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bannissement et à la mort. Si Athanase et Marcel étaient coupables, il fallait nous écrire à tous, afin que le jugement fùt rendu par tous. Car c'étaient des évêques et des Églises qui souffraient; non pas des Églises du commun, mais celles que les Apôtres ont gouvernées par eux-mêmes. Pourquoi ne nous écrivait-on pas, principalement touchant la ville d'Alexandrie? Ne savez-vous pas que c'était la coutume de nous écrire d'abord, et que la décision doit venir d'ici? Si donc il y avait de tels soupçons contre l'évêque de ce lieu-là, il fallait écrire à notre Église. Maintenant, sans nous avoir instruit et après avoir fait ce que l'on a voulu, on veut que nous y consentions sans connaissance de cause: ce ne sont pas là les ordonnances de Paul; ce n'est pas la tradition de nos pères, c'est une nouvelle forme de conduite. Je vous prie, prenez-le en bonne part, c'est pour l'utilité publique que je vous écris je vous déclare ce que nous avons appris du bienheureux apôtre Pierre, et je le crois si connu de tout le monde, que je ne l'aurais pas écrit sans ce qui est arrivé. » Il finit sa lettre en priant les eusébiens de ne plus rien entreprendre de semblable, mais d'écrire plutôt contre les auteurs de ces désordres, soit pour empêcher qu'à l'avenir les ministres de l'Église ne souffrissent de pareilles vexations, soit afin que personne ne fut contraint d'agir contre son sentiment, comme il est arrivé à quelques-uns; « et afin encore, dit-il, de ne nous point exposer à la risée des païens, et principalement à la colère de Dieu, à qui chacun de nous rendra compte au jour du jugement. » Socrate se plaint 1 de la mauvaise foi de Sabin, évêque d'Héraclée, pour les macédoniens, qui avait omis cette lettre dans sa Collection des conciles, tandis qu'il y avait inséré celle des eusébiens au pape Jules, parmi les autres qui favorisaient son hérisie. Nous n'avons point d'autre original de la lettre du pape Jules que le grec rapporté dans l'Apologie de saint Athanase contre les ariens; et comme il ne dit point que ce fut une traduction, on peut croire qu'elle avait été écrite dans la langue grecque,

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1 Sabinus quidem Macedonianæ sectator hæreseos, cujus jam antea mentionem feci, in collectione gestorum synodalium, epistolas Julii neutiquam intexuit: tametsi eam minime prætermiserit, quam episcopi Antiochiæ collecti ad Julium scripsere. Nam si quæ forte synodales epistolæ vocem consubstantialis aut reticent, aut omnino rejiciunt, eas studiose operi suo inserit; contrarias vero sciens ac prudens silentio transilit, Socrat.,

car les Papes ne manquaient pas d'interprètes et de secrétaires. Cette lettre se trouve encore dans les Collections des Conciles et parmi les Epitres décrétales publiées par le Père Cous

tant.

Le rape Jules deniande le concile de

are f

en 347.

légats,

8. Voyant que sa lettre n'avait pas eu la force d'arrêter l'impudence des eusébiens, et qu'ils continuaient à troubler les Églises, leiate par Pape prit soin d'informer l'empereur Constant de ce qui se passait, et de l'injustice que l'on faisait à saint Athanase et à saint Paul de Constantinople. Ce prince en fut touché et se donna quelques mouvements pour s'informer de cette affaire. Mais quoiqu'il reconnût leur innocence, il ne voulut pas, néanmoins, les renvoyer dans leurs siéges. Il fallut tenir un nouveau concile, tant des évêques d'Orient que d'Occident, et le pape Jules fut un de ceux qui excitèrent le plus l'empereur Constant à demander ce concile à Constantius. Il se tint à Sardique, sous le consulat d'Eusèbe et de Ruffin, c'est-à-dire l'an 347. Jules y assista par les prêtres Archidame et Philoxène, et le diacre Léon; il s'excusait d'y venir en personne, sur la crainte que les schismatiques et les hérétiques ne profitassent de son absence pour nuire à son Église, et le concile témoigna approuver ses raisons. On y reconnut la justice du jugement rendu dans le concile de Rome en faveur de saint Athanase et de Marcel d'Ancyre; après quoi on écrivit au Pape le résultat de ce qui s'était fait.

Il écrit use lettre de con

aux AlexaDdrins, sur le retour de Saint Atha nase, en 249

9. Saint Athanase, quoique pleinement justifié dans le concile de Sardique, n'eût pas la gratulation liberté de retourner à Alexandrie. Il n'y revint qu'en l'an 349, lorsque Grégoire, usurpateur de ce siége, étant mort, Constantius n eût plus de prétexte d'empêcher son retour. Toute l'Église témoigna beaucoup de joie de son rétablissement, et le pape Jules écrivit à l'Eglise d'Alexandrie pour l'en congratuler. Cette lettre, que saint Athanase et Socrate nous ont conservée, se trouve, comme la précédente, dans les Collections des Conciles et des Épitres décrétales. Le Pape y félicite les prêtres et le peuple d'Alexandrie, de leur

lib. II Hist., cap. 17. La Collection que Sabin avait faite des conciles, n'est pas venue jusqu'à nous: il écrivait vers l'an 425.

2 Fleury, liv. XII Hist. eccl., tom. III, num. 25, pag. 325. [Voyez aussi Borbacher, Hist. de l'Égl., tom. VI, pag. 302.). 3 Athanas., Apolog. cont. Arian., pag. 154. Cette lettre est plus ample dans Socrate que dans saint Athanase; et l'on y trouve un fort bel éloge de

Il reçoit la rétractation d'Ursace et en 349.

fermeté dans la foi et de leur fidélité inviolable; il ren témoignage à la charité que leur évêque a toujours conservée pour eux, dans le temps de son exil; il s'étend ensuite sur la gloire de ce Saint, qui, victorieux dans tant de périls et tant de tentations, retournait à son Église tout pur et tout innocent, remportant avec lui le jugement' avantageux de l'évêque de Rome et de tout le concile. Il attribue son retour à leurs prières; puis, se représentant la joie publique qui devait accompagner la rentrée d'Athanase dans son Église et le concours de toutes sortes de personnes qui viendraient en foule pour en être témoins, il ajoute « Nous prendrons nous-même une très-grande part à cette joie, et elle se communiquera jusqu'à nous, à qui Dieu a fait la grâce de pouvoir connaitre un homme d'an si grand mérite. » Il conclut par cette prière: « Que Dieu tout-puissant et son Fils JésusChrist, notre Seigneur et notre Sauveur, vous assiste continuellement par sa grâce, en rendant à votre foi si merveilleuse, la récompense du témoignage glorieux que vous avez rendu à votre évêque, afin que vous receviez, et votre postérité après vous, les grands biens que Dieu a préparés à tous ceux qui l'aiment. » Saint Athanase, avant de retourner à Alexandrie, alla d'Aquilée à Rome, dire adieu au pape Jules et à son Église, qui le reçut avec une extrême joie.

10. Ursace, évêque de Singidon, et Valens, de Valens, évêque de Murse, tous deux du parti des ariens 3, voyant saint Athanase rétabli avec honneur dans son siége, recherchèrent sa communion, et se rendirent à Rome de leur propre mouvement, afin de conjurer le pape Jules de les recevoir par grâce dans l'Église. Jules, ayant pris conseil sur ce sujet, jugea qu'il était avantageux de leur accorder le pardon qu'ils demandaient, parce que c'était diminuer en même temps le parti des ariens, augmenter celui des catholiques et confirmer l'autorité du concile de Sardique. Mais, avant

ce Saint, qu'il a apparemment retranché par modestie. Socrat., lib. II Hist., cap. 23; Athan., Apolog. cont. Arian., pag. 171.

1 Tot calamitatum periculis perfunctus vobis restituitur purus innocensque, non nostro tantum, sed et totius Synodi judicio declaratus. Julius, Epist. ad Alexand., pag. 172. C'est du concile de Sardique dont il s'agit ici. 2 Deus omnipotens et Filius ejus Dominus et Salvator noster Jesus Christus,perpetuum vobis conferat gratiam præmiisque donet admirandam vestram fidem, quam erga episcopum vestrum præclaro testimonio exhibuistis; ut vobis vestrisque posteris hic et in futuro sæculo

d'être reçus à la communion de l'Église, ils donnèrent par écrit un acte de leur confession et de leur pénitence, que nous avons

encore.

11. Le livre des Papes, cité quelquefois sous le nom du Pontifical de Damase, et les Martyrologes de Bède et d'Usuard, disent que Jules souffrit l'exil et plusieurs autres maux pendant dix mois. Mais on ne voit pas à quelle année de son pontificat rapporter cet exil, si ce n'est peut-être sous Magnence; car Constantius ne fut jamais maître de Rome, et Constant fut toujours favorable à l'Église et à la foi catholique. Mais Magnence demeura maître de Rome au commencement de l'an 350, et y commit de grandes cruautés, la même année, après la mort de Népotien, particulièrement envers les amis de Constant. Le pape Jules mourut le 12 avril, sous le consulat de l'empereur Constantius et de César ConstantiusGallus, c'est-à-dire en 352, après avoir tenu le Saint Siége quinze ans deux mois et six jours.

II meurt en 352.

Lettres du pape Jules dues

12. Nous n'avons encore parlé que de deux lettres de saint Jules, l'une aux eusébiens, qui sont perl'autre à l'Église d'Alexandrie. Il en écrivit quelques autres qui ne sont pas venues jusqu'à nous; dans la suite des siècles, on en a publié sous son nom, dont la fausseté est aujourd'hui reconnue de tout le monde. Théodoret dit en termes exprès que Jules, suivant la disposition des canons, cita à Rome les eusébiens et Athanase; que celui-ci partit incontinent après; mais que ceux-là, sachant que leurs mensonges seraient découverts, n'y voulurent pas aller. Il paraît donc hors de doute que Jules, écrivant à saint' Athanase en cette occasion, écrivit aussi aux eusébiens, pour garder envers les accusateurs et l'accusé une conduite uniforme. On ne sait qui fut le porteur de ces lettres; mais il y a apparence qu'il chargea les envoyés des eusébiens de celle qui leur était adressée. Jules leur en écrivit une autre par Elpidius

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optima impertiat.... quæ præparavit Deus diligentibus se. Julius, apud Athanas., Apolog. cont. Arian., pag.

172.

3 Apud Athanas., Hist. Arian. ad monachos, pag. 359, et Hilarii Fragment.

Apud Athanas., tom. I, pag. 176, 177.

5 Apud Baron., ad an. 352, num. 23; Herman., Vie de S. Athanase, tome I, page 736; Tillemont, tome VII Hist. eccl., pag. 282.

Theodoret., lib. II Hist., cap. 4.

7 Athanas., Hist. Arian, ad monachos, pag. 349. * Athanas., Hist. Arian. ad monachos, pag. 350,

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et Philoxène, après l'arrivée de saint Athanase à Rome, pour leur marquer le jour désigné pour le concile, afin qu'ils s'y rendissent, et une troisième par le 1 comte Gabien. Cette dernière est la seule qui nous reste. Les deux autres et celle qu'il écrivit à saint Athanase sont perdues. Socrate et Sozomène témoignent qu'après que saint Athanase, Marcel d'Ancyre, saint Paul de Constantinople, Asclépas et Lucius se furent justifiés en présence de Jules, ce saint Pape appuya leur innocence par des lettres pleines de vigueur et de liberté; il y reprenait sévèrement ceux qui les avaient déposés; il y ordonnait que quelques-uns d'eux viendraient tel jour pour justifier ce qu'ils avaient fait, et les menaçait de ne point souffrir davantage les nouveautés et les troubles qu'ils introduisaient dans l'Église. Selon ces mêmes auteurs, les évêques rétablis rentrèrent dans leurs Églises, sur l'autorité de ces lettres. Nous n'avons point d'autre connaissance de ces lettres, et on présume que Socrate et Sozomène ont voulu parler de celles que Jules écrivit aux eusébiens par Philoxène, avant la tenue du concile de Rome, et par le comte Gabien, après la fin de ce concile. Il y a même peu d'exactitude dans le récit de ces historiens. Car saint Athanase ne revint dans son siége qu'après le concile de Sardique. Nous n'avons plus la lettre du pape Jules à ce concile, et nous savons seulement qu'en y envoyant ses légats, il les avait chargés d'une lettre dans laquelle il s'excusait de ne pouvoir aller en personne au concile, ajoutant que s'il n'y assistait pas de corps, il y serait au moins présent d'esprit et de cœur.

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13. Le Père Le Quien, et après lui Dom Coustant, nous a donné une lettre sous le nom du pape Jules à Prosdoce, dont on trouve un fragment grec dans les actes du concile d'Ephèse, dans l'Apologétique de saint Cyrille d'Alexandrie, et dans Photius. Marius Mercator, Vincent de Lérins, Facundus, Hypatius d'Ephèse, et Euloge, évêque d'Alexandrie, ont aussi cité cet endroit, ne doutant point qu'il ne fût du pape Jules, à qui ils savaient qu'il était attribué dans le concile d'Ephèse. Il paraît, en effet, qu'on ne devrait pas en douter après une autorité si respectable. Néanmoins Léonce de Bysance assure que cette lettre n'est point du pape Jules, mais de Timothée,

Athanas., Apol. cont. Arian., pag. 140.

2 Socrat., lib. II, cap. 13; Sozomen., lib. III, cap. 8. Synod, Sardic., Epist. ad Jul., num. 1.

disciple d'Apollinaire; et ce qui fait qu'en ce point on doit lui ajouter foi plutôt qu'au concile d'Ephèse, c'est que les eutychiens, ayant attribué au pape Jules plusieurs lettres, pour appuyer leurs erreurs, du temps de Léonce de Byzance, il se vit dans la nécessité d'examiner celle-là même dont il s'agit, et prouva, par un grand nombre d'exemplaires, qu'elle était effectivement de Timothée. Cet hérétique s'y était caché avec tant d'art, que Léonce n'y remarqua rien de contraire à la foi, quoiqu'il y ait plusieurs endroits qui favorisent l'hérésie d'Apollinaire, par exemple, lorsqu'il enseigne que, par l'union des deux natures en Jésus-Christ, les propriétés du Verbe sont devenues communes à la chair, et que par là le corps de Jésus-Christ est devenu incréé. Une autre preuve que la lettre à Prosdoce n'est pas du pape Jules, c'est qu'elle paraît n'avoir été écrite qu'après sa mort et après l'an 360, depuis que Macédonius eut commencé à nier la divinité du StEsprit. Cela se voit assez clairement dès les premières lignes de cette lettre, où l'auteur prend à tâche de montrer la divinité des trois Personnes, particulièrement du Saint-Esprit. Or Sozomène est témoin qu'Apollinaire ne se donna pas moins de mouvements dans la Syrie, pour y faire reconnaître la divinité du St-Esprit, que saint Basile et saint Grégoire s'en donnèrent dans le Pont et dans la Cappadoce. [Cette lettre, avec la suivante, se trouve dans le tome II des Conciles de Mansi; Vénise, 1759].

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Sept let. tres faussement attri buées au pa

14. Léonce de Bysance soutient encore que les sept lettres que l'on publiait de son temps, sous le nom du pape Jules, étaient pe Jules. d'Apollinaire, et il le prouve en particulier de celle qui était adressée à Denys, évêque ou prêtre de Corinthe. Ses raisons sont les suivantes: 1° elle n'a rien qui soit digne du pape Jules; 2° le corps de Jésus-Christ n'y est jamais appelé un corps animé ou accompagné d'intelligence, comme c'était, ditil, la coutume des Pères de ce temps-là; 3° saint Grégoire de Nysse écrivant contre Apollinaire, réfute beaucoup d'endroits de cette lettre; 4° ceux qui l'attribuaient au pape Jules, disaient qu'elle avait été citée dans le concile d'Ephèse, tandis que c'en était une autre, savoir celle à Prosdoce; 5° Valentin et Timothée, disciples d'Apollinaire, citent

Ibidem.

Sozomen., lib. VI Hist., cap. 22.

• Leontius, lib, de Sectis, actione 8.

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cette lettre comme de leur maître; 6o le titre ' de cette lettre ne convient point au pape Juies, les Romains n'écrivant jamais de cette sorte, ni à un prêtre, ni même à un évêque, quelque considérable qu'il soit d'ailleurs. Cette dernière raison prouve également que la lettre à Prosdoce n'est point de Jules, puisqu'elle a en tête le même titre. Gennade attribue au pape Jules la lettre à Denys; mais il dit qu'ayant paru utile en son temps, contre ceux qui voulaient mettre deux personnes en Jésus-Christ, elle était devenue pernicieuse depuis l'hérésie d'Eutychès et de Timothée, qu'elle favorisait beaucoup. Ephrem d'Antioche 3 nous a conservé un fragment d'un discours sur la consubstantialité, que Léonce ou l'auteur du traité contre Eutychius et Nestorius dit avoir été cité par saint Cyrille, dans le concile d'Ephèse, sous le nom du pape Jules. Facundus conteste la vérité de ce fait et dit qu'on ne cita, sous le nom de ce Pape, qu'un passage tiré de la lettre à Prosdoce. En tous cas, le fragment rapporté par Ephrem d'Antioche, est tiré sûrement d'un écrit composé par un hérétique; car on n'y reconnait qu'une nature en Jésus-Christ, après l'union, et on y combat ceux qui en reconnaissent deux. Les deux fragments rapportés dans le nouveau recueil des Décretales des Papes, et attribués au pape Jules, ne sont pas plus orthodoxes. Les lettres réciproques 10 de Cyrille à Jules et de Jules à Cyrille, au sujet du jour de la naissance du Sauveur, citées par Jean de Nicée, qui vivait sur la fin du dixieme siècle, sont visiblement supposées, puisque Jules et Cyrille, si c'est celui de Jérusalem, n'ont pas vécu dans le même temps. Il en faut dire autant de la lettre de "Juvénal de Jérusalem au pape Jules, Juvénal n'ayant vécu qu'environ cent ans après ce saint Pape.

15. Nous aurons occasion ailleurs de faire voir la fausseté de deux épîtres décretales, qu'Isidore le Marchand lui a faussement at

1 Domino meo desileratissimo et comministro Dionysio.

Muratori, dans une dissertation insérée dans la Patrologie latine de M. Migne, tome VIII, montre que cette lettre n'est pas de saint Jules. (L'éditeur.)

3 Julius urbis Romanæ episcopus scripsit ad Dionysium quemdam, de Incarnatione Domini epistolam unam, que illo quidem tempore utilis visa est adversum eos qui ita duas per Incarnationem asserebant in Christo personas, sicut et naturas. Nunc autem perniciosa probatur, fomentum est enim Eutychianæ et Timotheana impietatis. Gennad., de Script. eccl., cap. 2.

*Coustant., in Append. ad Decretal. Pontif., pag.80.

tribuées et qui, toutes deux, sont adressées aux Orientaux. Mais il faut dire ici un mot de divers décrets que l'on trouve cités sous le nom du pape Jules par Gratien, par Burchard et par Yves de Chartres. Ils sont au nombre de douze, les uns sur des points de morale, les autres sur des points de discipline. Le premier, qui regarde les usuriers, est cité par Réginon, comme étant tiré du premier livre des Capitulaires, et il s'y trouve en effet au chapitre CXXV. Le second, touchant la pénitence que l'on doit accorder aux mourants, est pris de la quatrième lettre du pape Célestin aux évêques de la province de Vienne et de Narbonne. Le sixième, où il s'agit de la consécration d'une église rétablie, se lit dans la lettre du pape Vigile à Profuturus. Le huitième n'est que la définition de l'Église, telle que nous la lisons dans Isidore de Séville. Les autres sont pris de même, de différents auteurs plus récents que le pape Jules. Parmi les Liturgies orientales, il y en a une qui porte le nom de ce pontife, ce qui prouve, non qu'il en est auteur, mais combien son nom a été célèbre en Orient. Cette Liturgie est à l'usage des Jacobites, sorte d'hérétiques qui n'admettent en Jésus-Christ qu'une nature après l'union.

[16. Les deux lettres authentiques de saint Jules ont été reproduites par Galland, tome V, page 3. Le tome VIII de la Patrologie latine de M. Migne contient sur le pape saint Jules: 1° les prolégomènes de D. Coustant et les notes de Binius; 2° une note sur les écrits de ce Pape par Schæmann; 3° trois lettres en grec, seulement extraites de la Collection des Ecrivains anciens du cardinal Maï, tome VII; 4o autre lettre aux habitants d'Antioche, extraite de Dom Coustant, en grec et en latin; 5o lettre du peuple d'Alexrndrie sur le retour de saint Athanase; 6° lettre de Valens et d'Ursace au pape Jules; 7° deux lettres de Marcel d'Ancyre au même; 8° lettre du concile de Sardique au même. Un appendice renferme

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les écrits douteux, savoir: la lettre du Pape à Denys, évêque d'Alexandrie; une interprétation de la même lettre, tirée du Synodique, avec la dissertation de Muratori sur ces lettres; lettres du pape à Prosdocius, évêque; fragments d'un discours sur le consubstantiel;

lettre de Cyrille à Jules; dix decrets du Pape, d'après Gratien; et ses lettres de reproches. aux évêques orientaux sur la cause d'Athanase et leurs écrits contre l'Eglise romaine; réponse des Orientaux; autre lettre du Pape contre ces mêmes Orientaux.]

Naissance

de saint An

l'an 25. Son

il abandonne ses biens,les donne aux pauvres.

CHAPITRE XV.

Saint Antoine, premier Père des solitaires d'Egypte, an 356.

ARTICLE Ier.

HISTOIRE DE SA VIE.

1. Saint Antoine, le père et le modèle partoine vers fait de la vie des anachorètes, naquit en un Education; village de la haute Égypte, appelé Coma, près d'Héraclée, vers l'an 251. Ses parents, qui étaient chrétiens ', nobles et riches, le nourrirent et l'élevèrent dans leur maison jusqu'à l'âge de dix-huit ou vingt ans, en sorte qu'il ne connaissait qu'eux et leur famille. Il refusa d'apprendre les lettres, dans la crainte d'être obligé par là d'avoir communication avec les autres enfants, ce qu'il faut entendre de la langue et des sciences des Grecs, et de ce qu'on appelle les belleslettres. Car nous verrons, dans la suite, qu'il savait lire la langue égyptienne, et saint Athanase nous apprend qu'étant encore chez son père, et depuis, lorsqu'il commença à être seul, il s'appliquait assidûment à la lecture. Il allait à l'église avec ses parents, leur rendait une obéissance exacte, ne les importunait point pour la dépense d'une nourriture délicate, content de ce qu'on lui donnait. A l'âge de dix-huit à vingt ans, il perdit son père et sa mère, et demeura chargé du soin d'une sœur encore fort jeune, et de la maison. Mais, environ six mois après, étant allé, suivant sa coutume, à l'église, l'esprit recueilli et tout occupé de la manière dont les Apôtres avaient quitté toutes choses pour suivre Jésus

1 Antonii Vita, apud Athanas., tome II nov. edit., pag. 795.

2 Ibidem.

3 Ibidem.

Ibidem, et pag. 797.

Ibidem.

• Ibidem.

Christ, il y entendit lire l'endroit de l'Évangile où Notre-Seigneur dit à un riche: Si tu veux étre parfait, va, vends tout ce que tu as, donnele aux pauvres, el viens et me suis, et tu auras un trésor au ciel. Antoine, regardant la lecture de l'Evangile comme faite pour lui, ne fut pas plus tôt sorti de l'église, qu'il distribua tous les héritages de son patrimoine, et qui consistaient en trois cents arures de terre très-fertiles et très - agréables, c'est-àdire près de 150 arpents, et les partagea à ses voisins, afin qu'ils n'eussent rien à démêler avec lui ni avec sa sœur. Pour ses meubles, il les vendit tous, et en donna l'argent aux pauvres, à la réserve d'une petite partie seulement, qu'il retint pour sa sœur. Quelques temps après, étant entré dans l'église et y ayant entendu lire l'Evangile où Jésus-Christ dit: Ne vous mettez point en peine du lendemain, il distribua aux pauvres ce qui lui restait, et mit sa sœur dans un monastère de vierges, pour y être élevée avec elles. Elle vieillit en effet dans la virginité, et devint 20 la mère et la conductrice des autres vierges.

2. Saint Antoine, déchargé ainsi de son bien, quitta la maison et se retira " hors de son village, pour aller vivre seul, à l'imitation d'un saint vieillard du voisinage, qui, dès sa jeunesse, s'était exercé à la vie solitaire. I s'occupait dans la solitude au travail, à la prière, à la lecture, et lorsqu'il entendait parler de quelques vertueux solitaires, il allait les chercher pour profiter de leurs exemples et de ce qu'il remarquait en eux de plus ex

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