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2. L'édit de la persécution du 24 février 303, par lequel il était ordonné d'abattre les églises et de brûler les livres sacrés, ayant été apporté en Afrique, fut affiché à Thibare, dans l'Afrique proconsulaire, le cinquième jour de juin de la même année. Félix, évêque de ce lieu, étant allé ce jour-là à Carthage, Magnilien, curateur de la ville, obligé, en qualité de magistrat, de faire exécuter l'édit, se fit amener les autres ecclésiastiques, savoir: Aper, -prêtre; Cyrus et Vital, lecteurs, et il leur dit: «Avez-vous les livres divins?» Aper dit: «Nous les avons.» Magnilien dit : « Donnez-les, afin qu'on les brûle. » Aper dit : « Notre évêque les a chez lui.>> Magnilien fit mettre les confesseurs entre les mains des officiers, jusqu'à ce qu'ils rendissent compte de leur conduite au proconsul Anulin, qui gouvernait alors l'Afrique. L'évêque Félix étant revenu le lendemain de Carthage, Magnilien ordonna qu'on le lui amenât, et lui dit: « Évêque Félix, donnez tous les livres et tous les parchemins que vous avez.>> Félix dit « Je les ai, mais je ne les donnerai pas. »Magnilien les lui demanda de nouveau pour les brûler. L'évêque répondit: «Il vaut mieux qu'on me brûle moi-même que ces

1 Les Actes de Théodote sont très-longs; ils sont chargés de discours diffus et étudiés et même de harangues; on y trouve une grande affectation d'érudition, mêlée de comparaisons et de citations de l'Écriture. Les visions, les révélations, les voix du ciel y sont fréquentes; on y trouve des prodiges et des faits extraordinaires. Les tourments qu'on fait souffrir au martyr sont cruels et multipliés; ses discours au juge sont acerbes. Tout ce qui regarde le prêtre Fronton paraît peu s'accorder avec la simplicité d'une pièce originale; et pourtant ces Actes sont

Écritures divines. Le curateur le renvoya en lui disant de penser à ce qu'il avait à faire. Le troisième jour il le fit venir, et lui dit : «< Y avezvous bien pensé?» Félix dit : «Ce que j'ai dit d'abord, je le dis maintenant, et je le dirai encore devant le proconsul.» Sur cela, Magnilien le fit conduire à Carthage, le 24 de juin. Quand il y fut arrivé, le proconsul lui dit : «Que ne donnez-vous ces Écritures inutiles ?> Félix répondit : «Elles ne sont point inutiles, et je ne les donnerai pas.» Anulin le fit mettre au fond de la prison, et, au bout de seize jours, il se le fit amener sur les dix heures du soir, et lui dit : « Que ne donnez-vous ces Écritures inutiles?» Félix ayant refusé de les donner, le proconsul ordonna qu'on le mènerait au préfet du prétoire, qui pouvait être alors en Afrique, Le préfet le fit mettre en prison avec des chaînes plus pesantes, et neuf jours après, il ordonna qu'on l'embarquerait pour le mener aux empereurs. L'évêque Félix entra dans le vaisseau, chargé de ses grosses chaines, et demeura dans le fond de cale pendant quatre jours sans boire et sans manger, couché entre les pieds des chevaux. Le vaisseau prit terre en Sicile, au port d'Agrigente. Le confesseur y fut reçu avec grand honneur par les chrétiens de la ville; il en fut de même à Catane, à Messine et à Tauromine. A Venouse, dans la Pouille, le préfet fit ôter les chaînes à Félix, et lui dit : « Que ne donnezvous les Écritures; est-ce que vous ne les avez pas?» Il répondit : « Je les ai, mais je ne les donnerai pas. » Le préfet ordonna qu'on lui tranchât la tête.

3. Arrivé au lieu du supplice, le 30 d'août, le martyr éleva les yeux au ciel et dit tout haut: « Je vous rends grâces, mon Dieu; j'ai vécu cinquante-six ans en ce monde, j'ai gardé la virginité, j'ai conservé l'Évangile, j'ai prêché la foi et la vérité. Seigneur Jésus-Christ*, Dieu du ciel et de la terre, je baisse la tête pour vous être immolé, à vous qui vivez éternellement.»> Ce même jour la lune devint rouge comme du sang.

reconnus, avec raison, comme très-authentiques et même originaux. Voy. Honoré de Sainte-Marie, tom. II. 4e Diss., art. 12, p. 73. (L'éditeur.)

Dans quelques-uns ils sont appelés Aper, Cyrus et Vital; en d'autres, Janvier, Fortunace et Septimin. 3 Melius est me igne aduri, quam Scripturas deificas. Ruinart, Act. sincera Martyr., p. 356.

↳ Domine Deus cœli et terræ, Jesu Christe, tibi cervicem meam ad victimam flecto, qui permanes in æternum; cui est claritas et magnificentia in sæcula sæculorum, Ibid., p. 357.

Pag 357.

meurt par at 503.

le glaive le 30

Les Actes de S.Vincent

de

ARTICLE IV.

SAINT VINCENT, DIACRE ET MARTYR.

1. On voit, par Prudence, qu'en quelques sont dignes endroits d'Espagne, les persécuteurs qui faisaient la recherche des Livres saints, pour les brûler, empêchaient aussi qu'on n'écrivît les Actes des martyrs. Il le dit1 en termes exprès des SS. Hémetère et Quélidoine, martyrisés à Calahorra, ville sur l'Ebre, dans la vieille Castille, et il n'est pas hors d'apparence qu'ils l'aient empêché encore ailleurs; c'est la raison pour laquelle les Actes que nous avons de plusieurs martyrs d'Espagne, sous Dioclétien, ne sont pas originaux. Celui qui a écrit ceux de saint Vincent remarque que le juge ne voulut pas que l'on tînt registre de ce qui se passait à l'égard du Saint, et qu'il a été obligé de composer la relation de son martyre, sur la déposition de diverses personnes qui, apparemment, en avaient été témoins oculaires, puisqu'il l'écrivit aussitôt après la paix de l'Église, peu d'années depuis la mort du Saint. Ce qu'il nous en dit est si conforme à ce que nous en trouvons dans les sermons que saint Augustin a faits en l'honneur de saint Vincent, qu'on ne peut douter raisonnablement que les Actes de son martyre, que nous avons aujourd'hui, ne soient les mêmes qu'on lisait publiquement dans l'église, du temps de ce saint docteur. Ils s'accordent aussi, dans les principales circonstances, avec ce que Prudence dit de saint Vincent, dans son hymne cinquième. Remarque importante, car Prudence, étant Espagnol et ayant vécu dans le même siècle que saint Vincent, pouvait être fort instruit de ce qui s'était passé à son martyre.

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tâcha d'abord de les gagner par une fausse douceur, en les exhortant à plutôt sacrifier aux dieux, suivant les ordres des empereurs, qu'à s'exposer à tous les tourments dont on punirait leur désobéissance. Valère ne répondant point, à cause de la difficulté de sa langue, Vincent lui dit : «<Mon père, si vous l'ordonnez, je répondrai.»-«Mon fils, dit Valère, comme je vous ai confié depuis longtemps la parole de Dieu, je vous charge aussi de répondre pour la foi que nous soutenons ici. » Alors Vincent prit la parole, déclara qu'ils étaient chrétiens et qu'ils n'adoraient qu'un seul et vrai Dieu, et Jésus-Christ Notre-Seigneur, Fils unique de Dieu, qui n'est qu'un Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, pour lequel ils étaient prêts à tout souffrir, même la mort. Dacien envoya l'évêque Valère en exil, et fit étendre Vincent sur le chevalet avec tant de violence, qu'on lui arracha presque les membres. Cependant Vincent disait : «Voilà ce que j'ai toujours désiré, voilà le but de mes vœux. » Dacien, s'en prenant aux bourreaux, comme s'ils eussent épargné le martyr, les fit battre de verges et de bâtons. Ensuite il commanda qu'on étendit Vincent sur un gril en forme de lit de fer, Hymn.5 Act. rouge et posé sur le feu, qu'on le brûlât encore par-dessus, en lui appliquant des lames de fer toutes rouges sur les membres et sur la poitrine, et qu'on jetât du sel sur le feu, afin qu'en pétillant il rejaillit sur son corps et pénétrât par les plaies jusqu'au fond de ses entrailles. Dans un supplice si cruel, le martyr demeurait immobile, comme s'il n'eût ressenti aucune douleur, et priait les yeux élevés vers le ciel. Dacien le fit ôter de là et le renvoya en une prison obscure semée de pots cassés, pour renouveler ses plaies; il y fut enfermé seul, les pieds étendus dans des ceps de bois. Le martyr s'y endormit, et, à son réveil, il trouva le cachot éclairé d'une lumière céleste, ses pieds en liberté et hors des ceps de bois, les tests changés en fleurs; il vit une troupe d'anges avec qui il chanta les louanges de Dieu. Les gardes, voyant cette lumière et entendant cette mélodie, regardèrent par les fentes de la porte, et virent le Saint qui se promenait en chantant : ils furent touchés de ce miracle et 76.

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Prud Mart., p. 374, et p 369.

Pag. 370.et

876.

Pag. 371 et

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Pag. 372

nouveau. Les fidèles de la ville accoururent pour lui donner du soulagement; ils baisaient ses plaies et les essuyaient avec des linges', pour garder son sang chez eux, comme la bénédiction de leurs familles. Mais à peine eutil été couché sur le lit qu'on lui avait préparé, qu'il mourut. Dacien fit jeter le corps dans un champ pour être déchiré par les bêtes, de peur que les chrétiens n'enlevassent ses reliques et ne lui dressassent un monument, comme à un martyr. Mais un corbeau le défendit contre les autres oiseaux, et chassa même un loup qui voulait en approcher. Le gouverneur, ne cédant point à ce prodige, fit coudre le corps du Saint dans un sac attaché à une meule de moulin, et commanda qu'on le jetât en haute mer. Cet expédient lui fut encore inutile; le corps arriva à terre avant ceux qui l'avaient jeté dans la mer. Le Saint apparut ensuite à un saint homme, et lui marqua l'endroit du rivage où était son corps. Comme cet homme hésitait, doutant si cette vision était véritable, le saint martyr révéla la même chose à une pieuse veuve nommée Jonique; celle-ci le fit savoir à plusieurs autres chrétiens, et, les ayant menés avec elle, ils trouvèrent le corps du Saint dans du sable que la mer avait amassé autour de lui pour le couvrir, et le portèrent à une petite église où ils l'enterrèrent. Mais, la paix ayant été rendue aux chrétiens, on le transporta avec la révérence qu'il méritait en une autre église hors des murailles de Valence, où on le déposa sous l'autel; et Dieu accorda une infinité de grâces par ses mérites, à la louange et à la gloire de Jésus-Christ 3.

1 Delatus namque martyr Dei ad lectulum, ac piis Sanctorum manibus in strati mollitie repositus, mox preliosam resolutus in mortem cœlo spiritum reddidit. Videres circumstantium frequentiam sancti vestigia certatim deosculando prolambere, vulnera totius laceri corporis pia curiositate palpare, sanguinem linteis excipere, sacra veneratione posteris profuturum. Ruinart, Act. sinc. Mart. r.371.-Itaque propter Gentilium furorem,non valentes eum digno venerationis tumulare cultu, ad quamdam parvulam detulerunt basilicam. Tandem autem cessante perfidcrum crudelitate, et fidelium crescente devotione, beatissimus martyr ad sepulturæ honorificentiam inde levatus, digna cum reverentia deportatur et sub sacro altari, extra muros ejusdem civitatis Valentiæ, ad quietem reponitur; ubi ipsius meritis divina multipliciter

ARTICLE V.

LES ACTES DES SAINTS SATURNIN, DATIVE ET AUTRES, MARTYRS A CARTHAGE.

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Les Actes du martyre de S.Saturuin en 304, sont

1. On ne doute pas que les Actes que nous avons aujourd'hui du martyre des saints Saturnin, Dative et autres, martyrs de Carthage, sincères ne soient les mêmes que ceux qui furent produits par les catholiques et par les donatistes dans la grande conférence de Carthage, en 411, et que l'on y reconnut de part et d'autre pour authentiques. Il en faut néanmoins excepter ce que l'on y trouve, à la fin et au commencement, contre Mensurius et les autres catholiques. Car il est visible que c'est une addition faite par quelque donatiste habile, aux extraits des registres publics produits dans cette conférence. Les Actes que les donatistes produisirent étaient datés du 12 février, sous le neuvième consulat de Dioclétien et le huitième de Maximien, c'est-à-dire en 304.

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2. Ce fut en ce temps-là que, malgré la défense faite aux chrétiens de tenir des assemblées ecclésiastiques, il s'en tint une en la ville d'Abitine, dans la Proconsulaire, chez un nommé Félix Octave. Pendant que les fidèles y célébraient les divins mystères, suivant la coutume, l'officier du guet et les magistrats de la ville y vinrent les surprendre. Ils arrêtèrent Saturnin, prêtre, et ses quatre enfants, Saturnin le jeune et Félix, lecteurs, Marie, vierge consacrée à Dieu, et Hilarien encore en bas âge. Ils arrêtèrent aussi le sénateur Dative, Félix, Émérite, un autre Félix, Ampèle, Cassien, Cécilien, Dacien et plusieurs autres; en tout, quarante-neuf, tant hommes que femmes. Les confesseurs marchèrent gaîment à la place où on les conduisit, ayant à leur tête Dative et le prêtre Saturnin, accompagné de ses enfants. Dans cette même

præstantur beneficia ad laudem et gloriam nominis Christi, qui cum Patre et Spiritu Sancto vivit et regnat Deus. Ibid., p. 373, et Prudentius, ibid., p. 378.

3 Honoré de Sainte-Marie montre encore ici que ces Actes sont bien éloignés de la simplicité tant demandée par certains critiques. (L'éditeur.)

Act. sincera Martyr., p. 381.; Baron., ad an. 303, n. 38; Tillemont, Hist. eccles., tom. V. p. 231 et 677. 5 Gesta martyrum quibus ostendebatur tempus persecutionis, consulibus facta sunt Diocletiano novies et Maximiano octies, pridie Idus februarias. Augustin., in Breviculo collat., diei 3, cap. 17.

6 Ibi celebrantes, ex more, Dominicum, a coloniæ magistratibus atque ab ipso stationario milite apprehenduntur. Ruinart, Act. sinc. Martyr., p. 382.

Analyse de ces Actes. Act. sine. Mart, p. 882

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place, Fundanus, évêque de la ville, avait livré les Écritures divines; et quand le magistrat les eut mises dans le feu, quoique le ciel fût serein, il vint tout d'un coup une grande pluie avec une grêle, qui éteignit le feu et dévasta tout le pays. Dative, Saturnin et les autres, ayant confessé Jésus-Christ, furent chargés de chaînes et conduits à Carthage.

3. Le proconsul Anulin, à qui on les présenta de la part des magistrats d'Abitine, sachant pourquoi on les avait arrêtés, demanda à Dative de quelle condition il était, et s'il avait assisté à l'assemblée. Il répondit qu'il était chrétien et qu'il avait assisté à l'assemblée. Le proconsul lui demanda qui avait présidé. Dative refusa apparemment de le dire, puisqu'on ordonna aussitôt de le mettre sur le chevalet, de l'étendre et de préparer les ongles de fer. Les bourreaux lui avaient déjà mis les côtés à nu et tenaient leurs instruments tout prêts, lorsque Thélique, se jetant au milieu d'eux, s'écria: «Nous sommes chrétiens, nous avons fait l'assemblée.» Anulin, irrité de ces paroles, lui fit donner de grands coups, le fit étendre sur le chevalet et déchirer avec les ongles de fer. Thélique, au milieu de ces tourments, rendait grâces à Dieu et le priait de délivrer ses serviteurs. Le proconsul lui demanda qui avait été le chef et l'auteur de l'assemblée. Il répondit : « C'est le prêtre Saturnin et tous les autres; » et il le lui montra, non pour le trahir, il savait bien qu'il était tout disposé au combat, mais pour montrer que la collecte avait été célébrée tout entière, puisqu'il y avait un prêtre. On continua à le tourmenter; et comme on redoublait les coups de dents de fer, et que le sang coulait en abondance de ses côtés, le proconsul lui insultait, en disant : « Commences-tu à sentir ce qu'il faut que tu souffres?» Il répondit: << C'est pour ma gloire : je commence à voir le royaume éternel. Seigneur Jésus-Christ, nous sommes chrétiens, vous êtes notre espérance; Dieu très-saint, Dieu très-haut, Dieu tout-puissant, nous vous rendons nos actions

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de grâces.» Anulin l'interrompit pour lui dire qu'il aurait dû obéir aux ordres des empereurs. Thélique répondit : « Je ne me soucie que de la loi de Dieu : je meurs pour elle. » Le proconsul ordonna de le mener en prison.

Confession de sainte 385.

4. Dative qui, pendant qu'on tourmentait Thélique, était resté étendu sur le chevalet, Victoire, p. répétait souvent qu'il était chrétien et qu'il avait assisté à l'assemblée. Fortunatien, avocat, frère de sainte Victoire, mais qui était païen, dit au proconsul: « C'est lui, seigneur, qui, en l'absence de mon père, tandis que nous étions ici, a séduit notre sœur Victoire et l'a menée de cette ville de Carthage, avec Restitude et Seconde, à Abitine. Il n'est jamais entré dans notre maison que pour attirer ces jeunes filles par ses persuasions. » Victoire, qui était une des quarante-neuf martyrs, s'écria avec une liberté vraiment chrétienne: «Je n'ai point été à Abitine avec Dative; ni lui, ni aucun autre ne m'a persuadé d'y aller. Je n'ai rien fait que de moi-même. J'ai assisté à l'assemblée et célébré le mystère du Seigneur avec mes frères, parce que je suis chrétienne.» On ne laissa pas de continuer à tourmenter Dative, et on le déchira tellement avec des ongles de fer, que l'on voyait le dedans de sa poitrine. Cependant il priait et demandait à Jésus-Christ la patience. Le proconsul, ayant fait cesser les tourments, lui demanda s'il avait assisté à l'assemblée. Il répondit qu'il y était arrivé comme on la tenait, et qu'il avait célébré le mystère du Seigneur avec les frères. On lui enfonça de nouveau les ongles de fer dans les côtés; et Dative, répétant sa prière, disait : « Je vous prie, Jésus-Christ, que je ne sois pas confondu.» Et il ajouta : « Qu'ai-je fait? Saturnin est notre prêtre. »

5. Le proconsul dit à Saturnin: «Est-ce toi qui les a assemblés contre la défense des empereurs?» Il répondit, étant inspiré du SaintEsprit : «Nous n'avons pas craint de célébrer le mystère du Seigneur, parce qu'on ne peut pas y manquer.»> Sur cette réponse, Anulin, ayant fait détacher Dative, qu'il envoya en prison,

Ici, comme dans beaucoup d'autres confessions, on trouve d'une manière expresse la croyance à la divinité de Notre-Seigneur. (L'éditeur.) — 5 Non curo nisi legem Dei. Pro ipsamorior. Ruinart, Act. sinc. Martyr. 6 In collecta fui et Dominicum cum fratribus celebravi, quia christiana sum. Ruinart, Act. Martyr., p. 385. 7 Rogo, ait, Christe, non confundar. Quid feci? Saturninus est presbyter noster. Ibid., p. 386.

8 Securi Dominicum celebravimus.... Quia non potest intermitti Dominicum. Ibid.

Confession du prêtre Samérite, lec

turnin etd Eteur P. 386

387.

Confession de Félix,

de quelques autres.

fit étendre Saturnin sur le chevalet, et lui demanda s'il était l'auteur de l'assemblée. Il dit : « Oui j'y ai été présent.» Alors le lecteur Emérite, qui, apparemment, avait quelque part à la maison où elle s'était tenue, ou qui y logeait avec Félix Octave, se présenta pour le combat, et dit : «C'est moi qui en suis l'auteur, puisqu'elle s'est faite dans ma maison. » Le proconsul, sans s'arrêter à cela, continua à interroger Saturnin, et comme il n'en put rien tirer qui le satisfìt, il le fit déchirer si rudement, qu'on lui voyait les os. Saturnin, craignant de mourir avant d'y être condamné, priait Dieu en ces termes : «Jésus-Christ, exaucezmoi. Je vous rends grâces, mon Dieu : commandez qu'on me coupe la tête1; Fils de Dieu, secourez-moi. » Anulin lui demanda encore pourquoi il avait tenu l'assemblée contre l'ordre des empereurs. Il répondit : «La loi l'ordonne, la loi l'enseigne.» Sur cela, il l'envoya en prison et fit approcher Emérite, à qui il demanda pourquoi il avait reçu les chrétiens chez lui. « Parce qu'ils sont mes frères, répondit-il, et que nous ne pouvons pas nous passer du saint mystère 3.» Le proconsul le fit étendre sur un chevalet, et comme le Saint priait au milieu des tourments, il lui demanda s'il avait chez lui les Écritures. «J'en ai, répondit Emérite, mais c'est dans mon cœur ; » et il ne voulut rien dire autre chose. Le proconsul fit cesser les tourments et mettre l'interrogatoire d'Emérite au greffe avec les autres, et dit : « Vous serez tous châtiés comme vos réponses le méritent.>>

4

6. La fureur du proconsul, rassasiée du sang d'Ampèle et des martyrs, commençait à se ralentir, lorsque Félix se présenta pour le combat. Le magistrat lui demanda s'il avait assisté à l'assemblée, et s'il avait quelques Écritures. Félix dit: «Les chrétiens ne peuvent se passer du mystère du Seigneur, ni le mystère se célébrer sans les chrétiens. Nous avons célébré la collecte avec grande religion: nous nous assemblons toujours pour lire les Écritures divines.» Le proconsul, irrité de cette réponse, le fit assommer à

coups de bâtons. Un autre Félix fit la même

1 Rogo, Christe, exaudi me. Gratias tibi ago, Deus. Jube me decollari. Rogo, Christe, miserere: Dei Fili, subveni. Ibid.

2 Lex sic jubet, lex sic docet. Ibid.

3 Non poteram, quia sine Dominico non possumus. Ibid., p. 387.

4 Quo cognito, proconsul: Parce, inquit, ejusque professionem in memoriam, una cum cæterorum confessionibus redigens. Ibid.

Quasi christianus sine Dominico esse possit; aut Dominicum sine christiano celebrari? An nescis, Sata

confession, et fut traité de la même manière. Suivit Ampèle, gardien fidèle de la loi et des Écritures divines, à qui le proconsul demanda s'il avait assisté à la collecte. Il répondit : «J'y ai assisté avec mes frères; j'ai célébré le mystère du Seigneur, je porte avec moi les Écritures divines; mais c'est dans mon cœur qu'elles sont écrites. » Cette réponse lui attira plusieurs coups, que le proconsul lui fit donner sur la tête, et ensuite la prison. Rogatien, Quintus, Maximien et le jeune Félix confessèrent la même chose, et furent mis en prison, après avoir été frappés à coups de bâtons.

Confess de S. Sat

7. Le proconsul fit approcher le jeune Saturnin, fils du prêtre Saturnin, et lui demanda s'il nin le jeu avait assisté à la collecte. Il répondit : « J'y ai assisté, parce que Jésus-Christ est notre Sauveur.»> A ce mot de Sauveur, Anulin, en colère, fit étendre Saturnin sur le chevalet où avait été son père, et l'interrogea de nouveau s'il avait assisté à l'assemblée et s'il n'avait pas quelques livres des Écritures. Il ne répondit autre chose, sinon qu'il était chrétien et qu'après le nom sacré de Jésus-Christ, le plus saint est celui de chrétien. Anulin le fit tourmenter cruellement. Cependant le martyr criait à haute voix : «J'ai les Écritures divines, mais c'est dans mon cœur ; et il priait Jésus-Christ de lui donner la patience. On l'envoya en prison; et comme la nuit s'approchait et que les bourreaux étaient fatigués, le proconsul, ne pouvant plus attaquer chacun des confesseurs en particulier, leur dit que si quelqu'un d'entre eux voulait obtenir grâce, il eût à se déclarer au plus tôt. Mais tous, animés du feu du Saint-Esprit, s'écrièrent: «Nous sommes chrétiens; » et ils furent à l'instant menés en prison, en attendant qu'on les fit mourir.

8. Les femmes et les vierges eurent aussi part au combat, et Victoire vainquit pour toutes. Elle était distinguée par sa naissance et par sa beauté, et plus encore par sa vertu. Ses parents voulant la contraindre à se marier, comme elle était presque au milieu de la solennité des noces, elle se jeta par une fenê

nas, in Dominico christianum et in christiano Dominicum constitutum, ut nec alterum sine altero esse valeat? Cum nomen audieris, frequentiam Domini disce : et cum collectam audieris, nomen agnosce... Collectam gloriosissime celebravimus, ad Scripturas dominicas legendas, in Dominicum convenimus semper. Ibid.

6 Cum puella nolens et reluctans in nuptias a parentibus cogeretur, invitæque sibi traderent sponsum parentes, ut prædonem fugeret, clam sese per præceps puella demittit, aurisque famulantibus supportata incolumis gremio terræ suscipitur. Neque fuerat postmo

Confess de Victor

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