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à la prudence et aux desseins du chef qui les conduit. Nos soldats, nos officiers apprennent à maîtriser l'élément qui les sépare de cette île objet de tous leurs ressentimens; leur audace et leur adresse étonnent les marins les plus vieux et les plus expérimentés.

» Nos flottes, dans des manoeuvres continuelles, préludent aux combats; et tandis que celles de nos ennemis s'usent contre les vents et les tempêtes, les nôtres apprennent à lutter contre elles sans se détruire.

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Enfin, depuis la guerre nous avons gagné le Hanovre. Nous sommes plus en état que jamais de porter des coups décisifs à nos ennemis : notre marine est en meilleur état qu'elle ne l'a été depuis dix ans; sur terre, notre armée plus nombreuse et mieux tenue, plus approvisionnée de tout ce qui donne la victoire qu'elle ne l'a jamais été.

» Dans le département des finances, c'est toujours la même activité dans les recettes, la même régularité dans les régies, le même ordre dans l'administration du trésor, et presque toujours la même fixité dans la valeur de la dette publique.

» La guerre a nécessité des dépenses premières, des dépenses extraordinaires; mais elles ont été faites sur notre propre sol, et nous ont donné des vaisseaux, des ports, et tout ce qui est nécessaire au développement de nos forces contre nos ennemis.

Aujourd'hui ces dépenses extraordinaires cessent, et celles qu'exige notre attitude guerrière seront dirigées désormais avec une économie que ne permettait pas l'urgence des préparatifs nécessaires à l'attaque et à la défense.

» Les revenus de la couronne supporteront toutes les dépenses du sacre et du couronnement de l'empereur, et celles que demandera encore la splendeur du trône. L'éclat qui l'environne ne sera jamais une charge pour la nation.

» La situation de l'Europe n'a éprouvé qu'un changement important.

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L'Espagne reposait dans une neutralité que la France avait consentie, et que le cabinet britannique avait avouée; tout à coup ses vaisseaux ont été attaqués, et le traité d'Amiens a été violé pour elle comme il l'avait été pour la France. Sa Majesté catholique a pris le parti que lui commandaient la dignité de son trône, la foi trahie, et l'honneur de la nation généreuse dont il dirige la destinée.

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L'empereur d'Autriche consacre à la restauration de ses finances, à la prospérité de ses provinces, aux progrès de leur commerce, le repos que lui conseillent la loyauté de son caractère et l'intérêt de ses sujets.

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La république italienne, administrée et gouvernée par les mêmes principes que la France, demande comme elle une organisation définitive qui assure à la génération présente et aux générations futures tous les avantages du pacte social. Uni à cette république par les devoirs qui lui sont imposés, et comme président et comme fondateur de cet état, l'empereur répondra à la confiance qu'elle lui témoigne, et assurera ses destinées et son indépendance en servant les intérêts du peuple français, auquel aussi elle doit son existence, et en conciliant les interêts des deux peuples amis avec les intérêts bien entendus des puissances limitrophes. Par ces changemens, que réclament la volonté d'une nation et l'intérêt de toutes, tomberont enfin d'absurdes calomnies, et la France, ayant elle-même élevé des barrières là où elle avait posé ses limites, ne sera plus accusée de vouloir les franchir.

"L'Helvétie jouit en paix des bienfaits de sa constitution, de la sagesse de ses citoyens et de notre alliance.

» La Batavie gémit encore sous un gouvernement olygarchique, sans union dans ses vues, sans patriotisme et sans vigueur; ses colonies ont été vendues une seconde fois, et livrées sans un coup de canon à l'Angleterre. Mais cette nation a de l'énergie, des mœurs et de l'économie; il ne lui manque qu'un gouvernement ferme, patriote et éclairé.

» Le roi de Prusse, dans toutes les occasions, s'est montré l'ami de la France, et l'empereur a saisi toutes celles qui se sont présentées de consolider cette heureuse harmonie.

» Les électeurs et tous les membres du corps germanique entretiennent fidèlement les rapports de bienveillance et d'amitié qui les unissent à la France.

» Le Danemarck suit les conseils d'une politique toujours sage, modérée et judicieuse.

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L'esprit de Catherine la Grande veillera sur les conseils d'Alexandre Ier; il se souviendra que l'amitié de la France est pour lui un contre-poids nécessaire dans la balance de l'Europe; que, placé loin d'elle, il ne peut ni l'atteindre ni troubler son repos, et que son grand intérêt est de trouver dans ses relations avec elle un écoulement nécessaire aux productions de son empire.

» La Turquie est vacillante dans sa politique; elle suit par crainte un système que son intérêt désavoue. Puisse-t-elle ne pas apprendre, aux dépens de sa propre existence, que la crainte et l'incertitude accélèrent la chute des empires, plus funestes mille fois que les dangers et les pertes d'une guerre

malheureuse!

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Quels que soient les mouvemens de l'Angleterre, les des

tins de la France sont fixés; forte de son union, forte de ses richesses et du courage de ses défenseurs, elle cultivera fidelement l'alliance des peuples amis, et ne saura ni mériter des ennemis ni les craindre.

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Lorsque l'Angleterre sera convaincue de l'impuissance de ses efforts pour agiter le continent; lorsqu'elle saura qu'elle n'a qu'à perdre dans une guerre sans but comme sans motifs; lorsqu'elle sera convaincue que jamais la France n'acceptera d'autres conditions que celles d'Amiens, et ne consentira jamais à lui laisser le droit de rompre à plaisir les traités en s'appropriant Malte, l'Angleterre alors arrivera à des sentimens pacifiques: la haine, l'envie n'ont qu'un temps.

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ADRESSE du Corps législatif à l'empereur; rédigée et présentée par M. Fontanes, président (1).- Audience impériale du 12 nivose an 13, au palais des Tuileles membres du Corps législatif en corps et en grand costume. (2 janvier 1805.)

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Sire, vos très fidèles sujets (2) les membres du Corps législatif viennent apporter au pied du trône l'adresse de remercîment et de félicitations qu'ils ont votée pour les sentimens contenus dans le discours de Votre Majesté.

» L'ouverture de cette session sera une époque mémorable de notre histoire. Jamais le trône et la nation ne se prêtèrent l'un à l'autre tant d'éclat et tant d'appui.

» Les droits du chef de l'État se sont accrus de tout l'intérêt qu'il a témoigné pour ceux du peuple français.

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Nous goûtons déjà les biens qu'assure la force du pouvoir

(1) Nommé président pour la session de l'an 12, conformément au senatus-consulte du 28 frimaire de la même année, Fontanes avait été réélu président pour la session suivante par décret impérial du 29 brumaire an 13.

(2) Cette forme est celle usitée par la chambre des communes. » (Note insérée dans le procès-verbal par ordre du président.)

Dans un comité général tenu le 7 nivose, le Corps législatif avait autorisé son président à rédiger l'adresse à l'empereur; il adopta même le premier projet qui lui en fut présenté, et commençant par Sire, les membres du Corps législatif viennent, etc. Mais lorsque ensuite Fontanes proposa, comme un amendement de pure forme, l'expression de fidèles sujets, de vifs murmures s'élevèrent; et il se permit de les dédaigner. Une observation anglo-française, furtivement glissée dans -le procès-verbal, lui parut suffisante pour répondre à la majorité des représentans, dont il venait de compromettre la dignité.

suprême; et, grâce à vos soins, nous serons garantis des maux que son excès pourrait entraîner.

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Les ressources nationales se développeront avec d'autant plns d'énergie que Votre Majesté promet d'en ménager l'emploi avec plus de surveillance.

» Vous ne proposez point de nouveaux subsides, malgré les préparatifs immenses de la guerre. Vous méritez, Sire, que les Français ne comptent jamais leurs sacrifices, puisque vous comptez si bien leurs besoins.

» Ce grand peuple, adorateur des grands hommes, se précipita toujours à leur suite, et quand des chefs illustres l'appellent au combat on a besoin de retenir son courage plutôt que de l'exciter. Fidèle à vos grands desseins, il protégera les états que vous avez créés, et dont une sage politique doit assurer l'existence.

» Mais si, comme vous " ce peuple généreux est prêt à la guerre, comme vous il ne désire que la paix; et, trop prudent pour céder ses droits légitimes, il est trop fort pour exagérer ses prétentions.

» Votre Majesté déclare elle-même qu'elle ne veut point agrandir le territoire de la France, mais en maintenir l'intégrité. Ces paroles doivent ôter tout prétexte à nos ennemis. En effet, Sire, vous n'avez plus besoin de la gloire des conquêtes : vous serez aussi grand dans les détails de l'administration intérieure que sur le champ des batailles; on parlera de vos institutions autant que de vos victoires.

» Un long avenir est devant vous. Tout ce que Votre Majesté médite pour le bonheur de la France aura son exécution ; le plus beau destin ne sera point interrompu; et d'ailleurs il est un genre de gloire qui ne meurt jamais. Les traités peuvent être abolis par des traités nouveaux; le fruit des victoires est quelquefois perdu; la grandeur même des empires nuit à leur durée; mais l'amour et l'admiration perpétuent les exemples de ceux qui ont fondé ou rétabli la société sur la triple base des lois, des mœurs et de la religion. L'ouvrage de ces hommes rares se conserve longtemps, et leur esprit gouverne la postérité.

» Cette gloire, Sire, un jour sera la vôtre. Vos actions comme vos paroles nous en donnent l'assurance.

» Aujourd'hui la voix de tous les départemens se fait entendre à Votre Majesté; ils sont réunis en quelque sorte autour d'elle dans la personne de leurs députés. Chacun de nous n'a pu concourir encore que par son opinion individuelle au grand acte qui vous a donné la couronne : c'est en corps maintenant que nous manifestons le même vou. Le peuple et ses députés

ne se repentiront jamais de l'avoir formé : ils serviront avec le même zèle un pouvoir dont votre génie prouve de plus en plus tous les avantages, et dont votre sagesse a discerné toutes les limites. »

RÉPONSE de l'empereur.

« Messieurs les députés des départemens au Corps législatifs, j'agrée les sentimens exprimés dans l'adresse que vous venez de me présenter; je désire qu'ils soient toujours vos guides dans vos discussions et dans vos délibérations. Les sentimens que j'ai exprimés moi-même à l'ouverture de votre session seront aussi constamment les guides et les principes de mon gouvernement et de mon administration.

Inauguration de la statue de Napoléon dans le lieu des séances du Corps législatif.

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(Voyez, dans le tome précédent, l'arrêté pris à ce sujet sur la proposition de Marcorelle, le 3 germinal an 12. La statue de Napoléon fut exécutée par Chaudet, à qui le Corps législatif vota des témoignages de satisfaction pour la beauté du travail de ce L'inauguration en fut célébrée avec pompe et enthousiasme ; l'impératrice et la plupart des grands personnages de l'empire étaient présens. MM. Vaublanc et Fontanes prononcèrent chacun un discours. Après la cérémonie il y eut banquet, bal, illumination. Pendant une heure environ que l'empereur parut à cette fête il ne cessa d'y recevoir l'expression bruyante des sentimens qu'il inspirait. )

Le

DISCOURS prononcé par M. Viénot-Vaublanc, questeur du Corps législatif, pour l'inauguration de la statue de l'empereur. 24 nivose an 13. (14 janvier 1805.)

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Messieurs, vous avez signalé l'achèvement du Code civil des Français par un acte d'admiration et de reconnaissance. Vous avez décerné une statue au prince illustre dont la volonté ferme et constante a fait achever ce grand ouvrage, en même temps que sa vaste intelligence a répandu la plus vive lumière sur cette noble partie des institutions humaines. Premier consul alors, empereur des Français aujourd'hui, il paraît dans le temple des lois la tête ornée de cette couronne triomphale dont la Victoire l'a ceinte si souvent en lui présageant le bandeau des rois, et couvert du manteau impérial, le noble attribut de la première des dignités parmi les hommes.

» Sans doute dans ce jour solennel, en présence des princes

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