décembre 1608, et par Charles IV et Nicole, le 27 juillet 1623.

Le 27 octobre 1671, l'Intendant de Lorraine rendit deux ordonnances portant exemption de gens de guerre et de contributions pour les fermiers des biens et heritages de l'ordre de Maite, résidant dans les maisons dépendant des commanderies, et pour les biens et héritages qu'ils tiendront dudit ordre. Par une declaration du 50 janvier 1614, le Roi defendit également de donner des logements de gens de guerre dans les commanderies, maisons, terres et biens dépendant de l'ordre de Maite, de les taxer et comprendre aux mandements et contributions pour la guerre, et mit sons sa sauvegarde spéciale les seigneurs commandeurs avec leurs fermiers, valets, chevaux, bestiaux, et généralement tout ce qui leur appartenait.

Ensuite d'une requête qui lui fut présentée par frère Mathieu de Berbizey, commandeur de Beaune, procureur et receveur général de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem au grand prieuré de Champagne, Léopold donna, le 1er avril 1710, des lettrespatentes par lesquelles il confirme les priviléges accordés à cet ordre par ses predecesseurs, notamment par Charles III, Henri II et Charles IV, et lui permet, en outre, de régir et exploiter les bois dépendant de ses commanderies ainsi et de mème que les autres gentilshommes et vassaux de Lorraine ont droit de le faire; et u pour d'autant plus gratifier et favoriser ledit ordre, " il ordonne que toutes les causes et procès dans lesquels il sera intéressé ou partie, soit en demandant, soit en défendant, seront intentés et portés recta en la Cour Souveraine de Lorraine et Barrois, pour y étre jugés conformément aux priviléges, franchises et exemptions accordés audit ordre.

tout temps à ce seul point, Nous avons tousiours eu en singuliere recommendation ceux qui par un sainct et louable desir se sont joincts à ceste nostre religieuse intention, entre autres les grand Maistre, Baillifs, Prieurs, Commandeurs et Freres de Pordre de Sainct Jean de Hierusalem, lesquels par leur vœu solennel se sont dediés et consacrés à Dien pour la tuition et defense de la mesme Eglise, contre les efforts des Intidelles, qui journellement taschent par tous moyens de ruiner, envahir et du tout accabler la Chrestienté incessamment troublée et agitée de leurs pernicieux desseings, machinations et entreprises. Et soit ainsi qu'à ce moyen nous desirions de gratifier et favorablement traicter de tout nostre possible ceux dudit ordre... " (Les Privileges des Commanderies de l'ordre de Sainct lean de Hierusalem sises en Lorraine, octroyez et accordez par Serenissimes Ducz et Duchesses de Lorraine.... A Nancy, par Jacob Garnich... 1614.)

Par de nouvelles lettres-patentes des 23 janvier 1712 et 9 février 1729, Léopold ratifia encore les priviléges concédés par ses prédécesseurs et par lui-même aux chevaliers de Saint-Jeande-Jérusalem et déclara, de plus (en 1712), que les admodiateurs et fermiers de leurs biens seraient francs et exempts de toutes tailles, subventions et impositions publiques généralement quelconques, que ces biens soient ou non érigés en haute, moyenne et basse justice. Ce qui fut confirmé par le duc François III, le 20 février 1731, sur la requête de frère André de Serainchamp, procureur général au grand prieuré de Champagne.

Enfin, le 18 août 1777 (1), la Chambre des Comptes de Lorraine ordonna l'enregistrement, dans ses greffes, des lettres-patentes du Roi, du mois d'octobre 1776, portant confirmation des charles octroyées aux Hospitaliers, d'après celles du roi Richard d'Angleterre (1194), par Philippe Auguste (1219), Louis VIII (1225), St-Louis (1267), Philippe-le-Bel (1304), Philippe de Valois (1330), Jean (1550), Charles V (1365), Charles Vil, (1441 et 1453), Louis XI (1461), Louis XII (1498), François Ier (1514), Henri II (1548 et 1549), François II, Charles IX, Henri III, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV el Louis XV (2).

L'illustration qu'avait su acquérir l'ordre de Malte, jointe à la protection et aux priviléges que leur accordaient les souverains, d'autres motifs encore, poussèrent, comme je l'ai dit plus haut, une foule de jeunes gentilshommes à prendre place dans ses rangs. La Lorraine fournit une nombreuse et brillante phalange à cette milice religieuse et guerrière, et il y eut peu de . familles de l'ancienne chevalerie qui n'y comptassent quelquesuns de leurs membres. On y vit des d'Anglure, des Choiseul, des Beaufremont, des Ligniville, des du Châtelet, des du Hautoy, des Gournay, des Ludres, des Haraucourt, des Raigecourt, des d'Ourches, des des Armoises, des Bassompierre, des Lenoncourt, des Tornielle, des Beauvau, des Custine, et tant d'autres qu'il serait trop long de nommer ici (3).

(1) Des lettres-patentes données à Versailles, le 25 juillet de cette année, réunirent et incorporèrent l'ordre de St-Antoine à celui de St-Jean-de-Jérusalem.

(2) Registre des entérinements des années 1777 et 1778. On y trouve la copie de la plupart des chartes qui viennent d'être mentionnées.

(3) Voir la liste des chevaliers du grand prieuré de Champagne, donnée par l'abbé de Vertot dans son Histoire des chevaliers hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, T. IV. Il existe aussi, aux Archives, une liste ms. qui peut aider à com

Plusieurs branches de la maison de Lorraine donnèrent également à l'ordre de St-Jean-de-Jérusalem des chevaliers qui arrivérent aux plus hautes dignités et soutinrent dignement le nom de la famille dont ils étaient sortis (1).

pléter la précédente; elle va jusqu'en 1748, et renferme, entre autres noms lorrains, ceux des Le Begue, des Raigecourt, des Le Prudhomme de Fontenoy, des Custines, des des Salles, des Craon, des du Hautoy, des Choiseuil, des Circourt, des Canon, des Gournay, des d'Anglure, des Thomassin, des Gourcy, des Ludres, des Bassompierre, des Rosières et des Lambertye.

(1) Voici, d'après nos historiens et une Histoire généalogique des maisons souveraines de l'Europe, les noms des membres, soit de la famille, soit des branches de la famille de Lorraine, qui entrèrent dans l'ordre de Malte :

Ferri, dit de Lunéville, fils naturel de Charles II et d'Alison Dumay; commandeur de Xugney en 1459.

Charles de Lorraine, comte de Briey, fils naturel de François II.

Branche de Lorraine-Guise. — François, fils de Claude Ier, duc de Guise; né en 1534; chevalier et général des galères de l'Ordre; défit, en 1557, les Tures devant l'ile de Rhodes; fut pourvu, en 1577, de la charge de grand prieur et de général des galères de France.

François-Alexandre Paris de Lorraine, fils de Henri, duc de Guise, dit le Balafré, né en 1589; fut lieutenant-général au gouvernement de Provence, et mourut en 1614.

Roger de Lorraine, fils de Charles Ier, duc de Guise; né en 1624; se distingua au siége de Gravelines en 1644, et mourut en 1655.

Branche d'Aumale.

Claude, fils de Claude, duc d'Aumale, etc.; né en 1564; fut abbé du Bec, chevalier de Malte et général des galères de la religion; tué à St-Denis en 1591. II est connu sous le nom de Chevalier d'Aumale.

Branche d'Elbeuf. - Charles, fils de Charles III, duc d'Elbeuf; né en 1650, mort en 1690.

Branche d'Armagnac-Brionne. — Philippe, fils de Henri, comte d'Harcourt, d'Armagnac et de Brionne; né en 1643; abbé de St-Jean des Vignes, de St-Benoist sur Loire, etc., chevalier des Ordres du Roi; mort en 1702; connu sous le nom de Chevalier de Lorraine.

Alphonse-Louis, fils du même; né en 1644; abbé de Royaumont, chevalier et général des galères de Malte; mort en 1689; on l'appelait le Chevalier d'Harcourt.

Louis- Alphonse, fils de Louis Ier, comte d'Armagnac; né en

C'est vers le milieu du XIIe siècle que se fondèrent, dans notre province, les premiers établissements des Hospitaliers. A partir de cette époque, ils se multiplièrent considérablement, et des commanderies, des chapelles, des hôpitaux, s'élevèrent sur un grand nombre de points. Mais les guerres qui désolèrent ce pays, principalement dans le courant du XVIIe siècle, firent disparaître une partie de ces établissements, et plusieurs, dont les revenus avaient beaucoup diminué, furent placés sous l'administration d'un seul commandeur.

On voit, par une liste des commanderies du grand prieuré de Champagne, dressée en 1755, qu'on ne comptait plus alors en Lorraine que cinq commanderies gouvernées par des chevaliers de justice celles de Xugny (Xugney), Marbotte, Nancy, Virecourt et Robécourt; et une commanderie de chapelains et servants d'armes, située à Gelucourt. Les autres maisons de l'ordre, auxquelles on continuait à donner ce titre, n'étaient que des membres dépendant de ces commanderies; telles étaient celles de St.-Georges à Lunéville, de Cuite-Fève près Rosières, de Libdeau, etc.

Je n'ai pas la prétention d'écrire une histoire complète de toutes les maisons de l'ordre de St-Jean-de-Jérusalem qui existaient en Lorraine; je me bornerai à parler de celles sur lesquelles j'ai pu recueillir des particularités dignes de quelque intérêt. Nos écrivains ne donnent que fort peu de détails sur ces

1675; chevalier de Malte et chef d'escadre des armées navales de France; tué, en 1704, au combat de Malaga. On le désignait sous le nom de Bailli de Lorraine ou d'Armagnac.

François-Camille, fils de Louis II; né en 1726; chevalier de Malte et connu sous le nom de Chevalier de Lorraine; embrassa ensuite l'état ecclésiastique et fut appelé l'Abbé de Lorraine.

Branche de Marsan. Jacques-Henri, fils de Charles, comte de Marsan, sire de Pons, etc.; né en 1698; chevalier de Malte, prince de Lixheim, colonel d'un régiment de cavalerie français en 1718, puis grand-maître de la maison du duc de Lorraine; mort en 1754.

Louis-Joseph et Louis-Camille, fils de Charles-Louis, sire de Pons, etc. Le premier s'appelait le Chevalier de Lorraine. (Ils sont indiqués tous deux comme chevaliers de Malte dans la liste ms. qui se trouve aux Archives.)

L'Histoire généalogique, etc., que j'ai citée au commencement de cette note, dit que Hugues de Vaudémont (fils du comte Hugues Ier), chevalier de Jérusalem, " mourut en 1168, laissant pour fils un prince nommé Gérard.

maisons, soit parce qu'ils n'avaient pas eu connaissance des titres qui étaient conservés dans les commanderies, soit parce qu'ils attachaient peu d'importance à les consigner dans leurs ouvrages.

Il me semble cependant que cette partie de notre histoire mérite d'être étudiée, d'autant plus qu'il s'y rattache beaucoup de faits curieux, relatifs à des localités de notre pays. J'ai été assez heureux pour découvrir dans les Archives un grand nombre de documents qui étaient restés jusqu'à présent inconnus, et dont plusieurs remontent à une époque fort éloignée : je me suis borné à analyser la plupart de ces titres, mais il en est d'autres que j'ai cru devoir reproduire textuellement.

Des travaux analogues à celui que j'ai entrepris, ont déjà été mis au jour ; je citerai, entre autres, un intéressant Mémoire sur les établissements de l'ordre du Temple en Lorraine, publié par M. Aug. Digot dans le compte rendu des séances du congrès archéologique de France, tenu en 1845, et une Notice sur les établissements des Hospitaliers militaires en Champagne. de M. Edouard de Barthélemy (1). Ces travaux m'ont servi de guide, et j'ai essayé de les compléter, car ils se rattachent au inien d'une manière intime : l'histoire des chevaliers de St-Jeande-Jérusalem sert, en quelque sorte, de suite à celle des Templiers, et l'existence des Hospitaliers lorrains est étroitement liée à celle des Hospitaliers champenois, puisque les uus et les autres appartenaient à la même langue, dépendaient du même prieuré, et que plusieurs commandeurs de l'Ordre, dans notre province, furent également placés à la tête des commanderies situées en Champagne.

I.

COMMANDERIE DE SAINT-JEAN-DU-VIEIL-AITRE.

De tous les établissements que l'ordre de Saint-Jean-deJérusalem possédait en Lorraine, le plus ancien peut-être, mais le plus curieux sans contredit, est la commanderie dite du Vieil-Aître, qui semble avoir donné le nom de saint Jean, son patron, au faubourg de Nancy à l'extrémité duquel elle est située. Outre l'intérêt archéologique qu'offre ce monument, il s'y rattache des souvenirs dont quelques-uns tiennent à la période la plus dramatique de notre histoire.

(1) Publiée dans le Bulletin monumental (1830).