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De la Vie de Jésus-Christ.

son poème été imprimé très-souvent. Il le fut à Paris, en 1499, in - fol., avec Sédulius et quelques autres ouvrages de piété, par les soins de Jacques Lefebvre. M. Fabricius dit en avoir une édition ancienne, où l'on ne voit ni le lieu, ni l'année de l'impression 1. Il y en eut une à Venise, chez Alde, en 1502, in-4o, avec Sédulius, Arator, Proba-Falconia, les vers de C. Sulpitius et plusieurs opuscules de différents auteurs; une à Leipsik, en 1505, in-fol.; une à Paris, en 1506, in-4°; une seconde à Leipsik, en 1511, in-4°, avec l'épigramme de Herman Buschius sur Juvencus. Les éditions suivantes sont celles de Rouen, 1509, in-4°; de Vienne, en 1519, in-4°; de Bâle, en 1537, in-8°, 1541, in-8°, 1545, in-8°, 1562 et 1564: ces deux dernières sont en beaux caractères et enrichies des savantes notes de Georges Fabricius; de Paris, en 1545, in-12; de Lyon, en 1553 et 1556, avec Sédulius et Arator, in-18, 1588, in-12; de Milan, en 1569, in-8°; de Cagliari, en 1573, in-8°; de Cologne, 1537, in-8°, 1616, in-4°. Juvencus se trouve aussi dans le second tome du Recueil des poètes latins, à Lyon, en 1603, in-4°; au même lieu,

chez Jean de Tournes, en 1566, in-18, avec Sédulius et Arator; à Genève, en 1611 et 1627, in-4°, à Londres, en 1713, in-fol., et dans la Bibliothèque des Pères de Paris, en 1575, 1589, 1624, 1654, tom. VIII; de Cologne, 1618, tom. IV, et de Lyon, 1677, tom. IV. On l'a imprimé, en dernier lieu, à Francfort, en 1740, in-8°, revu et corrigé sur plusieurs manuscrits et enrichi d'un grand nombre de notes, en particulier de celles de Daniel Omeisius et de Matthias Koënig. [La Bibliothèque des Pères, de Galland, Venise, tom. IV, 1765, contient la 29 édition de Juvencus, avec un épigramme douteux sur les quatre Évangélistes. Lefaust Arévolo a donné une édition plus récente, à Rome, en 1792, dans laquelle il a réuni quelques hymnes et l'abrégé poétique de la Genèse, dont nous avons parlé et qui ont été reproduits par Galland. M. Migne, tome XIX de la Patrologie, a reproduit l'édition romaine d'Arévolo, avec la Paraphrase sur la Genèse, les Louanges du Seigneur et le Triomphe héroïque du Christ. Ces deux derniers ouvrages paraissent supposés.]

Naissance de Constan

274.

CHAPITRE VI.

Le grand Constantin, premier empereur chrétien.

ARTICLE PREMIER.

HISTOIRE DE SA VIE.

1. Ceux qui, dans les derniers siècles, ont tin, vers l'an donné des catalogues des auteurs ecclésiastiques, comme Bellarmin, Aubert le Myre et plusieurs autres, ont cru devoir y donner place à l'empereur Constantin, soit à cause de quelques discours de piété qu'il a composés et récités lui-même, soit à cause de plusieurs lettres qu'il a écrites touchant les affaires de l'Église, soit enfin à cause d'un grand nombre d'édits qu'il a faits en faveur de la religion. Il naquit à Naïsse 2, ville de la

1 Cette édition, selon Lefaust Arévolo, doit être celle qui existe à la Bibliothèque vaticane, in-4°, imprimée vers 1503. La première de toutes paraît être une édition petit in-4° gothique, imprimée vers 1490. (L'éditeur.)

2 Anonymus Ammiani defunctus in... editione Valesii; Paris, 1636, pag. 471.

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Dardanie, le 27 février, selon d'autres le 3 avril, vers l'an 274, et y fut élevé 3 pendant quelque temps. Son père se nommait Constance et avait le surnom de Chlore. Il est aussi appelé Jules par Aurèle Victor, pour le distinguer des autres Constances, et, dans les inscriptions, Flavius - Valerius Constantius. Sa mère, que nous connaissons ordinairement sous le nom d'Hélène, est nommée dans les inscriptions Flavia - Julia Helena. Elle était, selon quelques-uns, du bourg de Drépane, en Bithynie: d'autres veulent qu'elle fùt de Naïsse, d'une famille qui n'avait rien de considérable. La famille de Constance était

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Ibid. et Stephanus Byzantinus, edit. Amstelod., an. 1678, p. 182.

Græci Scaligeri Collectanei. Basnag., t. II, p. 457. 5 Aurel. Vict., p. 524 edit. Francfort., 1588. Sponii Miscellan., p. 193.-7 Goltzius, p. 125. Procopius, de Edificiis Justiniani, lib. V, cap. 2. Ambros., de Obitu Theodosii, p. 1209, tom. II.

Son éduca1100.

Son mariaDervine, vers

Nicomedie.

auprès de Constance

son pere.

très-noble, puisque Claudia, sa mère, était fille de Crispe, frère de l'empereur Claude II 2.

2. Lorsque Constance fut fait césar et envoyé dans la province des Gaules, pour observer les Francs et les Allemands, il introduisit son fils Constantin à la cour de Dioclétien, qui avait déjà agrégé ce jeune prince aux tribuns; ainsi Constantin fut, selon la remarque d'Eusèbe, élevé, aussi bien que Moïse, au milieu des ennemis de la vérité, qu'il devait un jour exterminer, pour en délivrer le peuple de Dieu. La bonté de son naturel, soutenue et dirigée par l'esprit du Seigneur, ne se porta qu'à la piété; et il ne prit aucune part à la corruption des mœurs qui régnaient dans la cour de Dioclétien. Il avait un génie vif et ardent, beaucoup de prudence: ses panégyristes y joignent une adresse singulière pour ne se laisser jamais surprendre. Il était très - instruit des lettres humaines, et aimait tous les arts libéraux. Il savait le grec ; mais le latin lui était beaucoup plus familier, comme étant la langue de l'empire; c'est pour cela que ce qui nous reste de lui est en latin on lui traduisait en celte langue ce qu'il voulait savoir des discours ou des écrits des Grecs.

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3. Il se maria fort jeune, et on le louc de Se n'avoir jamais violé les règles du mariage Nice unique, c'est-à-dire, qu'il n'eut jamais qu'une e se rend femme à la fois. De la première, nommée Minervine 10, il eut un fils appelé Crispe, dont on met la naissance vers l'an 300. En 305, Dioclétien et Hercule ayant abdiqué l'empire, le césar Constance entra, avec Galère, en partage de l'autorité souveraine ". Dès-lors Constantin ne devait plus servir d'otage à Nicomédie, où Galère résidait; mais, malgré les prières réitérées de Constance, pour le faire renvoyer en Occident, où lui-même se trouvait, Galère, qui redoutait les grandes qualités de ce jeune prince, différa longtemps de le rendre il essaya même de le faire périr

1 Bysantinæ familiæ, p. 43. Paris, 1680; Grut. Inscription, p. 283 edit., Commelian. Heidelberg., 1616. 2 Tous les historiens anglais s'accordent à dire que l'impératrice Hélène était de leur pays; on la fait même fille du roi Coïlus. Les mêmes historiens, et surtout l'auteur anonyme qui harangua Maximien et Constantin à l'occasion du mariage de ce dernier avec Fauste, donnent comme un fait certain la naissance de Constantin dans la Bretagne. Voyez Alban Butler, Vie de sainte Hélène, 18 août. (L'éditeur.) 3 Euseb., lib. I de Vita Constantini, cap. 12 et 19. Idem, ibid. Panegyrica oratio 5, p. 127, et oratio 7, p. 159, 160 edit. Antuerp., an. 1599.

Euseb, lib. III de Vita Constantini, cap. 19, et

adroitement, en l'exposant à divers dangers, sous prétexte d'exercer sa valeur. Quand il vit néanmoins qu'il ne pouvait plus le retenir, sans rompre ouvertement avec Constance, il lui donna la permission de l'aller trouver 1, avec le brevet nécessaire pour prendre les chariots de poste. C'était le soir, et il lui dit de partir le lendemain matin après qu'il aurait reçu ses ordres. Son dessein, dit-on, était 13 de l'arrêter encore sous quelque prétexte, ou de dépêcher un courrier à Sévère, avec ordre de le retenir au passage d'Italie; et, afin que le courier eût plus d'avance, Galère demeura exprès au lit jusqu'à midi. Mais, immédiatement après le coucher de l'empereur, Constantin sortit de Nicomédie, et, ayant pris les chevaux nécessaires à sa retraite, il fit tuer sur le chemin les autres qui auraient pu servir à le poursuivre. Galère, averti de son départ, en fut inutilement irrité et voulut en vain faire courir après lui.

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Il est déclaré Augus

soldats. Galere s'y oppose.

4. Constantin joignit son père" à Boulogne, comme il levait l'ancre pour passer en An- te,en 306 par gleterre. Il l'accompagna " dans son voyage, et vainquit avec lui les Pictes, qui habitaient alors l'Écosse. Constance ne survécut pas longtemps à cette victoire: il mourut à York, en Angleterre, le 25 juillet de l'année 306, après avoir porté le titre de César treize ans et deux mois, et celui d'Auguste un an et près de trois mois. Avant de mourir, il ordonna que Constantin règnerait seul à sa place 1, et le recommanda aux soldats. Tous ceux qui se trouvèrent présents, et en particulier Eroc, roi des Allemands, le demandèrent pour empereur, et, dès la première fois qu'il parut en public, ils le revêtirent de la pourpre, et le proclamèrent Auguste et empereur ; c'était le jour même que son père mourut. Constantin, selon la coutume des nouveaux empereurs, envoya aux autres princes son image ornée des marques de la dignité impériale. Galère fut sur le point de la faire brûler avec

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Victorinus, in Constantino, pag. 543 edit. Francofurti, an. 1588.

7 Euseb., lib. III de Vita Constantini, c. 13, p. 490. Euseb., lib. IV de Vita Constantini, cap. 35.

9 Panegyrica oratio, p. 126, et orat. 6, p. 137. 10 Bysantinæ familiæ, p. 4.

11 Lactantius, de Mortibus persecutorum, num. 24. 12 Idem, ibid., et Ammiani Anonymus, p. 471. 13 Lactantius, ibid. -14 Panegyrica oratio 9, p. 149. 18 Libanius, oratione 3, p. 105. Paris, an. 1627, et Lactantius, de Mort. persecutorum, num. 24.

16 Lactant., de Mort. persecutorum, n. 25; Zozim., lib. II Histor. August., p. 672 edit. Francofurti, an. 1590.-17 Lactant., ubi supra.

Son atten

ment des

églises.

celui qui la lui avait apportée; mais il en fut détourné par ses amis et par la crainte que les soldats ne se missent du côté de Constantin, s'il l'obligeait à lui déclarer la guerre. Il reçut donc son image et lui envoya la pourpre, afin qu'il parût tenir de lui son autorité mais il voulut qu'il se contentât du titre de César, et fit Sévère 1 Auguste. Constantin céda au temps; on trouve, en effet, plusieurs médailles qui lui donnent seulement la qualité de César.

:

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5. Le premier usage que Constantin fit tion pour le rétablisse de son autorité, fut de favoriser la religion chrétienne, d'en permettre le libre exercice et de donner des édits pour le rétablissement des églises. Il visita tous les peuples soumis à son obéissance et s'appliqua à vaincre tous les Barbares, qui faisaient quelques mouvements sur les bords du Rhin et de l'Océan. Les Francs ayant profité du séjour de Constance en Angleterre, pour violer les traités faits avec lui, Constantin les attaqua dans les Gaules, les vainquit et fit mourir deux de leurs rois pris à la guerre, Ascarie et Gaïse ou Régaise. Il traita de même plusieurs rois des Allemands, avec qui il entra en guerre. 6. Cependant Maxence, fils de Maximienure du Hercule, prit à Rome le titre d'Auguste; mais, voyant que Galère, dont il avait épousé la fille, au lieu de consentir à son entreprise, reut le tra- était dans la disposition de lui faire la guerre, il pria Maximien de reprendre la pourpre, et découvre ses le déclara Auguste pour la seconde fois. Cel'en punit en lui-ci, pour se maintenir sur le trône, dont il

Hercule

lui donne le titre d'Auguste, et Fauste en mariage, en 307,

Hercule

hir et lui ôter la vie. Constantin

intrigues et

308 et 310

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n'était descendu que malgré lui, songea à s'appuyer sur Constantin, qui, depuis la victoire sur les Francs, jouissait d'une paix entière. Il vint le trouver dans les Gaules, lui donna Fauste, sa fille, en mariage, et le titre d'Auguste pour celui de César, dont ce prince s'était contenté jusqu'alors. Constantin eut de Fauste, princesse louée pour ses vertus comme pour sa noblesse, Constantin, Constance et Constant. Cette alliance n'empêcha pas Hercule d'attenter, dans la suite, à la

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1 Goltzius, p. 126. — Lactant., de Mort. persecutorum, n. 24, et lib. I Instit., cap. 1.

3 Euseb., de Vita Constantini, cap. 23. Panegyrica orat. 9, p. 196 et 197.

Lactant., de Mort. persecutorum, num. 26, et Panegyrica oratio 5, p. 131.

Ibidem, p. 124, et Zozim., lib. II, p. 673, 674, et Lactant., de Mort. persecutorum, num. 27.

7 Julianus, oratione 1, p. 9 et 16 edit. Paris., 1630, tom. I. 8 Lactant., de Mort. persecutorum, num. 29 et 30; Zozim., lib. II, p. 674,

dignité et à la vie de son gendre; mais ses intrigues ayant été découvertes, Constantin lui ôta lui-même la pourpre et ensuite la vie, ne lui ayant laissé que le choix de sa mort. C'était l'an 310: Galère mourut l'année suivante, d'une horrible maladie. Ainsi l'Église se trouva délivrée de deux persécuteurs.

Constantin se prepare a la guerre contre Ma.

cours à Dieu. JésusChrist lui fait

voir la crois rait, en 3ii.

et lut appa

7. Constantin était alors dans la sixième année de son règne. Cette année est remarquable par les grandes largesses qu'il fit à la ville xence: a re d'Autun désolée par les impôts dont on l'avait surchargée dans la dernière guerre. Ce prince remit aux habitants ce qui était dû des cinq dernières années, et, pour les suivantes, il leur remit le quart des impositions ordinaires. Eumène lui en fit à Trèves un remercîment public, au nom de toute la ville d'Autun, par un discours que nous avons encore. Ce fut aussi en cette année qu'il se disposa à faire la guerre contre Maxence, qui, après avoir ruiné l'Afrique et Rome par sa tyrannie, voulait le dépouiller de ses États. Pour dissiper les illusions de la magie, dans lesquelles Maxence mettait 10 principalement sa confiance, il eut recours à la protection du Dieu que Constance, son père, avait adoré ". Il lui adressa ses prières, le 12 conjura de se faire connaître à lui, de lui apprendre qui il était, et de l'assister dans l'état présent de ses affaires. Sa prière fut exaucée, et Dieu commença à se manifester à lui en cette manière. Comme il marchait par la campagne, avec ses troupes, après midi, le soleil commençant à baisser, il vit 3 au-dessus, dans le ciel, une croix de lumière, avec cette inscription: Ce signe vous fera vaincre. Tous ses soldats virent le même prodige, et ils en furent étrangement surpris, aussi bien que lui. Constantin fut occupé de cette vision tout le reste du jour, et demeura fort en peine de ce qu'elle pouvait signifier. La nuit, comme il dormait ", Jésus-Christ lui apparut avec le même signe qu'il avait vu dans le ciel, et lui commanda d'en faire un semblable et de s'en servir dans les combats, pour vaincre ses ennemis.

9 Panegyrica oratio 8, p. 183 et seq.

10 Euseb., de Vita Constantini, lib. I, cap. 27.

11 Solum Deum genitoris sui esse colendum censuit. Ibid. 12 Ibid., cap. 28.

13 L'empereur lui-même racontait cette merveille longtemps après, et assurait avec serment l'avoir vue de ses yeux. Ipse victor Augustus nobis, qui hanc historiam scribimus, longo post tempore, cum videlicet in ejus notitiam et familiaritatem pervenimus, id retulit et sermonem sacramenti religione firmavit. Eusebius, lib. I de Vita Constant., cap. 28. — 14 Ibid., cap. 29.

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Constantin embrasse la

religion chrétienne. Il défait Maxence au

me en

Il y entre victorieux.

8. Constantin, résolu de n'adorer que le Dieu qui s'était fait voir à lui, fit venir des évêques pour apprendre d'eux à le connaître et recevoir une explication plus particulière pres de Rode la vision qu'il avait eue : ils lui dirent que ce Dieu était le Fils unique du seul Dieu véritable, et le signe qui lui avait été montré, le symbole de l'immortalité et le trophée de la victoire remportée par lui sur la mort, pendant qu'il était sur la terre. En même temps ils lui expliquèrent les causes de son avénement et tout le mystère de son incarnation. L'empereur écoutait tout avec avidité, et, comparant les explications des évêques avec ce qu'il avait vu, ses embarras disparaissaient, et il lui semblait entendre Dieu même lui servir de maître et d'interprète en cette occasion. Depuis ce temps-là, il s'appliqua à la lecture des divines Écritures, retint continuellement des évêques auprès de lui, donna toute son application à servir le Dieu qui lui avait apparu. L'expédition de Constantin contre Maxence fut d'assez longue durée; elle commença avant la fin de l'an 312. Il avait déjà défait les armées de Maxence à Turia, à Bresse et à Vérone, lorsqu'étant arrivé devant Rome, et à la veille du nouveau combat, il fut averti en songe de faire mettre à ses soldats, sur leurs boucliers, le caractère du nom de Jésus-Christ, et après cela de donner la bataille, sans rien craindre; ce qu'il fit. L'armée de Maxence plia et prit la fuite. Lui-même, poussé par ceux qui fuyaient après lui, fut précipité dans le Tibre et se noya. Rome ouvrit ses portes à Constantin, et il y entra en vainqueur, le 29 octobre de l'an 312. On dressa une statue à Constantin dans une des places de la ville, où il voulut paraître avec une longue croix à la main, au lieu de lance, et fit mettre à la

Dès le lendemain matin, il fit confidence de son secret à ses amis, et, ayant fait venir des orfévres et des joailliers, il leur expliqua la figure de l'enseigne qu'il avait dessein de faire, et leur commanda d'y employer l'or et les pierres précieuses. Voici quelle en était la forme'. Un long bois, comme celui d'une pique, revêtu d'or, avait une traverse en forme de croix au sommet était attachée une couronne d'or et de pierreries; la couronne enfermait le symbole du nom du Christ, c'està-dire, les deux premières lettre Chi et Ro. A la traverse de la croix pendait un petit drapeau carré, d'une étoffe très-précieuse, de pourpre tissue d'or et chargée de pierreries; au-dessus de ce drapeau, et au-dessous de la petite croix, c'est-à-dire du monogramme, était, en or, l'image de l'empereur et de ses enfants. On donna à cette enseigne le nom de Labarum ou Laborum. L'empereur en fit faire plusieurs autres semblables, pour être portés à la tête de ses armées. Lui-même portait sur son casque la croix, et les soldats la portaient sur leurs écus. Il confia le Labarum à cinquante de ses gardes, les plus forts et les plus braves; et ils eurent ordre de le porter tour à tour. C'était le principal étendard, qui tenait seul la place de toutes les idoles d'or qu'on portait auparavant dans les combats. Eusèbe dit avoir appris de Constantin même que ceux qui portaient le Labarum n'étaient jamais blessés dans le combat: dans une occasion où il y avait beaucoup de danger, celui qui le tenait s'étant effrayé et l'ayant donné à un autre pour s'enfuir, fut, dans le moment, percé d'un dard qui le tua, et l'autre ne reçut aucun coup, quoique plusieurs traits donnassent dans le bois qui portait la croix et s'y attachassent.

1 Euseb., lib. de Vita Constant., cap. 31. M. Fleury a fait graver le Labarum dans son Histoire ecclésiastique, tom. II, p. 612.

2 Euseb., lib. I de Vita Constantini, cap. 31. 3 Ibid., lib. II, cap. 8.

Adjecit imperatorem quamdam memoratu dignissimam : Nam cum forte, inquit, inter pugnandum ingens trepitus exercitum conturbasset, is qui hoc signum humeris ferebat, metu perculsus, alteri gestandum tradidit, ut ipse periculum evaderet. Vix alter ille signum gestandum susceperat, cum ecce is qui se subripiens custodiam signi deseruerat, telo in ventre percussus occubuit ; et hic quidem ignaviæ atque infidelitatis suæ pœnas persolvens, ibidem jacuit exanimis. Ac salutare Crucis trophæum ei qui ipsum sublime gestabat incolumitatem præstitit; in quem cum tela undique jacerentur, signifer quidem ipse salvus evasit, hasta vero salutaris

tropæi missilia excepit: erat id spectaculum omni miraculo majus, cum cuncta hostium tela in brevissimum illum haste ambitum caderent. Quæ cum in hastam impacta defigerentur, signifer servabatur incolumis; adeo ut nullo unquam jaculo ferirentur quicunque hoc ministerium obibant. Neque porro hæc nostra oratio est, sed ipsius imperatoris qui inter reliqua id etiam nobis commemoravit. Euseb., lib. II de Vita Constant., c. 8 et 9. * Idem, lib. Il de Vita Constantini, cap. 32. Lactant., de Mort. persecutorum, num. 44.

7 Cumque Romani in celeberrimo urbis loco statuam ei dedicassent, quæ dextra manu salutare Crucis signum gestabat, hujusmodi inscriptionem latino sermone in basi jussit apponi: Hoc salutari signo, quod veræ virtutis insigne est, vestram urbem tyrannicæ dominationis jugo libertatem servavi; senatui populoque Romano in libertatem afferto pristinum decus nobilitatis splen

Constantin sort de Ro

me, il passe

à Milan, et

Gaules où il défait les

base cette inscription: Par ce signe salutaire, vraie marque du courage, j'ai délivré votre ville du joug du tyran, et j'ai rétabli le sénat et le peuple en son ancienne splendeur. Pendant son séjour à Rome, il donna un édit en faveur des chrétiens son zèle pour la religion était dès-lors si grand, que, dans une lettre écrite peu après au pape saint Miltiade, il le prend à témoin de l'extrême désir qu'il avait de ne voir en aucun endroit de l'Église catholique ni schisme, ni division. Il faisait asseoir à sa table les ministres de Dieu, ne regardant pas en eux leur extérieur, qui n'avait rien 2 alors que de vil et de méprisable, mais la grandeur de leur ministère et de leurs vertus. Il 3 augmentait les églises, leur distribuait de grands biens et ornait les autels par des offrandes magnifiques. On prétend qu'il donna aux papes, en cette année 312, le palais de Latran . Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils le possédaient dès le IVe siècle, et qu'en 313, on tint un concile dans ce palais en l'appartement de Fauste, femme de Constantin.

6

9. Ce prince sortit de Rome le 18 janvier de l'an 313, et se rendit à Milan, où, conde la dans les jointement avec Licinius, il donna un édit qui permettait aux chrétiens le libre exerLoi en fa- cice de leur religion". Cette année fut la première des indictions, qui commencèrent le 24 septembre de l'année précédente 312.

Francs.

veur des Chrétiens:

son séjour à Trèves en $13 et 344, va

8

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Baron., ad an. 312, num. 82.

5 Ibidem, num. 83, 84.

Optat. Milevit., lib. I, p. 44.

7 1o Les largesses presque fabuleuses de Constantin à saint Sylvestre, pour l'Eglise romaine, et aux autres Églises, sont-elles des faits authentiques? Pour l'affirmative, Bianchini, in Anastas., sect. 34 et seq., avec les notes variorum; en général, les auteurs qui admettent les traditions du Liber Pontificalis. Pour la négative. Tillemont et les critiques qui rejettent ces mêmes traditions.

2o La célèbre donation par laquelle Constantin aurait concédé à saint Sylvestre et, en sa personne, à tous les papes, la souveraineté temporelle de Rome et même de toute l'Italie, est-elle authentique? Voyez cette pièce dans Labbe, t. I, et dans Mansi, t. II, col. 603. Pour l'affirmative, Binius, apud Mansi, t. II, col. 611; les défenseurs les plus dévoués des traditions de l'Eglise romaine, tels que les censeurs de l'Histoire ecclésiastique du P. Noël Alexandre, qui effacèrent toute sa dissertation sur cet article. Voyez aussi Henrion, Histoire ecclés., t. xii.

Pour la négative, Noël Alexandre et la plupart des

De Milan, il se rendit sur les bords du Rhin, et de là dans les Gaules, où il vainquit les Francs, qui le menaçaient de faire une irruption dans ses États. On voit, par plusieurs lois 10, qu'il était à Trèves dans les mois de novembre et de décembre. Il y passa encore1 11 les premiers mois de l'année suivante 314, en laquelle il convoqua à Arles un concile général de l'Occident, pour tâcher de finir le schisme des donatistes. Il eut à se défendre deux fois cette année contre Licinius, qui, après avoir rompu la paix, avait encore fait abattre ses statues dans Emone, ville de la haute Pannonie. Constantin le défit d'abord 12 à Cibales, et ensuite dans la campagne de Mardie 13, en Thrace. Après ses victoires, il parcourut les provinces de l'Illyrie et de la Grèce, dont le traité de paix fait avec Licinius l'avait rendu maître; et il se trouva, le 13 de mai de l'an 315, à Naïsse, sa patrie, où il fit une loi célèbre : elle portait, en substance, que, lorsqu'un père apporterait aux officiers des finances un de ses enfants, qu'il serait hors d'état de nourrir, ces officiers prendraient indifféremment ou sur le trésor public, ou sur le domaine du prince, ce qui serait nécessaire pour nourrir et habiller l'enfant ; et cela sans aucun délai, la faiblesse d'un enfant ne souffrant pas de retardement.

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10. De Naïsse, Constantin vint à Rome, par Sirmich et par Aquilée, pour y célébrer la Rome la di

critiques. Voyez dans l'Ami de la Religion, no 141, une suite d'articles de M. Dumont, qui donnent de nouvelles lumières pour la solution de ce problème. ( Ľ’éditeur, d'après Blanc, Cours d'Hist. eccl., tom. I.)

8 On ne sait pas bien l'origine des indictions. Quelques-uns croient que le nom et la chose viennent de ce que, Constantin ayant réduit à quinze ans le temps de la milice, qui, auparavant, était de seize ans, il fallait tous les quinze ans imposer et indiquer, selon le terme latin, un tribut extraordinaire pour payer les soldats qu'on licenciait; et cette opinion paraît la plus vraisemblable. L'on se sert encore aujourd'hui d'indiction, dans le style ecclésiastique. Il y en a de trois sortes celle des Césars, qui commence le 24 septembre, dont on s'est servi longtemps en France et en Allemagne ; celle de Constantinople, qui commence avec l'année des Grecs, le premier du même mois; et celle des Papes, qui, depuis quelques siècles, ne la comptent que du 1er janvier 312. Baron., ad an. 312, num. 104, 110; M. Fleury, tom. III Hist. ecclés., n. 9, p. 4; Tillem., Hist. des Empereurs, t. IV, p. 143. 9 Zozim., lib. II, p. 677.

10 Chronolog. Gothofred., tom. I Cod. Theodosiani præmissa, p. 7. 1 Ibid., p. 8 et 9.

12 Zozim., lib. II, p. 678.

13 Idem, p. 679, et Anonymus Ammiani, p. 474. 14 Cod. Theodos., lib. II, tit. 27, leg. I.

xieme année

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