Du hachisch et de l'aliénation mentale: études psychologiques

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Fortin, Masson, 1845 - Al·lucinògens - 431 pages
 

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Popular passages

Page 41 - La première perception qui se fait jour à travers le vague inexplicable du rêve est limpide comme le premier rayon du soleil qui dissipe un nuage, et l'intelligence, un moment suspendue entre les deux états qui partagent notre vie, s'illumine rapidement comme l'éclair qui court, éblouissant, des tempêtes du ciel aux tempêtes de la terre. C'est là que jaillit la conception immortelle de l'artiste et du poète...
Page 23 - Mon ouïe s'était prodigieusement développée : j'entendais le bruit des couleurs. Des sons verts, rouges, bleus, jaunes, m'arrivaient par ondes parfaitement distinctes. Un verre renversé, un craquement de fauteuil, un mot prononcé bas, vibraient et retentissaient en moi comme des roulements de tonnerre ; ma propre voix me semblait si forte que je n'osais parler, de peur de renverser les murailles ou de me faire éclater comme une bombe. Plus de cinq cents pendules me chantaient l'heure de leurs...
Page 252 - L'infortunée qui m'a dit de la manger pour soutenir ma vie, s'écria-t-il, en se renversant avec horreur et en couvrant ses yeux de ses mains..., il n'ya pas une nuit que je ne la déterre et que je ne la dévore dans mes songes...; pas une nuit où les accès de mon exécrable somnambulisme ne me fassent chercher l'endroit où je l'ai laissée, quand le démon qui me tourmente ne me livre pas son cadavre ! juge maintenant si tu peux coucher près de moi, près d'un vampire!...
Page 126 - Bicêtre mes recherches sur cette maladie, et je ne fus pas peu surpris de voir plusieurs aliénés qui n'offraient, à aucune époque, aucune lésion de l'entendement et qui étaient dominés par une sorte d'instinct de fureur, comme si les facultés affectives avaient été seules lésées.
Page 22 - Je voyais très nettement dans ma poitrine le hachich que j'avais mangé sous la forme d'une émeraude d'où s'échappaient des millions de petites étincelles; les cils de mes yeux s'allongeaient indéfiniment, s'enroulant comme des fils d'or sur de petits rouets d'ivoire qui tournaient tout seuls avec une éblouissante rapidité. Autour de moi, c'étaient des ruissellements et des...
Page 41 - C'est là que jaillit la conception immortelle de l'artiste et du poète. C'est la qu'Hésiode s'éveille , les lèvres parfumées du miel des muses; Homère, les yeux dessillés par les nymphes du Mêlés ; et Milton , le cœur ravi par le dernier regard d'une beauté qu'il n'a jamais retrouvée.
Page 25 - ... représentées, s'échappant du clavier, sous forme de fusées et de spirales capricieusement tirebouchonnées. Un autre croquis portant cette légende — un animal de l'avenir, — représente une locomotive vivante avec un cou de cygne terminé par une gueule de serpent d'où jaillissent des flots de fumée, avec des pattes monstrueuses composées de roues et de poulies...
Page 277 - Moïse dans les nuages, tenant en ses mains les tables delà loi; derrière lui, passent saint Jean, puis le Christ portant sa croix. Une autre fois, il se sent soutenu dans les airs par une ombre dont il n'aperçoit qu'un bras, lequel supportait une lampe, et, chaque fois que l'ombre soufflait sur la lampe, il s'en détachait des étincelles, lesquelles, en tombant, incendiaient tout ce qu'elles touchaient. Une autre nuit, et par un temps affreux, A... se trouve sur le parvis Notre-Dame : il aperçoit...
Page 298 - On ne peut exprimer la surprise où fut le marquis de Précy à ce discours ; ne pouvant croire ce qu'il entendait , il fit de nouveaux efforts pour embrasser son ami, qu'il croyait le vouloir abuser; mais il n'embrassa que du vent, et Rambouillet , voyant qu'il était incrédule, lui montra l'endroit où il avait reçu le coup, qui était dans les reins , d'où le sang paraissait encore couler. «Après cela, le fantôme disparut, et laissa de Précy dans une frayeur plus aisée à comprendre qu'à...
Page 22 - ... petits rouets d'ivoire qui tournaient tout seuls avec une éblouissante rapidité. Autour de moi, c'étaient des ruissellements et des écroulements de pierreries de toutes couleurs, des arabesques, des ramages sans cesse renouvelés, que je ne saurais mieux comparer qu'aux jeux du kaléidoscope ; je voyais encore mes camarades à certains instants, mais défigurés, moitié hommes, moitié plantes, avec des airs pensifs d'ibis debout sur une patte, d'autruche battant des ailes si étranges,...

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