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si le général Beningsen était aussi convaincu qu'il affectait de le paraître, de la vérité des nouvelles dont il nous avait donné communication, nous ne pouvions imaginer qu'il eût quelqu'intérêt à retarder le moment ou nous n'en douterions plus nous-mêmes.

La lettrede M. Aubert qui nous parlait de l'ul timatum des conditions sur lesquelles pouvaient être basée la reddition d'Hambourg, quoiqu'il n'en eût pas été question dans les conférences avec les généraux Loison et de la Ville, devait nous faire craindre qu'on ne profitât de ses premières communications, pour donner à notre conduite l'apparence d'une capitulation demandée. Cette idée, qui blessait notre honneur, augmenta notre défiance, et nous porta à attendre des nouvelles officielles de notre gouvernement, bien persuadé que si un pareil changement avait réellement eu lieu, on n'eût rien négligé pour nous en donner la connaissance certaine.

L'ennemi alors, en nous présentant des drapeaux blancs, renouvela ses attaques, insulta nos avant-postes, et les força même quelquefois à se replier; peu de jours après, il tenta de surprendre Haarbourg par une attaque combinée de chaloupes cannonières, et de colonnes

dre, et mon arrêté du 2 novembre (33) décida que la banque serait séquestrée, en déduction des 48 millions dus par la ville.

J'essayai encore de détourner ce malheur en faisant prévenir le commerce, par la commission désignée pour apposer les scellés sur la banque (34), que je renoncerais à ce rigoureux expédient, si les négocians de Hambourg voulaient s'engager à fournir les fonds nécessaires aux dépenses de l'année, mois par mois.

M. le comte de Chaban et M. le général comte de Hogendorp, qui faisaient partie de la commission, m'annoncèrent, après cinq jours de délai, que le commerce persistait à ne prendre aucun engagement, et qu'il n'y avait plus d'autres moyens que de s'emparer de la banque (35).

C'est ainsi qu'après avoir épuisé toutes les ressources, fait toutes espèces de tentatives donné au commerce la possibilité de conserver la banque, la nécessité la plus absolue et la mieux constatée, me fit un devoir de m'emparer de ce dépôt (38), quitte au commerce à s'imposer lui-même au prorata de leurs cotes dans l'imposition de guerre, pour reconstituer la banque. Je n'avais aucun moyen pour obtenir d'eux, ce que la confiance et leur propre intérêt leur eût rendu facile.]

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Je rendis compte à mon gouvernement (36) de cette mesure et des motifs qui l'avaient nécessitée.

La commission qui a opéré la saisie de la banque, était composée d'hommes dont le rang et la probité offraient la plus grande garantie; elle constata, par un procès-verbal très - régulier, la situation de la banque, la nature des fonds qui s'y trouvaient, et conserva avec soin les registres de cette administration.

Les fonds qui provenaient de la banque ont été employés au service des hôpitaux, à la subsistance et à la solde des troupes et des administrations françaises, civiles et militaires ainsi qu'à la continuation des travaux de l'artillerie et du génie; travaux qui ont conservé à la patrie 25,000 hommes.

Pour régulariser l'emploi de ces fonds, j'ordonnai que l'on observât sous la direction de M. le comte de Chaban, toutes les formes suivies par l'administration du trésor, en me réservant d'ouvrir les crédits d'après les demandes qui me seraient faites. Tous les payemens qui ont été faits à Hambourg, peuvent être considérés comme effectués au nom du gouvernement; et c'est à la commission des

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par

d'infanterie sur la digue. Nous repoussâmes la force la force; nous tirâmes sur un ennemi qui poursuivait la guerre, au moment même où il déployait des drapeaux en signe de paix; et voilà sans doute sur quelle base on a établi cette injuste accusation, que j'ai fait tirer sur le drapeau blanc avec la connaissance certaine du rétablissement du trône des Bourbons.

J'en appelle à l'honneur de l'ennemi ses troupes n'étaient-elles pas massées derrière les drapeaux qu'il nous présentait? et d'ailleurs, je le demande, quelle utilité pour nous de tirer sur ces signes de paix, si nous n'eussions eu en vue de repousser un agresseur, qui, sous couleur d'amitié, voulait désorganiser l'armée et tenter quelque surprise ? J'ose donc le déclarer, Sire, tout homme de cœur et dans de telles conjonctures, se fût

de sens,

conduit comme je l'ai fait.

S'il restait encore des doutes à cet égard, dans l'esprit de Votre Majesté, il me serait facile de les détruire en rappelant ce fait incontestable, que par suite de ma propre conviction, sans avoir reçu d'ordres de mon gouvernement, et sans y être forcé par l'ennemi, j'ai fait arborer ce même drapeau blanc sur les

tours d'Hambourg, sept jours avant l'arrivée du commissaire de Votre Majesté.

Le commandant des avant-postes me fit pas

le 20 avril, une lettre du président d'Altona (43), qui lui annonçait que deux offciers russes, porteurs de dépêches du gouver nement français, demandaient à entrer à Hambourg.

Il est si peu d'usage à la guerre, de recevoir, par le moyen de l'ennemi, des ordres du gouvernement dont on défend les intérêts, que je fis répondre à M. de Blucher (44), par le commandant des avant-postes, que l'empereur, dont j'ignorais la déchéance, n'avait par l'habitude de communiquer avec ses généraux par l'entremise de l'ennemi.

Pour détruire cette objection, M. le colonel Aubert me fit passer une lettre adressée au comte Beningsen, par le chef d'état-major de l'empereur de Russie (45), qui lui annonçait l'abdication de l'empereur Napoleon.

Je consentis, pour me prêter à tout ce que l'honneur et mes devoirs ne me défendaient pas, à recevoir cette lettre du Gouvernement français; elle fut ouverte et lue en présence des généraux de division et du chef de l'étatmajor de l'armée; elle était ainsi conçue, et

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