VIII TEXT OF ANGLO-FRENCH TREATY OF ARBITRATION Le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de Sa Majesté britannique, signataires de la Convention pour le règlement pacifique des conflits internationaux, conclue à La Haye, le 29 juillet 1899; Considérant que, par l'article 19 de cette Convention, les hautes parties contractantes se sont réservé de conclure des accords en vue du recours à l'arbitage dans tous les cas qu'elles jugeront possible de lui soumettre. Ont autorisé les soussignés à arreter les dispositions. suivantes : ARTICLE 1o-Les différends d'ordre juridique ou relatifs à l'interprétation des traités existant entre les deux parties contractantes qui viendraient à se produire entre elles et qui n'auraient pu être réglés par la voie diplomatique, seront soumis à la Cour permanente d'arbitrage établie par la convention du 29 juillet 1899 à La Haye, à la condition, toutefois, qu'ils ne mettent en cause ni les intérêts vitaux, ni l'indépendance ou l'honneur des deux Etats contractants et qu'ils ne touchent pas aux intérêts de tierces puissances. ART. 2.-Dans chaque cas particulier, les hautes parties contractantes, avant de s'adresser à la Cour permanente d'arbitrage, signeront un compromis spécial déterminant nettement l'objet du litige, l'étendue des pouvoirs des arbitres et les détails à observer en ce qui concerne la constitution du tribunal arbitral et la procédure. ART. 3.-Le présent arrangement est conclu pour une durée de cinq années, à partir du jour de la signature. Fait à Londres, en double exemplaire, le 14 Octobre 1903. PAUL CAMBON. IX LETTER FROM LORD LYONS TO LORD GRANVILLE ON PARIS, June 3, 1884. MY DEAR GRANVILLE,-I sent Lord Hartington your letter yesterday morning, and I had a long visit from him in the afternoon. As matters stand, what seems to be most to be dreaded with a view to our relations with France is a vote of the House of Commons censuring an arrangement made by Her Majesty's Government with the French Government. Such a vote, and the debate by which it would be preceded, would, I cannot but fear, have a truly lamentable effect. I understand that Jules Ferry is having a memorandum on the finances of Egypt drawn up by Blignières, and that it will dispute the accuracy of Mr. Childers' information, and represent that the finances were in a flourishing condition, and that there were surpluses even during Arabi's rebellion, up to the time at which England took the thing in hand. The memorandum will probably deny there being any necessity for reducing the interest of the debt, if the finances be properly managed. I do not know whether such a reason will be assigned to us, in fact, it seems that the French object to any large loan being guaranteed by England, on account of the lien, so to speak, which it would give England upon Egypt. The French would prefer a simple fresh issue of United Stock. In the meantime the French bondholders are bestirring themselves, and protesting against any arrangement being made without their being consulted. Jules Ferry, however, himself thinks little of any other consideration in comparison with the political success which it would be to him to give France again a political footing in Egypt, and, as a means to this, to get a time fixed for the departure of our troops. I do not think he is afraid of much disapproval here of his counter-concession, the engagement that French troops shall not enter Egypt either on the depar 1 From "Life of Lord Granville," by Lord Edmund Fitzmaurice, Vol. II., P. 332. Longmans & Co. ture of the English troops or afterwards. Unless the engagement were very formally made, and very peculiarly and stringently worded, it would be felt that it did not amount to much; for, though it would preclude the occupation of Egypt by the French to preserve order and promote reforms in the same way as we occupy the country now, it would not be interpreted here as preventing France from using force to avenge an insult or protect distinct French interests, in cases which would constitute a casus belli as regarded any ordinary country. I do not quite understand the exact position in which stands the suggestion that the financial questions should be first settled by England with the several Powers separately, and then a Conference be held for a day or two only to ratify what had already been settled. Does this afford an opening for purely financial negotiations, and admit for the dropping of the French political proposals, which appear to be so unpopular in England? I believe Jules Ferry is in some tribulation about the difficulties his proposals have met with in England, and is half inclined to be sorry he had made them so strong, though I doubt whether Waddington has made him fully aware of the violence of the opposition they encounter in England. Generally speaking, I am very unhappy about the growing ill-will between France and England which exists on both sides of the Channel. It is not that I suppose that France has any deliberate intention of going to war with us. But the two nations come into contact in every part of the globe. In every part of it questions arise which, in the present state of feeling, excite mutual suspicion and irritation. Who can say when and where, in this state of things, some local events may not produce a serious quarrel, or some high-handed proceedings of hot-headed officials occasion an actual collision? Yours sincerely, LYONS. X M. HANOTAUX ON BRITISH DIPLOMACY.1 Le négociateur anglais est solide, d'aplomb et plein de sens; il est extrémement prudent et, visiblement, tenu de court par la chaine du Foreign Office. La marche du négociateur 1 "Fachoda," par Gabriel Hanotaux, p. 85. Paris: Ernest Flammarion. français est plus capricieuse, parce qu'il cherche les raisons générales; un idéalisme vague le tourmente assez inopportunément. Le négociateur français veut convaincre tandis que le négociateur anglais se contente de vaincre. Dans les pourparlers, des préliminaires, parfois verbeux d'un coté, parfois contraints et embarrassés de l'autre, sont souvent une cause de malentendus. Les méthodes diffèrent et les langues plus encore. On ne s'imagine pas à quel point la dissemblance fondamentale des deux idiomes trouble le jeu. C'est "la catégorie verbale" qui n'est pas la même. Dans les traductions les mieux faites, les mots ne s'ajustent pas. Même quand les interlocuteurs savent les deux langues, leurs pensées ne se recouvrent pas toujours exactement. Les mots ne sonnent pas, aux oreilles differéntes, le même son ; ils servent difficilement de monnaie d'échange. La langue anglaise est pleine, directe, sans condescendance; elle affirme, elle n'explique pas, C'est une langue d'infinitifs; le sujet et le verbe se confondent, c'est-à-dire le mobile et l'acte; elle ne distingue pas, ne nuance pas; elle frappe. J'admire beaucoup les lettres des hommes d'affaires anglais; elles sont pleines de suc : le nécessaire est dit, rien que le nécessaire. Mais leur technicité un peu fruste se prête souvent à des interprétations diverses, parfois entre les nationaux; et, si les intérets s'en mêlent, il arrive qu'elle facilite, même de bonne foi, des retraites surprenantes. La langue anglaise est une personne autoritaire un peu bourrue, qui parle par interjections et veut qu'on la comprenne à demi-mot. Le diplomate britannique a, dans la négociation, une supériorité dont il use, non sans une certaine hauteur; la fermeté des vues qui tient à la stabilité gouvernementale. Cette unité admirable que forme l'histoire de l'Angleterre depuis deux siècles, donne, au moindre des insulaires, une foi en la supériorité de sa race, une certitude du succès, qui s'étonne, d'une façon quelquefois amusante, de la fermeté et du droit inverses de ses adversaires. Trop poli et humain pour faire sentir cette nuance, le diplomate anglais renferme son impression en soi-même: mais elle perce dans un regard, un geste, un demi-sourire qui avertit et met en garde. Sous cette ironie raffinée, le bluff est aux aguets. En revanche, personne n'apprécie, comme l'Anglais, les affaires bien menées, les positions solidement prises, les réalités positives. Et puis, la personne compte beaucoup auprès de ces personnalités fortes. J'ai obtenu des résultats imprévus en présentant subitement au cours d'une négociation l'homme du fait; il n'était pas besoin qu'il parlât; sa présence suffisait. La responsabilité est, aux yeux de ces maîtres hommes que sont les Anglais, une grande maîtresse et une grande autorité. Sans m'appesantir sur ces observations qui ont toujours quelque chose de particulier et d'imprécis, je conclus en rappelant, qu'avec les Anglais, il faut toujours traiter, mais toujours agir; saisir et nouer promptement; en tout cas, ne jamais perdre le contact, s'expliquer, insister, y revenir pour être assuré qu'on est bien compris, marcher sans détour et sans feinte, être exact pour être fidèle et compter sur la fidélité dans l'exactitude. Par suite des circonstances, tenant, sans doute, à la hâte de la vie publique en France pendant la période de fondation de la Troisième République, ces tractations, si utiles, avec la puissance voisine, avaient été, depuis longtemps, négligées. On ne causait " plus. Les motifs de dissentiment se multipliaient, les malentendus s'aggravaient dans l'échange pédantesque de notes de chancelleries, quand les visées coloniales françaises et le réveil de l'Impérialisme anglais, agitant soudain tous les vieux litiges, créèrent, partout, un état d'irritation ou de friction auquel il fallait parer, sous peine d'exposer les relations cordiales des deux pays au caprice des événements. Amener l'Angleterre à négocier; négocier de bonne foi, avec la volonté arretée de soutenir fermement les revendications françaises, mais aussi de sacrifier beaucoup à l'entente; enfermer le partenaire dans un cercle de droits évidents et de faits précis ; se proposer pour but une liquidation générale, compensant, au besoin, les solutions l'une par l'autre ; travailler, par cette liquidation, à l'union des deux politiques sur un pied d'honneur réciproque, et de dignité équitable, telle fut la méthode adoptée, tel fut le but poursuivi par la France avec une persistance qui ne fut pas sans causer un certain embarras chez la partie adverse. Pour l'Angleterre, consentir à discuter, c'était se limiter. |