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fant crucifie, crucifie-le. Et il leur dit pour la troifième fois mais quel mal a fait cet homme? Je ne trouve rien en lui qui foit digne de mort; l'ayant donc fait fouetter, je le relâcherai. Mais ils infiftoient à grands cris, demandant qu'il fut crucifié; et leur cris et ceux des principaux Sacrificateurs l'emportérent. Alors Pilate ordonna que ce qu'ils demandoient fut fait. Et il leur relâcha celui qui, pour fédition et pour meurtre avoit été mis en prifon, et qu'ils demandoient; et il abandonna Jéfus à leur volonté. Et comme ils l'emmenoient, ils prirent un nommé Simon, Cyrénien, qui venoit des champs, et le chargérent de la croix, pour la porter après Jéfus. Or il étoit fuivi d'une grande multitude de peuple et de femmes, qui fe frappoient la poitrine, et le pleuroient. Mais Jefus, fe tournant vers elles, leur dit filles de Jérufalem, ne pleurez point fur moi, mais pleurez fur vous-mêmes et fur vos enfans. Car les jours approchent où on dira; Bienheureufes font les ftériles, et bienheureux les feins qui n'ont point enfanté, et les mamelles qui n'ont point allaité. Alors ils diront aux montagnes: tombez fur nous, et aux collines couvrez-nous. Car s'ils font ces chofes au bois verd, que fera-t-il fait au bois fec? Et on conduifoit deux malfaiteurs, pour les faires mourir avec lui. Et quand ils furent arrivés au lieu qui eft appelé le Calvaire, ils l'y crucifiérent avec les malfaiteurs, l'un à fa droite, et l'autre à fa gauche. Mais Jéfus difoit: Pére, pardonne-leur, car ils ne favent ce qu'ils font. Ils firent enfuite le partage de fes vêtemens, et les tirèrent au fort. Le peuple contemploit ce fpectacle, et les Gouverneurs auffi bien que le peuple fe moquoient de lui, difant: il a fauvé les autres, qu'il fe fauve lui-même, s'il eft le Chrift, l'élu de Dieu. Les foldats le raillant auffi, et lui présentant du vinaigre, difoient: fi tu es le Roi des Juifs, fauve-toi toi-même. Or il y avoit au deffus de lui un écriteau en Grec, en Latin, et Hébreu, qui portoit: CELUI-CI EST LE ROI DES JUIFS. Et l'un des malfaiteurs, qui étoient fur la croix, l'injurioit de la forte: fi tu es le Christ, fauve-toi toi-même, et nous auffi. Mais l'autre prenant la parole, le répremandoit ainfi; ne crains-tu

point Dieu, toi qui es dans la même condemnation ? Pour nous, nous y fommes juftement, car nous recevons la recompenfe due à nos forfaits; mais celui-ci n'a rien fait de criminel. Puis il difoit à Jéfus: Seigneur, fouviens-toi de moi, quand tu arriveras dans ton Royaume. Jéfus lui répondit; en vérité je te dis, qu'aujourd'hui tu feras avec moi en Paradis. Or il étoit environ fix heures, et toute la terre fut couverte de ténèbres jufqu'à neuf. Le foleil s'obfcurcit, et le voile du temple fe déchira en deux. Et Jéfus criant à haute voix, dit: Père, je remets mon efprit entre tes mains. Et ayant dit cela, il rendit l'efprit. Or le Centenier, voyant ce qui étoit arrivé, glorifia Dieu, difant: certes cet homme étoit jufte. Et toute le peuple qni s'étoit affemblé à ce fpectacle, voyant les chofes qui étoient arrivées, fe frappoit la poitrine en s'en retournant. Et tous ceux de fa connoiffance, et les femmes, qui l'avoient fuivi de Galilée, regardoient toutes ces chofes de loin.

V

Le Vendredi Saint.

Les Collectes.

EUILLE, Seigneur, regarder favorablement cette famille qui eft la tienne, pour laquelle notre Seigneur Jéfus Chrift a bien voulu être trahi, et livré entre les mains des méchans, pour fouffrir la mort de la croix; lequel maintenant vit et régne avec toi, et avec le Saint Efprit, un feul Dieu, béni éternellement. Amen.

D'

IEU tout-puiffant et éternel, qui conduis et fanctifies par ton Saint Efprit tous les Corps de l'Eglife, reçois les prières et les fupplications que nous te préfentons pour toutes les différentes conditions de ceux qui les compofent; afin que chacun de ses membres te puiffe fervir en toute fincérité, et en toute piété, felon fa charge et fa vocation, par Jéfus Chrift, notre Seigneur et Sauveur. Amen.

DIEU miféricordieux, qui as créé tous les hommes, et qui ne hais rien de ce que tu as fait ; qui auli ne demandes point la mort du pêcheur, mais plu

tôt qu'il fe convertiffe et qu'il vive; aïe pitié de tous les Juifs, de tous les Turcs, de tous les Infidèles, et de tous les Hérétiques: ôte leur toute ignorance, tout endurciffement de cœur, et tout mépris de ta Parole. Veuille, O Dieu, les ramener à ta Bergerie; afin qu'ils foient fauvés avec le reste des véritables Ifraélites, ne faisant plus qu'un feul troupeau, fous un feul Pasteur, Jéfus Chrift, notre fauveur: qui vit et qui régne avec toi, et avec le Saint Efprit, un feul Dieu, béni éternellement. Amen.

LA

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A Loi ayant l'ombre des biens à venir, et non la vive image des chofes, ne peut jamais par les mêmes facrifices que l'on offre continuellement, chaque année, fanctifier ceux qui s'approchent de Dieu. Autrement

n'euffent-ils pas ceffe d'être offerts; puifque les facrifians étant une fois purifiés, ils n'euffent plus eu aucune confcience de péché. Or il y a dans ces facrifices une commémoration des péchés réitérée d'année en année. Car il eft impoffible que le fang des taureaux et des boucs ôte les péchés. C'eft pourquoi Jéfus Christ, en entrant au monde, a dit: tu n'as point voulu de facrifice, ni d'offrande, mais tu m'as approprié un corps: tu n'as point pris plaifir aux holocauftes, ni à l'oblation pour le péché. Alors j'ai dit: me voici, je viens; il est écrit de moi au commencement du livre, que je faffe, O Dieu, ta volonté. Ayant dit d'abord: tu n'as point voulu de facrifice, ni d'offrande, ni d'holocauftes, ni d'oblation pour le péché, et tu n'as point pris plaifir à ces chofes qui te font pourtant offertes felon la Loi, alors il ajoute me voici, je viens pour faire, O Dieu, ta volonté. Il abolit donc le premier, afin d'établir le second: or c'est par cette volonté que nous fommes fanctifiés; favoir par l'oblation qui a été faite une feule fois du corps de Jéfus Christ. Tout Sacrificateur donc affifte chaque jour, faifant le service divin, et offrant fouvent les mêmes facrifices, qui ne peuvent jamais ôter les péchés; mais celui-ci ayant offert un feul facrifice pour les péchés, s'eft affis pour toujours à la droite de Dieu : attendant que fes ennemis foient reduits à lui fervir de marche-pied. Car par une

feule oblation il a confacré pour toujours ceux qui font fanctifiés. Et c'eft aufli ce que le Saint Efprit nous affure; car après avoir dit premièrement: voici l'alliance que je traiterai avec eux après ces jours-là, dit le Seigneur: je mettrai mes loix dans leurs cœurs, et les écrirai dans leurs efprits; et je ne me fouviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités. Or où il y a rémifhion de ces chofes, il n'y a plus d'oblation pour le péché. Ainfi donc, mes frères, puifque nous avons la liberté d'entrer dans le fanctuaire par le fang de Jéfus, qui eft le chemin nouveau et vivant qu'il nous a confacré; que nous avons, dis-je la liberté d'y entrer par le voile, c'eft--dire par fa propre chair; et que nous avons un grand Sacrificateur établi fur la Maifon de Dieu : approchons-nous de Dieu avec un cœur fincère, et avec une pleine et entire foi, ayant les cœurs purifiés des fouillures d'une mauvaise confcience, et le corps lavé de l'eau pure, converfons invariablement de notre espérance: celui qui nous a fait les promelles eft fidelle. Ayons foin de nous exciter les uns les autres à la charité et aux bonnes œuvres; ne quittant point notre affemblée comme quelques uns ont accoutumé de faire, mais nous exhortant les uns les autres; et cela d'autant plus, que vous voyez approcher le jour.

P

L'Evangile, Jean XIX. 1...

ILATE fit donc alors prendre Jéfus, et le fit fouetter; et les foldats entrelacèrent une couronne d'épines, qu'ils lui mirent fur la tête, et le vêtirent d'un vêtement de pourpre, puis ils lui difoient: Roi des Juifs, falut; et ils lui donnoient des coups avec leurs verges. Et Filate s'avança encore vers eux, et leur dit: voici donc, je vous l'amène afin que vous fachiez que je ne trouve aucun crime en lui. Jéfus donc fortit, portant la couronne d'épines, et le vêtement de pourpre ; et Pilate leur dit voilà l'homme. Mais quand les principaux Sacrificateurs et les fergens le virent, ils s'écriérent, en difant: Crucifie-le, crucifie-le. Pilate leur dit: prenez-le vous-mêmes et le crucifiez; car je ne trouve point de crime en lui. Les Juifs lui répondi

rent nous avons une loi, et felon notre loi, il doit mourir; car il s'eft fait Fils de Dieu. Pilate à ces mots fe troubla. Il rentra dans le Prétoire, et dit à Jefus : d'où es-tu? Mais Jéfus ne lui donna point de réponse. Et Pilate lui dit ne me parles-tu point? ne fais-tu pas que j'ai le pouvoir de te crucifier, et le pouyoir de te délivrer? Jefus lui répondit: tu n'aurois aucun pouvoir fur moi, s'il ne t'étoit donné d'enhaut: c'eft pourquoi celui qui ma livré ainfi à toi, a fait un plus grand péché. Dès lors, Pilate tâchoit de le délivrer; mais les Juifs crioient, en difant: fi tu délivres cet homme, tu n'es point un ami de Céfar; car quiconque fe fait Roi, eft ennemi de Céfar. Alors Pilate amena Jéfus dehors, et s'affit fur fon tribunal, au lieu appelé Lit de pierres, et en Hébreu Gabbatha. Or c'étoit la préparation de la Pàque, et il étoit environ fix heures; et Pilate dit aux Juifs voilà votre Roi. Mais ils crioient, crucifie-le, crucifie-le. Pilate leur dit: crucifierai-je votre Roi? Les principaux Sacrificateurs répondirent: nous n'avons point d'autre Roi que Céfar. Alors donc il le leur livra, pour être crucifié. Ils prirent donc Jéfus et l'emmenérent. Et Jéfus portant fa croix, vint au lieu appelé Calvaire, et en Hébreu Golgotha, où ils le crucifiérent, et deux autres avec lui, l'un à fa droite et l'autre à fa gauche, et Jéfus au milieu. Or Pilate fit un écriteau qu'il mit fur la croix, où étoient écrits ces mots: JESUS NAZAREEN, ROI DES JUIFS. Et beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu, où Jéfus étoit crucifié, étoit près de la ville, et que cet écriteau étoit en Hébreu, en Grec, et en Latin. C'eft pourquoi les principaux Sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : n'écris point, Roi des Juifs, mais que celui-ci a dit: je fuis le Roi des Juifs. Pilate répondit, Ce que j'ai écrit, eft écrit. Or quand les foldats eurent crucifié Jéfus, ils prirent fes vêtemens et en firent quatre lots, un lot chaque foldat: ils prirent aufli fa tunique mais elle étoit fans couture, tiffue depuis le haut jufqu'en bas. Et ils dirent entr'eux: ne la déchirons point, mais tironsla, au fort, pour favoir à qui elle appartiendra. Et cela arriva ainfi, afin que l'Ecriture fût accomplie, qui dit :

pour

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