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Constantin

réconcilier

saint

xandre.

Ale

chant qu'il était continuellement avec saint Alexandre, son évêque, et qu'il en était estimé. Voyant donc qu'ils n'avaient rien avancé en écrivant eux-mêmes à saint Alexandre, ils s'assemblèrent en grand nombre dans la Bithynie, et apparemment à Nicomédie, comme l'a cru Nicétas ; et de là ils écrivirent à tous les évêques du monde, les priant de communiquer avec les partisans d'Arius, qu'ils déclaraient avoir des sentiments orthodoxes, et de prier saint Alexandre d'y communiquer également. Ce moyen ne leur réussit pas mieux, et saint Alexandre demeura inflexible. Arius députa à Paulin de Tyr, à Eusèbe de Césarée, à Patrophile de Scytople, pour leur demander qu'il lui fùt permis, et à ceux de son parti, de faire les fonctions de leur ordre et d'assembler le peuple, selon la coutume. Car il y avait plusieurs églises à Alexandrie, et la grandeur de la ville et le nombre des habitants exigeaient apparemment qu'on tint des assemblées en plus d'un endroit. Ces trois évêques, en ayant délibéré avec d'autres qu'ils assemblèrent dans la Palestine, accordèrent à Arius ce qu'il demandait, mais à condition qu'il demeurerait soumis à son évêque et qu'il ne cesserait de lui demander la paix et sa communion.

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7. Cependant le trouble et la division croisécrit pour saient de jour en jour. On voyait non-seuArius avec lement les évêques disputer entre eux, mais aussi les peuples prendre parti dans ces disputes, en sorte que l'Église, qui n'était plus attaquée, comme auparavant, par des étrangers, l'était par ses propres enfants qui, bien qu'assis à la même table et ne composant qu'un même corps, s'armaient les uns contre les autres et se battaient avec leurs langues, au lieu de lances. Le scandale devint si grand, que les païensen prirent occasion d'insulter à la religion chrétienne en plein théâtre. Constantin le sut et en fut affligé, autant qu'il l'aurait été d'une disgrâce arrivée à sa famille. Mais il en rejetait la faute

1 Sozomen., lib. I Hist., cap. 15.

2 Nicetas, lib. V Thesauri, pag. 151, tom. XXV Biblioth. Patr. Cet auteur dit qu'il se trouva à cette assemblée deux cent cinquante évêques eusébiens. 3 Sozomen., lib. I Hist., cap. 15. - Theodoret., lib. I Hist., cap. 5.-5 Euseb., lib. II de Vita Const., Euseb., ibid., cap. 63. cap. 63. lib. I, cap. 16. 8 Apud Athanas., Arian., pag. 191. - 9 Baron., ad an.

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7 Sozomen., Apolog. contra 319, num. 23.

10 Baronius lisait: In generali concilio ab Osio et a cæteris episcopis qui una aderant, jussum fuit (Collutho) ut se pro presbytero, qualis antea fuerat, habe

également sur saint Alexandre et sur Arius; c'est pourquoi il leur écrivit conjointement, les blamant d'avoir agité une question inutile, qui ne devait jamais leur être entrée dans l'esprit, et leur ordonnant de mettre fin à leurs disputes, en se réunissant dans les mêmes sentiments. On sera moins surpris de voir ce prince traiter de questions inutiles, celles qui regardaient les plus sublimes mystères de notre religion, quand on saura qu'il était alors peu instruit des matières, et que, selon toutes les apparences, il n'en parlait qu'après Eusèbe de Nicomédie, qu'on croit avoir eu beaucoup de part à cette lettre. Elle fut écrite à la fin de l'an 324, peu de temps après que Constantin eut entièrement défait Licinius. Le grand Osius en fut le porteur.

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II. Coneile d'Alexan

8. Constantin envoya Osius à Alexandrie, non-seulement pour y apaiser les troubles drie en 325. qu'y causait l'arianisme, mais aussi pour y terminer les divisions qui régnaient dans les Églises, au sujet de la fête de Pâques, que l'on célébrait en quelques endroits le 14 de la lune, à la manière des Juifs, et ailleurs après le quatorzième. Osius assembla, à cet effet, dans cette ville un concile de plusieurs évèques, que Baronius appelle général, induit en erreur par une leçon défectueuse du texte de saint Athanase, que l'on a corrigé dans la nouvelle édition des œuvres de ce Père 10. La cause des colluthiens fut exay minée. Colluthe, auteur de cette secte, prètre d'Alexandrie, et chargé du soin d'une des églises de cette ville 11, s'était séparé de saint Alexandre, son évèque, sous le faux prétexte qu'il n'avait pas agi avec assez de vigueur contre Arius, et il faisait des assemblées à part. Il ajouta l'hérésie au schisme, enseignant 12 que Dieu n'est point auteur des maux qui affligent les hommes. Enfin, quoiqu'il ne fût point revêtu du caractère épiscopal, il eut la témérité d'ordonner des prêtres 15, entre autres le fameux Ischyras. Le concile, se moquant de son épiscopat imaginaire, le 15 fit

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ret, etc.; mais, dans la nouvelle édition, on lit: In communi synodo ab Osio et sociis ejus episcopis celebrata, ad priorem presbyteri ordinem reductus est (Colluthus). Apud Athanas., in Apolog. cont. Ariun., pag. 193.

11 Epiphan., Hæres. 59, num. 2.

12 Augustinus, lib. de Hæres., cap. 65, tom. VIII, pag. 21; Philastrius, de Hæresib., pag. 709, tom. V Biblioth. Patr., pag. 709.

13 Apud Athanas., Apolog. contra Arian., pag. 134. 14 Ibidem.

15 Ibid., pag. 193.

rentrer dans son état de prêtre, et obligea tous ceux à qui il avait imposé les mains, de reprendre le rang qu'ils avaient auparavant, permettant qu'en cette qualité, ils fussent admis à la communion de l'Eglise. Ainsi le schisme de Colluthe fut étouffé presque dès sa naissance'. La question de la Pâque n'y fut point terminée, non plus que l'affaire d'Arius et Osius fut obligé de s'en retourner sans avoir apaisé les troubles dont l'Église était agitée. Il paraît, par Socrate, qu'Osius traita dans ce concile la question de la substance et de l'hypostase, à dessein de renverser l'hérésie de Sabellius. Mais, selon cet historien, l'examen que l'on fit alors de ces termes, servit depuis à exciter de nouvelles diffi

cultés. Philostorge raconte que saint Alexandre s'étant rencontré à Nicomédie avec Osius, y fit décider que le Fils de Dieu est même substance que le Père. Mais cet historien a sans doute été mal informé, et a confondu le concile de Bithynie ou de Nicomédie, dans lequel la doctrine d'Arius fut canonisée, et celle de l'Église condamnée par deux cent cinquante évêques, comme le rapporte Nicétas, avec celui qu'Osius tint à Alexandrie, lorsqu'il y fut envoyé par l'empereur. Car quelle apparence que saint Alexandre ait eu assez d'autorité dans un concile assemblé en la ville même dont Eusèbe était évêque, pour y faire une semblable décision?

Occasion

et convoca

cile de Ni

cée.

CHAPITRE XIX.

Concile œcuménique de Nicée. [L'an 325.]

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1. Osius, de retour auprès de Constantin, tion du con- le détrompa des impressions qu'on lui avait données en faveur d'Arius, et lui conseilla d'assembler un autre concile où l'on fût plus en état de faire cesser les divisions de l'Église d'Orient, touchant l'arianisme, et la célébration de la fête de Pâques, qu'on ne l'avait été dans celui d'Alexandrie. Saint Alexandre lui donna le même conseil, et Rufin dit nettement que ce prince en assembla un à Nicée, de l'avis des évèques. Il n'est pas moins certain que le pape Sylvestre eut part à cette convocation, quoiqu'ordinairement on

Apud Athanas., ibid., pag. 134.

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2 Colluthus fulsa quædam ac depravata docuit; sed ejus secta diuturna non fuit, statimque dissipata est. Epiphan., Hæres. 69, num. 2. On trouve néanmoins qu'en 335, quelques colluthiens se joignirent avec les méléciens et les ariens contre l'Eglise catholique et contre saint Athanase. Athanas., Apolog. cont. Arian., pag. 197 et pag. 194.

Socrat., lib. III Hist., cap. 7.
Philostorg., lib. I, cap. 7.

5 Nicæna synodus auctore illo (Osio), confecta habebatur.

6 Paulo post Alexandri sanctissimi Alexandriæ episcopi studio et hortatu, beatæ memoriæ Constantinus synodum in urbe Nicea congregavit. Epiphan., Hæres. 68, num. 4.

Tum ille (Constantinus) ex sacerdotum sententia

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trouvèrent.

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ques qui s'y de juin de l'an 325, sur la fin de la dix-neuvième année du règne de Constantin. Ceux qui tenaient le premier rang parmi les ministres des Églises de l'Europe, de l'Afrique, de l'Asie, se trouvèrent à cette assemblée. On y vit des évêques et des prêtres de Syrie, de Cilicie, de Phénicie, d'Arabie, de Palestine, d'Égypte, de Thèbes, de Libye, de Mésopotamie, du Pont, de la Galație, de la Pamphylie, de la Cappadoce, de la Phrygie, de la Thrace, de la Macédoine, de l'Achaïe, de l'Épire, un de Perse, un de Scythie, un d'Espagne. L'évêque de la ville impériale, c'est-àdire de Rome, ne put y venir à cause de son grand âge mais il y envoya des légats. Le nombre des évêques fut, selon saint Athanase de trois cent dix-huit. Celui des prètres, des diacres, des acolytes et d'autres personnes qui accompagnaient les évêques, était infini". Les principaux d'entre les évêques étaient, Osius de Cordoue, saint Alexandre d'Alexandrie, saint Eustathe d'Antioche, saint Macaire de Jérusalem, Cécilien de Carthage, qui fut le seul de l'Afrique qui vint à ce concile ; saint Paphnuce, évêque dans la Haute-Thébaïde, saint Potamon d'Héraclée, tous deux du nombre des confesseurs; Euphration de Balanée dans la Syrie, saint Paul de Néocésarée sur l'Euphrate, à qui on avait brûlé les nerfs avec un fer chaud, dans la persécution de Licinius; saint Jacques de Nisibe, dans la Mésopotamie; saint Amphion d'Epiphanie, qui avait aussi confessé Jésus-Christ dans les persécutions précédentes; Léonce de Césarée en Cappadoce, saint Basile d'Amasée, saint Mélèce de Sébastole, Longien de Néocésarée, saint Hypace de Gangres en Paphlagonie,

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5 Enimvero ideo œcumenica fuit Nicæna synodus, trecentis decem et octo coactis episcopis, ut de fide ageretur ariane impietatis causa, ne deinceps per partes seu provincias, fidei obtentu variæ celebrarentur synodi imo si celebrari contingeret, ne prævalerent quid enim deest ipsi ut nova quis requirat? Plena utique pietatis est ipsa dilecti : totum illa replevit orbem. Athanas., Epist. ad Afros, pag. 892.

6 Euseb., lib. de Vita Constant., cap, 8. 7 Tom. V Concil., pag. 481.

Athanas., Epist. ad Afros, pag. 892 ubi supra. Hermant, Vie de saint Athanase, liv. I, pag. 82, tom. I.

10 Imprimis quatuor sanctas synodos, Nicænam.... Constantinopolitanam, Ephesinum primam in qua le

saint Alexandre de Bysance, Protogone de Sardique dans la Dacie, Alexandre de Thessalonique, et quelques autres, dont nous lisons les éloges dans les écrits de saint Athanase, de saint Hilaire, de saint Grégoire de Nazianze, de Théodoret, de Rufin, de Gélase de Cysique, de Socrate et de Sozomène. Mais, parmi ces grandes lumières de l'Église, il se trouva des évêques qui appuyèrent le parti de l'erreur, particulièrement Eusèbe de Nicomédie, Théognis ou Théogène de Nicée, Patrophile de Scytoplė, Maris de Chalcédoine, et Narcisse de Néroniade.

3. Jusque-là, on n'avait pas vu dans l'Église une assemblée aussi nombreuse, et on n'avait pas même eu la liberté d'assembler les évêques de toutes les parties du monde connu alors, tant il y avait à craindre pour leur vie, de la part des persécuteurs. Mais, sous le règne de Constantin, l'occasion était favorable ce prince avait donné la paix à l'Église, et son empire s'étendait dans toutes les parties du monde où était établie la religion chrétienne. Les évêques en profitèrent: et afin qu'il ne fût pas nécessaire d'assembler plusieurs conciles en différentes provinces $, Four maintenir la pureté de la foi contre l'impiété arienne, ils en tinrent un général à Nicée; ce fut un triomphe de Jésus-Christ sur les tyrans, qui avaient voulu étouffer l'Église.

Pourquoi assemblé de

toutes moande.

les parties du

Le Pape y

préside par

4. Les légats du pape saint Sylvestre y présidèrent, ainsi que dans les trois conciles ses légats. généraux qui suivirent celui-ci, comme le reconnurent 10 de bonne foi les Orientaux assemblés à Constantinople en 552. C'est pour cela qu'Osius, qui avait l'honneur " de repré

gatis suis atque vicariis, id est beatissimo Cyrillo Alexandrinæ urbis episcopo, Arcadio et Projecto episcopis, et Philippo presbytero. Beatissimus Cœlestinus papa senioris Romæ noscitur præsedisse, et Chalcedonensem suscipimus, et per omnia et omnibus quæcumque in omnibus gestis Chalcedonensis concilii aliorumque prædictarum synodorum, sicut in iisdem quatuor synodis scriptum invenitur, communi consensu cum legatis atque vicariis sedis apostolicæ; in quibus juxta tempora sua prædecessores Sanctitatis vestræ beatissimi papæ senioris Romæ ipsis synodis præsederunt, tam de fide quam de aliis omnibus causis... ea orthodoxa veneramur atque suscipimus: Mennæ, Theodori et aliorum Orientalium professio. Tom. V Concil., pag. 337 et 338.

11 Ipse etiam Osius ex Hispanis, nominis et famæ celebritate insignis, qui Sylvestri episcopi maximæ Romæ locum obtinebut, una cum romanis presbyteris Vitone et Vincentio, cum aliis multis in consessu illo adfuit. Gelas.Cyziq., lib. II Hist. Concil. Nicæn., cap. 5,

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senter la personne du Pape, et d'être son légat, avec les deux prêtres Vite et Vincent, est nommé le premier dans les souscriptions du concile de Nicée ', et mis par Socrate à la tête des évêques qui y assistèrent. Quelques-uns3, néanmoins, ont cru que saint Eustathe d'Antioche avait présidé à ce concile, fondés sur ce que plusieurs anciens l'appellent le premier du concile, le chef des évèques assemblés à Nicée, et que, selon Théodoret, il était assis le premier du côté droit dans l'assemblée, et harangua Constantin. Mais ce dernier fait n'est pas certain, et nous avons vu qu'il y a des raisons de croire que ce fut Eusèbe de Césarée qui porta la parole à ce prince. Quant aux qualités de chef des évêques, de premier du concile, on pouvait les donner à saint Eustathe, soit à cause du mérite de sa personne, soit à cause de la dignité de son siége, qui, étant un des trônes apostoliques, lui donnait droit aux premières places. 5. Il se trouva aussi au concile des hommes habiles dans l'art de disputer, pour aider sur les ma- à disposer les matières. Plusieurs évêques qui regardaient le concile comme un tribunal établi pour décider leurs affaires particulières, présentèrent à l'empereur des mémoires contenant le sujet de leurs plaintes. Ce prince remit l'examen de toutes leurs requêtes à un certain jour, et, quand ce jour fut arrivé, il leur dit : « Vous ne devez pas être jugés par les hommes, puisque Dieu vous a donné le pouvoir de nous juger nousmêmes remettez à son jugement vos différends, et unissez-vous pour vous appliquer à décider ce qui regarde la foi. » Alors il brûla tous ces mémoires en leur présence, en ajoutant avec serment qu'il n'en avait pas lu un seul, parce que les fautes des évêques ne devaient pas être publiées sans nécessité, de peur de scandaliser le peuple. Il marqua ensuite le jour auquel on commencerait à exa

Les évêques tiennent des

conférences

tières de la

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Philosophe vaincu par un évêque.

tom. II Concil., pag. 155. Sciendum est autem hunc Osium inter CCCXVIII Patres Nicæni concilii honorabilem fuisse, atque ab Apostolica Sede cum Vitone et Vincentio presbyteris destinatum. Adrianus Papa, in Præfat. can. Sardic., tom. VI Concil., pag. 1810. Cui Nicæno concilio ad vicem Sylvestri præsederunt Osius Cordubensis episcopus, Vito et Vincentius presbyteri. Hincmarus, in Opusculo contra Hincmarum Laudunensem, cap. 20. Magnus Osius Cordubensis episcopus, Vito et Vincentius presbyteri Romanæ Ecclesiæ, ex parte sancti Sylvestri papæ, Nicæno concilio præfuerunt, et ipsum principali subscriptione firmaverunt. Gregor. VII, Apolog., cap. 3, pag. 319, tom. I Concil. 1 Tom. II Concil., pag. 50.

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miner les difficultés qui étaient l'occasion du concile. En attendant que ce jour arrivât, les évêques tinrent entre eux plusieurs conférences, où ils agitèrent les questions de la foi, n'osant rien déterminer sur une affaire d'aussi grande importance, qu'avec beaucoup de maturité et de précaution. Ils faisaient 10 fréquemment venir Arius à ces assemblées, car l'empereur avait ordonné " qu'il se trouvât au concile. Il y eut un grand nombre d'évêques 12 qui acquirent de la réputation dans ces disputes et qui se firent connaître de l'empereur et de la cour. Athanase, diacre de l'Église d'Alexandrie, qui, malgré sa jeunesse, était honoré très-particulièrement de saint Alexandre, son évêque, eut dès-lors la principale part dans cette importante affaire. Quelques philosophes se mêlèrent dans ces conférences, les uns par curiosité, pour savoir quelles étaient notre doctrine et la matière dont il s'agissait; les autres, par haine de notre religion, qui faisait perdre crédit à la leur, et par le désir d'augmenter le feu de la division et du schisme parmi les chrétiens. Un d'entre eux, se confiant sur la force de son éloquence, était tous les jours aux mains avec les évêques, et quelques raisons qu'ils alléguassent contre lui, il trouvait toujours le moyen de les éluder par ses subtilités et ses artifices. Un saint vieillard, qui était du nombre des confesseurs, mais très-simple de son naturel et peu instruit dans les sciences humaines, voyant que ce philosophe insultait les prélats, demanda permission de parler. Les moins sérieux qui connaissaient le vieillard, s'en moquèrent; les plus graves craignirent qu'il ne se rendit ridicule. Toutefois, comme il persistait à vouloir parler, on le lui permit, et il commença en ces termes: « Au nom de Jésus-Christ, écoutez-moi, philosophie. Il n'y a qu'un Dieu qui a fait le ciel et la terre. Il a créé toutes les choses visibles

2 Cæterum historiæ studiosis haudquaquam inutile fore arbitror, si nomina episcoporum qui Nicæam convenerunt... hoc loco adscripsero. Osius episcopus Corduba Hispaniæ : ita credo. Vito et Vincentius presbyteri urbis Romæ.Egypti Alexander episcopus. Magnæ Antiochiæ Eustathius, etc. Socrat., lib. I, cap. 13. 3 Blondel, de la Primauté de l'Église, page 1195. Facund., lib. VIII, cap. 1, et lib. XI, cap. 1. Nicephor., in Chronolog., pag. 146. -6 Theodoret., lib. I Hist., cap. 6. 7 Sozomen., lib. I, c. 17. 8 Ibidem, et Socrat., lib. I, cap. 8. 9 Sozomen., lib. I, cap. 17; Rufin., lib. I Hist., cap. 2 et 5. 10 Sozomen., lib. 1, cap. 17.- 11 Rufin., lib. I, c. 1. 12 Sozomen., lib. I, cap. 17. 13 Idem, lib. 1, c. 18.

Le concile s'assemble dans le palais. L'em

vient.

et invisibles, par la vertu de son Verbe, et les a affermies par la sanctification de son Esprit. Ce Verbe, que nous appelons le Fils, ayant eu pitié de l'égarement des hommes, est né d'une vierge, a vécu parmi les hommes, et a souffert la mort pour les en délivrer. Il viendra un jour pour être le juge de toutes nos actions. Nous croyons simplement toutes ces choses. N'entreprenez point inutilement de combattre des vérités qui ne peuvent être comprises que par la foi, et ne vous informez point de la manière dont elles ont pu être accomplies. Répondez-moi seulement si vous croyez. » Le philosophe, surpris de ce discours, répondit : «Je crois ; et il remercia le vieillard de l'avoir vaincu. Il conseilla à ses disciples de suivre son exemple, protestant qu'il avait été excité par une inspiration divine à embrasser la foi de Jésus-Christ. Les autres philosophes en devinrent plus modérés, et le bruit que leurs disputes avaient excité, cessa.

6. Constantin, qui s'était rendu de Nicomédie à Nicée, à la nouvelle de l'arrivée des

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pereur y prélats, voulut avoir part à leurs délibérations. Le jour marqué pour la décision de toutes les questions, les évêques se rendirent dans la grande salle du palais, où ils s'assirent selon leur rang, sur des siéges qui leur avaient été préparés, attendant avec gravité et modestie l'arrivée de ce prince. Dès qu'ils en entendirent le signal, ils se levèrent, et à l'heure même il entra, revêtu de sa pourpre et tout couvert d'or et de diamants, accompagné, non de ses gardes ordinaires, mais seulement de ses ministres qui étaient chrétiens. Il passa au milieu des évêques, jusqu'au haut de l'assemblée, où il demeura debout, attendant que les évêques l'eussent prié de s'asseoir, et, après leur en avoir demandé la permission, il s'assit sur un petit siége d'or, et aussitôt tous s'assirent après lui, par son ordre. En même temps l'évêque qui occupait la première place du côté droit se leva et prononça un discours adressé à l'empereur, où il rendait grâces à Dieu des bienfaits dont il avait comblé ce prince. Quand cet évêque eut achevé de parler et qu'il se fut assis, toute l'assemblée demeura dans le silence, les yeux fixés sur l'empereur. Alors

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Euseb., lib. III de Sozomen., lib. I, cap. 19; 3 Euseb., lib. III de Ibid., cap. 12.- 5 Theo

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il les regarda tous d'un air gai et agréable: et, s'étant un peu recueilli en lui-même, il leur dit d'un ton doux et modéré, sans se lever, qu'il n'avait rien tant souhaité que de les voir assemblés en un même lieu; mais qu'il regardait les contestations qui s'étaient élevées dans l'Église comme plus dangereuses que les guerres qu'on avait excitées dans ses États: «Faites-donc, leur dit-il, chers ministres de Dieu, fidèles serviteurs du Sauveur commun des hommes, que la paix et la concorde mettent fin à vos contestations. Vous ferez en cela une chose très-agréable à Dieu, et qui me sera très-avantageuse. » Il ajouta, selon Théodoret, mais peut-être en une autre occasion, que n'y ayant plus personne qui osât attaquer les chrétiens, on ne pouvait voir sans douleur qu'ils se combattissent eux-mêmes et se rendissent la raillerie de leurs ennemis, surtout leurs contestations étant touchant des matières sur lesquelles ils avaient les instructions du Saint-Esprit, dans les Écritures : « car les livres des Évangiles et des Apôtres, leur dit-il, et les oracles des anciens prophètes enseignent clairement ce qu'il faut croire de la Divinité. C'est de ces livres inspirés de Dieu, que l'on doit tirer des témoignages et l'explication des points qui sont contestés,» Constantin ayant parlé de la sorte en latin, et un interprète ayant expliqué son discours en grec, il permit aux présidents du concile de traiter les questions qui troublaient le qui troublaient le repos de l'Église.

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7. On commença par celle d'Arius. Cet hérésiarque, qui était présent, avança les mêmes blasphèmes dont nous avons parlé plus haut, et soutint à la face de tout le concile et en présence de l'empereur, que le Fils de Dieu est né de rien, qu'il y a eu un temps auquel il n'était pas; que, par son libre arbitre,il pouvait se porter au vice ou à la vertu, Les évêques, entre autres Marcel d'Ancyre, le combattirent fortement. Saint Athanase, qui n'était encore que diacre, découvrit avec une pénétration merveilleuse, tous ses artifices et toutes ses fourberies. Il résista aussi avec force 10 à Eusèbe de Nicomédie, à Théognis de Nicée, à Maris de Chalcédoine, qui prenaient le parti d'Arius. Eusèbe voyant cet hérésiarque confondu en toutes manières,

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Euseb., lib. III de Vita Socrat., lib. I, cap. 9.

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8 Athanas., Apolog. cont. Arian., pag. 143. . Rufin., lib. I, cap. 14. 10 Socrat., lib. I, cap. 8.

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