et pratiqué dans les partis opposés; cependant, II. Ep. ces premières tentatives eurent peu de suite. : 1789. Vers les huit heures du soir, les gardes du roi reçurent ordre de se retirer; on savait que l'armée parisienne s'avançait, et le plan sage était pris d'éviter toute occasion de compromettre les citoyens et les troupes. Pendant que le dernier escadron des gardes défilait sous un portique du château qui conduit à la chapelle, et qui sépare les cours, des jardins, une décharge partit de la troupe de la garde nationale de Versailles, et blessa plusieurs gardes-du-corps dans leur rang. Il fut dit que cette décharge fut provoquée par des coups de pistolets, partis des dernières troupes en retraite. Aucun citoyen ne périt dans cette journée; il n'en reste pas moins possible que des coups de pistolets aient été tirés sans effet. Ce dernier acte fut le signal d'une irruption qui se contenait à peine; on courut à l'hôtel des gardes-du-corps : tout fut pillé, détruit, plusieurs massacrés, et le désordre nè cessa qu'à l'arrivée de la garde nationale de Paris. L'ordre et la discipline y étaient déja établis, et sa présence en imposa: à sa suite s'était portée une foule nombreuse du peuple de Paris. L'assemblée nationale avait levé sa séance du soir, vers les dix heures; mais bientôt, au midieu de la nuit, une proclamation au son du tambour, la convoqua dans tous les quartiers de la II. Ep. ville. A la principale porte, ceux des dépu- de monter au château; plusieurs y allèrent; Cette étrange scène se prolongea assez long- On chercha d'abord l'ordre du jour. L'assemblée, conservant cette dignité qu'elle ne perdit 1789. jamais dans les circonstances difficiles, mit à l'or- II. Fp. dre du jour, la discussion sur le code criminel : des cris, du pain, du pain! avaient souvent interrompu. La discussion, une fois établie, se soutint assez tranquillement jusqu'à ce qu'un homme, assis sur les bancs supérieurs, interrompit l'orateur, et, élevant la main, dit: <<< Nous << n'avons pas besoin ici de belle éloquence, c'est <<< des subsistances, c'est du pain qu'il nous faut.>>> On fit relire le décret rendu le matin, pour la formation d'un comité de subsistances, et la discussion se rétablit. Mirabeau, alors prenant la parole avec cet empire du caractère et du talent, peut-être aussi avec l'assurance que lui donnait l'état connu des événements, gourmanda durement l'assistance, et leur dit que: <<< Lorsque les représentants du peuple avaient << l'indulgence de permettre aux citoyens d'as<< sister à leurs délibérations, le respect et le si « lence étaient le premier devoir des citoyens». Son geste, son air, sa voix déja connue, en imposèrent, et le reste de la séance fut respecté. Vers les trois heures du matin, lui-même, motivant son opinion avec des réticences qui furent senties, proposa de lever la séance, et son avis fut accueilli sans peine. Tout était tranquille au dehors; toute cette multitude, fatiguée de la marche qu'elle avait faite par un temps pluvieux, s'était répandue う 1789. II. FP. et dispersée dans les maisons de la ville; la garde du château n'avait pas même été doublée; les grilles étaient fermées négligemment; les seuls gardes-du-corps, de service journalier, occupaient leur poste dans l'intérieur. Soit imprévoyance, soit défaut de moyens, aucune mesure extraordinaire et de sûreté publique..... On ne peut mieux commencer le récit de cette journée fameuse, que par le début du rapport fait l'année suivante à l'assemblée, à l'occasion de la procédure commencée par le Châtelet, et dont le résultat dénonçait deux membres de l'assemblée nationale, Mirabeau et d'Orléans. Suivant la loi, les magistrats venaient déposer la procédure sur le bureau, pour attendre le droit de poursuivre. Ce rapport, qui ne peut être suspect de partialité, puisqu'il conclut qu'il n'y a pas lieu à accusation, commence ainsi : Procès- << Un attentat horrible a été commis le 6 octobre. verbal. << Les ministres de la loi ont recherché les cou<< pables; et, venus dans cette enceinte, ils vous << ont dit: Le secret est découvert, et les cou<< pables sant assis entre vous. « Vous avez ordonné, dans votre affliction pro<< fonde, à votre comité d'éclairer ce cruel mys<< tère, et je vous apporte le fruit de ses soins. <<< Quelque calme avait succédé aux agitations << qu'éclairèrent ces jours à jamais célèbres de << la révolution. « Des inquiétudes saisirent les esprits, soit que « de chimériques appréhensions en fussent le << principe, soit que divers incidents, qui ve<<< naient de se succéder, eussent dénoncé des << dangers réels, soit que les chimères et la réa<< lité eussent été combinées et mises à profit par << quelque faction méditant des complots. << Une résolution soudaine est prise et exé<<<cutée; la capitale laisse échapper un peuple << immense impatient de sa situation, qui va << remplir Versailles, et demander son salut à « l'assemblée et au roi. « Peut-être des scélérats sont répandus dans << cette multitude; ils la gouvernent à leur gré; <<< elle est un instrument mobile dont ils abu<<< sent dans leur dessein. << L'asile du monarque est environné, sa garde « est menacée, le sang coule; mais quelque << agression, quelque imprudente bravade n'a<< t-elle pas provoqué ce malheur? << L'armée parisienne accourt; des citoyens, << qui ont conquis la liberté, répriment la li<< cence; l'ordre renaît, la nuit s'achève dans << le silence..... dans un silence perfide. Le << jour paraît pour donner le signal des forfaits. <<< Les barrières sont forcées, les gardes du roi « forcés, massacrés aux portes de son palais. << Une bande homicide s'avance; dans sa fureur, elle vomit des imprécations; dans ses blas II.. Ep: 1789, |