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Je dois vous rappeler que ce budjet de 12 millions n'a point été approuvé, que les dépenses que j'ai faites n'ont point été autorisées : j'ai tout pris sur moi, ou d'après vos ordres, ou pour le bien et l'urgence du service. Veuillez insister pour que Sa Majesté donne des ordres pour que ces dépenses soient régularisées.

Signé CHABAN.

N° 26.

Lettre de M. le comte de Chaban, à M. le Maréchal prince d'Eckmühl.

Hambourg, le 15 septembre 1813.

PRINCE,

Par ma lettre du 10 de ce mois, j'ai entretenu Votre Altesse des difficultés qui se présentaient pour le mois d'octobre et la fin de l'année ; je lui ai parlé du budjet qui n'a pas encore été approuvé pour la dépense du trimestre courant. Je vous supplie, Monseigneur, de prendre en grande considération la position dans laquelle je me trouve.

J'avais eu l'honneur de vous présenter un budjet s'élevant à 12,042,349 francs. Ce budjet fut envoyé à S. Exc. M. le comte Daru, le 10 juillet, qui me le renvoya en disant qu'il n'avait pas pu le présenter à S. M. l'Empereur, parce qu'il n'offrait pas à l'appui

les devis pour les dépenses de l'artillerie et du génie. Je lui ai répondu, et lui ai fait observer qu'il était impossible de donner de devis pour des travaux qui étaient ordonnés, mais qui n'étaient point fixés, pour des travaux enfin, exécutés, pour ainsi dire, aussitôt que conçus.

Votre Altesse, ainsi que moi, n'avons reçu aucune réponse.

Il en est résulté, Monseigneur, que nous avons fait le service et les dépenses, sans avoir d'autorisation, et que nous sommes arrivés jusqu'ici sans pouvoir nous rendre compte comment nous avons pu faire.

Par le tableau ci-joint, Votre Altesse verra dans la première colonne le budjet que nous avions présenté; dans la seconde, les sommes qu'elles y a ajoutées, qui, à la vérité, n'excèdent que de très-peu l'article des dépenses imprévues; dans la troisième, les dépenses que j'ai effectuées; dans la quatrième, ce qui resterait à payer; dans la cinquième, les articles sur lesquels y a un excédant; et dans la sixième enfin, les articles qui ne doivent pas être compris dans le budjet, ou sur lesquels il pourrait y avoir quelque

économie.

Vous remarquerez à la fin, la totalité des dépenses faites ou indispensables à faire, devant toujours s'élever à 9,441,296 francs.

Les centimes additionnels ne s'élevant qu'à 6

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millions, en conséquence, il y aurait un déficit de 3,441,296 francs.

Votre Altesse peut se rappeler que je lui ai toujours annoncé que la somme de 6 millions serait inférieure aux besoins ; que cette somme perçue concurremment avec les impôts ordinaires, ne pourrait pas rentrer dans les délais fixés, et au 11 septembre je n'avais reçu effectivement que 3,019,670 francs, et j'ai déjà dépensé 4,741,143 francs; en sorte que j'ai été obligé de prendre par avance, sur les revenus de la trente-deuxième division 1,701,473 francs.

Depuis le 1. septembre, toute anticipation m'est interdite, et comme intendant-général de la trentedeuxième division, je suis réduit aux centimes de guerre (6,000,000) sur le montant desquels je suis autorisé à délivrer des ordonnances, d'après les ordres de Votre Altesse.

Le décret impérial du 17 juin, ordonne que les dépenses de la guerre et de l'administration de la guerre, dans la trente-deuxième division militaire, seront toutes supportées par cette division, hormis la solde, au moyen des centimes de guerre qui seront perçus sur toutes les branches des contributions.

Votre Altesse a imposé 6 millions; et certes, si on s'était borné à imposer des centimes de guerre, on n'aurait pas atteint cette somme qui fait la moitié de l'impôt annuel des trois départemens.

Sa Majesté, en ordonnant que les dépenses de la guerre et de l'administration de la guerre, seraient

supportées par la trente-deuxième division, n'a voulu lui imposer qu'une charge qu'elle pouvait supporter. En considérant toutes les réquisitions de tout genre, imposées à cette division, je dois déclarer que la somme de 6 millions est le nec plus ultrà que l'on peut re

cevoir.

Ainsi il faut trouver un moyen, soit sur les revenus ordinaires, soit sur les impositions extraordinaires, de fournir aux fonds nécessaires pour les dépenses de ce trimestre et à ceux nécessaires pour celles du trimestre prochain.

Quant au trimestre actuel, j'ose prier Votre Altesse de solliciter de Sa Majesté d'accorder un supplément pour solder les dépenses dont la majeure parție est déjà faite.

Il n'échappera pas à Votre Altesse que les vivres et fourrages, malgré les économies que j'espère, monteront pour ces trois mois à plus de cinq millions, sans compter l'arriéré. Vous voyez, Monseigneur, sur six millions, ce qui sera resté pour les autres dépenses.

Je compte que votre service ne manquera pas jusqu'au mois d'octobre; mais arrivé à ce terme, je ne garantis rien. Je dois vous déclarer que pour les vivres, l'artillerie, le génie, je n'aurai aucun fonds à faire. Il faut nécessairement que Sa Majesté donne des ordres et prenne des mesures.

Imposer des centimes de guerre ne paraît pas possible; le service extraordinaire de la trente-deu

xième division pour ce dernier trimestre doit être assigné sur les fonds de cette trente-deuxième division, ou sur les impôts extraordinaires, par S. Ex. le Ministre du trésor.

J'ai été sur le point de me rendre auprès de Votre Altesse pour lui expliquer la position pénible dans laquelle je suis. S'il ne fallait que du dévouement et des efforts, rien ne m'arrêterait; mais entravé par la disette de fonds, par l'impossibilité où je me trouve d'en avoir pour le trimestre prochain, je dois vous supplier, Monseigneur, de demander a S. M. des ressources, et vous prévenir des graves inconvéniens qui peuvent résulter de nous laisser ainsi dans l'abandon où nous sommes.

Signé CHABAN.

N° 27.

Lettre de M. le comte de Chaban à M. le Maréchal Prince d'Eckmühl.

Hambourg, le 16 octobre 1813.

MONSEIGNEUR,

Depuis long-temps je m'étais concerté avec M. le préfet des Bouches-de-l'Elbe pour la rentrée des impôts ordinaires et extraordinaires; je ne saurais que rendre justice à son zèle et à son dévouement. Il a

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