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Il reçoit ordre de bå

monas

à filer du poil et à en faire des cilices, pour avoir de quoi nourrir les pauvres. Un jour de Pâques, Palémon dit à Pacôme d'apprêter à manger pour la solennité de la fête; il prit, outre l'ordinaire, un peu d'huile qu'il mêla avec du sel pilé et y ajouta quelques herbes sauvages. Le saint vieillard, après avoir fait la prière, s'approcha de la table, mais ayant vu cette huile, il se frappa le front et dit avec larmes : « Mon Seigneur a été crucifié, et je mangerais de l'huile ! » et il ne put jamais s'y résoudre.

4. Saint Pacôme s'étant un jour avancé astrun mas sez loin de sa cellule, en un lieu nommé Tabenne, comme il y était en prières, il enten 7,8, page 28. dit une voix qui lui dit : « Demeure ici, Pa

benne.

Ioid., num.

1

côme, et fais-y un monastère; car plusieurs te viendront trouver pour leur salut, et tu les dirigeras suivant la règle que je te donnerai. »> Aussitôt un ange lui apparut et lui donna une table où était écrite cette règle, qui y fut observée depuis. Il communiqua cette vision à saint Palémon et le pria de passer avec lui jusqu'à Tabeane. Ils y construisirent une petite cellule et y demeurèrent ensemble pendant quelque temps. Avant de se séparer, ils se promirent de se visiter l'un l'autre chacun une fois par an, ce qu'ils exécutèrent jusqu'à la mort de saint Palémon, qui arriva quelque temps après. Jean, frère de Pacôme et son aîné, qui s'était fait chrétien, vint le trouver à Tabenne et y mourut après y avoir vécu dans de grandes austérités. Ainsi Pacôme se trouva seul; mais bientôt Dieu lui manifesta sa volonté en lui ordonnant de bâtir un monastère assez spacieux pour recevoir une grande multitude. Un jour, étant allé dans une île du Nil, qui était proche de Tabenne et s'y étant mis en prières pour demander à Dieu de connaître sa volonté, un ange lui apparut et lui dit par trois fois : « La volonté de Dieu est que vous serviez les hommes pour les réconcilier avec lui; » après avoir prononcé ces mots, il disparut. Saint Pacôme, ainsi assuré de ce que Dieu demandait de lui, commença à recevoir ceux qui se présentaient pour embrasser la vie monastique.

Et protinus apparuit angelus Domini deferens ei tabulam in qua erat omnis forma institutionis. Pachom. Vit. ex versione Dionysii Exigui. Il n'est point parlé de cette table dans la Vie de saint Pacôme, donnée par Bollandus, et qui a été écrite par un auteur qui avait conversé avec les disciples de ce Saint; mais il y est dit qu'un ange, lui ayant apparu, lui prescrivit les règlements qu'il devait faire observer à ceux qui se mettraient sous sa conduite: Angelus ei a Domino apparuit non aliter ac quondam factum est Manoe et uxori ejus,

Il reçoit "eux qui se

présentent a tere

son monas

Act Gorea. num. 46

47, 48, p. 29

5. Les trois premiers qui vinrent le trouver furent Psentaëse, Syr et Psoïs. Pécuse, Corneille, Paul, un autre Pacôme et Jean vinrent ensuite, et il eut bientôt jusqu'à cent disciples. m. 186 Il les animait à l'observance régulière, autant par ses exemples que par ses paroles. Il compatissait à leurs peines avec une affection paternelle, il exerçait de ses propres mains les œuvres de miséricorde envers les vieillards, les malades et les enfants. S'il se présentait quelque ecclésiastique, il le recevait avec honneur, particulièrement ceux qui avaient été ordonnés prêtres par les évêques catholiques, aimant mieux avoir des prêtres dans son monastère que d'en faire venir des villages voisins. Il y admettait aussi des prêtres sortis d'un autre monastère, et leur permettait la célébration des divins mystères, quand il était assuré de leur ordination et de leur probité. Il commit aux plus anciens après lui le soin de tout ce qui était nécessaire aux frères et aux étrangers, et, lorsqu'il arrivait que celui qu'il en avait chargé était absent, il faisait seul ce qui était à faire.

6. Outre l'église de son monastère, il en fit bâtir une dans le village, de l'avis de Sérapion, évêque de Tantyre, afin que les bergers des environs pussent s'y assembler le samedi et le dimanche, pour y entendre la parole de Dieu. Pacôme leur lisait lui-même les saintes Ecritures, ce qu'il faisait avec tant de modestie et de recueillement, qu'il paraissait plutôt un ange qu'un homme. Plusieurs, touchés de ses vertus, renoncèrent à l'idolâtrie et reçurent le baptême. Ses religieux l'accompagnaient quand il allait à cette église et il continua d'y faire les fonctions de lecteur, jusqu'à ce que l'évêque eut ordonné un prêtre pour la desservir.

Il fait les fonctions de

lecteur dans lace parca 20, Bo

une église de

Lib. I

page 2 Acta

apud land, Dum. 20, page 30.

II resent saint Athanase vers l'an 333. Arla Grava, apud Bol

7. Dans le temps que saint Athanase faisait la visite des Églises de la haute Thébaïde, vers l'an 333, il arriva, en remontant le Nil par bateau, jusqu'à Tabenne. Saint Pacôme land, page alla au-devant de lui avec tous ses religieux, et ils recurent ce saint archevêque avec une grande joie, en chantant des hymnes et des

cum de Samsonis futura nativitate sunt admoniti. Ita autem edixit angelus : Dei voluntas est, ut servias hominum generi, ipsos ei conciliando... At ipse quæ facta erant attentius secum ac vocem, præcipue illam ter repetitam cogitans, nihilque amplius de veritate ejus Deique heneplacito dubius, excipere cœpit omnes quicumque monasticæ vitæ studio accensi ad eum accedebant. Apud Bolland.,pag. 301, in Vita latina Pachomii, tom. III maii.

30.

Il fonde d'autres monasteres,

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psaumes. Mais saint Pacôme se cacha au milieu d'eux, sans se présenter à lui, parce qu'il savait que Sérapion, évêque de Tantyre, avait souvent parlé de lui à saint Athanase, comme d'un homme admirable et d'un vrai serviteur de Dieu, et qu'il l'avait même prié de l'ordonner prêtre et supérieur de tous les solitaires du diocèse de Tantyre.

8. Le monastère de Tabenne se trouvant trop petit à cause du grand nombre de disciples que Dieu envoyait, saint Pacôme, en 38 pages 31, bâtit un second en un village abandonné,

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Acta Graca,

land., num.

45, 60, 65.

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nommé Proou, dans le diocèse de Diospolis, où il fixa sa demeure ordinaire; l'économe général de tous les monastères y résidait aussi, et c'était là que les religieux se rassemblaient à Pâques, pour célébrer cette fète avec le Saint. On y tenait encore l'assemblée générale du mois d'août. Quelque temps après l'établissement de ce monastère, et vers l'an 336, un vieillard nommé Eponyme, qui avait sous sa conduite quelques solitaires, vint prier saint Pacôme d'accepter son monastère, appelé de Chénobosque. Pacôme l'accepta et y mit quelques-uns de ses religieux pour y vivre avec les anciens, sous la conduite d'un économe nommé Orsise. Il établit aussi un de ses disciples, nommé Corneille, supérieur dans le monastère de Moncose ou Mocasse, dont il s'était chargé à la prière de quelques anciens solitaires qui y demeuraient il y bâtit une église, la plus belle qu'il put, avec des ailes, des pilastres de briques et divers autres ornements. Mais il s'en repentit ensuite et obligea ses frères de tirer les pilastres de l'église avec des cordes attachées en haut, en sorte que tous demeurèrent penchés ou tortus. On rapporte, vers le même temps, la fondation de cinq autres monastères, par les soins de Pacôme, savoir: celle de Tasé, de Pane, de Thebeu, de Tismen, de Pichuum ou Pachnum. Il bâtit celui de Pane près la ville de ce noi, à la prière d'Arée, évêque du lieu. Celui de Tismen était dans le même diocèse. 9. La sœur de saint Pacôme, informée de

1 Proficiscenti Pachomio, fratris nescio cujus, eodem in monasterio defuncti, oblatum est per viam funus, comitantibus illud universis monasterii fratribus, cum sœ lemni psalmorum cantu: amici quoque et parentes fratris demortui funeribus intererant. Simul autem atque sanctum Pachomium ad sese venientem a longo observarunt fratres, in terrum deposuerunt feretrum, ut cum advenisset vir sanctus suas super defuncto preces persolveret. Subsistebant ergo fratres, atque una cum sæcularibus, psalmos decantabant. Adveniens deinde beatus Pachomius cum aliquandiu orationi vacasset, fratribus

vient pour le nastère.

voir. Il lui batit un mo

Acia Græca, apd Bol. land., pages

ses vertus et de la sainteté de sa vie, vint à son monastère pour le voir. Il lui fit dire par le portier: «Ma sœur, vous savez maintenant que je suis en vie et en santé : allez en paix 30, 3, 32. et ne vous affligez pas de ce que je ne vous vois point des yeux du corps; si vous voulez suivre ma manière de vie, pensez-y bien, et si je vois que ce soit une résolution ferme, je vous ferai bâtir un logement où vous pourrez demeurer avec bienséance, et je ne doute point que, par votre exemple, le Seigneur n'en attire d'autres. » Sa sœur ayant ouï ces paroles, pleura amèrement, et, touchée de compassion, elle se résolut à servir Dieu. Saint Pacôme lui fit done bâtir un monastère éloigné du sien, de l'autre côté du Nil, et en peu de temps elle devint la supérieure d'un grand nombre de filles qui suivirent son exemple. On voit, par Pallade, qu'elles étaient quatre cents vers l'an 420. La congrégation de Tabenne se trouva donc composée de dix monastères, du vivant de saint Pacôme; il y en avait neuf d'hommes, et un de filles : tous étaient dans la haute Thébaïde.

1

Son voyage

ne

chante our un mort Vila Put..

39.

Acta Græca, apud Bol44 maii, pag.

land ad diem 53 et seq.

10. Dans un voyage qu'il fit à Pane, il ren- à Pane il contra, en faisant la visite des monastères empeche qui étaient sur sa route, le convoi funèbre d'un religieux qui avait passé sa vie dans une lib. I, cap. grande négligence. Tous les frères du ' monastère assistaient à ces funérailles en chantant des psaumes, et ils étaient suivis des parents et des alliés du défunt. Ayant aperçu saint Pacôme, ils s'arrêtèrent, et, quand il fut arrivé, ils le prièrent de faire l'oraison pour le mort. Il pria, mais il fit cesser le chant des psaumes et brûler devant tout le monde les habits magnifiques dont on avait couvert le mort. Il défendit d'offrir pour lui le sacrifice et ordonna d'aller l'enterrer dans l'un des sépulcres qui étaient sur la montagne. Les assistants supplièrent le Saint de permettre au moins qu'on chantât des psaumes à l'ordinaire; mais il répondit que ces honneurs qu'il n'avait point mérités, ne feraient qu'augmenter ses peines, tandis que l'ignominie avec la

edixit ne amplius psalmos pro defuncto concinerent, tum vero vestes defuncti [la traduction de Denys le Petit porte vestimenta splendida quibus involutus erat], in medium afferri, easque in conspectu omnium cremari præcepit; quo facto cadaver tolli, et absque ulla psalmodia terræ mandari voluit. At vero fratres ejus et propinqui ad pedes Puchomii se abjicientes, summis contendebant precibus, ut non sine solito psalmorum cantu mortuus sepeliretur, quos tamen Pachomius non audiit. Paralipomena de SS. Pachomio et Theodoro, tom. III maii, apud Bolland,, pag. 336, et in Append., pag, 53,

1

quelle on traitait son corps, pourrait procurer à son âme quelque repos et servir de quelque satisfaction pour ses péchés; car Notre-Seigneur, dont la bonté est infinie, cherche les occasion de nous en donner des marques, en nous remettant nos péchés, non-seulement en ce monde, mais aussi en l'autre. C'est pourquoi Matth XII. il dit dans l'Évangile : Le péché de celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, ne lui sera point pardonné, ni en ce monde, ni en l'autre. Ces paroles faisaient voir clairement qu'il y a quelques péchés qui peuvent, par les prières, être remis en l'autre. A son arrivée à à Pane, l'évêque le reçut avec un grand respect, et, pour marquer la joie qu'il avait de le voir, il ordonna une fête publique.

Il assiste au concile

en 348. Så mort.

Acta Græca, apud Bolland., pag. 42 et seq.

Pallad. Ilist. Lausiac.

11. Saint Pacôme étant de retour à Tade Latople, benne y tomba malade vers l'an 346. Dans la crainte qu'il n'en mourût, ses principaux disciples s'assemblèrent auprès de lui, résolurent de choisir un chef à leur congrégation, et ils pressèrent saint Théodore de se charger de ce soin. Mais il le refusa d'abord et n'y consentit qu'avec peine. Cependant la santé de saint Pacôme se rétablit, et il fut appelé à une assemblée d'évêques et de moines qui se tint dans l'église de Latople, vers le commencement de l'an 348. Le don qu'il avait reçu du discernement des esprits, et les visions dont Dieu l'avait souvent favorisé, lui avaient suscité des ennemis, et ce fut pour rendre compte sa conduite, qu'il fut cité à ce concile. Il s'y justifia d'une manière qui fit admirer son humilité et ses autres vertus; car il ne louait en lui-même que la seule grâce de Dieu. Il se retira ensuite avec les frères qu'il avait amenés avec lui, et s'en alla à son monastère de Pachnum, qui n'était pas éloigné de Latople. On croit que ce fut vers ce temps-là que saint Macaire d'Alexandrie, ayant eu connaissance de la vie sainte des religieux dé Tabenne, fit quinze journées de chemin pour venir se rendre disciple de saint Pacôme. Ils passèrent en

1 Fons enim bonitatis Deus noster existens occasiones quærit, per quas opulenta super nos dona pietatis sue effundat, remittat nobis peccata non solum in hoc sæculo, sed etiam in futuro. Vita Pachom. ex versione Dionysii Exigui. Eam ob rem rogo vos ut si cruciatus defuncti capitis reddere leviores, sine psalmis eum sepulturæ mandetis : posset enim Deus cum bonus sit et misericors, ob hanc ei factam ignominiam requiem aliquam eidem præbere. Paralipom. de SS. Pachomio et Theodoro, tom. III. maii, apud Bolland, pag. 336.

Est quidem illa filiæ tuæ tunica, sed ipsa non servat castitatem cum virginitatem sit professa... sancte itaque promittat fore ut majori in posterum se diligentia

semble le carême dans de grandes austérités. Après Pâques, la maladie se mit parmi les moines de Tabenne; il en mourut un grand nombre, et saint Pacôme entre autres, le 14 du mois que les Egyptiens appellent Pacon, c'est-à-dire le 9 mai de l'an 348, cinquanteseptième de son âge, et le trente-cinquième de sa retraite. Son corps fut enterré le lendemain sur la montagne voisine de son monas

tère.

Grâces surnaturelles

accordées à

saint Paed

me Par cap. apud Bol

Lib. I Vita

Acta Graca, land,

page 59, num. 27. Lib. II Patr., cap. 36. 37. Acta Græca, arud Bol

32, 33.

12. Sur la fin de sa vie, il avait obtenu de Dieu le don des langues, en sorte que, bien qu'il n'eût jamais appris le grec ni le latin, il parlait l'un et l'autre avec beaucoup de pureté. Entre plusieurs miracles qu'on raconte de lui, en voici deux bien remarquables. Un homme ayant vu saint Pacôme à la porte du Vita monastère, accourut de loin se jeter à ses pieds, le priant de délivrer sa fille du démon. land, pages Saint Pacôme le laissa à la porte, et, étant entré, lui fit dire par le portier: « Nous n'avons pas coutume de parler aux femmes, mais si vous avez quelque habit de votre fille, envoyez-le moi, je le bénirai et je vous le renverrai: j'ai confiance en Jésus-Christ que votre fille sera délivrée.» On lui apporta donc une tunique de cette fille, mais il la regarda d'un œil sévère et dit : « Cet habit n'est pas à elle.»> Le père assurait le contraire, et saint Pacôme ajouta « Je sais bien qu'il est à elle; mais elle avait consacré à Dieu sa virginité, et ne l'a pas gardée : c'est pourquoi j'ai dit que ce n'était pas là son habit. Qu'elle vous promette en la présence de Dieu, de vivre désormais dans la continence, et Jésus-Christ la guérira. » Le père, affligé, examina sa fille, qui lui. confessa sa faute et lui promit avec serment de n'y plus retomber. Alors saint Pacome pria pour elle et lui envoya de l'huile qu'il avait bénite. Aussitôt qu'elle en eut été ointe, elle fut guérie. Un autre homme, ayant un fils possédé, vint trouver saint Pacôme, qui lui donna' un pain bénit, lui recommandant

ab omni immunditia puram servet, idque coram Deo qui promissiones sibi factas nunquam non audit : sic fiet ut Dei ejusdem misericordia filiam tuam sanam habens atque incolumem. Filia ergo sua in examen vocata, indignans simul ac mærens pater ipsius puellæ confessione peccati labem cognovit, ac simul promissum ab ea accepit quo nihil in posterum ab ea ejusmodi perpetratum iri sancte pollicebatur. Tunc Pachomius oleum benedictione sua consecratum misit ad patrem : qui filiam suam eodem ubi perunxit nihil in fide hæsitans, sanitati mox pristinæ videre meruit restitutam. Vita Pachomii, apud Bolland., tom. III maii, pag. 308.

• Quidam alius filium suum a molestissimo genio

saint Paco

[IVe SIÈCLE.]

CHAPITRE XII. - SAINT PACOME, ABBÉ DE TABENNE.

soigneusement d'en faire toujours prendre un
peu au possédé avant ses repas. Le père lui
en donna; mais le démon ne lui permit pas
d'en goûter et l'énergumène remplit ses
mains des autres pains qu'il avait devant lui,
et il commença d'en manger. Le père rompit
le pain bénit en petits morceaux, qu'il cacha
et
noyaux,
dans des dattes dont il avait ôté les
ne donna autre chose à manger à son fils que
ces dattes : mais le possédé les ouvrit, jeta les
même
pas
morceaux de pain, et, ne touchant
aux dattes, il ne voulait rien manger. Le père
le laissa plusieurs jours sans nourriture. En-
fin, pressé de la faim, il prit du pain bénit,
s'endormit aussitôt, et fut délivré du démon.

ARTICLE II.

LA RÈGLE DE SAINT PACOME.

Règle de 1. La Règle de saint Pacôme fut d'abord ine, traduite écrite en égyptien, qui était la langue natuJerrelle du pays où il avait pris naissance. On la

en latin par saint

me.

traduisit depuis en grec, et nous en avons
encore aujourd'hui des extraits considérables
en cette langue, dans Bollandus. Le prêtre
Sylvain, ayant reçu cette Règle d'Alexandrie,
avec les préceptes de saint Théodore et d'Or-
sise, écrits en égyptien et déjà traduits en
grec, envoya toutes ces pièces à saint Jérôme,
en le priant de les mettre en latin. Léonce,
également prêtre, lui fit la même prière, avec
quelques autres frères qu'on lui envoya ex-
près. Il ne put donc refuser un travail si utile
aux solitaires d'Égypte, particulièrement à
un grand nombre de Latins qui demeuraient
dans les monastères de la Thébaïde et dans
celui de la Pénitence, près d'Alexandrie, qui,
n'entendant ni le grec ni l'égyptien, étaient
privés de la lecture des ouvrages de ces trois
anciens. Il crut même que cette traduction
ne serait pas inutile à la vierge Eustochie,
fille de sainte Paule. Il y travailla vers le
commencement de l'an 404, peu après la
mort de sainte Paule, arrivée le 26 janvier
de cette année, et dans le temps qu'il la pleu-
rait encore. C'est ce qu'il témoigne lui-même

vexatum adduxit, rogans ut sanaretur, panemque ab eo
qui erat ad januam accipiens cum mandato ut eum com-
minueret esuriente dæmoniaco, frustum ejusdem panis
homini porrexit. Sed nec attingere eum energumenus
voluit, cum ex uliis panibus avidissime comederet, mala
deinde punica, et viridis coloris caseolos aperiens, pa-
nis benedicti micas iis immiscuit, ut nescius saltem dæ-
moniacus ex eo sumeret: sed cum vesci cœpisset aperuis-
setque cibos appositos, omnia panis benedicti frustula

361

dans une lettre qu'il mit à la tête de sa tra-
duction. Il y donne aussi un précis des usages
qui s'observaient dans les monastères de saint
Pacôme, et ce qu'il en expose a été considéré
dans la suite comme une règle particulière,
à qui l'on a donné le nom de saint Jérôme.
Il y rapporte, mais sur un bruit commun,
qu'un ange avait donné à saint Pacôme, à
Corneille et à Syr, une manière mystique de
s'exprimer, soit de vive voix, soit par écrit,
par les lettres de l'alphabet grec.

Variétés dans les di

édi

tions qu'on en a faites.

2. Holsténius nous a donné la Règle de saint Pacôme, de la traduction de saint Jé- verses rôme, dans le recueil des anciennes Règles, fait par saint Benoît d'Aniane. Elle est beaucoup plus longue et fort différente de celle qui est rapportée par Pallade. Mais il y a dans celle-ci des réglements qui ne se trouvent point dans celle que saint Jérôme a traduite. Dans l'édition de Holsténius, elle est divisée en cent quatre-vingt-quatorze articles, qui, depuis le cent quarante-deuxième, sont interrompus par de nouveaux titres et de nouveaux sommaires : ce qui fait conjecturer que ce sont des pièces détachées les unes des autres, qui, ayant été trouvées en divers endroits, ont été mises de suite par saint Benoît d'Aniane. On voit, en effet, par les contrariétés qui s'y rencontrent, que tous ces réglements ne peuvent être d'une même main; car le cent cinquante-sixième ordonne que le prévôt du monastère fera deux instructions par semaine, et le vingt-unième dit qu'il doit en faire trois. Le cent quatre-vingt-deuxième porte que si le prévôt est absent, son second fera toutes choses en sa place, et le cent quinzième dit qu'en ce cas, ce sera le prévôt d'une autre maison qui tiendra sa place.

Ti n'y étai point parl

3. Il y a dans la Règle de saint Pacôme, imprimée au tome IV de la Bibliothèque des des vierges Pères, un article particulier qui regarde la conduite des religieuses: c'est le quatre-vingtdeuxième. Comme il n'était point attribué à saint Pacôme, dans le manuscrit dont Holstenius s'est servi, cet éditeur ne l'a pas inséré dans la Règle de saint Pacôme, mais parmi les

abjecit, ne minimum quidem ex iis gustans. Quamobrem
biduo eum jejunum manere voluit, donec viribus ferme
destitueretur; quo elapso pultem coxit triticeam, cui dic-
tum jam sæpe panem immiscuit, quem benedicto insuper
oleo intinxit. Continuo autem quieti sese tradens ener-
gumenus altum cæpit dormire, cujus parens non diu
post ad monasterium rediens, Deumque laudans, de re-
cuperata a filio sanitate nuntium ipso attulit. Ibidem,
pag. 308.

come a regu

règles des vierges, à la suite d'une d'entre elles dont l'auteur est inconnu. Ces paroles qui se lisent au commencement de la Règle de saint Pacôme, dans la Bibliothèque des Pères, et au huitième article, dans l'édition de Holsténius « Ce sont ici les préceptes de vie donnés par les trois anciens,» ont été ajoutées. après coup et se rapportent visiblement, non à la seule Règle de saint Pacôme, mais aussi aux préceptes de saint Théodore et d'Orsise, et à diverses autres pièces que saint Jérôme traduisit en même temps et qui ont été mises de suite par ceux qui les ont recueillis. Je sais que quelques critiques font difficulté d'attribuer ces traductions à saint Jérôme, et qu'ils ne le croient point auteur de l'épitre qui est sous son nom à la tête de la Règle de saint Pacôme. Les raisons qu'ils en donnent, sont que ce Père ne se les attribue point dans son Catalogue des hommes illustres, où il fait le dénombrement de ses écrits et de ses traductions, et qu'il n'y donne point à saint Pacôme de rang parmi les écrivains ecclésiastiques, quoiqu'il le donne à saint Antoine. Mais il est à remarquer que saint Jérôme acheva son Catalogue des auteurs ecclésiastiques, en la quatorzième année de l'empire de Théodose, qui était la trois cent quatre-vingt-douzième de Jésus-Christ, et qu'il ne travailla à la traduction des écrits de saint Pacôme, de saint Théodore, et d'Orsise, qu'après la mort de sainte Paule, mère d'Eustochie, arrivée le 26 janvier de l'an 404 de Jésus-Christ, le dixième du règne d'Arcade. Il y a néanmoins quelques articles, à la suite de la Règle de saint Pacôme, qui ne paraissent pas avoir été traduits par saint Jérôme, particulièrement celui qui conseille de hair le monde et tout ce qu'il contient, comme aussi tout repos corporel. La traduction latine de cet endroit n'est pas digne de saint Jérôme.

Si saint Pa- 4. Nous lisons dans Gennade' que saint Pasa Regledan côme écrivit sa Règle sur ce que l'ange lui

ange.

avait appris et dicté. L'auteur de la Vie de ce Saint va plus loin, et dit que l'ange qui lui apparut à Tabenne, lui donna une table sur laquelle était écrite la forme de vie qu'il devait prescrire à ses disciples, et qu'ils observèrent en effet. Ce fait est confirmé par Pal

1 Samuel Basnage, ad an. 327., tom. II Annal., pag. 738.

2 Hieronym., in Catalog., cap. 135.

Odiamus ergo mundum, et omnia quæ in eo sunt; Odiamas etiam omnem requiem corporalem. Cod. Regul., pag. 53.

lade ', qui ajoute que cette table était d'airain: Sozomène dit aussi, et Nicéphore après lui, que l'ange donna une table à saint Pacôme, et qu'elle se conservait encore de son temps à Tabenne. Mais Sozomène ne fonde tout ce qu'il rapporte de saint Pacôme et de sa Règle, que sur une tradition incertaine. Si cette table existait encore du temps de Sozomène, pourquoi Cassien n'en dit-il rien, lui qui était fort informé de ce qui se passait à Tabenne, qui parle avec éloge de la vie et des instituts des solitaires qui y demeuraient? Il ne dit pas même que leurs pratiques aient eu un ange pour auteur. Pallade, qui avait été sur les lieux dans le siècle même où l'on suppose que cette table, si digne de sa curiosité, fut apportée du ciel, ne dit pas néanmoins qu'il l'ait vue, Cependant il rapporte ce qui y était écrit; et c'était l'occasion de dire qu'il avait fait cet extrait sur l'original même. Saint Orsise cite souvent la Règle de saint Pacôme, son maître, et il en relève le mérite. Mais il ne dit nulle part qu'il l'ait reçue d'un ange, ce qu'il pouvait mieux savoir qu'un autre, et ce qu'il n'aurait pas dù taire. On voit', par le texte grec de la Vie de saint Pacóme, qu'un de ses amis intimes, nommé Denys, qui était confesseur, prêtre et économe de l'Église de Tantyre, ayant témoigné ne pas approuver que saint Pacôme ne fit pas manger les hôtes au réfectoire, ce Saint ne s'excusa point sur ce que l'ange l'avait ordonné ainsi, comme il l'est ordonné en effet dans la Règle que Pallade dit avoir été apportée par l'ange; mais sur ce qu'il avait vu souvent des novices peu formés, blesser les hôtes de leurs imperfections. L'article de la Règle de saint Pacôme qui défend de donner à manger aux hôtes, est donc fondé sur l'expérience et non sur aucune loi reçue du ciel. Il en faut dire autant de divers autres réglements que ce Saint a pu aisément faire de lui-même, sans un secours surnaturel et extraordinaire".

5. Quoi qu'il en soit, voici ce que contenait la Règle que saint Pacôme reçut de l'ange, selon Pallade, Sozomène et l'auteur de sa Vie. Il était permis à chacun de boire, de manger, de jeûner et de travailler, à proportion de ses forces. Les moines logeaient trois à trois en dif

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Ce que contient laRegle l'ange à saint

donnée par Pacome Hist. Lau

Pallad.,

stac., cap.38. Sozomen., lib. III, cap. Vita Pachom.

22.

cap.

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