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XVII

En toy habite desormais
Des Muses le college,
Et ton bois ne sente jamais
La flame sacrilege!

Pourquoi, chetif laboureur...

1 breast-plate.

(Odes, IV. xiv., 1555)

Pourquoy, chetif laboureur,
Trembles-tu d'un empereur,
Qui doit bien tost, legere ombre,
Des morts accroistre le nombre?
Ne sçais-tu qu'à tout chacun
Le port d'enfer est commun,
Et qu'une ame imperiale
Aussi tost là bas devale
Dans le bateau de Charon
Que l'ame d'un bucheron?

Courage, coupeur de terre!
Ces grands foudres de la guerre
Non plus que toy n'iront pas
Armez d'un plastron 1 là bas,
Comme ils alloient aux batailles:

Autant leur vaudront leurs mailles,

Leurs lances et leur estoc,2

Comme à toy vaudra ton soc.

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XX

Je seray sous la terre, et, fantosme sans os,
Par les ombres myrteux je prendray mon repos;
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain;
Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.

THÉODORE AGRIPPA D'AUBIGNÉ

(b. Saint-Maury, Saintonge, 1552; d. Geneva, 1630) WHEN d'Aubigné was a boy of eight, his father showed him on the gibbet at Amboise the bodies of Protestant gentlemen who had suffered for their faith, and he made his son take a vow of vengeance. During his long and active life Agrippa never forgot his vow. He devoted sword and pen to the Reformed cause, and no less than four times he was sentenced to death for heresy.

While yet a mere youth, he fought in the wars of religion and, after completing under Théodore de Bèze at Geneva his interrupted studies, followed the varied fortunes of Henry of Navarre as a faithful soldier and candid friend till 1593, when Henry abjured the Protestant religion, to become King of France. During the last years of the king's reign, d'Aubigné wrote, in Saintonge, his Histoire universelle, which, being naturally anti-Catholic, was, when at last published in 1620, publicly burnt, whereupon he fled to Geneva.

Les Tragiques were not published till 1616, but they had been composed, if not completed, thirty-six years before, and they continue the poetic manner of La Pléiade. Like his master, Ronsard, he wrote too freely; the seven long books of his epic are often verbose and obscure, but they contain passages or, rather, stray lines of great power which herald the advent of Corneille. For sheer intensity of feeling d'Aubigné has few equals; in condensed hatred, Les Tragiques rival Les Châtiments (see p. 114).

THÉODORE AGRIPPA D'AUBIGNÉ 35

EXTRACTS

XXI. An impassioned, if not impartial, appeal to God to discriminate between the contending parties in the religious

wars.

XXII. The tortures of the ungodly when the time for repentance is passed.

XXI Le Poète invoque la Vengeance divine

(Les Tragiques: Misères)

Ne tyrannisons point d'envie nostre vie,
Lors nul n'exercera dessus nous tyrannie;
Ostons les vains soucys, nostre dernier soucy
Soit de parler à Dieu en nous plaignant ainsy:
"Tu vois, juste vengeur, les fleaux de ton Eglise,
Qui, par eux mise en cendre et en masure mise,
A, contre tout espoir, son esperance en toy,
Pour son retranchement, le rempart de la foy.
Tes ennemis et nous sommes esgaux en vice,
Si, juge, tu te sieds en ton lict de justice;
Tu fais pourtant un choix d'enfans ou d'ennemis,
Et ce choix est celuy que ta grace y a mis.

Si tu leur fais des biens, ils s'enflent en blasphemes,
Si tu nous fais du mal, il nous vient de nous-mesmes;
Ils maudissent ton nom quand tu leur es plus doux;
Quand tu nous meurtrirois, si te benirons-nous.

Cette bande meurtrière à boire nous convie.
Le vin de ton courroux boiront-ils, plus la lie?
Ces verges qui sur nous s'esgaient, comm'au jeu,
Salles de nostre sang, vont-elles pas au feu?

Chastie en ta douceur, punis en ta furie
L'escapade aux agnaux, des loups la boucherie;
Distingue par les deux (comme tu l'as promis)
La verge à tes enfans, la barr'aux ennemis.

Veux-tu long-temps laisser en cette terre ronde
Regner ton ennemy? N'es-tu seigneur de monde,

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