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dans cet oratoire, vers l'heure de none. Ils demandèrent à Hypparch et à Philothée pourquoi ils n'allaient pas, suivant l'ordre de l'empereur, au temple de la Fortune, et pourquoi ils aimaient mieux prier seuls qu'avec le peuple? Ils répondirent: « C'est ainsi que nous adorons le Créateur de l'univers. »-«Croyezvous donc, leur dit Jacques, que cette croix de bois est le Créateur du monde? Car il me paraît que vous l'adorez. » « Non, répondit Hypparch, nous ne l'adorons pas, mais celui qui y a été attaché. C'est lui que nous reconnaissons pour Dieu, et pour Fils de Dieu, engendré, non créé, coessentiel au Père, par qui ce monde a été créé et se soutient. Il y a déjà trois ans que nous avons reçu le baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, par les mains de Jacques, prêtre de la vraie foi, qui de temps en temps nous donne aussi le corps et le sang de Jésus-Christ. C'est pour cela que, pendant ces trois jours, noust ne sortirons pas de la maison, afin de ne point participer à l'odeur des hosties profanes dont la ville est remplie. »

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17. Après quelques discours sur la vanité du culte des idoles et la vérité de la religion chrétienne, Jacques et les quatre autres convinrent d'envoyer chercher le prêtre, pour leur administrer le baptême. Hypparch et Philothée lui écrivirent une lettre qu'ils scellèrent de leur anneau, le priant de venir au plus tôt, et d'apporter le vase d'eau (préparé pour le baptême), l'hostie et l'huile d'onction. Le prêtre partit à l'instant, et, enveloppant le tout de son manteau, il vint à la maison et les trouva tous en prières. Ils se prosternèrent à ses pieds et lui demandèrent le baptême. Le prêtre les intruisit de la religion chrétienne, et, après avoir prié avec eux pendant environ une heure, il leur fit faire profession de la foi en un seul Dieu, puis les baptisa au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur donna de suite le corps et le sang de JésusChrist.

18. Hypparch et Philothée étaient très-considérés dans la ville et y jouissaient des premiers honneurs. Les autres y étaient aussi traités avec distinction. Trois jours après leur baptême, l'empereur demanda au préfet si quelques-uns des magistrats ne s'étaient point absentés par mépris pour les dieux. Il répondit

1 Tu vero quantocius ad nos venire ne graveris simulque urceum aquæ, hostiam, et cornu olei unctionis tecum perferre memineris. Page 127.

que, depuis trois ans, Hypparch et Philothée ne s'étaient point trouvés aux supplications publiques, ni aux sacrifices en l'honneur des dieux. Maximien ordonna, dans le moment, de les contraindre à venir au temple de la Fortune et d'être présents aux sacrifices. Ils demandèrent à ceux qu'on avait envoyés s'ils avaient ordre de n'en emmener que deux, ou tous; car, dirent-ils, nous sommes sept. Les envoyés répondirent que l'empereur ne demandait pour le présent qu'Hypparch et Philothée. Alors Philothée dit à Jacques et aux quatre autres. « Mes frères et mes enfants dans le Seigneur, je crains que vous ne puissiez pas soutenir le combat auquel nous sommes provoqués nous deux pour la défense de la cause de notre Seigneur Jésus-Christ. Dès le moment que nous avons embrassé la religion chrétienne, nous avons pris le parti de souffrir pour le nom de Jésus-Christ. Mais l'empereur ignore ce qui vous regarde; cherchez donc un asile dans les villages voisins, jusqu'à ce que la tempête s'apaise un peu. »> Jacques, Parégre et les trois autres répondirent qu'ils étaient disposés à souffrir la mort pour Jésus-Christ, et qu'ils ne craignaient rien.

19. Ils sortirent donc tous, et, conduits par les gardes, ils furent présentés à l'empereur, à qui ils ne donnèrent pas même le salut par l'inclination de tête, comme il était d'usage. Maximien, se croyant méprisé, en fit des reproches à Hypparch et lui ordonna de sacrifier aux dieux. « Vous faites pitié, lui dit Hypparch, de donner le nom de dieux à des pierres et des bois destinés aux usages des hommes. » L'empereur, irrité, lui fit donner cinquante coups de lanières plombées, c'està-dire qui étaient garnies à l'extrémité de glandes de plomb, et l'envoya en prison. On produisit ensuite Philothée, à qui Maximien dit: «Votre nom signifie que vous aimez les dieux. » Il répondit : « Je m'appelle avec justice Philothée, parce que j'aime un Dieu, et non plusieurs.» «Quittez, répliqua l'empereur, ces disputes de mots: sacrifiez aux dieux, et je vous élèverai aux plus grands honneurs. » Philothée dit : «Ce que vous appelez honneur, est pour moi ignominie. » L'empereur l'envoya, les mains liées derrière le dos, en une prison différente de celle d'Hypparch.

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sunt, et manufactos deos; qui dii non sunt, ejurarunt, baptizavit eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, eisque corpus et sanguinem Christi continuo im

Et postquam se in Deum vivum credere professi pertivit. Pag. 129.

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Pag :36.

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20. Jacques, Parégre, Habibus, Romain et Lollien ayant ensuite comparu, MaximienGalère leur dit : «Ces deux insensés vieillards Hypparch et Philothée sont las de vivre : mais vous qui êtes jeunes, je ne doute pas que vous n'obéissiez à mes ordres. » Ils répondirent: «Vous vous trompez, empereur : la vie nous est moins précieuse que notre foi en Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, envoyé de lui vers nous, nous a rappelés de la mort à la vie, en mourant lui-même sur la croix. » L'empereur les menaça du même supplice, s'ils ne sacrifiaient aux dieux. Ils méprisèrent ses menaces, et furent mis tous dans des prisons séparées, les mains liées derrière le dos.

21. Au bout de quinze jours, Maximien fit dresser un tribunal sur les rives de l'Euphrate, pour leur faire subir le dernier interrogatoire. Il commença par s'informer au geôlier si personne ne leur avait porté à boire et à manger. Le geôlier jura par ses dieux que, depuis quinze jours, les sept prisonniers n'avaient ni bu ni mangé. Il ajouta qu'ayant approché son oreille de la porte des prisons, il les avait entendus dire de temps en temps: « La Croix nous donnera du secours; » mais d'une voix qui s'affaiblissait chaque jour. « Amenez-les ici,» dit Maximien.

22. Ce cruel persécuteur leur demanda s'ils avaient changé de sentiment. « Non, répondit Hypparch. Nous avons dit six cents fois que nous ne voulions pas sacrifier aux dieux: usez de votre droit. » — « Etes-vous, répliqua l'empereur, l'interprète de vos compagnons?»> Tous répondirent: «Vous devez vous souvenir de ce que nous avons dit dernièrement, que rien ne pourra nous séparer de l'amour de Jésus-Christ notre Seigneur. » Maximien commanda qu'on les suspendit au chevalet; qu'on les frappât chacun vingt fois sur les côtés et sur le ventre, avec des nerfs de taureaux; qu'ensuite on les remit en prison, avec ordre de ne leur donner qu'autant de pain qu'il en fallait pour ne pas mourir de faim. Ils y demeurèrent depuis le 15 avril jusqu'au 25 juin. Alors, par ordre de l'empereur, ils furent conduits au prétoire, le visage et tout le corps si desséchés, qu'ils ressemblaient à des cadavres. Il leur offrit la liberté et des honneurs, s'ils voulaient offrir de l'encens aux dieux. Ils s'écrièrent tous: « Que ta bouche soit à jamais fermée, et que tes yeux périssent, malheureux qui nous donne de si mauvais conseils et qui veut, par tes artifices,

nous détourner de la voie sainte que JésusChrist notre Sauveur, Fils du Dieu vivant, nous a ouverte ! » L'empereur, en colère, les condamna au supplice de la croix. Cette conformité de mort avec celle de leur maître les combla de joie.

23. On les conduisit au lieu de l'exécution à la vue de leurs parents et de leurs alliés, tous en larmes; plusieurs hommes nobles auxquels l'empereur avait confié l'administration de la ville de Samosate, lui demandèrent de trouver bon que les martyrs eussent, avant de mourir, la liberté de parler pendant une heure à leurs parents, afin de leur faire connaître leur dernière volonté et de régler, par testament, leurs affaires domestiques. «Hypparch, Philothée, sont, disaient-ils, nos collègues, et ces cinq jeunes hommes ont rang parmi les patrices de notre ville. » Maximien accorda cette grâce, et l'on introduisit aussitôt les martyrs dans le vestibule du cirque. Mais ils en prirent occasion de haranguer le peuple qui était présent, et de prier Dieu à haute voix de détruire dans Samosate le culte des idoles et d'y établir la religion chrétienne; en sorte qu'au lieu des temples, on y bâtît des églises; qu'on détruisît le sacerdoce de Satan, pour lui substituer celui de Jésus-Christ; que la divine psalmodie prît la place des sacrifices impies; les saints autels, celle des idoles muettes, et que la ville fût décorée par des colléges de prêtres, de diacres, de vierges. Hypparch et Philothée demandèrent la liberté de tous les esclaves, en disant que, suivant les divines Ecritures, il n'y a point d'autre servitude que celle du péché.

24. Le peuple, à ce discours, ne pouvait retenir ses larmes; le prêtre de qui les martyrs avaient reçu le baptême était présent, sous la figure d'un pauvre, pour n'être pas connu. Il écrivait tout ce qui se passait, de même que le pédagogue de Gallus, comme on l'a déjà dit. Cependant le peuple voyant les martyrs s'avancer au lieu du supplice, il s'éleva un tumulte qui tenait de la sédition. L'empereur, averti, y accourut avec ses gardes. Il pressa de nouveau les martyrs de sacrifier aux dieux, et, les voyant inébranlables dans la foi, il fit dresser sept croix hors de la porte nommée Patibulaire. Hypparch fut attaché le premier à la croix avec des clous très-aigus: on lui avait, comme par dérision, couvert la tête d'une peau de bouc. En cet état, l'empereur l'insultait et le pressait encore de sacrifier. On voyait, par le mouve

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Page 138.

Les Actes du martyre

gnes, page 145.

ment de ses lèvres, qu'il avait dessein de lui répondre; mais il expira dans le moment.

25. Philothée et les cinq autres martyrs furent aussi attachés séparément à des croix; mais ils y vécurent jusqu'au lendemain. Pendant cet intervalle les bourreaux, par ordre de l'empereur, enfoncèrent dans la tête de Philothée, de Parégre et d'Habibus, des clous de fer; mais ils étranglèrent Jacques, Romain et Lollien, et leurs corps furent jetés dans l'Euphrate. Un chrétien nommé Bassus, citoyen de Samosate, et l'un des principaux officiers de la ville, les acheta des bourreaux pour la somme de sept cents deniers, et leur donna la sépulture.

26. Le nom de sainte Agnès était célèbre de sainte A dans toutes les Églises dès le temps de saint Jérôme, comme ce Père le remarque dans son Epitre à Démétriade, et il l'a toujours été depuis. Mais les louanges qu'on lui a données ont quelquefois été fondées sur les Actes apocryphes de son martyre, auxquels on ajoutait d'autant plus de foi, qu'ils portaient le nom de saint Ambroise. Le cardinal' Baronius a découvert l'erreur et montré que ces Actes étaient la production d'un auteur inconnu, qui, pour leur donner cours, avait mis en tête le nom de saint Ambroise. Premièrement, ces Actes s'éloignent en plusieurs endroits de ce que saint 2 Ambroise et 'Prudence ont dit de sainte Agnès. Ils disent que cette Sainte fut précipitée dans un bûcher; que les flammes, s'étant divisées en deux parties, consumèrent les peuples séditieux qui étaient autour du bûcher; et que, s'étant éteintes, la martyre n'en reçut aucune impression. Saint Ambroise et Prudence ne disent pas un mot de ce miracle, qui devait leur paraître la circonstance la plus relevée de son martyre. Les mêmes Actes donnent aux enfants de Constantin les titres d'Auguste et d'empereur, avant qu'ils eussent été associés à l'empire et proclamés Augustes et empereurs faute que saint Ambroise, trop au fait des usages de son siècle, n'aurait pas faite. Ils racontent que Constantia, fille de Constantin, alla au tombeau de sainte Agnès pour être guérie d'un mal qui la tenait de la tête jusqu'aux pieds; qu'elle y recouvra en effet la santé, après qu'elle eut embrassé la religion chrétienne, et que depuis elle vécut dans la vir

Baron., ad an. 324, p. 107.

2 Ambros., lib. I de Virgin., cap. 2. 3 Prudentius, de Coronis, hymn. 14.

ginité et y engagea plusieurs filles de toutes conditions. Rien de plus fabuleux. Les historiens du temps ne donnent à l'empereur que deux filles, Constantia et Hélène. La première fut mariée deux fois, d'abord à Hannibal, ensuite à Gallus; la seconde, à Julien l'Apostat. On n'en connaît pas une troisième de même nom et qui ait consacré sa virginité à Dieu. En vain on cite une inscription qui se trouve dans l'abside de l'église de Sainte-Agnès à Rome, où il est dit que cette basilique a été bâtie par Constantine, vouée à Jésus-Christ. L'inscription ne dit point que cette Constantine fût fille de l'empereur Constantin, ni qu'elle ait été guérie par l'intercession de sainte Agnès. Ce pouvait être quelque dame romaine qui, par dévotion pour cette Sainte, lui avait fait ériger cette basilique.

27. Les Actes publiés par Etienne Evodius Assémani n'ont aucun de ces vices. Ils ont, au contraire, tous les caractères d'authenticité. Leur antiquité se prouve par celle du manuscrit de Nitrie, d'où ils ont été tirés, que l'on assure être de plus de douze cents ans. Ce qu'on y dit de sainte Agnès est conforme à ce qu'on en lit dans les Ménées des Grecs et dans le Ménologe de Basile Porphyrogénète; enfin l'auteur paraît avoir été contemporain, comme on le reconnaît, en ce que, pour donner de l'autorité à sa narration, il appelle* en témoignage ceux qui avaient été présents au martyre de la Sainte, et dont plusieurs vivaient encore.

522.

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Page 157.

Voyez ci

28. Ce martyre arriva, selon l'opinion la plus commune, vers l'an 304 ou 305, sous dessus, page Dioclétien ou sous Galère; car l'empire était alors partagé entre plusieurs. Les Actes fixent le jour de sa mort au 21 janvier. Elle était originaire de Rome. Sa beauté lui occasionnait de fréquentes visites de la part des dames romaines qui, fâchées la plupart de la voir professer la religion chrétienne, firent tout ce qu'elles purent pour l'en détourner. Elle, au contraire, parlait avec liberté de sa foi et exhortait ces dames à l'embrasser. On publiait tous les jours de nouveaux édits contre les chrétiens. Agnès fut déférée au juge et conduite devant son tribunal. Le magistrat, épris de sa beauté, épargna son corps, non par un mouvement de miséricorde, mais de peur que, déchiré par les coups de fouets, il ne

↳ Illud percommode cadit quod infinita sit eorum multitudo, qui præclara ipsius Agnetis gesta et viderint et commendaverint. Pag. 150, 159.

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Actes des martyrs de

page 166.

Voyez cidessus, page 3.

suivant les Actes originaux, un homme divin,
appliqué dès sa jeunesse aux jeûnes et autres
mortifications du corps, à la lecture des di-
vines Écritures, instruit non-seulement de la
théologie, mais aussi des belles-lettres. Il fai-
sait dans l'Église de Scytophe trois fonctions
différentes, de lecteur des Livres saints, d'in-
terprète de la langue grecque et syriaque, et
d'exorciste, chassant les démons des corps
qu'ils possédaient. Il était de Besan ou Betsan,
ville de la tribu de Manassé.

pût plus contenter les yeux des impudiques.
Il lui proposa de sacrifier aux dieux, la me-
naçant, en cas de refus, de la faire trainer en
un lieu de débauche. Elle répondit qu'elle ne
sacrifierait point à des dieux inanimés, et
qu'elle espérait que Dieu la délivrerait de l'in-
famie dont il la menaçait. Son espérance ne
fut pas vaine. Tous ceux qui entrèrent dans ce
lieu infâme dans le dessein de satisfaire leurs
passions brutales, ne purent approcher d'elle.
L'un d'eux, plus impudent que les autres,
voulut les surpasser dans le crime; mais à
peine était-il entré dans le vestibule, qu'il
tomba mort.

29. Le juge, informé de l'événement, ne
voulut point y ajouter de foi, et, pour se con-
vaincre du fait, il alla lui-même au lieu où
était Agnès. Il y trouva le corps de cet hom-
me jeté par terre et sans âme. En ayant de-
mandé la raison à Agnès, elle dit que Dieu lui
avait envoyé son ange pour la préserver et la
venger des insultes que l'on voulait faire à sa
pureté. « J'ajouterai foi, dit le juge, à tout ce
que vous dites, si vous obtenez de Dieu la vie
de ce malheureux. » Elle pria, les mains éten-
dues vers Dieu, et aussitôt ce jeune homme
se leva. Le juge et tous ceux qui étaient pré-
sents furent surpris d'admiration; mais, au
lieu de reconnaître dans ce prodige la vertu
de Dieu, ils l'attribuèrent à l'art magique.

30. Ils demandèrent donc qu'elle fût condamnée à mort; le juge y consentit, et la condamna au feu. Pendant ce supplice elle rendait grâces à Dieu de ce qu'il l'avait conservée pure et jugée digne de lui être immolée. Les Actes latins disent qu'elle eut la tête tranchée. Les chrétiens recueillirent ses cendres et tout ce que les flammes avaient épargné, et les placèrent honorablement.

1

Martyre des Sainies AL

chée, p. 172.

33. Les saints martyrs Alphéc, Zachée et Romain souffrirent la mort en un même jour, phée et Zaquoiqu'en divers endroits, savoir le 17 novembre 303, sur la fin de la première année de la persécution de Dioclétien. Alphée était lecteur de l'Église de Césarée, exorciste et prédicateur; Zachée, diacre de Gadare, et Romain, diacre et exorciste dans un village dépendant de Césarée. On célébrait dans cette ville les Vicennales de Dioclétien, ou la vingtième année de son règne. Le préfet de la province mit, suivant la coutume, tous les prisonniers en liberté; mais il fit arrêter plusieurs chrétiens. De ce nombre fut Zachée, diacre de Gadare; amené chargé de chaînes à son tribunal, il y confessa la foi de Jésus-Christ. Le préfet le fit déchirer à coups de lanières et avec des peignes de fer, puis on l'envoya en prison, où on lui mit le cou et les pieds dans une numelle jusqu'au quatrième trou. C'était un instrument de bois destiné à tourmenter les malfaiteurs. Alphée souffrit les mêmes supplices pour la même cause. Traduits ensuite l'un et l'autre devant le préfet, il leur ordonna de sacrifier aux empereurs. A peine eurent-ils répondu qu'ils n'adoraient qu'un seul Dieu, empereur de toutes choses, que les bourreaux leur tranchèrent la tête.

Actes du de int Ro

man,

173.

Voyez cidessus p.

5.

31. Nous avons donné ci-dessus le précis 34. Le même jour le diacre Romain souffrit Palestine, des Actes des martyrs de la Palestine, com- le martyre à Antioche. Il était originaire de tyre page posé par Eusèbe de Césarée et mis à la fin Palestine. Il avait coutume, comme Alphée, d'exhorter ceux que la crainte des tourments faisait apostasier, à rentrer dans la véritable. religion, en les faisant souvenir du terrible jugement de Dieu, et allait, sans être invité, dans les assemblées des chrétiens qui craignaient la mort, pour les rassurer. Il alla aussi de lui-même se présenter au juge Asclepiade, et voyant qu'il ordonnait aux chrétiens conduits devant son tribunal d'immoler aux idoles, il employa toute son éloquence pour les en détourner. Le juge ordonna aux gardes de

Martyre de sant 'roco

du huitième livre de son Histoire ecclésias-
tique. Ce qu'il en a raconté se trouve con-
forme aux Actes des mêmes martyrs, publiés
en chaldéen dans la Collection d'Étienne Evo-
dius Assémani; mais ceux-ci sont plus éten-
dus et plus détaillés. Eusèbe ne fit que les
abréger; nous y suppléerons, en ajoutant cel
que ces Actes renferment de plus intéressant.

32. Le premier des martyrs de Palestine, Pe page 169. selon Eusèbe, est saint Procope, lecteur de pages 3 et 4. l'Eglise de Scytophe, sur le Jourdain. C'était,

Tome III,

1 Prudentius, de Coronis, hymn. 14.

Les Actes

du martyre

mothée.page

482.

l'arrêter, et le condamna au feu. Mais Dioclétien, qui était alors à Antioche, changea cette sentence et commanda que l'on coupât la langue à Romain. Cependant il parlait avec autant de facilité qu'auparavant. Il fut mis en prison, et dans la numelle, les pieds étendus jusqu'au cinquième trou, et ensuite étranglé. Eusèbe de Césarée, dans son second livre de la Résurrection et de l'Ascension de JésusChrist, publié par le Père Sirmond avec les autres opuscules de cet historien, a donné une histoire plus étendue de saint Romain, mais en style d'orateur. Prudence y a joint le martyre d'un enfant nommé Barulas, dans la dixième hymne des Couronnes. Cela a donné lieu de distinguer deux martyrs du nom de Romain : l'un, diacre de Césarée, mis à mort à Antioche sous Dioclétien; l'autre, moine et citoyen d'Antioche, martyrisé en cette ville sous Galère. Mais cette distinction n'est pas fondée, et il est visible qu'Eusèbe et Prudence ne parlent que d'un même et seul Romain, que l'on peut dire également avoir été martyrisé sous Dioclétien et sous Galère, puisque ces deux empereurs pouvaient être à Antioche. On peut voir dans le tome III le précis des Actes du martyre de l'enfant dont on vient de parler.

1

35. La seconde année de la persécution de de saint T- Dioclétien, qui était l'an 304 de l'ère vulgaire, l'empereur Dioclétien publia un second édit contre les chrétiens, beaucoup plus sévère que le premier. Celui-ci ne regardait que les ministres de l'Eglise; l'autre ordonnait à tous les chrétiens, sans distinction de sexe et de condition, de sacrifier aux idoles. Il y avait à Gaza, ville de la Palestine, un homme du nom de Timothée, d'une grande intégrité de mœurs, connu pour chrétien par ses concitoyens, qui étaient, de tous les peuples, les plus attachés au culte des idoles : ils lui faisaient toutes sortes d'insultes, jusqu'à le frapper. Enfin il fut déféré au préfet Urbain, qui lui fit essuyer les plus rigoureux tourments. Ensuite il le condamna à être consumé à petit feu, dans le dessein de prolonger son martyre. Mais il sortit de cette épreuve comme l'or le plus pur. Le même jour, c'est-à-dire le 20 novembre de l'an 304, et dans la même ville, Agapius et Thècle furent exposés aux bêtes par ordre du préfet. Le Ménologe de Basile dit qu'ils furent arrêtés et condamnés aux bêtes, parce

1 Assémani, Not. in hunc locum, pag. 175, 176.
2 Pag. 455.

Pag. 458.

qu'ils avaient converti plusieurs païens à la foi de Jésus-Christ.

Martyre de

saint Ap

189.

36. Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit des Actes du martyre de saint phien, page Apphien dans le tome III3 de cet ouvrage. Ce sont les mêmes dans Eusèbe que dans la Collection d'Assémani. Il faut dire la même chose des Actes du martyre de saint Edèse, frère * d'Apphien, et de ceux de saint Agapius 3, qui fut exposé une seconde fois aux bêtes sous le règne de Maximin, en 306. Nous remarquerons seulement qu'il était d'usage, quand on conduisait un chrétien au supplice, de le faire précéder d'une tablette, où, pour toute cause de mort, on se contentait d'écrire le nom de chrétien.

Page 199

Martyre de sainte Théo

page 201.

37. En parlant de sainte Théodosie, nous avons dit qu'elle avait consommé son martyr dosie, vierge, le 2 avril de l'an 307,auquel, en cette année, tombait la fête de Pâques. Cela est marqué ainsi dans le texte grec d'Eusèbe, mais c'est une faute. Pâques, en 307, était le 6 avril, mais en 310 il était le 2 de ce mois.

38. Etienne Assémani est le premier qui nous ait fait connaître le martyre de sainte Théodote, et qui en ait publié les Actes. Il n'en est pas même parlé dans les Martyrologes. Le Romain fait bien mention d'une Théodote, martyrisée le 17 juillet à Constantinople, sous Léon Iconoclaste, et d'une autre Théodote qui souffrit le martyre avec ses trois enfants, à Nicée en Bithynie, le 8 août. Mais elles sont l'une et l'autre différentes de la martyre Théodote dont nous allons parler. Celle-ci souffrit sous Licinius en 318, au lieu que Théodote, martyrisée à Constantinople, ne le fut que dans le VIIIe siècle, pour le culte des images. Celle que l'on fit mourir à Nicée avec ses trois enfants était mariée; au lieu que Théodote, mise à mort sous Licinius, était une femme publique.

39. La six cent quarante-deuxième année depuis la mort d'Alexandre, l'an de JésusChrist 318, il s'éleva dans la ville de Philippe une persécution contre les chrétiens. Le préfet Agrippa en prit occasion d'une fête solennelle qu'il fit célébrer en l'honneur d'Apollon. Par un édit public, il ordonna que tous participeraient aux sacrifices que l'on offrirait à cette divinité. Théodote n'eut aucun égard à l'édit. Le préfet ordonna de l'amener. Elle répondit : « N'est-ce pas assez que je passe

Pag. 461. 5 Ibid.

au

Les Actes martyre Théodote,

de sainte page 221.

Page 224.

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