a pris position » avec toute l'armée qui arrive de Troyes.

» L'OCCUPATION DE LA CAPITALE PAR >> L'ENNEMI EST UN MALHEUR QUI AFFLIGE >> PROFONDÉMENT LE CŒUR DE S. M., MAIS » DONT IL NE FAUT PAS CONCEVOIR D'A» LARMES. La présence de l'empereur avec son » armée aux portes de Paris, empêchera l'en>> nemi de se porter à ses excès accoutumés, dans » une ville si populeuse, qu'il ne sauroit garder » sans rendre sa position très-dangereuse. »

Personne ne douta de l'affliction profonde qu'éprouva le cœur de Napoléon à la nouvelle de l'occupation de Paris, et surtout de son occupation paisible; mais personne ne fut alarmé de ce malheur, encore moins n'y eût-il personne qui vît le remède à ces alarmes dans la présence de celui seul qui pouvoit encore en inspirer, et dont le génie s'étoit épuisé en efforts inutiles. pour détruire Paris en même temps qu'il s'en'

proclamoit le sauveur. Il ne lui restoit plus, pour assouvir sa vengeance et châtier Paris de sa soumission et de son salut, qu'à venir livrer bataille sous ses murs; c'est à quoi il se disposa. C'étoit une opinion depuis long-temps répandue dans l'armée que Paris devoit être détruit, et s'il ne l'étoit par l'ennemi, il le seroit par Buonaparte.

que,

Les différens corps de son armée prenoient position à Essone à mesure qu'ils arrivoient. Le 3, toute l'arméen'étoit pas encore arrivée, mais il n'y avoit pas de temps à perdre; Napoléon, après avoir harangué la vieille garde étoit prêt à partir lui-même lorsqu'il reçut la nouvelle de sa déchéance prononcée la veille. Atterré de ce nouveau coup, il différa son il différa son départ. Cependant l'armée étoit toujours en position à Essone, ou dans les environs, et se grossissoit des troupes qui continuoient d'arriver; mais le 4 elle fut diminuée du corps entier du maréchal Marmont qui, le premier, écoutant la voix de la patrie, donna son adhésion aux actes du gouvernement provisoire, et conclut une capitulation avec le prince de Schwartzenberg, qui lui avoit donné connoissance de ces actes.

coup

de

Cette nouvelle fut comme un dernier foudre qui acheva d'abattre Napoléon; il n'eut

que

la force d'exhaler sa fureur dans un ordre du jour dirigé tout à la fois contre le duc de Raguse, et contre le sénat. Mais les autres maréchaux, loin de partager cette fureur impuissante, avoient déjà songé au salut de la patrie, et déclaré à Napoléon qu'il ne lui restoit plus que la ressource de l'abdication.

Voici de quelle manière on raconte cette scène :

Le 4 avril, les maréchaux reçurent les journaux du 3, qui leur firent connoître les actes du sénat et du gouvernement provisoire; ils en conféroient entre eux lorsque Buonaparte vint passer une revue. M. le maréchal Ney osa prononcer à voix haute le mot d'abdication: il n'y a que l'abdication qui puisse vous tirer de là.

Buonaparte feignit de ne pas entendre, et la revue se passa fort tranquillement; mais à peine fut-elle terminée, que M. le maréchal Ney, d'après la résolution qui avoit été prise en commun, monta au château, sur les pas de Napoléon, le suivit dans son cabinet, et lui demanda s'il étoit instruit des événemens de Paris : Buonaparte feignit encore de les ignorer. Alors, le maréchal Ney lui remit les journaux ; il les lut: et, s'adressant au maréchal, il lui dit : Hé bien, qu'en pensez-vous ? Sire, il faut abdiquer:

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Au même moment arriva le maréchal Lefebvre, qui, d'un ton très-animé, dit au ci-devant empereur: « Vous êtes perdu! vous n'avez >> voulu écouter aucun de vos serviteurs, le sénat

a prononcé votre déchéance. » Le maréchal Macdonald lui dit : Sire, je vous ai été fidèle jusqu'au dernier moment. Le maréchal Oudinot lui témoignoit par un silence expressif et par l'attitude de la douleur le sentiment pénible qu'il éprouvoit. La scène finit par l'acte d'abdication que l'empereur écrivit en faveur de son fils; il s'y résigna sur-le-champ suivant quelques uns; suivant d'autres, ce ne fut qu'après avoir versé un torrent de larmes. Quoi qu'il en soit de cette circonstance, il chargea les maréchaux Ney, Macdonald et M. de Caulaincourt, d'apporter cet acte à Paris, et de le faire agréer à S. M. l'empereur Alexandre, auquel il écrivit lui-même une lettre fort pressante, lui rappelant qu'il avoit été son ami; mais ce prince avoit déclaré qu'il ne traiteroit ni avec Buonaparte, ni avec aucun membre de sa farnille, et qu'il accueilloit le vœu de la nation française pour le rétablissement des Bourbons. Tous ies efforts des

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