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et se seraient approchées, sans être vues, portée de pistolet des ouvrages.

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La démolition du Hamburgerberg était prescrite par les réglemens militaires (18), et elle était nécessaire à la sûreté de la place; elle fut la conséquence de cette dernière considération. Je sais qu'en dénaturant les faits, qu'en n'écoutant que la haine, il est facile de peindre, sous des couleurs odieuses, l'expulsion des habitans d'une ville assiégée pendant les rigueurs de l'hiver. La sensibilité s'émeut à l'idée de vingt-cinq mille individus forcés d'abandonner leurs familles et leur patrie dans de telles circonstances. Nous-mêmes nous avons gémi sur les effets de cette mesure; mais quel parti devions-nous prendre à l'égard de ces individus que la négligence ou la misère avaient empêché de s'approvisionner? N'était-ce pas avancer la reddition de la place, que de leur fournir des vivres destinés à l'armée? Et si je les conservais dans la ville sans leur donner des subsistances, n'était-ce pas exposer la garnison aux fureurs auxquelles le désespoir devait enfin les porter? J'avais rempli mon devoir en les pré venant long-temps à l'avance du sort qui les menaçait; je devais donc céder à la nécessité. Les garder à Hambourg, c'eût été manquer

comme chef militaire à mes premières obligations; c'est à Altona, à une portée de canon de la place qu'ils ont été accueillis, et ont reçu du soulagement à leurs maux.

Il n'est point dans la nature de ce Mémoire de parler des opérations militaires durant le blocus, je passe sous silence les affaires et combats qui ont eu lieu et qui ont rendu le nom français respectable aux ennemis; mais je ne puis refuser ici le juste tribut d'éloges que je dois au corps d'armée que je commandais, pour sa bravoure dans les combats, sa patience dans les travaux, sa constance dans un hiver rigoureux, sa parfaite discipline et sa conduite envers les chefs et les habitans. Je me ferai un devoir de solliciter les bontés de Votre Majesté, en faveur des généraux, officiers et soldats qui se sont le plus distingués,

L'accusation d'avoir enlevé les fonds de la banque, isolée de toutes les circonstances qui ont nécessité cette mesure, et sans rappeler les formes observées dans la saisie, et les pièces qui constatent la régularité de l'emploi des fonds, présente, au premier aperçu, l'idée d'un acte de violence que rien ne pourrait légitimer; mais l'homme impartial, le juge sé

vère et éclairé examine les faits, en pèse les circonstances, et tout en déplorant les maux que la guerre occasionne, ne voit plus qu'un mal nécessaire dans l'exécution d'une grande mesure autorisée par les lois de la guerre, consacrée par l'exemple, et commandée par la plus impérieuse de toutes les lois, celle de la nécessité. Cette accusation, Sire, en ce qui peut regarder mes interêts personnels, ne saurait m'atteindre; mon caractère est trop connu en France et dans les pays où le sort des armées françaises m'a conduit, pour que mes ennemis, même les plus acharnés, ayent jamais osé élever des soupçons sur ma moralité. Cette accusation ne peut donc porter que sur les motifs d'une pareille détermination, sur les formalités observées dans la saisie des fonds, et enfin sur la destination qui leur a été donnée.

Dès le mois de septembre 1813, M. le comte de Chaban, intendant-général des finances, me fit connaître les difficultés qui se présentaient pour faire face aux dépenses et assurer le service pour le mois d'octobre et la fin de 1813 (25).

Le 15 du même mois, il m'adressa un nouveau rapport appuyé d'un budjet (26) pour me faire sentir l'absolue nécessité de trouver un moyen de subvenir aux dépenses de ce

trimestre et du trimestre prochain 1814; il me faisait observer qu'arrivé à la fin du mois d'octobre, il ne garantissait plus rien, et qu'il devait déclarer que pour les vivres, l'artillerie et le génie, il n'aurait aucuns fonds à faire.

Sur la contribution de guerre de 48 millions, il n'était encore rentré que 10 millions qui avaient été envoyés à Dresde pour le service de la grande armée; le treizième corps ne pouvait donc rien tirer de cette contribution dont le versement d'ailleurs devenait presque impossible par la fuite des habitans les plus imposés.

Je voulus d'abord, pour subvenir aux besoins, faire usage des pouvoirs que l'empereur m'avait donnés, et conformément à ses ordres du 17 juin (14), j'imposai des centimes additionnels sur les trois départemens de la trente-deuxième division militaire; mais j'appris bientôt que les rentrées étaient nulles (27), que notre position devenait tous les jours plus difficile, et que le ministre du trésor, en ordonnant aux receveurs d'envoyer tous leurs fonds à Wesel, nous jetait dans de nouveaux embaret nous livrait à nos propres moyens. M. le comte de Chaban, qui m'adressa à cette époque la situation des caisses que je lui avais

ras,

demandée, pour juger par moi-même de notre position, me fit remarquer qu'il ne savait plus comment faire face aux dépenses; qu'il avait épuisé toutes les ressources, emprunté méme sur toutes les caisses particulières des douanes et des droits réunis; que tous les services étaient en souffrance, et que tout n'allait plus que par une espèce de magie.

Je répondis à M. le comte de Chaban (28) que l'intérêt de l'armée, au moment où nous étions entièrement séparés de la France et de l'empereur Napoléon, exigeaient de promptes mesures; que dans la crise où nous nous trouvions, nous serions coupables si, dans une ville comme Hambourg, le manque de fonds entravait le service, lorsque la banque offrait de grandes ressources et le seul moyen possible de sauver l'armée,

Le décret du 16 juin (29) et la lettre explicative (30) avaient fixé le mode de payement de la contribution de guerre de la manière suivante :

30 millions en argent comptant,

10 millions en bons de la ville de Hambourg Et 10 millions en denrées et fournitures de toutes espèces.

Sur les 30 millions argent comptant, 10

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