Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Témoigna

phètes tou

la divinité

du Fils.

4.

Lib. V, cap.

Prov. viii.

est prêtre éternel selon l'ordre de Melchisédech, c'est-à-dire qu'il ne reçoit pas l'onction de la main des hommes, mais de Dieu son Père, qui l'a engendré de lui-même, l'oignant ainsi d'une manière plus excellente que tous les autres, suivant ce qui est écrit dans le psaume Vous avez aimé la justice et hai l'iniquité; c'est à cause de cela, 6 Dieu, que votre Dieu vous a oint d'une huile de joie d'une manière plus excellente que tous ceux qui y ont part avec vous. Le même Sauveur dit, par la bouche d'Isaïe: L'esprit du Seigneur s'est reposé sur moi, c'est pourquoi il m'a consacré par son onction; il m'a envoyé précher l'Evangile aux pauvres. Sur cet endroit Eusèbe fait remarquer le style ordinaire aux Prophètes, de parler des choses à venir comme si déjà elles étaient passées; puis il continue à marquer les autres endroits de l'Ecriture où il est fait mention du nom de Christ ou de Jésus, et fait l'application de tous ces passages à JésusChrist.

13. Dans le cinquième livre et les suivants, edes Pro Eusèbe traite de nouveau toute cette doctrine neration et du Verbe, qu'il étend et prouve par les paroles des Prophètes. Et d'abord il allègue, pour sa génération éternelle, le fameux passage des Proverbes Le Seigneur m'a créé au commencement de ses voies; il m'a engendré avant les collines. C'est ainsi que les Septante, qu'il suit ordinairement, rendent ce passage. «Ce serait, dit-il, une chose impie de vouloir expliquer cette génération par des exemples tirés de la génération ordinaire des corps, et, d'un autre côté, il y aurait danger à avancer que le Fils a été tiré du néant comme toutes les autres créatures: il vaut donc mieux s'en tenir à ce que les saintes Ecritures nous enseignent là-dessus, sans prétendre approfondir la manière dont se fait la génération du Verbe, nous qui ignorons tant d'autres choses purement naturelles. » A ce sujet, il apporte à diverses fois cet endroit d'Isaïe: Qui racontera sa génération? Il passe aux paroles du psaume: Psalm Cv Le Seigneur a dit à mon Seigneur... Je vous ai engendré de mon sein avant l'étoile du jour. Et encore: Le Seigneur a juré, et son serment demeurera immobile, que vous êtes prêtre éternel selon l'ordre de Melchisedech. Enfin, il boira de l'eau du torrent dans le chemin, et c'est pour cela qu'il élèvera sa téte. Les premières paroles prouvent la divinité du Fils, et qu'il a été engendré du Père; les suivantes prouvent son sacerdoce éternel; les dernières prédisent sa Iraiv, 14. passion. Dans Isaïe il est dit que les justes UI

8.

82% LIIT, Cap. 3.

Cap. 4.

l'adoreront et qu'ils lui adresseront leurs prières, parce que Dieu est en lui, et qu'il n'y a pas d'autre Dieu que lui c'est-à-dire, selon Eusèbe, qu'il faut adorer le Fils, à cause du Père, qui habite en lui, de même qu'on respecte l'image d'un roi à cause de celui qu'elle représente. Il y a toutefois cette différence, selon Eusèbe même, que le Fils est l'image naturelle du Père, étant Dieu par sa nature et Fils unique de Dieu, non par adoption, comme ceux qui sont élevés à cette dignité. Dans le psaume XXXII, il est appelé la Parole du Seigneur, par laquelle les cieux ont été affermis; et lui-même se rend ce témoignage par la bouche d'Isaïe: C'est moi, c'est moi-même qui Isa.xt.v111,9!. Cap. 8 suis le premier et qui suis le dernier; c'est ma main qui a fondé la terre; c'est ma main droite qui a affermi les cieux.... et maintenant j'ai été envoyé par le Seigneur mon Seigneur et par son esprit. Eusèbe fait remarquer le mot de Seigneur répété, pour marquer le Dieu souverain, et il soutient que ce n'est pas lui qui est appelé le premier, puisqu'il est sans principe et avant le premier, c'est-à-dire avant le Fils, à qui il a donné l'existence.

14. Pour prouver que le Fils a sa subsistance propre, autre que celle du Père, il apporte les passages de l'Ecriture où Dieu semble tenir conseil avec un autre et lui adresser la parole, et ceux où soit le Père, soit le Fils parlent d'un autre Dieu et d'un autre Seigneur. Il soutient que les endroits où il est dit que Dieu apparaissait aux anciens, doivent s'entendre du Fils et non pas du Père; ce qu'il fonde sur cette raison, qu'il n'est pas pieux de croire que Dieu se montre aux hommes sous une figure corporelle; et sur le passage de saint Jean, que nul homme n'a jamais vu Dieu. Il croit néanmoins que ce fut le Père qui parla à Moïse du milieu du buisson ardent, non pas, à la vérité, par lui-même, mais par un ange, de même que par Isaïe, Jérémie et les autres Prophètes; c'est tantôt lui qui parle, tantôt la personne du Verbe, tantôt celle du Saint-Esprit. Comme, cependant, il est écrit que celui qui parlait à Moïse était le même qui avait apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, Eusèbe a recours à une traduction d'Aquila, selon laquelle il prétend qu'on doit lire que Dieu avait apparu à ces trois patriarches, non par lui-même, mais par son Fils. Or, dans tous ces endroits où il prétend qu'il est fait mention des apparitions du Verbe, il a grand soin de faire remarquer qu'il y est toujours reconnu pour Dieu et Seigneur, soit

13

Distinction nes du Père c'est le Fils

des personet du Fils;

qui a apparu

aux Patriar

ches.
Cap. 7 et

seq

Joan. 1, s.

touchant la venue du

Messie.

Lib. VI.

expressément, soit en termes équivalents. Prophéties 15. Il vient aux prophéties qui regardent l'avénement d'un Dieu sur la terre. Les deux grands signes de cet avénement sont la vocation de toutes les nations païennes à la foi et la ruine du peuple juif en conséquence de son incrédulité. Il expose ensuite celles qui déterminent la manière de cet avénement et d'après lesquelles ce Dieu viendrait dans la chair et la nature de l'homme, naîtrait d'une Vierge, d'entre le peuple juif, de la tribu de Juda, du sang de David et de Salomon, et Bethléem serait le lieu de sa naissance. Eusèbe prouve que toutes ces prophéties ont été accomplies en Jésus-Christ; et c'est cette démonstration qui fait la matière du sixième et du septième livre.

Lib. VII.

Explication de la prophé

touchant la

venue du Messie. Lib. VIII.

Cap. 1

16. Quant au temps de l'avénement du Fils de de Jacob de Dieu, dont il est traité dans le huitième livre, Eusèbe le détermine d'abord par la prophétie de Jacob, où il est dit que le sceptre ne serait point ôté de la maison de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que Dieu eût accompli ses promesses, c'est-à-dire, selon la Vulgate, jusqu'à ce que Celui qui devait être envoyé fut venu. Il montre, par la suite et par ce qui précède, que cette prophétie ne peut se rapporter qu'à Jésus-Christ, qui est venu précisément dans le temps que les Juifs ont cessé d'avoir des princes de la tribu de Juda. Il soutient donc que cette tribu a fourni des chefs à sa nation, depuis David jusqu'à Hérode, le premier roi étranger qu'aient eu les Juifs; et qu'avant David, bien que ceux qui avaient l'autorité souveraine ne fussent point tirés de la tribu de Juda, elle ne laissait pas de dominer sur toutes les autres, comme l'on voit par cet endroit des Nombres : Le Seigneur dit à Moise: Que chacun des chefs offre chaque jour ses présents pour la dédicace de l'autel; et le premier jour Nahasson, fils d'Aminadab, prince de la tribu de Juda, offrit son oblation. Et ailleurs il est dit qu'après la mort de Josué, les enfants d'Israël ayant consulté le Seigneur pour savoir qui devait être leur chef dans la guerre qu'ils allaient entreprendre contre les Chananéens, le Seigneur répondit: Juda marchera devant vous; je lui ai livré le pays. Eusèbe ajoute que toutes les autres parties de cette prophétie de Jacob se sont accomplies à la lettre en Jésus-Christ; ses frères l'ont loué quand ses disciples l'ont reconnu pour le Messie, et ils l'ont même adoré depuis qu'ils eurent connu sa divinité; il a poursuivi ses ennemis lorsqu'il a triomphe

de la mort et de toutes les puissances des ténèbres; il a joint l'ânon avec l'ânesse, lorsqu'il est entré en cet équipage à Jérusalem; il a lavé ses habits dans le vin, quand il a répandu son sang sur la croix; ses dents ont paru blanches comme le lait, et ses yeux agréables comme la couleur du vin, quand il a institué l'Eucharistie.

Explication dix semaines

des soixante

de Daniel Dan. 11, 24 Cap.

17. Il aborde ensuite la célèbre prophétie de Daniel, qui regarde aussi le temps de la venue du Messie; après quelques réflexions sur ce qui y est dit de la consommation du péché, de l'avènement de la justice éternelle, de l'onction du Saint des Saints, il rapporte l'explication que Jules Africain donnait aux soixante et dix semaines dont il est parlé dans cette prophétie, qui font en tout 490 ans. Cet auteur fixait leur commencement à la vingtième année du règne d'Artaxercès Longue-Main, lorsque Néhémie fut envoyé pour rebâtir le temple de Jérusalem. Cette année était la quatrième de la LXXXIII® Olympiade. Depuis ce temps jusqu'à la CII, qui revient à la seizième année de Tibère, il se trouve 475 ans, qui en font 490, selon la manière de compter des Hébreux, dont les années sont lunaires et composées seulement de 354 jours; ce qui fait que les Juifs et ceux d'entre les Grecs qui suivent le même calcul ont l'habitude d'ajouter trois mois sur chaque période de huit ans ; ces trois mois sont répartis en intervalles réglés dans cette période. Après avoir rapporté ce sentiment, Eusèbe donne sa propre explication. Il remarque que l'Ange, parlant à Daniel, distingue premièrement sept semaines, puis soixante-deux, puis une. Les sept premières, qui font quarante-neuf ans, marquent, selon lui, le temps employé au rétablissement du temple de Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone. Car, depuis la première année de Cyrus l'Ancien, qui permit aux Juifs de retourner dans leur pays et de rebâtir le temple, jusqu'à la sixième année de Darius, fils d'Hystaspe, en laquelle il fut achevé, il y a quarante-six ans. Aussi les Juifs disaient à Jésus-Christ: On a mis qua- Joan. 11, 200 rante-six ans à bâtir ce temple, et vous le rétablirez en trois jours ? En ajoutant encore trois années, que l'on employa, au rapport de Josèphe, pour les ornements extérieurs du temple, on trouve exactement les quarante-neuf années. Les soixante-deux autres semaines jointes aux sept premières, désignent tout le temps que les grands-prêtres eurent la souveraine autorité chez les Juifs après le retour

Accomplisprophéties

sement des
ale person-

ne de Jésus-
Christ
Cap & et seq.

de Babylone, depuis la première année de Cy-
rus, où le grand-prêtre Josedec commença
à régner, jusqu'au pontificat d'Hircan, qu'Hé-
rode fit mourir et qu'Eusèbe compte pour le
dernier oint du Seigneur, c'est-à-dire pour
le dernier véritable grand-prêtre des Juifs.
En effet, après sa mort, Hérode s'étant em-
paré du royaume des Juifs, fit remplir la sou-
veraine sacrificature par des gens de la lie du
peuple, qui n'étaient point de la race sacer-
dotale, qu'il changeait même à son gré, con-
tre la loi expresse de Dieu, qui voulait qu'ils
fussent perpétuels. Si l'on veut commencer
les septante semaines par le règne de Da-
rius, en commençant par la seconde année
de la LXVI Olympiade, les soixante-neuf
se termineront au temps d'Auguste et d'Hé-
rode, sous lesquels le Sauveur est né. Quant
à la soixantième et dernière semaine, Eusè-
be croit qu'elle n'est séparée des autres, dans
cette prophétie, que pour marquer le temps
précis qui devait s'écouler entre elle et les
soixante-neuf premières; de sorte qu'il la
transporte jusqu'au temps où Jésus-Christ
commença à prêcher, et il l'explique ainsi :
« Dans cette dernière semaine Jésus-Christ a
confirmé son alliance avec plusieurs, soit en
établissant sa doctrine par lui-même ou par
ses Apôtres, soit en instituant le sacrement
de son Corps et de son Sang. Au milieu de
la semaine les hosties cessèrent, lorsqu'à la
mort de Jésus-Christ, le voile du temple se
déchira du haut en bas, pour marque de la
réprobation de la Synagogue et de ses sacri-
fices. Or, quoique depuis ce temps les céré-
monies judaïques aient encore subsisté, elles
cessèrent dès-lors d'être agréables à Dieu,
comme se faisant sans son esprit et contre
ses lois. Ainsi l'abomination de la désolation
était dans le temple, et elle y continua jus-
qu'à ce qu'enfin elle devînt entière par la
ruine du temple et de toute la nation juive,
qui arriva sous Vespasien. >>

18. Eusèbe examine de plus les autres si-
gnes marqués dans les Prophètes pour l'épo-
que de l'arrivée du Messie, savoir une paix
générale dans tout le monde, la destruction
de Jérusalem, l'abolition de la Synagogue, la
vocation des Gentils à la foi; et montre que
toutes ces choses sont arrivées en effet, ou
dans le temps que Jésus-Christ a paru sur la
terre, ou peu d'années après. Les passages qu'il
cite sont tirés de Michée, de Zacharie, d'Isaïe,

Fleury, liv. X Hist. ecclés., nom, 5,

Il continue de confronter les Prophètes avec
les Évangélistes, et montre jusqu'à l'évidence
que les choses écrites par les uns touchant
Jésus-Christ, les autres les avaient prédites
du Messie longtemps auparavant. Il explique
de l'étoile qui apparut aux Mages au temps.
de la naissance du Sauveur cette prophétie
de Balaam: Une étoile sortira de Jacob; de sa
fuite en Egypte, celle-ci d'Isaïe: Le Seigneur
montera sur un nuage léger, et il entrera en
Egypte; de son retour du même pays, cet en-
droit des Nombres: Dieu l'a fait sortir d'E-
gypte; et cet autre d'Osée : J'ai rappelé mon
Fils de l'Egypte. Il cite de même plusieurs
autres prophéties de l'Ancien Testament sur
la prédication de saint Jean dans le désert,
sur le baptême de Jésus-Christ, sur sa tenta-
tion après son jeûne de quarante jours, sur
ses miracles, en particulier sur le premier de
tous qu'il fit aux noces de Cana en Galilée,
et sur celui qu'il fit en marchant sur la mer;
la prédication de l'Evangile aux pauvres, la
promulgation d'une nouvelle loi, l'obstina-
tion des Juifs à ne pas le reconnaître, son en
trée solennelle à Jérusalem ont été également
le sujet de leurs prédictions. Enfin il fait voir
qu'ils ont prédit sa passion, la trahison de
Judas, la fin malheureuse de ce traître et
l'élection de saint Matthias en sa place; l'é-
clipse du soleil arrivée à la mort de Jésus-
Christ, la prière qu'il fit à son Père sur la
croix, les insultes qu'il souffrit de la part des
Juifs, le coup de lance qu'il reçut dans le côté,
les clous dont ses pieds furent percés, le sort
que l'on jeta sur ses vêtements, sa descente
aux enfers

Lis. IX.

Lib. X.

dix der

de la Démons

tration Evangélique SoDt qu'ils conte malent.

perdus, ce ente

19. Tels sont, autant qu'une simple analy-niers livres se permet de le retracer, les livres de la Préparation et de la Démonstration Evangélique d'Eusèbe, le plus grand corps de controverse et l'un des plus achevés que nous ayons dans l'antiquité. Nous n'avons plus les dix derniers de la Démonstration; mais il y a apparence qu'Eusèbe y expliquait les prophéties touchant la sépulture de Jésus-Christ, sa résurrection, son ascension, l'établissement de son Eglise et son dernier avénement. Scaliger assure qu'ils sont dans la bibliothèque du Vatican; mais on croit qu'il s'est trompé, et que ce sont les mêmes que ceux que nous avons dans nos imprimés. Saint Jérôme nous apprend que, dans le dix-huitième livre, Eusèbe expliquait quelques endroits du prophète Osée.

Discours d'Eusèbe sur l'heureux

l'an 315.

ARTICLE V.

DISCOURS D'EUSÈBE A LA DÉDICACE DE L'ÉGLISE

DE TYR.

1

1. Lorsque Constantin et Licinius eurent 1 etat de E- purgé le monde des tyrans impies, les chréglise, protiens, autorisés par les édits des empereurs, dédicace de commencèrent à rebâtir les églises avec une Pavers magnificence jusqu'alors inconnue. « Nous vimes après cela, dit Eusèbe, la solennité des dédicaces et des consécrations de nos oratoires, les assemblées d'évêques, le concours des peuples, les témoignages réciproques de la charité des fidèles. Les chrétiens de tout sexe et de tout âge joignaient leurs cœurs et leurs voix pour faire à Dieu leurs prières, et les évêques relevaient par des discours la magnificence de ces cérémomies. >> Il faut rapporter à ce temps, c'est-à-dire vers l'an 315, lorsque Licinius était encore favorable aux chrétiens, le discours qu'Eusèbe fit à la dédicace de l'église de Tyr et qu'il a eu soin de nous conserver dans son Histoire ecclésiastique. Il le prononça devant un peuple nombreux, et en présence de plusieurs évêques, à qui il adresse la parole, et particulièrement à Paulin ", déjà évêque de la ville, 8 оссаson ami, le même dont nous avons eu sion de parler dans la Vie d'Eusèbe '.

Analyse.

Eusebe excite ses auditeurs à rendre grâces à Dieu des merveilles

qu'il opérait

en faveur de son Eglise.

[blocks in formation]

10

[ocr errors]

6

2. Il le commence en ces termes : « Amis de Dieu et pontifes, qui portez la sainte tunique et la couronne céleste de gloire, qui avez l'onction divine et la robe sacerdotale du Saint-Esprit. » Ces " paroles semblent indiquer que, dès-lors, les évêques portaient quelques ornements distinctifs, au moins dans les églises; d'autant plus qu'il est fréquemment parlé de leur couronne. Il s'étend ensuite sur les merveilles de Dieu, qui leur étaient connues non plus par le rapport de leurs pères, mais par le témoignage de leurs propres yeux, et exhorte tous les fidèles à chanter à Dieu des cantiques de louanges et d'actions de grâces. «Ne cessons jamais, dit-il, de louer le Père éternel et de rendre nos actions de grâces à Celui qui est après lui l'auteur de tous nos biens, c'est-à-dire à Jésus, qui nous l'a fait connaître, qui nous a enseigné la vé

1 Fabric., lib. V Biblioth. Græc., tom. VI, c. 4, p. 58. 2 Et Eusebius Cæsariensis in octavo decimo libro Ibuyyedizñs &πodciğews, quædam de Osee propheta, disputat. Hieron., Præfat. in Osee prophet., t. III, p. 1235, Euseb., lib. IX Hist., cap. 11,

rité de la religion, qui a exterminé les impies et les tyrans, qui a réformé nos mœurs et qui nous a sauvés lorsque nous étions perdus. Ce Fils unique de Dieu, qui a une bonté et une puissance égale à celle de son Père, s'est revêtu volontairement, par obéissance, de la faiblesse de notre nature pour guérir notre corruption; il a considéré nos maladies comme un sage et charitable médecin, il a manié nos ulcères et nos plaies, il s'est chargé de nos misères et de nos douleurs, et nous a retirés du sein de la mort. Il n'y avait que lui, entre toutes les vertus célestes, qui eût une puissance assez étendue pour procurer le salut d'un si grand nombre de personnes. Il nous conserve par une grâce que nous n'avions point espérée, et nous fait jouir de la félicité éternelle. Il est l'auteur de la vie et de la lumière, notre grand médecin, notre roi, notre maître et l'oint de Dieu, »

3. Après avoir décrit les efforts du démon pour ruiner l'édifice spirituel de l'Eglise, il relève la puissance de Jésus-Christ, qui, malgré ces attaques et malgré la guerre que tous les hommes lui ont faite pendant des siècles entiers, l'a rendue plus florissante de jour en jour. Il l'appelle l'ange du grand conseil, le général de l'armée de Dieu, qui, ayant éprouvé la constance de ses soldats par les plus pénibles travaux, a enfin paru tout d'un coup, a tellement détruit ses ennemis, qu'il n'en reste aucun souvenir, et a élevé ses amis non-seulement au-dessus du ciel et des astres, du soleil et de la lune, et des autres créatures insensibles, mais au-dessus des hommes et des anges. On voyait alors ce qui n'était jamais arrivé, les empereurs, pleins de reconnaissance envers Dieu pour tous les honneurs qu'ils tenaient de sa bonté, mépriser les idoles, fouler aux pieds le culte des démons, se moquer des vieilles erreurs qu'ils avaient reçues comme par tradition de leurs pères, ne reconnaître qu'un seul Dieu, publier que Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, est roi de tout le monde, enfin déclarer par leurs édits qu'il est le Sauveur, et consacrer à la postérité, par des monuments publics, ses glorieuses actions et ses célèbres victoires. « Ainsi, ajoute-t-il, Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas seulement reconnu par les princes comme un roi

Ibid., lib. X, cap. 2.-5 Ibid., cap. 3.

• Ibid., cap. 4, p. 374, 375.

7 Ibid., p. 371. -8 Ibid.

• Fleury, lib. X Hist, ecclés,, nomb. ty 10 Fleury, ibid.

Puissance de Jésus

l'ange du

Christ; il est grand conmée de Dieu, de Dieu, et

scil, le général de l'ar

Fils naturel

Dieu lui-mê

me.

Page 374.

Pag. 371

Réflexion d'Eusèbe

ceux qui font

glises. Pré

évêques.

Pag. 376.

[Ive SIÈCLE.] CHAPITRE VIII. — EUSÈBE, ÉVÊQUE DE CÉSARÉE EN PALESTINE.

ordinaire et mortel, mais il en est encore ado-
ré comme le Fils naturel de Dieu, et comme
étant Dieu par lui-même. >>

4. Il passe à ce qui faisait le sujet de la cé-
touchant rémonie présente, c'est-à-dire la construction
bâtir des é de la nouvelle église de Tyr. Il relève l'ardeur
rogatives des de ceux qui avaient travaillé à cet ouvrage, et
le mérite qu'ils avaient acquis par-là devant
Dieu. Mais il laisse entrevoir toutefois que,
parmi ceux qui avaient montré le plus de zè-
le pour
la construction extérieure de ce tem-
ple, il y en avait peut-être qui avaient rejeté la
pierre angulaire de l'édifice spirituel de nos
âmes, qui est Jésus-Christ. «Mais, dit-il, qui a
droit d'en juger, si ce n'est le souverain Pon-
tife, qui pénètre le secret des cœurs? Ce droit,
ajoute-t-il, en parlant au peuple de Tyr, ap-
partient encore à celui qui tient le premier
rang parmi vous après Jésus-Christ, au géné-
ral de votre armée que le souverain Pontife a
honoré après lui de l'honneur du sacerdoce,
qu'il a établi pasteur de votre troupeau, qu'il
a élevé au-dessus du peuple, par l'ordre du
Père, comme l'interprète de ses volontés et
de ses intentions, comme un autre Aaron et un
autre Melchisédech, qui est l'image du Fils
de Dieu: c'est à lui à qui il appartient, après
ce souverain Pontife, de pénétrer les replis
les plus cachés de vos consciences, qu'il con-
naît par un long usage, et de vous donner les
véritables préceptes de la piété, dont, depuis
longtemps, il s'est fait un continuel exercice. »>

Description
de l'église de
Гуг.
Pag. 877.

Pag. 330

1

5. Ce qu'il y a de plus curieux dans ce discours, c'est la description qu'Eusèbe y fait de l'église de Tyr. Elle avait été ruinée comme les autres, et les infidèles avaient pris à tâche d'en défigurer même la place, en y amassant toutes sortes d'immondices. Quoiqu'il fût facile de trouver une autre place, l'évêque Paulin aima mieux faire nettoyer celle-ci, pour rendre plus sensible la victoire de l'Église. Tout son peuple y contribua libéralement avec une sainte émulation; chacun mit la main à l'œuvre, encouragé par l'évêque qui donnait le premier l'exemple; et ce nouveau bâtiment effaça bientôt l'ancien par son ampleur et sa magnificence. Une enceinte de murailles enfermait tout le lieu saint, dont l'entrée se révélait par un grand portail tourné à l'orient, si élevé, qu'il paraissait de fort loin, et qui, par son élévation, attirait les regards des infidèle et semblait les appeler à l'église. On entrait d'abord dans une grande cour carrée,

! Fleury, liv. X Hist, ecclés., nomb. 3.

197

environnée de quatre galeries soutenues de
colonnes formant un péristyle; entre les co-
lonnes, un treillis de bois fermait les galeries,
mais sans intercepter le jour. Là s'arrêtaient
ceux qui avaient encore besoin des premières
instructions. Au milieu de la cour et vis-à-vis
l'entrée de l'église, étaient des fontaines qui
donnaient de l'eau en abondance, afin que l'on
pût se laver avant d'entrer et pour être des
symboles de la purification spirituelle. Après
la cour se trouvait le portail de l'église, ouvert
aussi vers l'orient par trois portes; celle du
milieu était beaucoup plus haute et plus large
que les deux autres; ses battants étaient de
cuivre, fixés par des liens de fer, et étaient
ornés de sculptures agréables. Par cette prin-
cipale porte on entrait dans la nef ou le corps
de la basilique, et par les autres, dans les bas-
côtés ou galeries qui l'accompagnaient de part
et d'autre, et au-dessus desquelles étaient des
fenêtres, fermées seulement de treillis de bois
d'un ouvrage délicat, avec divers ornements;
car, dans les pays chauds, les vitres ne sont
pas en usage. La basilique était grande, éle-
vée et soutenue de colonnes beaucoup plus
hautes que celles du péristyle. Le dedans
était bien éclairé et brillait de tous côtés, or-
né des matières les plus précieuses et des ou-
vrages les plus exquis. Elle était pavée de mar-
bre en très-beaux compartiments, et couverte
de bois de cèdre, que le voisinage du Liban
fournissait en abondance. Au fond on voyait
des trônes, c'est-à-dire des siéges fort élevés,
pour les prêtres et pour l'évêque au milieu
d'eux. Ces siéges étaient disposés en demi-
cercle, qui enfermait l'autel par derrière, car
il n'y en avait qu'un seul; de sorte que l'évê-
que, dans les prières, regardait le peuple en
face et était tourné à l'orient. Le sanctuaire
était fermé au peuple par une balustrade ou
treillis de bois orné de sculpture d'une délica-
tesse admirable; et tout le reste de la basilique
était rempli de bancs rangés avec un grand
ordre. Des deux côtés, en dehors, étaient de
grandes salles, avec d'autres pièces destinées
aux catéchumènes, comme le baptistère et
les lieux où on les instruisait. On peut égalc-
ment compter entre ces pièces la Diaconie,
la Sacristie, la salle d'audience, et d'autres
semblables nommées en d'autres églises. Ces
pièces avaient des portes de communication,
pour entrer dans la basilique par les bas-côtés.
L'église, ainsi accompagnée, était enfermée

rag. 851,

[ocr errors]
« PreviousContinue »