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Réponse

tions.

8. Saint Athanase1 lui reproche d'avoir osé Aur objec- dire, en écrivant à un certain évêque nommé Euphration, que le Fils n'est pas vrai Dieu. Cette manière de parler, qui paraît d'abord convaincante contre Eusèbe, ne laisse pas d'être facile à expliquer. Dire que le Fils n'est pas vrai Dieu, ou plutôt qu'il n'est pas le vrai Dieu, et dire que le Fils n'est pas le Père, est une même chose dans cet auteur. En effet, c'est lui-même qui, accusé par Marcel d'Ancyre de s'être servi de cette expression, répond' qu'il ne s'en était servi que par allusion à ce passage de l'Evangile, afin qu'ils vous connaissent pour le seul vrai Dieu3. Au reste, ajoute-t-il, cela n'empêche pas que nous ne reconnaissions aussi que le Fils est vrai Dieu, comme étant l'image du Père; mais le mot de seul s'attribue au Père, d'autant qu'il est l'archétype ou l'original du Fils, qui est son image. Dans le livre second contre Sabellius, voici ce qu'il dit *. « Afin qu'ils vous connaissent pour le seul vrai Dieu; non pas que le Fils unique ne soit encore vrai Dieu, mais parce qu'il ne l'est point par lui-même, ni de lui-même, si l'on peut parler ainsi. Le Père, qui est la source et le principe de tous les biens, a engendré ce Fils, qui est aussi plein de bonté; mais il attribue la bonté à son Père (seul), non par mensonge, mais parce qu'il le reconnaît pour son principe. »>

parler ne sont point, pour Eusèbe, fondées sur les règles de l'appropriation des œuvres à telle personne divine plutôt qu'à telle autre il les prend à la lettre, les répète et jamais ne les corrige suffisamment. Ce n'est pas en lisant quelques textes isolés qu'on peut s'en convaincre, mais en envisageant ses écrits et sa conduite dans leur ensemble. (L'éditeur.)

1 Athanas., lib. de Synod., p. 730.

Relicto demum Paulino, iterum vacat Marcellus Eusebio exagitando, inquiens: Hoc idem scripsit et Eusebius Cæsariensis, eamdem fovens cum Paulino et a fide alienis, de Deo opinionem. Scripsit enim non quasi esset solus Deus, sed unus esset solus verus Deus..... Qui si verba Eusebiana proponere voluisset, intellexisset procul dubio, non illius esse quæ Patrem solum verum Deum docuissent, cum a Servatore prolatum sit illud: Ut te cognoscant solum verum Deum. Euseb., lib. I cont. Marcell., p. 27.

3 Quin et ipse Servator cum Deum unum solum verum esse doceat Patrem, inquiens, Ut cognoscant te unum solum verum Deum. Sed non tamen gravemur et verum Deum confiteri et Filium, veluti in imagine resultantem: ut additio illa, Solus, soli Patri adaptetur, utpote qui imaginis sit archetypon. Ibid., lib. II de Eccl. Theol., cap. 23, p. 141.

• Ut cognoscant te solum verum Deum. Non quia non vere est unigenitus Filius Dei, sed quia a semetipso et ex semetipso et per semetipsum ; si tamen ita dici debet, fons et principium omnium bonorum est Pater qui

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Dans le premier livre contre Sabellius, expliquant le même passage, il parle ainsi: « Le Père est vrai Dieu en tant qu'il n'est point né; le Fils est aussi vrai Dieu en tant que Fils unique. Car le Père, qui est vrai Dieu, n'a pu engendrer un Fils qui ne fût pas vrai Dieu; mais le Père est un vrai Dieu qui n'est né de personne, et le Fils est un vrai Dieu qui est né de son Père. Car ce qui est écrit du Père, qu'il a seul l'immortalité, est vrai en ce qu'il l'a seul par lui-même; mais comme il a la vie en lui-même, il a aussi donné à son Fils d'avoir la vie en lui-même. »>

9. Il est clair, par ces citations, que, lorsque Eusèbe appelle le Père le seul vrai Dieu, ce qu'il répète assez souvent dans ses écrits, il ne veut dire autre chose sinon que la divinité lui convient comme à celui qui en est le principe et la source, et que, quand on dit simplement Dieu, on entend le Père, ainsi que Tertullien 's'en explique dans son traité contre Praxée. De même, quand il appelle' le Fils une vertu moyenne entre Dieu et les créatures, il ne s'ensuit nullement qu'il l'ait cru d'une autre nature que le Père, contre ce qu'il établit clairement en tant d'endroits de ses ouvrages: mais, suivant la méthode des anciens, qui attribuent au Père la monarchie, et au Fils l'administration, il s'est servi de cette façon de parler pour marquer que

genuit talem bonam progeniem. Bonus enim Filius est, sed cedit bonitatem suo genitori, non mentiens, sed sciens unde est. Ibid., lib. II adv. Sabell., opuscul. Sirm., p. 22.

Verus Deus est Pater in eo quod non natus est. Verus Filius est in eo quod est unigenitus. Non enim mendacium genuit verus. Sed verus Pater Deus non natus. Verus Deus Filius unigenitus. Nam et illud quod dictum est, Solus habet immortalitatem, verum est. A semetipso enim solus habet. Sed sicut Pater vitam habet in semetipso, ita et Filio dedit vitam habere in semetipso. Ibid., lib. I adv. Sabell., opuscul. Sirm., p. 16.

Tertull., adv. Prax., cap. 13.

7 Nam quoniam fieri non poterat, ut fluxa corporum substantia, et rationalium quæ recens edita fuerant animalium natura, ad summum omnium rectorem Deum accederet, eo quod infinitis spatiis ab illo superantur : quippe hic quidem ingenitus est, supra et ultra omnia positus; inexplicabilis, inaccessus; ad quem perveniri non potest; lucem habitans inaccessibilem, ut sacra loquuntur oracula: illa vero ex nihilo producta, longissi mo intervallo dissita, ac separata ab ingenita illa natura

non sine causa Deus optimus, maximus, velut mediam interjicit divinam ac præpotentem unigeniti sermonis sui virtutem. Quæ quidem perfectissime et proxime cum Patre versatur et colloquitur; intraque ipsum manens, arcanis ejus perfruitur: nihilominus tamen seipsam benigne demittit et quodammodo com

Suite.

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la nature divine, étant par elle-même infiniment au-dessus de celle des êtres créés, Dieu, pour se proportionner à leur faiblesse, s'était en quelque sorte abaissé dans la personne du Fils, ce qu'il exprime par le terme grec cʊpatiéval, qui veut dire proprement condescendre, et qui a la même signification que celui de σvyxaτabaivety, que saint Athanase1 emploie absolument dans le même sens. C'est ainsi que saint Alexandre d'Alexandrie, le premier qui leva l'étendard contre l'hérésie d'Arius, pour désigner le Fils, emploie le terme de moyen dans une de ses lettres écrite contre Arius même. « Ils nous accusent', dit-il, d'enseigner qu'il y a deux êtres non engendrés, et soutiennent qu'il faut ainsi parler, ou dire comme eux, que le Fils est tiré du néant, ne voyant pas la distance qu'il y a entre le Père non engendré et les créatures qu'il a faites de rien. Au milieu de ces deux extrêmes est le Fils unique, le Dieu Verbe, par qui le Père a tout fait de rien, que le Père a engendré de lui-même. »

10. Quant à l'infériorité du Fils à l'égard du Père, quoiqu'on puisse reprocher à Eusèbe de l'avoir exprimée quelquefois en des termes trop durs, il est pourtant vrai qu'il l'a fait d'une manière qui n'a rien de contraire à la bonne doctrine, si, comme on le doit, on l'entend d'une infériorité d'origine, et non de nature de la sorte, on peut dire que le Fils, tout Dieu qu'il est et de même nature que son Père, lui est néanmoins subordonné

ponit, coaptatque iis qui a summo vertice longius absunt. Euseb., orat. de Laud. Const., p. 635 et 636. 1 Athanas., tom. I, p. 435.

Aiunt enim isti ridicularum fabularum inventores, nos dum impiam, et nulla scriptura nixam contra Christum ex non extantibus blasphemiam aversamur, duo ingenita docere; duorum alterum esse oportere affirmantes imperiti, ut aut ex non extantibus ipsum esse statuamus, aut omnino duo esse ingenita. Nec intelligunt rudes et inexercitati, quantum intersit inter Patrem ingenitum, et ea quæ ab illo ex non extantibus creata sunt, tum ratione prædita, tum rationis expertia. Quæ duo inter medium tenens unigenita natura, per quam universa ex non extantibus condidit Pater Dei Verbi, ex ipso qui est Pater genita est. Alexand. Alexandrin., in Epist. ad Alexand. Constantinop., apud Theodoret., lib. I Hist. Eccles., tom. III, cap. 3, p. 533.

3 Non dixit Filius Patrem se meliorem esse, ne quis ipsum externum aliorumque a Patris natura existimaret; sed Pater, inquit, major est. Non quidem magnitudine aliqua aut ætate, sed propter generationem ex ipso Patre. Athanas., tom. II oper., ut citatur apud Bull., p. 264 edit. Londin. 1703.

* Quoniam enim a Patre principium est Filio, ideo major est Pater, ut causa et principium. Quapropter etiam Dominus sic dixit: Pater meus major me est;

comme Fils. Jésus-Christ lui-même nous l'enseigne, quand il dit : Le Père est plus grand que moi; paroles que saint Athanase, saint* Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint® Jean Chrysostome, saint' Cyrille d'Alexandrie (sans parler des Pères qui ont précédé le concile de Nicée), ont expliquées de JésusChrist comme Dieu, que saint Grégoire de Nazianze n'approuvait pas qu'on les expliquât au point de vue de son humanité. «Si l'on prétend, dit-il, que ce terme, plus grand, doit se prendre par rapport à la nature humaine, on n'avance rien qui ne soit vrai; mais aussi cette explication n'a rien que de commun; car qu'y a-t-il de surprenant que Dieu soit plus grand que l'homme ?» Nous ne nous arrêtons point à justifier Eusèbe sur divers titres qu'il donne au Fils, comme de chef de la milice céleste, d'Ange du grand conseil, de second principe, et sur d'autres expressions semblables, que l'on ne peut pas plus condamner en lui que dans les anciens Pères de l'Eglise, avec qui elles lui sont communes. Quant à l'appellation de seconde substance, durépa oív, il suffit, pour excuser Eusèbe", que ces termes de substance et de nature ne fussent pas encore déterminés au sens qu'ils ont eu depuis, et qu'ils puissent se prendre pour une personne subsistante; cela est si vrai, que saint Grégoire de Nazianze et quelques autres, qui ont vécu dans un temps où ces expressions étaient déterminées, n'ont pu s'empêcher de dire quelquefois que le Père était la pre

quatenus videlicet est Pater. Vox autem ista, Pater, quid aliud significat, nisi quod causa sit et principium ejus qui a se genitus est? Prorsus autem substantia major substantia, vel minor, etiam secundum sapientiam vestram non dicitur. Basil., tom. I, pag. 724, apud eumdemi.

Majoris ratio ad causam pertinet; æqualis ad naturam. Gregor. Nazianz., p. 582, apud eumd.

• Si quis dixerit majorem esse Patrem, qua causa est Filii, neque in eo contradicimus. Chrysostom., homil. 72 in Joan.

Cum igitur secundum substantiæ rationem, æqualis sit Patri Filius, et per omnia similis, majorem ipsum dicit tanquam principio carentem, cum habeat ipse principium, eo ipso duntaxat, quod ex Patre est, tametsi concurrentem cum eo substantiam habeat. Cyrill. Alexand., in Thesaur., lib. XI.

8 Nam dicere illud, major, ratione humanæ naturæ esse intelligendum, verum id quidem est, sed non magnum quid enim mirum est, si major est homine Deus. Greg. Nazianz., loco citato.

9 Euseb., lib. VII Præpar., p. 320.

10 Elias Dupin, apud Matth.; Petit-Didier, tom II de ses Remarques, p. 20. On peut consulter ce dernier sur l'article que nous traitons. Ibid., p. 4 et seq.

sements sur

tres endroits

se trouvent

mière substance ou nature, et le Fils, la seconde.

11. Si ces raisons ne paraissent pas suffisantes pour justifier Eusèbe, elles doivent au moins nous porter à suspendre notre jugement sur son sujet; car s'il n'y a pas de plus grand crime que de rompre les liens de la charité soit par le schisme, soit par l'hérésie, ce n'en est pas un moindre d'accuser un innocent de schisme ou d'hérésie. Il est certain qu'il a souffert la prison pour la défense de la foi, sans que le reproche qu'on lui a fait de s'en être tiré par quelque lâcheté soit bien fondé; plusieurs Martyrologes le mettent au nombre des saints, et il y aurait peut-être de la témérité à l'en juger absolument indigne; enfin c'est un évêque mort dans la communion de l'Eglise '. Laissons-en le jugement à Celui qui doit venir juger les vivants et les morts; craignons de condamner un confesseur de Jésus-Christ, un évêque catholique, et qu'en le condamnant sans y être obligés par l'évidence des choses, nous paraissions peu sensibles à l'intérêt de l'Eglise, qu'il a servie si avantageusement par ses écrits.

Éclaircis- 12. Cependant nous ne voyons pas qu'il y quelques au- ait lieu d'expliquer favorablement la manière difficiles qui dont Eusèbe parle du Saint-Esprit, qu'il dit dans Eusebe. avoir été créé par le Fils comme les créatures ont été tirées du néant. La seule chose qui puisse l'excuser, c'est que l'Église n'avait encore rien déterminé sur cet article, et qu'il a cru sur le mystère de la Trinité ce qui

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1 « Qu'Eusèbe, disent les Mémoires de Trévoux, soit mort extérieurement dans la communion de l'Eglise, cela ne prouve rien en sa faveur. L'Eglise ne juge pas toujours à propos d'anathématiser personnellement tous ceux qui se révoltent contre ses décisions. Jésus-Christ a ordonné de regarder comme des païens et des publicains non pas précisément ceux que l'Eglise a retranchés de son corps, mais généralement tous ceux qui ne l'écoutent pas. Cette règle est plus sûre que l'évidence qu'exige notre auteur de l'héréticité des écrivains, pour les condamner, et l'autorité de quelques Martyrologes qui ont mis Eusèbe au nombre des saints ne l'emportera jamais contre celle d'un concile œcuménique qui a rejeté son témoignage comme celui d'un arien. Combien de sectaires ont été canonisés par des Eglises particulières qui ne les connaissaient que par leur bel endroit, ou qui étaient malheureusement engagés dans leur parti! L'intention de D. Ceillier peut être droite; ce n'est pas une vraie charité, mais un défaut de lumière ou un entêtement inexcusable qui porte à excuser ceux qui ne se sont pas soumis à l'Eglise. » Mémoires de Trévoux, sept. 1734. (L'éditeur)

2 Solus quidem ille Deus, et Pater Domini nostri Jesu Christi dicatur: Filius unigenitus Deus, qui erat in sinu Patris. At Spiritus Paracletus, neque Deus, neque

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a toujours fait l'objet de la foi des chrétiens, une seule nature divine en trois personnes. Peut-être aussi qu'à l'exemple de quelques anciens Pères qui ont employé le terme de créer, pour marquer la génération du Fils, Eusèbe s'en est servi pour désigner la procession du Saint-Esprit. Quant à ce qu'il dit au même endroit, « que le Saint-Esprit n'est ni Dieu, ni Fils, parce qu'il n'est point engendré du Père, » il n'y a pas d'apparence qu'il ait voulu lui ôler la qualité de Dieu, qu'il lui donne expressémenť ailleurs; mais on peut entendre ainsi ce passage: le SaintEsprit n'est pas le Père, le seul que nous entendons ordinairement sous la simple désignation de Dieu, et il n'est pas non plus Fils de Dieu, n'étant pas engendré du Père, ainsi que le Fils l'est. Il est plus aisé de donner un bon sens à quelques endroits de ses ouvrages dans lesquels il dit que l'humanité de JésusChrist a été changée en la divinité, soit après sa résurrection, soit après son ascension; car le mot de conversion ou de changement d'une chose en une autre, ne marque pas toujours une transformation, un changement total et réel, mais quelquefois seulement une très-grande et très-parfaite ressemblance, telle qu'elle se trouve entre Jésus-Christ Dieu et sa chair glorieuse, devenue pure, subtile, impassible, incorruptible. C'est ainsi que, pour marquer l'effusion admirable de la divinité sur l'humanité, saint Cyrille d'Alexandrie dit que le Verbe, en s'unissant à la chair, l'a changée

Filius. Quoniam non de Patre perinde atque Filius genesim accepit, unus ex eorum censu est qui per Filium condebantur: quandoquidem omnia per ipsum facta sunt et sine ipso factum est nihil. Euseb., lib. III de Eccl. Theolog., cap. 6, p. 175.

ac

Euseb., orat. de Laud. Constant., p. 618,loco citato. Ita cuncti Hebræorum theologi, secundum præpotentis Dei rerumque omnium moderatoris numen, primogenitam illius sapientiam, tertiam hanc sanctamque virtutem, quem sanctum illi Spiritum nominant, quique divinitus afflatos olim Prophetas collustrabat, Deum esse confitentur. Euseb., lib. VII Præparat., p. 326.

Sic sane etiam mortuum illud Verbi corpus, ubi exiguum quiddam, virtutem illam Verbi attigit, tum excitatum est illico ac revixit, et mors vitam effugil, et ipso lumine obscuritas dissoluta est, et quod corruptibile erat, induit incorruptionem, quod mortale immortalitatem. Cæterum quidnam aliud tandem? quam quod totus homo ab ipsius Dei natura absorptus est? Et rursus Deus fuit, Deus Verbum, cujusmodi fuerat, etiam antequam homo fieret? Et secum Deum hominem fecit spei nostræ primitias? Euseb., lib. IV Demonstr., p. 170. Vide ejusdem Epistol. ad Constantiam August.; apud Boivin., Not. in Gregoram, p. 795.

Cyrill. Alexand., in Joan vi, p. 55.

tout entière en lui; par ces paroles, il veut seulement dire qu'il l'a revêtue et remplie de ce qui appartient à la divinité, qu'il l'a rendue source de vie, de puissance, d'incorruptibilité, de pureté, de justice. Eusèbe appelle assez souvent le corps de Jésus-Christ l'instrument, le temple, la demeure de la divinité, et, en parlant de son humanité, il la nomme l'homme du Sauveur, l'homme du Christ, ce qui paraît détruire l'union des deux natures et établir deux personnes en Jésus-Christ; mais il faut remarquer que ces façons de parler ne sont devenues suspectes que depuis l'hérésie de Nestorius, et qu'Eusèbe était si éloigné de cette hérésie, qu'il nomme plus d'une fois la Vierge mère de Dieu, T. On peut excuser un passage de ses Commentaires sur les Psaumes, dans lequel il parait croire que la sainte Vierge a eu d'autres enfants que Jésus-Christ, en disant, avec le savant éditeur de cet ouvrage, qu'il ne propose le fait que comme une question problématique, et, en effet, cela paraît par la suite du passage.

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ARTICLE XXI.

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DES DIVERSES ÉDITIONS DES OUVRAGES D'EUSÈBE,

Comme nous n'avons point d'édition complète des ouvrages d'Eusèbe, nous allons marquer celles que l'on a faites de chacun

1 Hac de causa instrumentum corporis sibimetipse apparavit, velut sacrosanctum quoddam templum, et rationalis facultatis sensibile domicilium ; simulacrum plane augustum et sacrum, omnique inanimata sta tua longe præstantius..... simulacrum plenum omni genere virtutis, ipsiusque Dei sermonis domicilium, et Dei sanctissimi sacrosanctum delubrum: in quo sermo Dei inhabitans, cum ipsis quidem mortalibus, per instrumentum quod ipsis familiare et cognatum erat, simul versatus, et ab iisdem agnitus est. Euseb., orat. de Laud. Constant., p. 649.

2 Euseb., Comment. in Psal. cix, p. 703, loco citato; et lib. VII Demonst. Evang., p. 309.

3 Extraneus factus sum fratribus meis et peregrinus filiis matris meæ. Duos hic ordines significat: alterum eorum qui vere fratres ejus erant, quibus extraneus factus est; alterum eorum qui filii matris ejus erant, sed non fratres ejus quibus peregrinus effectus est. Et tamen oportuit filios matris ejus cum fratres ejus essent, perinde atque priores nuncupari fratres. At filios matris fratres non vocavit, utpote alios et diversos a priore ordine eorum qui fratres vocati sunt. Fratres ergo ejus discipuli existimandi, de quibus alibi dicit: Narrabo nomen tuum fratribus meis, et in medio Ecclesiæ laudabo te. Et in evangilio post resurectionem ex mortuis cum Maria visus est, dicebat:

en particulier, suivant l'ordre chronologique où nous les avons mis. Le livre contre Hiéroclès fut imprimé en grec, pour la première fois, par les soins d'Alde, parmi les œuvres de Philostrate, à Venise, en 1502, in-folio, et 1535, in-8°. Zénobe Acciaiole, Florentin, de l'ordre des Frères-Prêcheurs, en fit une traduction latine qu'il fit imprimer à Venise en 1502, in-folio; à Paris, en 1511, in-8°; à Cologne, en 1532, in-8°, avec la Vie d'Apollonius, écrite par Philostrate, et une lettre en tête à Laurent de Medicis. Cette traduction a été réimprimée plusieurs fois depuis dans les éditions latines d'Eusèbe, à la fin de la Démonstration évangélique; mais elle est fort défectueuse. Elle fut néanmoins réimprimée, parmi les œuvres de Philostrate, à Paris, en 1608, in-folio, avec le texte grec d'Eusèbe et diverses leçons tirées de la bibliothèque du roi, par Frédéric Morel. On l'imprima encore à Paris, en 1628, in-folio, et à Leipsick, en 1688, in-folio, à la fin de la Démonstration évangélique, avec des notes d'Holsténius, qui indiquait plusieurs endroits dans lesquels la traduction d'Acciaiole s'éloignait du grec et de la pensée de l'auteur. Enfin ce même livre parut à Leipsick, en 1709, in-folio, dans une très-belle édition des œuvres de Philostrate, avec la nouvelle version et les notes de Godfridus Olearius, qui le divisa en chapitres et en corrigea plusieurs endroits en les confrontant avec la Vie d'Apollonius, écrite par Philostrate, Cousin le donna en français,

Vade ad fratres meos, etc. His itaque fratribus suis extraneus factus est tempore prædictæ passionis, quando omnes discipuli ejus relicto eo fugiebant, ipseque præcipuus Apostolorum Petrus, ter negavit eum. His peregrinus et extraneus effectus est. Filiis item matris suæ qui fratres sui non erant, peregrinus fuit. Meminit porro evangelium fratrum et matris ejus, ubi cum venisset in patriam suam, docebat in synagoga, ita ut isti stuperent ac dicerent: Unde huic sapientia hæc? nonne hic est fabri filius? nonne mater ejus et fratres ejus, et sorores ejus omnes apud nos sunt? Si igitur filios matris ejus in hoc psalmo sic vocatos pro istis accipiamus, necesse est nos sanctam Virginem, reliquorum fratrum ejus matrem dicere. Verum Jacobus, qui dicitur frater Domini, non videtur peregrinus ipsi fuisse, nec fidei in ipsum extraneus; imo vero unus ex iis qui cum primis inter germanos ejus discipulos erant, ita ut ipse primus Jerosolymitanæ Ecclesiæ thronum acciperet. Reliqui item fratres, etsi a principio non crederent, at certum eos postea credidisse. Narrat enim evangelium matrem et fratres ejus foras stetisse, quærentes eum alloqui. Et in Actibus Apostolorum dicitur, fuisse Apostolos una perseverantes, cum Maria matre ejus et fratribus ejus. Qui ergo existimetur iis peregrinus esse? Nullus itaque locus superest ut de iis dicatur : Extraneus factus sum fratribus meis, et peregrinus

à Paris, en 1694, in-4° et in-12, avec ce titre : Discours touchant les miracles attribués à Apollonius de Thyane, etc. [Les Chefs des Pères contiennent une traduction française de M. Gonet avec la version latine de Gothefroid; à la suite se trouve aussi, en français et en latin, le livre II de la Démonstration évangélique. La traduction française est pareillement de M. Gonet.]

La plus ancienne édition que l'on ait faite de la Chronique d'Eusèbe, traduite par saint Jérôme, est celle de Milan, que de Pontac et Scaliger même n'ont point vue, mais que de Valois cite dans ses Notes sur l'Histoire d'Eusèbe. Elle fut imprimée à Venise en 1483, in-4°; à Paris, en 1518, avec les additions de Matthieu et de Matthias Palmier, in-4°, chez Henri Etienne; à Bâle, en 1529, in-folio, de l'édition de Jean Sichard, avec les Chroniques de Prosper, de Cassiodore, d'Hermannus Contractus et de Matthieu Palmier. On l'imprima ensuite avec les autres ouvrages d'Eusèbe et avec la Chronique de Prosper et de Matthieu Palmier, à Bâle, en 1542, 1548, 1559 et 1570, in-folio; à Paris, en 1581, in - folio. Alphonse Tostat fit un Commentaire en langue espagnole sur la Chronique d'Eusèbe, qui fut imprimé à Salamanque en 1506, en cinq volumes in-folio. C'est sur ces éditions et après avoir consulté jusqu'à vingt-huit manuscrits, que de Pontac, évêque de Bazas, a publié la sienne, à laquelle Scaliger a donné de grands éloges et qu'il regardait comme la plus correcte de toutes celles qui avaient paru jusqu'alors. Elle fut imprimée à Bourges en 1604, in-folio, avec la Chronique de Prosper, avec les notes et les corrections de ce savant éditeur; mais elle se trouve rarement aujourd'hui, aussi bien que celle d'Aubert le Mire, imprimée à Anvers en 1608, in-folio, qui ne contient que la dernière partie de la Chronique d'Eusèbe, avec celle de Sigebert et d'Anselme. L'édition la plus commune et la plus estimée aujourd'hui est celle de Scaliger, surtout la seconde, imprimée à Amsterdam en 1658,in-folio. Elle contient une préface d'Alexandre Morus, les Commentaires de Scaliger, corrigés sur la version latine de saint Jérôme et sur le texte grec d'Eusèbe, plus amples du tiers que dans la première édi

filiis matris meæ. Non enim iis peregrinus, sed multum pretiosus erat : ita ut nullatenus credere liceat memoratos fratres ejus filios Mariæ fuisse. Alii sane fuerint qui in psalmo filii matris ejus dicuntur, quibusque extraneus factus est, intelligas porro matrem quidem

tion, imprimée à Leyde en 1606, in-folio; elle contient aussi trois livres des canons composés par Scaliger même pour servir d'introduction à la chronologie. A la suite de la Chronique d'Eusèbe, traduite par saint Jérôme l'éditeur a mis le supplément de ce Père à cette même Chronique; celle de Prosper, depuis l'an de Jésus-Christ 379, époque où saint Jérôme a fini la sienne, jusqu'à l'an 444; celle de Victor, depuis l'an 445 jusqu'en l'an 565; cellé de l'abbé Jean, depuis l'an 565 jusqu'au huitième du règne de l'empereur Maurice, de Jésus-Christ 593; celle d'Idace, depuis l'an de Jésus-Christ 379, où saint Jérôme finit la sienne, jusqu'en l'an 428; celle du comte Marcellin, depuis l'an de Jésus-Christ 379 jusqu'en l'an 534, et ensuite des extraits latins concernant la chronologie, tirés, par un auteur inconnu, des livres de Jules Africain, d'Eusèbe et d'autres chronologistes. On trouve ensuite une Chronique grecque, que Scaliger nous a donnée comme venant d'Eusèbe, et où il assure n'avoir rien mis qu'il n'ait trouvé dans les livres ; un abrégé des temps d'un auteur anonyme, appelé communément la Chronique d'Alexandrie, ou les Fastes siciliens, depuis Adam jusqu'à la vingtième année d'Héraclius, de Jésus-Christ 629; la hronographie du patriarche Nicéphore; enfin l'assemblage des histoires et la description des Olympiades, qui est non d'un ancien auteur, mais de Scaliger même, qui l'a composé de ce qu'il a tiré des chronologistes, tant anciens que nouveaux, même des Latins, dont il a traduit les passages pour leur donner place dans cette collection grecque. [Une meilleure édition de la version de saint Jérôme est celle qui se trouve dans les œuvres de saint Jérôme, publiée à Vérone en 1740, in-folio; on la doit à Vallaart. M. Migne l'a reproduite. au tome XXVII de la Patrologie. Le cardinal Maï, dans le volume VIII des Ecrivains anciens, a publié la Chronique de saint Jérôme d'après les manuscrits du Vatican. Nous avons vu que le même éditeur avait donné le livre Ier de la Chronique d'Eusèbe, texte arménien et version latine, avec les fragments grecs, volume VIII des Ecrivains anciens. Nous avons aussi déjà parlé de la première édition qu'il avait publiée à Milan, avec Zohrab, 1818,

ejus esse Judæorum Synagogam, omnemque cognationem secundum carnem eorum scilicet qui ex circumcisione erant; filios vero hujusmodi matris, eos qui ipsum abnegarunt ac dixerunt : Hunc autem nescimus unde sit. Euseb., Comment. in psalm. LXIX, p. 873 et 874.

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