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éminens rendus à la patrie, pour entendre l'éloge de ses plus zélés défenseurs; là tous les objets qui s'offriront à ses regards éleveront son âme, enflammeront son courage, et porteront tous les genres de vertus jusqu'au plus haut degré d'enthou

siasme.

» Il est encore un autre objet universellement réclamé ; c'est l'institution d'une fête nationale pour célébrer l'anniversaire de la naissance de Napoléon. Ce sera la fête du peuple français, puisqu'il y trouvera l'occasion de présenter à son auguste chef un nouvel hommage de son amour et de son respect.

» La commission a réuni toutes ces pensées pour en former » un vœu qu'elle me charge de vous proposer en ces termes :

« LE TRIBUNAT, exerçant le droit qui lui est accordé par » l'article 29 des Constitutions de l'Empire;

» Considérant que des gages éternels de la reconnaissance >> nationale sont dus à un monarque qui fait la gloire et le » bonheur de son peuple, et dont la vie offre un tissu d'actions » héroïques;

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Qu'il n'est pas d'expressions qui puissent peindre l'étendue » et la rapidité des prodiges opérés par Napoléon et les armées » françaises, surtout dans cette campagne à jamais mémo» rable, terminée si glorieusement par la victoire d'Austerlitz; Que tant de sujets d'admiration et de gratitude doivent » être transmis à la postérité par des monumens où tout rappelle de si précieux souvenirs;

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»EMET LE Vou:

» 1°. Que sur une des principales places de la capitale il soit érigé une colonne surmontée de la statue de l'empereur. » Cette colonne portera pour inscription: A NAPOLÉON LE » GRAND la patrie reconnaissante. La place recevra le nom » de Napoléon-le-Grand. (1)

» 2°. Qu'il soit élevé un édifice où soient réunis les chefs» d'œuvre des arts destinés à consacrer la gloire de Napoléon » et des armées françaises;

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Que dans ce monument soit déposée, avec l'appareil le plus pompeux pour y rester pendant la paix, l'épée que l'empereur portait à Austerlitz, et qu'elle en soit retirée » avec la même pompe si la guerre impose la nécessité d'en >> faire usage;

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Que dans ce même lieu soient distribués les grands prix
S. M. doit donner de sa propre main aux productions

que

(1) Proposition de M. Chabot (de l'Allier).

» du génie et de l'industrie nationale; qu'il soit également >> destiné aux actes solennels de la Légion-d'Honneur et de » l'instruction publique. (1)

» 3°. Que chaque année l'anniversaire de la naissance de Napoléon soit célébré par une fête nationale, dont l'éclat » soit digne d'un monarque si cher à son peuple. »

>>

>> La commission vous propose en outre le projet d'arrêté suivant :

"Le Tribunat, pénétré d'une sensibilité respectueuse pour » le don qui lui a été fait par S. M. l'empereur et roi de huit drapeaux pris sur les ennemis de la France, et voulant perpétuer le souvenir du bienfait et de la reconnaissance,

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» Arrête qu'il sera frappé une médaille en mémoire de l'inauguration de ces drapeaux dans la salle de ses séances.»(2)

SÉNAT.

Séance publique du 1er janvier 1806, présidée par le prince grand électeur; le Tribunat en corps, l'archi-chancelier et tous les ministres présens. Réception des cinquante-quatre drapeaux (3) donnés au Sénat par l'empereur.

DISCOURS du président du Tribunat, M. Fabre (de l'Aude).

« Le Tribunat a été chargé par S. M. l'empereur et roi d'apporter au Sénat une partie des drapeaux pris sur les ennemis de la France.

» Cette mission nous 'a d'autant plus flattés qu'en même temps qu'elle est un gage honorable de la bienveillance de l'empereur, elle nous met à portée d'offrir dans cette auguste enceinte le tribut de nos hommages au premier corps de l'Etat, présidé par un prince que d'éminens services ont rendu si cher à la nation, et qui justifie si bien la confiance dont S. M. l'honore.

» En voyant ces enseignes arrachées aux ennemis de l'État, le peuple de Paris s'est livré aux transports de la plus vive allégresse; ses acclamations non interrompues se sont fait en

Cette proposition et la suivante sont de M. Carrion-Nisas.
Proposition de M. Favard.

Y compris les quarante dont l'envoi était annoncé dans la séance du 2 brumaire. (Voyez plus haut.)

tendre depuis le palais du Tribunat jusqu'à celui du Sénat : c'était le cri de l'enthousiasme, de l'amour et de la reconnaissance pour le triomphateur; sentimens d'autant plus doux à exprimer que les nombreuses victoires remportées par la grande armée l'ont été presque sans effusion de sang français.

» C'est aux sublimes conceptions de son génie, à un genre de tactique inconnu jusqu'à nos jours, et à la célérité de ses grandes manœuvres, que l'empereur a dû des succès aussi inouïs, et la conquête en une seule campagne de vastes états sur la maison d'Autriche.

» A mesure que les bulletins de la grande armée annonçaient les progrès rapides de notre empereur, et sa marche en quelque sorte triomphale, on se demandait comment tant de miracles avaient pu s'opérer ; et les récits les plus vrais étaient soupçonnés d'exagération.

»Le vainqueur d'Arcole, de Lodi, de Marengo, avait déjà effacé la gloire des plus grands capitaines.

» Il a plus fait dans la campagne contre la troisième coalition; il s'est surpassé lui-même.

» Ses ennemis ont été confondus, et le monde entier est resté frappé d'étonnement et d'admiration.

» Combien les Français doivent s'enorgueillir d'être gouvernés par ce chef illustre dont le génie et la fortune ne connaissent point d'obstacles, et dont les lauriers ont coûté si peu de larmes à l'humanité!

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Messieurs, les députés du Sénat ont été, comme ceux du Tribunat, témoins de la reconnaissance des peuples vaincus, et de leur empressement à bénir le héros qui a su leur épargner les calamités de la guerre.

Ainsi, aucun douloureux souvenir ne peut troubler la joie du Sénat en recevant les présens du vainqueur : ils vont orner la salle de ses séances, et c'est désormais sous ces auspices qu'il délibérera sur les grands intérêts de l'Etat.

>> Puisse la considération dont jouissent à tant de titres les pères de la patrie s'accroître, s'il est possible, de jour en jour par des témoignages fréquens de confiance et d'affection de la part d'un monarque qui sait apprécier tous les genres de talens, qui les a réunis dans cette auguste assemblée par des choix aussi dignes de lui qu'honorables pour ceux qui en ont été l'objet, et dont enfin toutes les pensées tendent à la gloire et au bonheur de la grande nation! »

RÉPONSE du président du Sénat.

«Le Sénat voit avec une vive émotion ces trophées de la

valeur française, ces gages de l'honorable bienveillance de l'empereur.

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Lorsque S. M. les a confiés à des magistrats si souvent les organes du vœu de la nation, elle a pressenti que l'armée applaudirait à son choix. Fidèle à sa maxime, rien de fait tant qu'il reste quelque chose à faire, l'empereur n'a voulu enlever à aucun des vainqueurs l'avantage de combattre encore.

» En exposant à l'admiration publique ces enseignes qui attestent les succès prodigieux de la grande armée, le Tribunat a exercé sur l'opinion l'initiative qui lui est propre; il a pu se convaincre à son tour que si nos espérances étaient trompées nous saurions mériter par de nouveaux efforts une paix qui permît à la génération qui s'élève de jouir du fruit de tant de victoires, et la défendît contre les suggestions sans cesse renaissantes de l'ennemi du continent.

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Déjà cette jeunesse bouillante se précipite en foule dans les rangs glorieux de la grande armée ! C'est ainsi que le grand peuple répond au cri de victoire de ses enfans ; c'est ainsi qu'il applaudit aux propositions pacifiques du héros qui n'a voulu vaincre que pour obtenir une paix durable, seule digne de la prévoyance de son génie, de l'énergie et de la grandeur de la

nation!

» Le Sénat vous voit avec beaucoup de plaisir dans son sein, messieurs, et vous invite à assister à sa séance. >>

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DISCOURS et proposition de M. le maréchal Pérignon.

« Ces trophées de la victoire, le prix des premiers pas de l'invincible Napoléon contre cette nouvelle coalition, sont destinés à décorer cette enceinte en témoignage de l'honorable prédilection que conserve au Sénat S. M. impériale et royale. C'est aujourd'hui que nous célébrons l'inauguration de ce dépôt, qui nous est remis au nom de la gloire par les mains de la sagesse et de la valeur. Pourrions-nous les recevoir sans éprouver une vive émotion! ne pas les saluer avec enthousiasme! Ils furent les augures de ces triomphes en tout genre, sans nombre comme sans exemple, qui ont rendu notre héros maître absolu des destins de la guerre, et qui assurent à la capitale de son Empire l'espoir de jouir bientôt de son heureux

retour.

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On voit en tous lieux les imaginations s'exercer pour célébrer ce retour tant désiré avec la pompe et l'éclat que la gloire lui assigne, et que notre reconnaissance et notre amour veulent lui décerner.

>> Ici ce sont les hommes les plus érudits qui sont consultés ;

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ailleurs on parcourt avec avidité l'histoire des siècles les plus héroïques : nulle part on n'a pu se fixer. Nulle époque en effet ne saurait être comparée à celle qui nous pénètre de tant de sentimens envers le monarque que nous brûlons de revoir, et qu'il sera si glorieux pour nous de recevoir en triomphateur. Mais quels honneurs lui rendre? J'avouerai qu'il m'est impossible de les bien indiquer; et peut-être dois-je craindre le même aveu des grands talens devant qui j'ai l'honneur de parler. Cependant, quelque difficile que soit cette tâche, nous avons à la remplir. Le Sénat, qui le premier donna le signal de porter la couronne sur la tête du grand Napoléon, sera jaloux aussi de prendre l'initiative des hommages à offrir au héros alors qu'il revient avec ses aigles intactes, victorieuses, ayant détruit les armées de l'Autriche, conquis les états de cette puissance, dompté les Russes dans une guerre commencée et finie en moins de soixante jours, et après avoir préparé par tant de prodiges les succès qui l'attendent sur ces plages isolées, seules ennemies de la paix du monde. Mais, encore un coup, quels honneurs lui rendre? Irons-nous tous en corps, à l'imitation de tout Paris sans doute, à l'imitation de tous les peuples, qui seront accourus sur ses pas, lui offrir le spectacle des larmes de joie que l'amour et l'admiration nous feront verser ? Oui, nous irons! et ces effusions si touchantes seront bien chères à notre auguste souverain; elles satisferont complétement son grand cœur : il a souvent manifesté que l'amour et le bonheur de ses peuples suffisaient à son ambition.

» Vous ne croyez pourtant pas, sénateurs, que j'entende borner à une démarche sentimentale ce que nous avons à faire dans la grande circonstance qui occupe ma pensée. Je porte mes regards sur la postérité, et sur toutes les classes de la postérité. Je sais que le burin de l'histoire, la verve des poètes, transmettront tous les faits étonnans dont nous sommes les témoins; mais l'histoire, l'ode, l'épopée, ne sont pas pour tout le monde; ces récits d'ailleurs, toujours si brillans quand le sujet est si riche, n'en paraissent que plus fabuleux : certes la crainte qu'on se refusât à les croire vrais nous ravirait la plus douce de nos espérances. Aussi, sénateurs, mes vœux seraient de porter votre prévoyance à faire qu'il n'y ait pas un seul de nos neveux à qui puisse échapper la certitude comme la connaissance des merveilles de nos jours; qui puisse ignorer le dévouement, le respect, l'admiration et l'amour qui environnent l'auteur de ces merveilles. Le moyen de les rendre toujours présentes au souvenir de tous, de mieux les montrer à l'émulation de nos enfans, et d'appeler sur elles toute la confiance qui leur est due, c'est d'ériger, de multiplier à l'infini des monu

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