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et éditions nous reste.

de ce qui

1

table doctrine, par son éloquence et par la grande connaissance qu'il avait des lettres divines et humaines. On a loué dans ses écrits la pureté du style, l'élévation des pensées, la beauté de l'expression, la délicatesse du discours; et on voit, par le peu qui nous en reste, qu'il n'y a rien d'outré dans cet éloge. On peut encore ajouter qu'il écrivait avec beaucoup de feu, qu'il pressait vivement ses adversaires, quelquefois en des termes qui marquaient trop de chaleur. Socrate en parle avec mépris, parce qu'il avait écrit contre Origène. Il dit de lui que, n'ayant rien que

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de bas et de méprisable, il s'est imaginé pou voir s'élever en décriant un homme qui lui était supérieur en mérite. [Ce qui nous reste des écrits de saint Eustathe se trouve dans Galland, tom. IV, p. 541 à 587, et plus complet encore dans la Patrologie grecque de M. Migne, tom. XII de l'édition latine et tome XVIII de la série grecque-latine. On y lit, en effet, un fragment sur Melchisédech, un tiré du traité de l'Inscription des titres. Ils sont tirés de la Chaîne sur l'Octateuque et les Rois, publiée par Nicéphore en 1774.]

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admiratione prosequerentur, dignum eum judicarunt, qui apostolica Cathedræ præsideret. Sozomen., lib. I, cap. 2, et Chrysostom., Orat. in Eustath., t. II, p. 606.

1 Extant et Julii Africani libri et Eustathii Antiocheni, et Athanasii Alexandrini... qui omnes in tantum philosophorum doctrinis atque sententiis suos refarciunt libros, ut nescias quid in illis primum admirari debeas, eruditionem sæculi an scientiam Scripturarum. Hieron., Epist. $3 ad Magnum, tom. IV, p. 556.

2 Eustathius.... vir tum in aliis rebus egregius, tum eloquentiæ causa merito admirandus: quemadmodum ex libris ejus qui extant licet cognoscere, tum ob priscum genus elocutionis et ob gravitatem sententiarum, tum ob verborum elegantiam, et in rebus explicandis venustatem, magnopere probantur. Sozomen., lib. II, cap. 19; Theodoret., lib. I, cap. 22; Chrysost., Hom. in Eustath., tom. II, p. 206.

3 Sed quoniam qui obtrectandi studio ducuntur, plurimos seduxerunt, ab Origenis lectione veluti impii eos avertentes; non incommodum fore arbitror pauca de illis disserere viles homines et obscuri, qui per se ipsi inclarescere non possunt, ex potiorum vituperatione famam aucupari conantur. Laboravit hoc morbo primum Methodius..... deinde Eustathius, qui exiguo temporis spatio Antiochensem Ecclesiam rexit. Socrat., lib. VI, cap. 13. -Socrat., lib. II Hist., cap. 4, p. 83. Nous ne croyons pas qu'on puisse se fonder sur le témoignage de Nicéphore, qui le fait neveu de saint

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qui en ait écrit la Vie, encore n'est-elle pas venue jusqu'à nous; en sorte qu'on ne sait rien de sa famille ni du lieu de sa naissance. On croit néanmoins qu'il vint au monde à Césarée, métropole de la Palestine: au moins il est certain qu'il passa la meilleure partie de sa vie dans cette province, avant même d'y être évêque. Il parle de saint Denis d'Alexandrie comme son contemporain; ainsi cet évêque étant mort en 264, la

Pamphile, par sa mère, lib. VI Hist. eccles., cap. 37, p. 436, cet auteur étant trop éloigné du temps d'Eusèbe, pour être instruit d'une circonstance dont il ne paraît aucun vestige dans Eusèbe même, quoiqu'il parle souvent de saint Pamphile. Arius, dans sa lettre à Eusèbe de Nicomédie, apud Theodor., lib. I Hist., cap. 4, p. 537, appelle celui de Césarée frère de ce prélat, ce qu'il ne dit pas d'autres évêques, dont il parle dans cette même lettre. Cela donne quelque lieu de croire qu'ils étaient unis par le sang, et il est certain qu'ils l'étaient beaucoup par l'amitié; mais il n'y a pas d'apparence qu'ils fussent en effet frères, puisqu'Eusèbe de Nicomédie, écrivant à Paulin de Tyr, apud Theodoret., lib. I Hist., cap. 5, p. 538, nomme Eusèbe de Césarée son seigneur.

6 Vide Euseb. Cæsariens., in Epist. ad popul. Cæsαriens. Apud Socrat., lib. I Hist., cap. 8, p. 24.

7 Il dit lui-même qu'il était dans la Palestine, lorsque Constantin et Dioclétien y passèrent, vers l'an 296, lib. I de Vita Constantini, cap. 19. Il dit aussi dans sa lettre à son Eglise, apud Socrat., lib. I Hist., cap. 8, p. 24, que la formule de foi qu'il leur envoyait, après l'avoir fait approuver par le concile de Nicée, contenait la même doctrine qu'il avait apprise des évêques (de Césarée), ses prédécesseurs, «lors, ditil, que nous avons reçu les premiers éléments de la foi,et que nous avons été lavés dans le bain salutaire du baptême. ». -8 Lib. III Hist., cap. 28, p. 100.

Il vient à Antioche, et y connaît Dorothée, prêtre de

Il est admis dans le cler.

306. Sa liaiavec S.

Pan S

Pamphile.

Ses occu pations.

1

douzième année du règne de Gallien, on ne
peut mettre plus tard la naissance d'Eusèbe.
2. Étant venu à Antioche dans le temps
que Cyrille en était évêque, c'est-à-dire sur
la fin du IIIe siècle, il y connut particulière-
ment Dorothée, prêtre de cette Église, hom-
me très-savant dans les lettres humaines
et très-appliqué à l'étude de l'Écriture sainte :
il l'ouït souvent discourir avec suffisance sur
cette matière, ce qui a pu donner lieu à Tri-
thème de dire qu'Eusèbe avait eu ce Doro-
thée pour maître dans l'étude des divines
Écritures.

3

EUSÈBE, ÉVÊQUE DE CÉSARÉE EN PALESTINE.
retirer dans la Palestine. Cette persécution
enveloppa ensuite cette province comme les
autres; saint Pamphile" fut pris et mis en
prison sur la fin de l'an 307, et Eusèbe y fut 12
enfermé avec lui. Ce fut durant ce temps-là
qu'ils composèrent de concert les cinq pre-
miers livres de l'Apologie d'Origène, aux-
quels Eusèbe ajouta seul le sixième, après le
martyre de saint Pamphile arrivé le seizième
de février de l'an 309. Il écrivit 13 aussi la
Vie de ce saint martyr, et témoigna toujours
tant d'estime et d'affection pour lui, qu'on
l'appela depuis Eusèbe 1 de Pamphile, soit
qu'il eût pris lui-même ce surnom,
soit que
d'autres le lui eussent donné à cause de
l'amitié qu'ils avaient eue l'un pour l'autre.

5

3. A son retour à Césarée, il fut admis nan dans le clergé de cette Église par l'évêque Agape, qu'il loue pour sa grande application aux besoins de son peuple et pour son amour envers les pauvres. Cet engagement dans le clergé lui fournit l'occasion de connaître saint Pamphile, prêtre de la même Église, et de lier avec lui une amitié très-étroite. Ils demeuraient ensemble dans la même 6 maison et avaient les mêmes études et les mêmes occupations. Saint Apphien, qui fut martyrisé à Césarée en 306, demeurait avec eux et étudiait sous leur discipline la parole de Dieu; car il paraît qu'Eusèbe enseignait aussi les saintes Lettres dans l'école que saint Pamphile avait formée à Césarée et pour laquelle il avait ramassé de tous côtés ce qu'il avait pu trouver d'ouvrages des écrivains ecclésiastiques, particulièrement d'Origène.

Il fait connaissance

avec Mélèce, il est

8

4. Eusèbe eut encore l'avantage de faire S. Me- connaissance 10 avec saint Mélèce, évêque de mis en pri Pont, homme d'un profond savoir, que la Pamphile, persécution de Dioclétien avait obligé de se

son avec S.

vers l'an 307,

1 Antiochenæ Ecclesiæ post Domnum Timæus præfuit, cui successit Cyrillus. Sub hoc Dorothæum, virum doctissimum, Antiochenæ tum Ecclesiæ presbyterum cognovimus.... hunc nos sacras Scripturas in Ecclesia non inscite exponentem audivimus. Euseb., lib. VII Hist., cap. 32, p. 284.

2 Vide Chronic. Euseb., ad ann. 280 et 303.

3 Eusebius, Ecclesiæ Cæsariensis Palestinæ episcopus, cognomento Pamphili, Dorothæi Eunuchi, viri doctissimi quondam discipulus. Trithem, de Script. Eccles., cap. 57, p. 18 edit. Fabric.

Eusèbe nous apprend dans la lettre qu'il écrivit à son Eglise, après le concile de Nicée, qu'il avait été prêtre de Césarée avant d'en avoir été fait évêque. Sicut ipsi tum in presbyterio, tum in episcopali gradu constituti, et credidimus et docuimus ita nunc etiam credentes fidem nostram vobis exponimus. Euseb., in Epist. ad popul. Cæsariens.; apud Socrat., lib. I Hist., cap. 8, p. 24. Or, il n'y a point de temps qui convienne mieux à l'ordination d'Eusèbe que celui de l'épiscopat d'Agape, dont il n'aurait peut-être pas si

19

5. Eusèbe fit plusieurs voyages durant la persécution; il fut témoin 15 à Tyr des combats de quelques martys, entre autres de saint Ulpien. Il vit couronner à 16 Gaza saint Timothée, saint Pélée et saint Sylvain; en divers endroits de la Palestine 17, dans l'Égypte 18 et dans la " Thébaïde, un nombre presque infini d'hommes, de femmes et d'enfants, dont quelques-uns étaient illustres par leurs dignités, comme Philorome, intendant des finances, et Philéas, évêque de Thmuite; à Antioche, saint Romain; à Césarée, saint Procope, saint Alphée et plusieurs autres dont il rapporte l'histoire dans son livre des Martyrs de la Palestine. Il eut lui-même l'honneur de confesser Jésus-Christ et de souffrir la prison avec saint Potamon, évêque d'Héraclée. Ce Saint y perdit un œil, et Eusèbe en sortit sain et entier; ce qui occasionna le reproche 20 qu'on lui fit dans la suite, de s'être tiré des mains des persécuteurs en faisant quelque chose

bien connu les vertus, s'il n'eût été de son clergé. Son
étroite liaison avec saint Pamphile, le soin qu'il pa-
raît avoir pris de l'école de Césarée, sont encore des
preuves de sa cléricature.

6

Euseb., lib. VII Hist., cap. 32, p. 288.

Ipse Eusebius, amator et præco et contubernalis
Pamphili. Hieronym., lib. I in Rufin., p. 357, t. IV.
7 Eusebius, bibliothecæ divinæ cum Pamphilo martyre
diligentissimus pervestigator. Hieron., in Catal., c 81.
8 Euseb., lib. de Martyr. Palest., cap. 4, p. 323.
9 Hieronym., Epist. ad Marcell., tom. II, p. 711.
10 Euseb., lib. VII Hist., cap. 32. 11 Euseb., lib. de
Martyr. Palest., cap. 7, p. 329. 12 Phot., Cod. 118,
p. 295 et 296.-13 Euseb., lib. de Martyr. Palest., Cap. 11,
p. 336.
14 Hieron. Procem. de Loc. Hebraic., p. 382.

t. II; Phot., Bibl., cap. 13, p. 11; Socrat., Hist., c. 7,
p. 175.-15 Euseb., lib. VIII Hist., cap. 6.

16 Ibid., cap. 3.-171bid., cap. 13.-18 Ibid., cap. 8.
-19 Ibid., cap. 9.

20 Igitur Tyri in Phoenicia, catholica Ægypti Ecclesia et Athanasio subjecta, episcopi quidam advocati sunt,

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Son Épisco

pat, vers l'an 315.

contre sa conscience, même celui d'avoir sacrifié aux idoles : comme s'il n'y avait pas eu d'autres moyens de sortir de prison, et qu'il n'eût pu être délivré ou par artifice, ou par argent, ou par ses amis. Saint Potamon1 est le seul qui ait soupçonné Eusèbe du crime d'idolâtrie, encore n'avance-t-il ce fait que d'une manière douteuse : « Comment, lui ditil, êtes-vous sorti sain et sauf de prison, sinon parce que vous avez promis de sacrifier, ou peut-être même que vous avez sacrifié en effet?» Saint Jérôme, qui ne laisse échapper aucune occasion de reprocher à Eusèbe la perfidie arienne, ne lui reproche jamais d'avoir apostasié; et une preuve de son innocence à cet égard, c'est que le siége de l'Église de Césarée étant venu à vaquer par la mort d'Agapius, Eusèbe fut choisi pour le remplir, sans que personne lui opposât une chute si honteuse, qui l'excluait de droit nonseulement de l'épiscopat, mais de toutes les fonctions ecclésiastiques.

6. Il n'est pas aisé de fixer l'époque de son élection; mais on ne peut la mettre plus tard qu'en 315, temps où il se trouva avec plusieurs évêques à la dédicace de l'église de Tyr et

inter quos felicis memoriæ magnus ille Potamo fuit, Heraclea episcopus et confessor..... is Eusebium sedentem et judicantem, stantem vero Athanasium conspicatus: dolore confectus et illacrymans, magna voce adversus Eusebium invectus est. Et te ne, inquit, Eusebi, sedere et innocentem Athanasium a te judicari? Quis ista sustinere possit? Dic sodes nonne mecum persecutionis tempore in custodia fuisti? Atque ego quidem oculum pro veritate perdidi; tu nulla corporis parte mutilatus es, neque martyrium subiisti, sed vivus integerque consistis. Quanam ratione e custodia evolasti, nisi quod persecutoribus nostris nefarium te facinus admissurum te esse recepisti, vel etiam admisisti. Epiphan., Hæres. 68, num. 7.

1 C'est de lui qu'il faut entendre ce que dit saint Athanase, Apologet., p. 130, tom. I. Nonne Eusebius, Cæsarea Palestine episcopus, a confessoribus, qui nobiscum erant, accusatus est quod idolis sacrificasset.

2 Dans les souscriptions du concile d'Ancyre, en 314 ou 315, on trouve un évêque de Césarée en Palestine nommé Agricolaüs; ainsi Eusèbe n'aurait pas été successeur immédiat d'Agape; mais ces souscriptions, que nous n'avons qu'en latin, tom. I Concil., p. 1475, de la main d'Isidore Mercator, ne sont pas de grande autorité. Celles qui se trouvent à la fin de ce même concile, donné par M. Justel, Biblioth. Jur. canon., tom. I, p. 280, sur un manuscrit très-ancien, nous paraissent plus authentiques. Agricolaüs y est simplement qualifié évêque de Césarée; ce que le Synodique, apud Justell., Bibl. Jur. canon., tom. II, p. 1173, explique de Césarée en Cappadoce. En effet, Eusèbe ne compte nulle part cet Agricolaüs entre ses prédécesseurs. [Lequien, Oriens Christianus, laisse la question indécise.]

3 Apud Euseb., lib. X Hist., cap. 4, p. 371.

où il prononça, en leur présence et devant un grand peuple3, un panégyrique qu'il avait composé pour cette cérémonie.

Il prend la défense d'A

rius, veral an frappé d'ana

320, et est

theme par SAlexandre d'Alexan

7. Quelques années après, c'est-à-dire, vers l'an 329, Arius, qui avait commencé à faire paraître son hérésie dès l'année précédente, se voyant déposé de la prêtrise par saint Alexandre, son évêque, sollicita de tous drie côtés les évêques de prendre parti dans sa cause, en leur faisant entendre qu'on l'avait injustement condamné. Eusèbe, soit qu'il se fût laissé tromper par Arius, soit qu'il entrât véritablement dans ses sentiments, ce que nous examinerons dans la suite, écrivit plusieurs fois à saint Alexandre, en faveur de l'hérésiarque; mais, n'ayant pu venir à bout de le faire rétablir, il se joignit à Paulin de Tyr et à Patrophile de Soythople, pour obtenir dans un concile à Arius, et aux prêtres qui l'avaient suivi, permission de s'assembler à l'ordinaire dans leurs paroisses, avec le peuple qui en dépendait, à condition néanmoins qu'ils demeureraient soumis à leur évêque et qu'ils continueraient à le supplier de leur rendre sa communion. C'est d'après cela qu'on a conclu qu'Eusèbe était un des trois

6

Epiphan., Hæres. 69, num. 4, p. 730; Sozomène, lib. I, cap. 15, dit qu'Arius envoya des personnes solliciter pour lui.

5 Similiter autem Eusebius in epistola ad sanctum Alexandrum, præceptorem magni Athanasii, directa, cujus initium est: Cum quanta sollicitudine, vel cum quanta cura ad has litteras venerim; expressius blasphemans, sic ait de Ario et de ejus asseclis: calumnientur eos litteræ tuæ tanquam dicentes, quia Filius ex non existentibus factus est, sicut unus ex omnibus; at illi protulerunt epistolam quam ad te fecerant; in qua fidem suam exponentes, ipsis verbis hæc confitebantur legis videlicet et Prophetarum et novi Testamenti Deum genuisse Filium unigenitum ante tempora æterna, etc. Si ergo litteræ eorum veritate dicunt, utique apud te sunt: in quibus confitentur Filium Dei ante tempora æterna... et hoc quidem Eusebius ad memoratum Alexandrum; sed et aliæ ejus ad eumdem virum sacratum feruntur, in quibus inveniuntur variæ blasphemiæ, illos qui circa Arium sunt defendentes. Conc. Nic. II, act. 6, tom. VII Conc., p. 495.

6 Cum Alexandriæ hic rerum status esset, qui cum Ario erant necessarium sibi esse arbitrati, ut cujusque civitatis episcorum benevolentiam præriperent, legationem ad eos mittant..... collecta igitur apud Bithyniam synodo, ad omnes ubique episcopos scripsere, ut cum Arii fautoribus tanquam recte sentientibus communicarent, darentque operam ut Alexander cum iisdem communicaret; sed cum conatus ipsorum, nequaquam ipsis ex voto succederet, Alexandro nullatenus cedente, Arius legatos mittit ad Paulinum, episcopum Tyri et ad Eusebium Pamphili, qui Cæsariensis in Palestina regebat Ecclesiam, et ad Patrophilum, Scythopolitanum antistitem; petitque ut sibi una cum sociis concederetur plebem sibi adhærentem in Ecclesia colligere, eumdem quem

Eusèbe assiste au con

cée, en 825 ou 826.

Il écrit à

son Église en avait reçu le

quel sens il

symbole de

la consubs

[IVE SIÈCLE.]

CHAPITRE IX. -EUSÈBE, ÉVÊQUE DE CÉSARÉE EN PALESTINE.

évêques dont saint Alexandre se plaint dans
sa lettre à saint Alexandre de Constantino-
ple; et ce sentiment paraît d'autant plus vrai-
semblable, qu'Arius, écrivant à Eusèbe de Ni-
comédie, dit que celui de Césarée avait été
frappé d'anathène par Alexandre d'Alexan-
drie, parce qu'il disait, avec tous les Orien-
taux, que Dieu est avant son Fils, sans com-
mencement. En effet, Eusèbe écrivait en ce
temps-là à un évêque nommé Euphration,
le Christ n'est pas le véritable Dieu, ni
que
coéternel à son Père.

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8. Pour terminer les disputes qui augmencile de Ni- taient de jour en jour au sujet d'Arius et de sa doctrine, l'empereur Constantin résolut, par le conseil des évêques, d'assembler un concile œcuménique à Nicée, l'une des principales villes de la Bithynie, voisine de Nicomédie, où il résidait. Eusèbe de Césarée y assista et signa la condamnation d'Arius. Il approuva aussi le mot de consubstantiel, qu'il avait combattu le jour précédent et proposa une formule de foi à laquelle les Pères du concile ne trouvèrent presque rien à ajouter,

tantialité du Fils.

7

prius obtinentibus gradum; hunc enim morem esse
Alexandriæ, qui etiamnum manet, ut sub uno episcopo
qui omnibus præest, presbyteri separatim Ecclesias ob-
tineant et populum ad illas convenire solitum colligant.
Illi vero una cum aliis episcopis in Palæstina congre-
gati, Arii petitioni subscripserunt, hortantes ut plebem
quidem colligerent sicuti antea facere consueverant,
Alexandro tamen subjecti essent, ac sine intermissione
et supplicarent ut ejus pace ac communione fruerentur.
Sozomen., lib. I Hist., cap. 15, p. 428.

1 Apud Theodoret., lib. I Hist. eccles., c. 3, p. 531.
2 Et quoniam Eusebius, frater tuus, et omnes Orien-
tales, Deum asserunt sine principio ante Filium existere,
anathemate damnati sunt. Apud Theodoret., lib. I
Hist. eccles, cap. 4, p. 537.

3 Antequam Nicæna synodus celebraretur... Eusebius Palæstinæ ad Euphrationem scribens episcopum non timuit dicere Christum non esse verum Deum. Athanas., lib. de Synod., tom. II, p. 730. Vide etiam Conc. Nic. II, act. 6, p. 498, t. VII. Nous n'avons plus cette lettre; on croit qu'Euphration, à qui elle était adressée, est celui qui était alors évêque de Bagnias ou Balania, et qui fut chassé de son siége par les ariens, ainsi que le dit saint Athanase, Apolog. de fuga, p. 321, tom. I. -Rufin., lib. I Hist., cap. 1.

5 Omnes Secundo et Theona acceptis Arium abdicarunt. Theodoret., lib. I Histor., cap. 6.

6 Ipse Eusebius, Cæsarea in Palæstina episcopus, qui pridie restiterat, postea subscripsit, hancque Ecclesiæ fidem et Patrum traditionem esse, missis ad suam Ecclesiam litteris significavit. Athanas., de Synod. decret., p. 210, tom. I.

7 Hac a nobis exposita fide, nulli erat contradicendi locus; sed primus ipse piissimus noster imperator, rectissima esse quæ illa continebat, est testatus; sicque se quoque sentire confessus est, atque omnes est cohortatus ut hanc amplecterentur fidem, hisque subscriberent et

171

que ce terme. Ensuite il écrivit une grande
lettre à son Église, pour lui expliquer en quel'
sens il avait signé la consubstantialité, et lui
envoya en même temps le symbole de Nicée;
il reconnaissait, après l'avoir bien examiné
particulièrement l'article où le Fils est dit
consubstantiel au Père, qu'il ne contenait rien
que de conforme à la bonne doctrine.

9. Eusèbe rapporte, en parlant de ce qui
se passa au concile de Nicée, que' l'évêque
qui était assis à la droite de l'empereur, ha-
rangua ce prince à son entrée dans le con-
cile, rendant grâces et gloire à Dieu pour lui.
Théodoret 10 croit que cet évêque était saint
Eustathe d'Antioche, et Théodore de Mop-
sueste" dit que ce fut saint Alexandre d'Ale-
xandrie; mais 12 Sozomène et Nicétas 13 préten-
dent que cet honneur fut déféré à Eusèbe
Pamphile; et cela est d'autant plus vraisem-
blable, qu'en un autre endroit Eusèbe lui-
même nous assure qu'il avait eu l'honneur,
en la vingtième année du règne de Constan-
tin, de relever la grandeur de ses victoires,
par un discours qu'il prononça, dit-il, en pré-

14

assentirent dogmatis, una tantum adjecta voce consubs-
tantialis.... illi autem ob hujusce vocis consubstantialis
additamentum sequentem formulam composuere. Euseb.,
Epist. ad Cæsariens.; apud Athanas., de Decret. hic
Synod., p. 240, tom. I.

8 Re item examinata, confirmatam est Filium esse Patri consubstantialem, non corporum aut mortalium animantium more: neque enim id fieri divisione substantiæ aut præcisione, neque aliqua conversione aut mutatione substantiæ et virtutis Patris, ab his enim omnibus alienam esse non factam Patris naturam, verum hisce verbis, consubstantialem Patri, indicari nullam Filio Dei cum factis et creatis rebus esse similitudinem, sed soli Patri qui ipsum genuit, omni modo similem esse, neque ex alia quam ex Patris hypostasi et substantia esse. Cui voci hoc modo explicatæ assentiri rectum nobis visum est, quandoquidem exploratum habemus, veteres quosdam eruditos et illustres episcopos, ac scriptores, cum de Patre ac Filio dissererent, voce ibidem. consubstantialis usos esse. Euseb.,

• Tum ex episcopis, is qui in dextra parte primum locum obtinebat, consurgens, modica oratione imperatorem allocutus est propter illum gratias et laudes perhibens omnipotenti Deo. Euseb., lib. III de Vita Constantini, cap. 11.

10 Theodoret., lib. I Hist. eccles., cap. 1, p. 141. 11 Apud Nicetam Choniat., lib. V Thesaur. orthodox. fidei, cap. 7 Biblioth. Patrum, tom. XXV, p. 152. 12 Sozomen., lib. I Hist., cap. 19. p. 433. 13 Loco proxime citato.

14 Nos quoque ipsi nuper eumdem victorem ac triumlaudaphatorem cætu famulorum Dei circumseptum, tione in ejus vicennalibus dicta venerati sumus. Euseb., Prooem. de Vita Constantini, p. 405. Cette époque revient à celle du concile de Nicée, qui, selon le même auteur, lib. IV de Vita Constant., p. 550, se tint en la vingtième année du règne de Constantin.

Sic est de lui-même quand il dit qui était àste de l'empe

qu'il parle que l'évêque sis à la droireur, lui fit

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un discours

dans le con

son entrée cile.

Ses liai

sons avec les ariens, trouve avec

eux au con

1

sence des saints évêques au milieu desquels ce prince se trouvait. M. de Valois paraît persuadé qu'en ces deux endroits Eusèbe parle du même discours, et je ne vois pas qu'il y ait raison d'en faire deux. Le sujet, le temps et les autres circonstances n'ont rien de différent.

10. La soumission d'Eusèbe aux décrets du il se concile n'empêcha pas que, dans la suite, on cile d'Antio- ne le soupçonnât dans sa foi; et il faut avouer sydéposent qu'il en donnait occasion par ses liaisons avec Eustathe, ceux qui favorisaient le parti d'Arius. Saint

che en 331 et

ensemble S.

évêque de cette ville.

Eusèbe est favorable à

Gaze. perse

Eustathe d'Antioche, en particulier, l'attaqua et l'accusa d'avoir altéré la confession de foi de Nicée. Eusèbe soutenait qu'il ne s'en était point écarté, et accusait Eustathe d'introduire le sabellianisme. Eusèbe de Nicomédie, étant venu ensuiteen Palestine, y conféra avec Eusèbe de Césarée et les autres évêques de ces quartiers-là, dit Théodoret, qui étaient infectés de l'hérésie arienne. De là ils furent ensemble à Antioche, où, dans un concile qu'ils y tinrent en 331, ils déposérent saint Eustathe, sous le prétexte d'un crime honteux et de sabellianisme, mais en effet parce qu'il s'était déclaré contre Eusèbe, Paulin de Tyr et Patrophile de Scythople, qu'il accusait ouvertement d'être ariens.

11. Les ariens avaient aussi fait chasser

5

Asclepas de Asclépas de Gaze de son Église, et quoicuté par les qu'Eusèbe, choisi par le concile d'Antioche fuse l'évêché pour examiner son affaire, l'eût7 jugé inno

ariens. Il re

d'Antioche.

cent du crime dont on l'accusait, il ne laissa pas de rester privé de son siége. Il se présenta au concile de Sardique en 347, et y produisit les procédures faites à Antioche, en présence de ses accusateurs. Son innocence y fut reconnue par l'avis de ceux qui l'avaient jugé, c'est-à-dire d'Eusèbe et des autres évê

1 In Not. Euseb., p. 200.

2 Sozomen., lib. II Hist., cap. 19, p. 469. 3 Ibidem.

Hist. eccles., lib. I, cap. 20, p. 568.

5 Sozomen., lib. II Hist., cap. 19, p. 469. Idem refert. Socrat., lib. I Hist. cap. 23, p. 58. Huc refert. Theodoret., lib. I Hist. eccles., cap. 20, p. 568.

6 Athan., in Apol. de fug., p. 321, tom. I.

7 Asclepas autem comminister monumenta protulit, Antiochiæ, præsentibus accusatoribus et Eusebio Casarea episcopo, edita, et ex sententiis episcoporum qui eum judicabant, se innocentem esse demonstravit. Athan., Apolog. contr. Arian., p. 165, tom. I.

8 Constantius igitur, Athanasio, Paulo atque Marcello; Asclepæ item ac Lucio, quorum alter Gaza, alter Adrianopolis erat episcopus, sedes suas restituit, nam et isti a Sardicensi concilio suscepti fuerant; Asclepas quidem cum acta protulisset ex quibus constabat Eusebium Pamphili, una cum pluribus aliis de ipsius negotio cognos

ques nommés pour informer touchant sa conduite, et en suite de ce jugement, Constantius le renvoya à son Église. Saint Eustathe ayant été déposé, comme nous avons dit, par le concile d'Antioche, on voulut mettre Eusèbe en sa place. Les eusébiens en écrivirent, au nom du concile, à l'empereur, lui marquant qu'il désirait cette translation, et le que peuple d'Antioche y consentait. C'était une fausseté, au moins à l'égard d'un très-grand nombre d'habitants, qui restèrent attachés à saint Eustathe. Eusèbe ne jugea pas à propos de quitter son Église pour passer à une autre, quoique beaucoup plus considérable; et le refus qu'il en fit lui attira de grands éloges de la part de Constantin. Ce prince, dans la réponse 10 qu'il fit à la lettre qu'Eusèbe lui avait écrite sur ce sujet, le loue de l'attachement qu'il avait fait paraître, en cette occasion, à la discipline ecclésiastique, qui défendait ces sortes de translations, et le fe de ce que presque tout le monde le juge digne de gouverner non-seulement l'Église d'Antioche, qui était la troisième du monde, mais encore quelque autre Église que ce fût. Constantin écrivit" en même temps aux évêques assemblés à Antioche, et en particulier 12 au peuple de cette ville, pour les détourner du dessein d'élire Eusèbe. « Je connais, dit-il, depuis longtemps sa doctrine et sa modestie, et j'approuve la bonne opinion que vous en avez; mais il ne faut pas, pour cela, renverser ce qui a été sagement établi, ni priver les autres de ce qui leur appartient. >>

12. Constantin donna en plusieurs autres occasions des témoignages de son estime pour Eusèbe. Il lui écrivait 13 souvent, le faisait 1 manger à sa table et s'entretenait 15 familièrement avec lui, ce qui donna lieu à Eusèbe

centem, pristinum dignitatis gradum ipsi reddidisse. Socrat., lib. II Hist., cap. 23, p. 111.

9 Sozomen. lib. II Hist., cap. 19, p. 469.

10 Epistolam tuam sæpius legi et ecclesiastica disciplinæ regulam accuratissime a te observatam cognovi. Enimvero in ea sententia perstare que et Deo accepta et apostolicæ traditioni congrua esse videatur, summæ pietatis est. Tu quidem beatum te in hoc ipso existimare debes, qui totius propemodum orbis testimonio, dignus universæ Ecclesiæ episcopatu judicatus sis, nam cum omnes te apud se episcopum esse ambiant, hanc tuam felicitatem sine controversia adaugent. Apud Eusebium, lib. IIl de Vita Constantini, cap. 61, p. 518. 11 Ibid., cap. 62, p. 519.12 Ibid., cap. 60, p. 516. 13 Apud Euseb., de Vita Constant., lib. II, cap. 45 et 46, p. 464 et 465. Item, lib. III, cap. 51 et 52, p. 508 et 509. Item, lib. IV, cap. 36, p. 543.

14 Lib. IV de Vita Constant., cap. 46, p. 550. 15 Ibid., lib. I, c. 28, p. 422, et lib. II, c. 8, p. 447.

Il est aimé

de l'empereur Constantin.

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