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fier comme une extension de temps; mais ils ne peuvent exprimer dignement la divinité et pour ainsi dire l'antiquité du Fils unique. Il faut donc conserver au Père cette dignité propre, de n'être point engendré, en disant qu'il n'a aucun principe de son être; mais il faut aussi rendre au Fils l'honneur qui lui convient, lui attribuant d'être engendré du Père, sans commencement, et reconnaissant comme la seule propriété du Père de n'être point engendré. Nous confessons encore un seul Saint-Esprit, qui a également sanctifié les Saints de l'Ancien Testament et les divins docteurs du Nouveau, une seule Église catholique et apostolique, toujours invincible, quoique tout le monde conspire à lui faire la guerre, et victorieuse de toutes les entreprises impies des hérétiques, par la ferme confiance que nous donne le père de famille, en disant: Prenez courage, j'ai vaincu le monde. Après cela, nous reconnaissons la résurrection des morts, dont Notre-Seigneur JésusChrist a été les prémices, ayant pris de Marie la Mère de Dieu un corps véritable, non en apparence. Sur la fin des siècles il a habité avec le genre humain pour détruire le péché, il a été crucifié, il est mort, sans aucun préjudice de sa divinité; il est ressuscité, il est monté au Ciel et il est assis à la droite de la Majesté. Voilà ce que nous enseignons, ce que nous prêchons; voilà les dogmes apostoliques de l'Église, pour lesquels nous sommes prêts à souffrir la mort, sans appréhender les menaces de ceux qui usent de violence pour nous les faire abjurer; et quand même ils emploieraient contre nous la crainte des plus horribles tourments, ils n'auraient pas la force de nous faire perdre la confiance que nous avons en ces saintes vérités. Arius, Achillas et les autres qui combattent avec lui ces vé

hoc solum illo minus habentem quod ingenitus non est. Nam exacta et nihil varians Patris est imago, quia imaginem esse liquet plene omnia complectentem, quibus major similitudo repræsentatur sicut Dominus ipse docuit, dicens: Pater meus major me est. Joan. XIV, 27. Quo etiam nomine Filium ex Patre semper existere credimus... præter piam hanc de Patre et Filio sententiam unum, sicut divinæ Litteræ nos docent; Spiritum Sanctum confitemur, qui innovarit tum sanctos homines Veteris Testamenti, turn ejus quod Novum appellatur divinos doctores. Unam et solam catholicam apostolicam Ecclesiam, inexpugnabilem semper, etsi totus eum mundus oppugnare instituat, victricemque omnis impiæ diversa sentientium rebellionis... post hæc agnoscimus resurrectionem mortuorum, cujus primitiæ fuit Dominus noster Jesus Christus, qui corpus revera, et non inani specie sumpsit ex Deipara, ex ToŨ @cotózov, Maria. Alexand., apud Theodoret., lib. I, cap. 3.

rités, ont été chassés de l'Église, suivant cette parole de saint Paul: Si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème. Qu'aucun de vous ne reçoive donc ceux-ci, que nos frères ont excommuniés; que personne n'écoute leurs discours ni ne lise leurs écrits. Ce sont des imposteurs qui ne disent jamais la vérité. Condamnez-les avec nous, à l'exemple de nos confrères qui m'ont écrit et qui ont souscrit au mémoire que je vous envoie, avec leurs lettres, par mon fils le diacre Apion. Il y en a de toute l'Égypte et de la Thébaïde, de la Libye et de la Pentapole, de Syrie, de Lycie, de Pamphilie, d'Asie, de Cappadoce et des provinces circonvoisines. Je m'attends à recevoir de vous des lettres semblables; car, après plusieurs autres remèdes, j'ai cru que ce consentement des évêques achèverait de guérir ceux qu'ils ont trompés. »

Telle est la lettre de saint Alexandre à l'évêque de Constantinople, que l'on peut regarder comme un excellent traité de Théologie. Ce qu'il y dit ', que la nature du Verbe tient comme le milieu entre le Père éternel et les créatures, peut servir à excuser de semblables expressions dans quelques autres anciens, puisqu'on ne peut douter que saint Alexandre n'ait eu des sentiments orthodoxes sur la divinité du Verbe. Il donne à Marie le titre de " Mère de Dieu, à l'Église celui d'apostolique et de catholique; il ajoute qu'elle est une et toujours victorieuse de l'impiété de tous ceux qui s'élèvent contre elle. Il explique" ces paroles: Mon Père est plus grand que moi, de Jésus-Christ comme Dieu, en tant qu'il est engendré du Père et qu'il procède de lui. Il reconnaît la nécessité de la grâce pour la persévérance dans le bien, et dit ' que, sans ce secours, l'homme peut déchoir de l'état

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Galat. I. 9

Joan. XIV, 28.

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1

de sainteté et perdre ainsi la qualité d'enfant adoptif de Dieu. En combattant les ariens, il emploie contre eux l'autorité des divines Écritures et de la tradition; mais il remarque. qu'ils n'y avaient aucun égard, pas même aux endroits les plus clairs, et qu'ils ne s'attachaient qu'à ceux qu'ils croyaient favorables à leurs erreurs; en sorte que, sans faire attention à ce qui est de la divinité de JésusChrist, ils ne relevaient que les endroits où il est parlé de son humanité, de sa passion, de sa pauvreté, de ses humiliations. Sur la fin de sa lettre, saint Alexandre marque les noms de ceux qui avaient été excommuniés dans le concile, savoir le prêtre Arius, les diacres Achillas, Eusoïus, Aïthales, Lucius, Sarmate, Jules, Ménas, un autre Arius et Hellade.

[19. Outre ces épîtres, nous avons encore un sermon de saint Alexandre, découvert par le cardinal Maï dans un manuscrit syriaque du Vatican et publié dans le tom. II, p. 529, de la Bibliothèque nouvelle des Pères. Le savant éditeur a retrouvé des fragments de ce discours dans un manuscrit arabe; et le syrien Sabariesus, dans la Bibliothèque orientale d'Assémani, tom. III, pag. 543, donne, d'après la Chronique arabe de Mocaffé, un fragment de saint Alexandre, qui se trouve dans le sermon syriaque. Les variantes que l'on rencontre dans un discours traduit du grec en syriaque et en arabe, ne doivent pas surprendre. Il est même à présumer qu'il existait deux éditions de ce sermon, et chez les fidèles d'Alexandrie, et chez ceux d'Orient; car le manuscrit syriaque, après avoir reproduit le sermon en entier, donne un autre fragment, avec plusieurs variantes. Le cardinal Maï pense que la traduction arabe est faite d'après la seconde version syriaque : voici l'analyse de ce sermon. Pour que la parole de Dieu nous soit utile, il ne suffit pas qu'elle soit prononcée; il faut encore qu'elle soit écoutée : de même que la terre ne porte pas de fruits sans pluie, et la pluie sans terre. On doit produire le fruit de la charité non-seulement dans ses paroles, mais encore dans ses actions. Dieu a fait le monde par un seul acte de sa volonté; mais, pour

probitate ac dono Dei, desinere posse novit Scriptura. Ibid.

1 Non illis divina veterum Scripturarum claritas pudorem incussit, non consentiens collegarum de Christo pia doctrina horum adversus illum audaciam repressit, quorum scelus nefarium, nec dæmones ipsi laturi sunt, qui sedulo cavent ne quam in Filium Dei maledicam vocem mittant. Ibid. Vide et Epist, encyclycam, tom, I

créer l'homme, il a joint l'action à la volonté. L'homme ayant mérité la mort par son péché, il convenait que le Dieu, qui l'avait créé, réparât son malheur. Quand l'homme est mort, le corps, séparé de l'âme, tombe en putréfaction; l'âme est sans pouvoir sur lui, comme après la mort du pilote, le vaisseau n'a plus de guide certain. L'âme retenue, enchainée par les liens du péché est à plaindre; elle devient le siége de la mort et l'objet du mépris. L'homme a quitté le paradis terrestre, pour habiter un lieu d'injustice, de meurtre et d'impureté tout y conspire à sa perte. A quel moment de la vie l'homme est-il heureux ? Dans le sein de sa mère ? Il y diffère peu d'un mort. Quand il est nourri par le lait de sa mère? Il n'éprouve et ne goûte qu'un plaisir. Dans son adolescence? C'est là que l'attendent les dangers et l'ambition. Dans sa vieillesse? Mais c'est là qu'il commence à gémir, accablé sous le fardeau des ans, dans l'attente de la mort. Qu'est-ce que l'homme? Une fleur passagère, cachée dans le sein maternel, en vigueur dans sa jeunesse, mais bientôt flétrie par la mort. Dieu, pour empêcher que l'homme, qui est son image, ne devînt le jouet de la mort, envoya son Fils à la terre, lui fit prendre un corps dans le sein d'une vierge : Jésus se fit donc homme pour sauver l'homme perdu. Il a souffert pour nous faire vivre éternellement; car avait-il besoin de mourir? Qu'avait-il fait qui fût digne de mort? Il régnait dans les cieux : qu'avait-il besoin d'habiter la terre? Et cependant comment Israël a-t-il traité son libérateur? Il a crucifié celui qui ressuscitait ses morts, il a enchaîné celui qui détruit les liens de nos péchés, il a offert du vinaigre à celui qui nous offre un breuvage de justice, il a donné du fiel à celui qui nous a présenté le pain de vie. A la mort de Jésus-Christ, les enfers s'ouvrirent, les morts ressuscitèrent, Notre-Seigneur foula la mort aux pieds, éleva l'étendard de sa croix; et cependant le peuple incrédule méconnaissait les merveilles qui s'opéraient devant lui. Enfin, le troisième jour, le Seigneur ressuscite; il fait connaître aux hommes la sainte Trinité; toutes les nations sont sauvées par le Christ;

oper. Athanas., p. 399.-2 Qui salutaris passionis abjectionisque et exinanitionis, et nuncupatæ ipsius paupertatis, et quascumque servator adscititias voces nostri causa suscepit, memoria retinentes, has ad supremæ et æternæ divinitatis ejus præscriptionem obtendunt; verborum autem quæ naturalem ejus gloriam nobilitatemque, et mansionem apud Patrem declarant penitus obliti,

Ibid.

il remonte vers son Père, afin de lui présenter l'homme qu'il a racheté : aussi il a mérité d'être assis à sa droite et d'être établi le juge

des hommes. Les fragments arabes de ce discours se trouvent dans le Spicilège romain, tom. III, pag. 699-709.]

Rhétice engagé dans le

de la coulimence.

CHAPITRE IV.

Saint Rhétice, évêque d'Autun.

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1. Rhétice, au rapport de saint Grégoire mariage gar de Tours, était d'une race très-noble. Après avoir passé les premières années de sa jeunesse, il s'engagea dans le mariage avec une femme qui n'avait pas moins de modestie et de sagesse que lui. Unis ensemble par un amour purement spirituel, ils joignirent à la continence les aumônes abondantes, les fréquentes veilles et la pratique des autres bonnes œuvres. Après plusieurs années passées de cette sorte, la femme, se trouvant sur le point de mourir, dit en pleurant à son mari: « Je vous prie, mon très-cher frère, de commander que, quand vous aurez achevé votre course, on vous mette dans le sépulcre où l'on va renfermer mon corps, afin qu'après avoir conservé l'amour de la chasteté dans un même lit, nous nous trouvions aussi réunis en un seul tombeau. »>

Il est choi

d'Autun avant l'an 313.

2. Quelques temps après la mort de sa si éveque femme, Rhétice fut choisi 2 évêque d'Autun par les suffrages du peuple et de la ville. On ne sait pas en quelle année eut lieu cette élection; mais on ne peut douter que ce ne fût avant 313; car, cette année, l'empereur Constantin le 3 nomma pour juge dans l'affaire des donatistes, avec Materne, évêque de Cologne, et Marin d'Arles; ce prince avait choisi ces prélats comme les plus estimés, les plus capables de terminer ce différend selon la justice, et comme les plus distingués par leur

1 Fuit autem Rheticius nobilissimis parentibus et litterarum acumine clarus. Gregor. Turon., lib. de Gloria Confes., cap. 75.

2 At Rheticius episcopatum Augustodunensis urbis populo eligente sortitur. Ibid.

Optat. Milevit., lib. I, p. 44, et Euseb., lib. I, c. 5. Baron., ad an. 314, num. 45; Gallia Christiana, tom. II, p. 28.

5 Qui talem se præbuit in religione, ut morum bonitas pontificatus gratiæ æquaretur, et ad diem obitus per diversos gratia um spiritualium gradus plena perfectione consummationeque veniret. Gregor. Turon., ubi supra.

• Vehementer miratus sum virum eloquentem Tharsis urbem putasse Tarsum, in qua Paulus natus sit. Hieron.,

vie toute pure et leur conduite aussi sainte que leur caractère. L'année suivante, Rhétice assista au concile d'Arles, assemblé par l'empereur, à la prière des donatistes ; et son nom se trouve encore aujourd'hui dans les souscriptions de ce concile. Il fit aussi le voyage de Rome, par ordre de Constantin, pour y juger l'affaire de Cécilien, conjointement avec le pape Miltiade, et non avec Sylvestre, comme le dit saint Jérôme dans sa lettre à Marcelle.

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3. C'est tout ce que nous savons des actions de son épiscopat, pendant lequel il fit paraître une piété égale à la grandeur de sa dignité. Il mourut plein de mérite et de vertus, et fut enterré dans le tombeau de sa femme. Il laissa divers écrits, dont il ne nous reste presque plus que les titres. Saint Jérômelui trouvait de l'éloquence, et dit que son discours était orné, rapide, élevé; son style sublime et magnifique, comme était ordinairement celui des Gaulois. Il lui' attribue un commentaire sur le Cantique des Cantiques, et un autre grand ouvrage contre les novatiens. Il obtint, par l'entremise de Rufin, une copie de ce commentaire, sur laquelle il en fit plusieurs autres, qu'il donna à diverses personnes; mais il en refusa une à sainte Marcelle, lui alléguant pour raison que ce n'était pas un livre propre à une personne aussi savante qu'elle l'était. L'auteur, dit-il, y faisait paraître plus d'éloquence que d'éru

Epist. ad Marcellam, p. 622, tom. II. Ob hoc et ego obsecro, et tu ut petas plurimum quæso, ut tibi beati Rhetici, Augustodunensis episcopi, commentarios ad describendum (Rufinus) largiatur in quibus Canticum Canticorum sublimi ore disseruit., Hieron., Epist. 4 ad Florentium, tom. IV. p. 6, Est quidem sermo compositus, et gallicano cothurno fluens: sed quid ad interpretem, cujus professio est non quo ipse disertus appareat, sed quo eum qui lecturus est sic faciat intelligere, quomodo ipse intellexit qui scripsit. Idem, Epist. ad Marcellam, tom. II, p. 622.

"Leguntur Rheticii commentarii in Cantica Canticorum, et aliud grande volumen adversus Novatianum. Nec præter hæc quicquam ejus operum reperi. Hieronym., in Catalogo, cap. 82.

Sa mort

Res écrits.

dition; il n'avait 1 pas pris assez de soin de s'instruire, par la fréquentation des Juifs et par la lecture d'Origène et des autres intreprètes; enfin saint Jérôme y trouvait plus de choses qui lui déplaisaient, que de passages capables de le satisfaire. Il marque', en particulier, qu'il était tombé dans la même faute que Josèphe, et avait confondu, comme lui, la ville de Tharsis avec Tarse en Cilicie, où saint Paul est né; et Ophaz, qui est une espèce d'or très-fin, avec Céphas, qui était le surnom de saint Pierre. Il nous reste un fragment de ce commentaire

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Juvencas

espagnol de naissance, était prêtre.

Son poème

CHAPITRE V.

Juvencus, poète ehrétien, prêtre espagnol.

1. Juvencus, le plus ancien de tous les poètes chrétiens dont les ouvrages soient parvenus jusqu'à nous, était issu d'une très-noble famille d'Espagne ; il s'appelait, selon divers anciens manuscrits, un entre autres de l'abbaye de Monstier-Ramey, en Champagne, et un de la bibliothèque de M. Valette, à Naples, Caïus ou Gaius, Vectius ou Vettius, Aquilinus Juvencus d'autres disent, AquilinusCaïus Vettius. Il était 10 prêtre et fleurit principalement sous le règne du grand Constantin.

2. Nous avons de lui un poème de la Vie De la Vie de de Jésus-Christ, en vers hexamètres, divisé en quatre livres, où il ne fait que rendre

Jésus-Christ.

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1 Rogo non habuerat decem Origenis volumina? Non interpretes cæteros? Non certe aliquos necessarios Hebræorum, ut aut interrogaret, aut legeret, quid sibi vellent quæ ignorabat? Sed tum male videtur existimasse de cæteris, ut nemo possit de ejus erroribus judicare. Frustra ergo a me ejusdem viri commentarios postulas cum mihi in illis displiceant multo plura quam placeant. Hieron., Epist. ad Marcellam, p. 623, 624. -2 Ibid., p. 622.3 Tom. I Concil., p. 1571.

D. Pitra a publié un fragment de cet ouvrage cité par Bérenger, disciple d'Abailard. Le voici : Mos est, inquit, generosæ materiæ observandus ; sponsi sponsæque tripudia festiva tuba persultent. Neque enim in funera fas distrahit animum, quoniam ad exponendum cantica nuptiarum invitat alacritas convivarum; sed quoniam tantæ facultatis ratio in nobis vel nulla est, vel admodum orba, ejus innitar gratiæ, qui per Evangelium suum sonat Sine me nihil potestis facere. Neque certe mihi deficiet transitorium verbum, quum credam in verbum quod est in principium apud Deum. Voy. Spicil. Solesm., tom. I, p. 170. (L'éditeur.)

$ Sanctus Rheticius dicit: Veteris hominis, quo per

presque mot pour mot le texte des Évangélistes; il s'attache particulièrement à l'Évangile de saint Mathieu et il supplée au silence de cet historien sacré, par le récit des autres évangélistes. Mais lui-même ne s'astreint pas à rapporter tous les traits, comme il paraît, en ce qu'il n'a pas rapporté diverses particularités que nous lisons dans l'Évangile de saint Jean et que, sans doute, il ne croyait pas nécessaires à son sujet. Il commence à l'apparition de l'ange à Zacharie, marquée dans le premier chapitre de saint Luc, et finit à celle de Jésus-Christ sur la montagne de Galilée, quand il promit aux onze disciples d'être toujours avec eux, jusqu'à la consom

lavacrum regenerationis exuimur, non tantum vetera, sed ingenita esse peccata. August., lib. I contra Julian. pelagian., cap. 7, tom. X, p. 516. Rheticium ab Augustoduno episcopum magnæ fuisse in Ecclesia autoritatis tempore episcopatus sui, gesta illa ecclesiastica nobis indicant, quando in urbe Roma Melchiade apostolica sedis episcopo præsidente cum aliis judex interfuit. Is cum de baptismo ageret, ita locutus est: Hanc igitur principalem esse in Ecclesia indulgentiam, neminem præterit, in qua antiqui criminis omne pondus exponimus, et ignorantiæ nostræ facinora prisca delemus, ubi et veterem hominem cum ingenitis sceleribus exuimus. Audis antiqui criminis pondus, audis prisca facinora, audis cum sceleribus ingenitis hominem veterem, et audes adversus hæc ruinosam construere novitatem. Augustin., ibid., cap. 3, p. 500. - 6 August., ubi supra. - 7 Hieronym., Epist. ad Florentium, ubi supra. 8 Juvencus, nobilissimi generis Hispanus presbyter, quatuor Evangelia hexametris versibus pene ad verbum transferens, quatuor libros composuit. Hieron., in Catal., c. 84; August., ubi supra

Hieronym., in Catalogo, cap. 83.-10 Ibid.

Eloge de cet ouvrage.

Jugement

du poème de Juvencus.

mation des siècles, ainsi qu'il est dit dans le dernier chapitre de saint Matthieu.

3. Juvencus fait lui-même l'éloge de son ouvrage dans l'exorde, en ces termes 1 : « Si les vers de ceux qui ont transmis à la postérité les actions des anciens, en leur donnant de l'éclat par leurs fictions, leur ont acquis une réputation qui dure depuis tant de siècles, nous devons nous promettre une gloire immortelle, pour des chants consacrés à célébrer la vie et les actions de Jésus-Christ. » Il n'a pas même sujet de craindre, ajoute-t-il, qu'ils soient enveloppés dans l'incendie général qui consumera le monde : au contraire, il compte sur cet ouvrage pour le délivrer des flammes, au jour que le Seigneur viendra sur une nuée de feu juger tous les hommes. En le commençant, il invoque le secours du SaintEsprit pour l'aider à traiter dignement sa matière ; et on peut remarquer qu'il exprime positivement sa croyance à la présence réelle, en déclarant, dans la description de la Cène, que Jésus-Christ y enseigna à ses disciples 3 qu'il leur donnait son propre corps et son sang. Il finit en louant Constantin de la paix qu'il avait rendue à l'Église, et de ce qu'il était le seul des rois qui n'avait pas voulu souffrir qu'on lui donnât des titres qui ne conviennent qu'à Dieu 5.

3

4. Les vers de Juvencus n'ont rien d'élevé : il semble avoir négligé les ornements de la poésie, par respect pour la vérité, qu'il n'a pas cru devoir dépouiller de sa simplicité naturelle. Il y a même des fautes de quantité et des termes peu latins; ce qui vient, apparemment, de son exactitude à rendre dans ses vers le texte de l'Évangile, et ce en quoi il a réussi. Saint Jérôme, dans ses Commentaires sur saint Matthieu, cite l'endroit de ce poème où il est parlé des Mages qui vinrent

1 Quod si tam longam meruerunt carmina famam, Quæ veterum gestis hominum mendacia nectunt, Nobis certa fides æternæ in sæcula laudis, Immortale decus tribuet meritumque rependet, Nam mihi carmen erunt Christi vitalia gesta, Divinum in populis falsi sine crimine donum. Non metus ut mundi rapiant incendia secum, Hoc opus. Hoc etenim forsan me subtrahet igni, Tunc cum flammivoma descendet nube coruscans, Judex altitroni genitoris gloria Christus. Juvencus, p. 451 edit. Basil., an. 1564.

Ergo age, sanctificus Spiritus adsit mihi carminis auctor, Spiritus et pene mentem riget amne canentis, Dulcis Jordanis, in Christo digna loquamur. Idem, ibid.

3 Hæc ubi dicta dedit, palmis sibi frangere panem, Divisumque dehinc tradit, sancteque precatus Discipulos docuit proprium se tradere corpus.

adorer le Fils de Dieu à Bethléem et lui offrir des présents. Le concile tenu à Rome, sous Gélase, témoigne qu'on lisait avec ad- Concil. page miration l'ouvrage de Juvencus.

Tom. IV.

1264.

5. Il avait composé d'autres ouvrages en Autres écrits de Juvers, que nous n'avons plus. Saint Jérôme vencus, qut sont perdus. dit, en général 7, qu'il avait écrit sur les sacrements ou sur les mystères. On lui attribue également quelques hymnes, dont ce Père ne parle point. [Dom Pitra a découvert plus de six mille vers de Juvencus. Ils font suite aux vers sur la Genèse, qu'avaient donnés Dom Martène dans sa Collection très-ample des monuments. Ils sont tirés de trois manuscrits existants, l'un dans la bibliothèque du collège de la Sainte-Trinité à Cambridge; les deux autres, dans celle de Laon. Dans chacun des manuscrits, trois feuillets offrent des vers tronqués par le retranchement de leurs premières syllabes. Le savant éditeur n'hésite pas à attribuer ces écrits à Juvencus, comme l'avaient fait Dom Martène, et après lui Galland, pour la paraphrase de la Genèse, dont ils sont la continuation, tandis que Sirmond, Arévole et quelques autres soutenaient l'opinion contraire. Ceux qu'il publie, au nombre de trois mille vers, roulent sur l'Exode, le livre de Josué et des fragments choisis du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome. Ces morceaux sont précieux par leur antiquité et par les éclaircissements qu'ils fournissent sur le sens de certains textes de la Bible, que la Vulgate et les Septante interprètent diversement. Quant à leur valeur poétique, il y a des passages remarquables par l'élégance et l'énergie de l'expression dans son ensemble, : cette paraphrase du Pentateuque paraît une entreprise malheureuse, au point de vue littéraire.]

6. Son poème de la Vie de Jésus-Christ a

Hinc calicem sumit Dominus, vinoque repletum,
Magnis sanctificat verbis, potumque ministrat,
Edocuitque suum se divisisse cruorem.

Hæc mihi pax tribuit Christi, pax hæc mihi sæcli,
Quam fovet indulgens terræ regnator opertæ,
Constantinus, adest cui gratia digna merenti,
Qui solus regum sacri sibi nominis horret
Imponi pondus.

Ibid., p. 522. 5 Voyez Gebser, Diss. de Juvenci vita et scriptis Ienæ 182 in-8°. (L'éditeur.)

Hieronym., in cap. Matth. Il parle aussi de l'ouvrage de Juvencus dans l'Epitre 83 à Magnus: Juvencus presbyter sub Constantino historiam Domini Salvatoris versibus explicavit, nec pertimuit Evangelii majestatem sub metri lege mittere.

7 Nonnulla eodem metro ad Sacramentorum ordinem pertinentia composuit. Idem, in Catal., cap. 84. [Voy. Fabricius, Biblioth. eccles., p. 19.]

Editions de

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