Page images
PDF
EPUB

l'exécution de la présente ordonnance, qui sera insérée au Bulletin des lois,

Donné au château des Tuileries, le 1er jour du mois de mai de l'an de grâce 1825, et de notre règne le premier.

[blocks in formation]

VI.

PIECES RELATIVES A L'EXPÉDITION D'ESPAGNE.

COMPTES DE 1823.

Lettre de M. le maréchal duc de Bellune, ministre

de la guerre, à M. de Villèle.

«Bayonne, 2 avril 1823.

« J'ai dans mes mains, et je me réserve de les soumettre au Conseil, les preuves irrécusables que l'administration de la guerre n'a pas exécuté, ou du moins ne l'a fait que fort tard, les ordres qu'elle a reçus de moi au mois de juin, et que j'ai souvent répétés depuis, de fournir aux approvisionnements de l'armée. Les mêmes pièces constatent que les rapports faits à ce sujet par M. le comte Andréossy sont tous mensongers. Cependant on a remédié autant que possible à sa négligence, et l'armée sera pourvue.

« Le ministre secrétaire d'État de la guerre,

« Signé : Maréchal duc DE BELLUNE. »

Lettre de M. de Villèle à Mgr le duc d'Angoulême.

<< Paris, 7 avril 1823.

« Un certain M. Ouvrard est parti pour Bayonne et cherchera par tous les moyens à nouer là des opérations soit de fournitures, soit d'emprunts, pour lesquelles il a été repoussé ici. Je conjure Monseigneur de s'armer de méfiance et de sévérité contre lui et ses semblables qui se mettent ainsi à la suite des armées et finissent par faire la honte et le déshonneur de leur administration.

« Je ne saurais trop répéter à Monseigneur que s'il ne se méfie des hommes qui lui conseilleront des dépenses exagérées, et s'il ne nous renvoie, sans se gêner, ceux qui ne porteront pas dans les dépenses de l'armée l'ordre et l'économie nécessaires, une ombre d'autant plus aperçue que les formes de notre gouvernement la feront mieux ressortir, affaiblira l'éclat de la gloire dont vont se couvrir les troupes confiées à son commandement; ce qui serait fort grave.

« Signé : JH DE VILLÈLE. »

Lettre de Mgr le duc d'Angoulême à M. de Villèle.

Tolosa, 13 avril 1823.

« Je ne conçois pas plus que vous la demande formée par l'intendant en chef d'un supplément de crédit de 20 millions. Je ne lui ai accordé qu'un supplément de 3 millions 380 mille francs.

<«< Quant aux propositions de M. Ouvrard contre lesquelles vous me prémunissez, le meilleur moyen de ne pas avoir recours à lui était d'assurer les approvisionnements de l'armée. Je n'entrerai pas dans la discussion détaillée des articles du traité passé avec lui sur le rapport de l'intendant

en chef que j'ai approuvé, mais je me suis convaincu par moi-même, et le ministre de la guerre l'a vu aussi par ses yeux, que la discipline et l'existence de l'armée pourraient être compromises par le défaut d'approvisionnements. Je me suis donc vu à la tête d'une armée qui manquait de tout et qui, cependant, se trouvait placée au milieu des approvisionnements de tous genres. Comment a-t-on pu ignorer que depuis plus d'une année les ordres du ministre de la guerre n'étaient pas exécutés ? et comment ne savait-on pas qu'un négociant spéculait sur cette imprévoyance et rassemblait de tous côtés d'immenses approvisionnements? C'est au moment d'entrer en campagne que cette situation se découvrait. Que faire dans une circonstance semblable? Je n'avais d'autre parti à prendre que d'acheter à qui les possédait, afin de ne pas rester dans la disette au milieu de l'abondance. Il n'y avait pas à choisir entre M. Ouvrard ou tout autre, il tenait dans ses mains la destinée de l'armée, le succès de la campagne.

«Grâce à vos prévoyantes réserves de fonds et aux approvisionnements de M. Ouvrard, la campagne s'est ouverte aussitôt que j'en ai reçu l'ordre, et elle s'est ouverte sous de très heureux auspices. La confiance est déjà établie en Espagne. Les troupes, assurées maintenant de distributions, observent la plus exacte discipline, aucune réquisition n'a lieu, tout se paye au comptant, et l'habitant vient nous offrir tout ce dont nous avons besoin.

« Quant aux conditions du marché, j'ai dû m'en rapporter aux lumières de l'administrateur que le ministre de la guerre a placé près de moi.

«Signé LOUIS-ANTOINE.>>

Lettre de Mgr le duc d'Angoulême à M. de Villèle.

« 21 avril 1823.

<< Si tous nos approvisionnements avaient été prêts comme ceux d'argent, nous n'aurions pas été réduits à traiter avec Ouvrard. Dites-moi toujours avec confiance tout ce que vous croirez dans l'intérêt du service du Roi, j'y répondrai de même; soyez sûr de toute celle que j'ai en vous, ainsi que de toute mon estime et affection.

« Signé : LOUIS-ANTOINE. »

Lettre de M. de Villèle à Mgr le duc d'Angoulême.

a Paris, 20 avril 1823.

« Je sais plus qu'un autre que le succès, c'est-à-dire notre propre existence, tient en grande partie au chiffre même de la dépense, à l'ordre que cette dépense garantit dans l'armée, à l'appât dont elle doit être pour la population; et, tout grognon que doit être un ministre des finances à pareille fête, Votre Altesse Royale peut être certaine que, sauf les abus qui partout sont un mal, loin de me plaindre des dépenses utiles que vous ordonnerez, je serais désolé de voir un seul des résultats que vous pouvez obtenir reculé d'un jour par une dispendieuse économie.

[blocks in formation]
« PreviousContinue »