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sans cesse été occupé à chercher et à employer les mesures propres à faire rentrer les fonds; mais quelque rigoureuses que soient celles que l'on a employées en dernier lieu, leur résultat est presque nul.

J'ai déjà rendu compte à S. Ex. le comte Mollien de notre position : il la connaît, mais il n'y a point égard; et la lettre qu'il a adressée à Votre Altesse le prouve clairement, puisqu'il vous invite, ainsi que moi, à attendre les ordres de Sa Majesté pour mettre à exécution votre arrêté.

Je viens de violer la caisse de M. Grandsire; mais si les receveurs généraux des départemens persistent à méconnaître votre arrêté que le ministre luimême ne veut pas reconnaître, et versent les fonds des impositions ordinaires à Wesel, il est impossible, Monseigneur, que nous fassions marcher le service. Nous n'aurons point d'argent, le pays s'épuise, et la ressource d'adopter pour toute la division le régime militaire qu'il sera peut-être indispensable d'adopter, ne nous donnera encore que de faibles résultats. S'il était possible d'avoir quelques colonnes mobiles, qui, d'après les rapports des préfets et des receveurs généraux, parcourraient les arrondissemens, leveraient les contributions, peut-être pourrions-nous faire rentrer quelques fonds.

D'après ce que m'a dit M. le général Watier, il faut de l'argent pour des chevaux et pour leur équipement; la somme nécessaire irait à près de deux millions payables, à la vérité, dans l'espace de six

semaines ou deux mois; mais je ne sais où les prendre. Le génie, l'artillerie et les ponts et chaussées, que je ne laisserai pas manquer tant qu'il me sera possible, vont à environ 200,000 fr. par semaine. Les vivres sont une dépense énorme : il y a eu quelques difficultés, quelques suspensions très-courtes; j'irai encore, j'alimenterai; mais les avances des agens s'accroissent journellement, et sans argent il faudra renoncer à ce mode de service et le faire militairement et comme à l'armée.

Les hôpitaux, les prisons souffrent; je ne parle pas de la solde. Je ne peux que vous le répéter, Monseigneur, nous allons artificiellement et par une espèce de magie; mais cela ne peut pas durer.

Vous remarquerez qu'après avoir pris les 500,000 francs, il ne restera dans la caisse de M. Grandsire qu'environ 500,000 fr. C'est une ressource pour ainsi dire épuisée.

L'artillerie sera habillée, parce que je fais des marchés, ou du moins j'en ai l'espoir, payables dans un ou deux mois. Comment les payerai-je? je l'ignore.

Je crois aussi que je pourrai bien former le magasin du petit équipement que Votre Altesse désire, avec les mêmes termes et le même avenir pour le

payement.

Je suis fâché, Monseigneur, de mettre sous les yeux de Votre Altesse une position aussi triste ; mais je lui dois la vérité. J'ai épuisé toutes mes ressources et tous mes moyens.

Signé CHABAN.

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Lettre de M. le Maréchal Prince d'Eckmühl à
M. le comte de Chaban.

1

Ratzbourg, le 18 octobre 1813.

MONSIEUR LE COMTE,

J'ai reçu votre lettre du 16 octobre, ainsi que l'état de situation des caisses au 15 du courant. L'ennemi agissant sur la rive gauche de l'Elbe, les recettes vont devenir absolument nulles, parce qu'en supposant même qu'il se retire, l'effet de ses courses se fera sentir encore quelque temps.

Je désire en conséquence, monsieur le Comte, que vous trouviez des moyens pour faire promptement des fonds, puisque sans cela tous les services viendraient à manquer. Ces moyens doivent s'obtenir en faisant rentrer les contributions ordinaires et extraordinaires, celles de Lubeck comprises.

Nous serions criminels envers l'Empereur, si dans une ville comme Hambourg, quand il y a de l'argent à la banque, nous laissions manquer son service.

Je vous prie de me faire un projet de lettre pour le ministre du trésor, pour lui faire sentir combien ses ordres aux payeurs et receveurs, d'envoyer leurs fonds à Wesel, compromettent le service. On ne

peut plus faire rentrer les contributions par l'effet des circonstances; ainsi il va résulter de sa mesure, que tout manquera à Hambourg, et que je serai dans la nécessité de faire des actes de violence, des arrestations, d'enlever l'argent chez les particuliers, etc. Je vous prie de lui en écrire autant de votre côté. Signé Prince D'ECKMÜHL.

N° 29.

Extrait des minutes de la sécrétairerie d'Etat.

Au quartier impérial de Dresde,

le 16 juin 1813.

NAPOLÉON, Empereur des Français, elc.
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

ARTICLE PREMIER.

Sur les cinquante millions de contributions imposées à la ville de Hambourg, trente millions devront être payés en argent comptant, dix millions en bons de la ville, et dix millions en denrées, marchandises, et autres fournitures en nature.

ART. 2.

Les dix millions de bons seront imprimés à Paris, sur le même papier, et dans les mêmes formes que

les bons de la caisse d'amortissement. Ils seront versés dans la caisse de la ville, signés par les citoyens qui les doivent payer et contre signés par le caissier municipal.

ART. 3.

Sur ces dix millions, cinq millions seront en bons de cinq mille francs, trois millions en bons de 400 fr., et deux millions en bons de 100 fr.

ART. 4.

Ces bons seront payables au 1er janvier 1815; ils porteront intérêt de cinq pour cent, à compter du 1. juillet 1813 jusqu'à l'échéance.

ART. 5.

Les marchandises, denrées et autres objets qui doivent être fournis en nature, jusqu'à la concurrence de dix millions, le seront conformément à l'état ci-joint.

ART. 6.

Les bons émis dans la forme réglée aux articles 2 et 5 ci-dessus, serviront au payement des réquisitions faites dans le département de la trente-deuxième division militaire.

ART. 7.

Ces réquisitions sont préalablement fixées à

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