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poursuivirent l'accusation qu'ils avaient commencée à Jérusalem contre Marcel d'Ancyre, l'un des défenseurs de saint Athanase. Il y avait alors à Constantinople un grand nombre d'évêques assemblés de diverses provinces, savoir de Pont, de Cappadoce, d'Asie, de Phrygie, de Bithynie, de Thrace et d'autres parties de l'Europe, par ordre de Constantin. Saint Alexandre, évêque de Constantinople, prévoyant que les suites de ce concile ne pouvaient qu'être funestes à l'Église, fit tous ses efforts pour empêcher qu'il ne se tint, ou pour le dissiper, mais ce fut inutilement. Le livre de Marcel d'Ancyre, contre le sophiste Astère, y fut examiné; les évêques, qui la plupart tenaient le parti d'Arius, crurent y trouver que l'auteur y enseignait l'unité de la nature divine, qu'il niait la distinction des personnes. Ainsi, prétendant l'avoir convaincu de sabellianisme, ils lui dirent anathème, le déposèrent et mirent à sa place Basile, qui passait pour éloquent et capable d'instruire. Ils dressèrent en même temps une exposition de leur foi, opposée aux erreurs qu'ils attribuaient à Marcel, et l'envoyèrent aux évêques d'Orient, afin de leur faire connaître en quel sens ils avaient reçu celle de Nicée. Ils renouvelèrent de cette façon des questions et des disputes qui étaient comme assoupies. Mais leur principal dessein, dans ce concile, était de rétablir entièrement Arius dans la communion de l'Église; car il paraît que les évêques qui n'étaient point de leur complot, n'avaient eu aucun égard à ce ce que l'on avait fait dans le concile de Jérusalem pour cet hérésiarque. Ils tâchèrent d'abord d'obtenir de saint Alexandre son admission à la communion ecclésiastique, et, voyant qu'ils ne pouvaient le gagner par leurs fausses raisons ni par leurs prières, ils le menacèrent de le déposer lui-même, si, dans un certain temps, il ne recevait Arius. Celui-ci s'était rendu à Constantinople, par ordre de Constantin. Ce prince, à qui les eusébiens avaient persuadé qu'il tenait la saine doctrine, le fit venir en son palais, voulant s'assurer par lui-même de la vérité. Il lui demanda s'il suivait la foi de Nicée et de l'Église

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catholique. Arius répondit affirmativement. Constantin lui demanda sa profession de foi par écrit. Arius la lui donna aussitôt. Mais ce fourbe avait eu soin de supprimer les termes impies qui l'avaient fait anathématiser dans le concile de Nicée, et de cacher le venin de son hérésie sous la simplicité des paroles de " l'Écriture sainte. Constantin lui demanda s'il n'avait point d'autre croyance, et ajouta : « Si vous parlez sincèrement, vous ne devez pas craindre de prendre Dieu à témoin de la vérité; mais si vous faites un faux serment, vous devez craindre la vengeance divine. » Arius jura qu'il n'avait jamais pensé, ni dit, ni écrit autre chose que ce qui était dans son papier, et qu'il n'avait point tenu les erreurs pour lesquelles on l'avait condamné à Alexandrie. On dit 10 que cet hérésiarque ayant sous son bras une profession de foi où était sa véritable doctrine, et en main celle de Nicée, qu'il présentait à Constantin, rapportait à la première le serment de ne croire autre chose que ce qui y était contenu. L'empereur, trompé par ce serment, manda l'évêque Alexandre et lui ordonna " de recevoir Arius à la communion, en disant qu'il fallait tendre la main à un homme qui cherchait à se sauver. Ce saint évêque allégua diverses raisons pour s'en excuser, mais l'empereur les rejeta avec colère. Saint Alexandre se retira sans lui répondre et accablé de douleur. Comme il s'en retournait, il fut rencontré par les eusébiens accompagnés d'Arius, qu'ils avaient pris à la sortie du palais. Ils voulaient 12, à l'heure même, le faire entrer dans l'église, mais saint Alexandre s'y opposa. Eusèbe de Nicomédie, le voyant inflexible, lui dit: Si vous ne voulez pas le recevoir de gré, je le ferai entrer demain avec moi dès le point du jour, et comment l'empêcherez-vous?» Le saint vieillard eut recours à Dieu, et Dieu l'exauça. C'était le samedi, sur les trois heures après midi, et le lendemain dimanche 15 était le jour pris pour faire entrer Arius dans l'église. Celui-ci, se regardant déjà comme rétabli, se répandit en mille discours vains et impertinents, lorsque le samedi même, vers le coucher du soleil, il se sentit

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8 Ibidem. Idem, Epist. ad Serapion., pag. 341. 10 Socrat., lib. I, cap. 38.-11 Theodoret., lib. IV Hæretic. Fabular., cap. 1.

12 Athanas., Epist. ad Serapion., pag. 341. 13 Epiphan., Hæres. 68, num. 5.—14 Apud Athan., Epist. ad Serapion., pag. 341.

15 Epiphan., Hæres. 68, num. 5.

Concilia

bule de Con

contre Paul,

evêque de

cette ville,

en 338 ou 339

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tout d'un coup pressé de quelque nécessité naturelle. Il était alors près de la place de Constantin, où se trouvait la grande colonne de porphyre. Ayant demandé s'il n'y avait pas près de là quelque commodité publique, on lui en montra une, et il y pénétra, laissant à la porte un valet qui le suivait. Là, tombant tout-à-coup en défaillance, il vida en mème temps les boyaux, les intestins, le sang, la rate et le foie, et mourut crevé par le milieu du corps, comme Judas. Cette nouvelle s'étant répandue par toute la ville, les fidèles accoururent à l'église remercier Dieu d'une protection si visible en faveur de la vérité. Constantin reconnut avec étonnement la vengeance si prompte que Dieu avait tirée de ce parjure, et il s'attacha plus que jamais à la foi de Nicée, à laquelle, selon qu'il le disait lui-même, Dieu avait rendu témoignage par cet accident; mais il n'ouvrit point les yeux sur l'innocence de saint Athanase, et ne le rappela point de son exil.

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16. Mais, après la mort de ce prince, Consstantinople, tantin le jeune, son fils, rappela les évêques exilés, et les renvoya à leurs Églises vers le milieu de l'an 338. La même année mourut saint Alexandre de Constantinople, âgé de quatre-vingt-dix-huit ans. On lui donna pour successeur dans son siége, Paul, originaire de Thessalonique, qui, quoique encore jeune, avait la prudence des personnes les plus âgées, et joignait à beaucoup de capacité une vie fort exemplaire. Les ariens, qui avaient repris vigueur à la mort de saint Alexandre, firent tous leurs efforts pour faire élire en sa place Macédonius, plus âgé et plus habile pour les affaires du dehors que Paul, mais qui n'avait pas tant de vertu. Mais les catholiques l'emportèrent, et Paul fut ordonné évêque de Constantinople, dans l'église de la Paix, qui était alors la cathédrale. Macédonius forma d'abord quelque accusation contre lui; mais en ayant lui-même reconnu la fausseté, il l'abandonna et communiqua avec Paul, servant sous lui en qualité de prêtre. Il y a apparence que l'accusation de Macédonius regardait les mœurs de Paul, puisque les ariens qui, au rapport de saint' Athanase,

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ne la négligèrent pas, quelque fausse qu'elle íùt, accusaient Paul de vivre dans les délices et même dans le dérèglement. Ils l'accusaient encore d'avoir été élevé à l'épiscopat sans le consentement des évêques d'Héraclée et de Nicomédie, qui, comme voisins, prétendaient avoir le droit d'élire et d'ordonner celui de Constantinople. Eusèbe de Nicomédie menait toute cette intrigue, l'ambition qui l'avait déjà porté du siége de Béryte sur celui de Nicomédie, lui 10 inspirant le désir de passer de ce dernier au trône épiscopal de Constantinople. L'arrivée de Constantius en cette ville lui fournit le moyen de se contenter. Ce prince, extrêmement irrité de ce qu'en son absence on avait choisi Paul, évêque de Constantinople", prétendit qu'il était indigne de la dignité épiscopale,et, par la faction des eusébiens, qui l'avaient su gagner, il assembla un concile d'évêques infestés de l'arianisme et ennemis de Paul, qui le déposèrent et mirent à sa place Eusèbe de Nicomédie, contre les règles de l'Écriture défense expresse du concile de Nicée. Paul qui, sous Constantin,avait 13 été relégué dans le Pont, fut envoyé chargé de chaînes à Singare, dans la Mésopotamie, d'où il fut transféré à Emèse, dans la Phénicie, puis à Cucuse, dans les déserts du mont Taurus, où les ariens l'étranglèrent, après lui avoir fait souffrir la faim et divers autres supplices. Par l'installation d'Eusèbe de Nicomédie sur le siége de Constantinople, ils se rendirent les maîtres de cette Église, et ils la gouvernèrent jusque vers l'an 379, que saint Grégoire de Nazianze fut choisi évêque de cette ville.

et la

17. Les eusébiens profitant de l'accès qu'ils s'étaient ménagé auprès de Constantius,le suivirent à Antioche, dans le dessein de travailler ouvertement à établir leur parti. Ils y tinrent un concile, dont le résultat fut que Pistus serait ordonné prêtre d'Alexandrie en la place de saint Athanase. Ce Pistus était ce prètre de la Maréote, chassé de l'Église comme arien, par saint Alexandre. Second 15 de Ptolémaïde, qui avait eu le même sort que lui, l'ordonna évêque. Ceux qui lui avaient procuré cette dignité, voulurent engager le

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7 Ibidem. 8 Sozomen., lib. III, cap. 3. 9 Idem, ibid. 10 Athanas., ubi supra.

11 Socrat., lib. II, c. 7; Sozomen., lib. III, cap. 4. 12 Athanas., Apolog. cont. Arian., pag. 149. 13 Athanas., Hist. arian. ad monachos, pag. 348. 1 Athanas., Apolog. cont. Arian., pag. 144.

15 Athan., Epistola encycla ad episcopos, pag. 116.

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pape Jules à lui écrire, comme étant en sa communion, mais ce fut inutilement. Jules ayant su que ce Piste était un des premiers disciples d'Arius, lui refusa des lettres de communion tous les évêques catholiques,

connaissant aussi l'impiété de Piste, lui dirent anathème; et il ne put même jamais obtenir de monter sur le siége pour lequel on l'avait ordonné.

CHAPITRE XXI.

Conciles d'Alexandrie et de Rome, pour saint Athanase.

Concile d'Alexan-3 drie en 339

1. Cependant saint Athanase, informé des mouvements que les eusébiens se donnaient à Rome pour faire réussir l'élection de Piste, et prévoyant en outre les maux que scuffrirait l'Eglise d'Alexandrie, si elle venait à tomber entre les mains d'un évêque de la faction des ariens, assembla un concile d'environ cent' évêques, de l'Égypte, de la Thébaïde, de la Libye et de la Pentapole. D'un commun accord ils prirent hautement la défense de leur patriarche, et composèrent, à cet effet, son apologie, dans une excellente lettre qu'ils envoyèrent en particulier au pape Jules, pour animer son zèle contre les eusébiens, lui découvrir leurs artifices et lui faire connaître l'innocence de saint Athanase. Cette lettre apologétique, que nous avons en entier, commence ainsi : « Dès le temps, nos très-chers frères, que l'on a dressé des embûches à Athanase, notre confrère, ou depuis qu'il est rentré dans Alexandrie, nous pouvons entreprendre sa défense, touchant les crimes que les eusébiens ont inventés contre lui, leur reprocher tous les excès qu'il a soufferts par leur violence, et exposer aux yeux de tout le monde, toutes les calomnies dont on a voulu le noircir. Mais la conjoncture des affaires et la disposition du temps ne le permettaient pas lorsqu'Athanase était dans les souffrances, ainsi que vous le savez vous-mêmes; et, depuis ce temps-là, nous avions cru que son retour les couvrirait de confusion, pour avoir

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exercé contre lui des injustices si visibles. Ce sont ces considérations qui nous ont portés à demeurer jusqu'à présent dans le silence. Mais nous voyons aujourd'hui qu'après que cet évèque a enduré tant de maux, après qu'il a été forcé d'abandonner son pays et sa maison, pour aller vivre dans une terre étrangère et si éloignée; après qu'il s'en est fallu très-peu qu'il n'ait même perdu la vie, et que la seule douceur de l'empereur l'a garanti d'un si grand mal, nous voyons, dis-je, que ce qui serait capable d'assouvir la haine et la fureur des ennemis les plus cruels, ne peut faire rougir les eusébiens; qu'au contraire, ils s'emportent plus que jamais contre l'Église et contre Athanase; et que, ne pouvant souffrir sa liberté, ils ajoutent de nouveaux outrages à leurs premières violences,et qu'ils mettent toute leur industrie à l'accuser, sans avoir égard aux oracles de l'Écriture, qui dit que le faux témoin dit que le faux témoin ne demeurera pas impuni; et que la bouche qui profère le mensonge, fait mourir l'âme. C'est ce qui nous réduit maintenant à la nécessité de ne pouvoir plus demeurer dans le silence, et ce qui nous fait admirer leur malice, et cette opiniâtreté insatiable avec laquelle ils nous dressent des embûches. Car ils ne cessent ni d'irriter contre nous les oreilles des empereurs, ni de leur écrire des lettres qui tendent à perdre et à exterminer un évêque dont le zèle est ennemi de leur mauvaise

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Pag. 126.

doctrine et de leur impiété. Car ils ont encore écrit contre lui aux empereurs, comme ils avaient fait autrefois. Ils veulent de nouveau l'accabler de calomnies, en lui attribuant des homicides imaginaires. Ils veulent le faire périr lui-même, en lui imposant des meurtres qui n'ont jamais été cominis, comme il est certain qu'ils l'auraient fait mourir la première fois par leurs calomnies, si nous n'avions eu alors un prince doux et clément. Enfin, pour ne parler que du moindre des maux qu'ils ont projetés, ils veulent le faire bannir encore une fois, en feignant de déplorer les misères de tous ceux qui ont été bannis, comme si cet évêque en était la cause. Ils nous reprochent des maux qui ne sont jamais arrivés par notre moyen, pendant que leur animosité n'est pas satisfaite de toutes les afflictions qui ont exercé sa patience. Ils veulent ajouter de nouveaux outrages à leurs premiers emportements, et lui faire souffrir de plus grand maux que par le passé, tant ils sont méchants et cruels, tant ils préfèrent se rendre redoutables par la terreur et par les menaces, plutôt que se faire honorer par une piété et une modération épiscopale! Car ils ont eu l'insolence d'écrire aux empereurs avec des paroles si indignes de leur profession, que les gens du monde n'auraient jamais voulu en employer de semblables. Et ce n'est pas seulement à un général d'armée, ni à des officiers de la plus grande condition; mais c'est aux trois empereurs, qu'ils ont porté leurs accusations touchant ces meurtres et ces homicides. La distance des lieux n'a nullement été capable de ralentir leur passion extrême; et ils ont été satisfaits, lorsqu'ils ont vu que les plus grands et les plus augustes tribunaux étaient tous remplis des accusations dont ils se sont rendus les auteurs. Certes, nos très-chers frères, ce qu'ils font n'est pas une plainte, mais une véritable et une formelle dénonciation contre l'honneur et la vie d'un évêque,et une dénonciation d'autant plus importante et plus odieuse qu'ils la portèrent jusque devant les tribunaux les plus relevés et les plus augustes. Car à quoi se peut terminer tout le bruit qu'ils font, qu'à la mort de celui contre lequel ils excitent les empereurs? Ce n'est donc point la conduite d'Athanase, mais c'est la leur qui nous doit paraître lamentable et digne de pitié; et si l'on veut verser des larmes, on n'en peut trouver au

Jerem. XXII, 10.

cune plus juste et plus légitime que leur mamière d'agir, puisqu'il est écrit: Ne pleurez pas celui qui est mort, et ne vous affligez point avec excès; mais abandonnez-vous à la douleur, pour plaindre celui qui est parti, parce qu'il ne revienda plus. Car toute leur lettre n'a point d'autre but que la mort de celui contre lequel ils écrivent; et toute leur prétention n'est que de faire mourir, s'ils peuvent, ou du moins de faire bannir toutes les personnes qui leur sont désagréables. C'est ce qu'ils ont entrepris auprès du très-religieux père des empereurs, qui, pour satisfaire en quelque sorte leur fureur, a été obligé non de le faire mourir, comme ils l'eussent bien voulu, mais de l'envoyer autre part. Quand même les crimes qu'ils lui imposent seraient véritables, ils ne laisseraient pas de se rendre eux-mêmes criminels, puisque, contre la règle du christianisme, ils veulent encore accabler un évêque après qu'il a eu l'affliction de se voir banni; ils lui dressent encore des embûches toutes nouvelles; ils se rendent dénonciateurs en matière d'homicide, de meurtres et d'autres crimes, et ils portent ces calomnies contre des évêques, jusqu'aux oreilles des empereurs. Mais puisque tout ce qu'ils disent n'est que mensonge et qu'imposture, et qu'il n'y a pas un seul mot de vérité, ni dans leurs discours, ni dans leurs lettres, ne remarquez-vous pas vous-mêmes quelle est l'extrémité de leur malice, et quels peuvent être des hommes qui agissent de la sorte? »

Suite de

2. Après avoir représenté, en général, les diverses persécutions que les eusébiens avaient cette lettre. fait souffrir à saint Athanase, les évêques du concile d'Alexandrie entreprennent sa justifi- Pag. 197. cation sur tous les chefs dont ses ennemis le chargeaient, et le disculpent en premier lieu des meurtres qu'ils l'accusaient d'avoir commis à Alexandrie, depuis son retour des Gaules. « Les meurtres et les emprisonnements, disent ces évêques, sont éloignés de notre Église. Athanase n'a livré personne au bourreau, ni mis personne en prison: notre sanctuaire est encore pur, comme il l'a toujours été; il ne se glorifie que du sang de JésusChrist. Athanase n'a fait mourir ni prêtre ni diacre: il n'est auteur ni de meurtre ni de bannissement. Ses ennemis avouent clairement, dans leur lettre, que c'est le préfet d'Égypte qui a condamné quelques particuliers; et ils n'ont pas honte d'attribuer ces condam

Tag. 128.

Suite de la même lettre

nations à Athanase,qui n'était pas encore rentré à Alexandrie et qui était alors en Syrie,au retour de son exil. Ces procès n'ont été faits pour aucune cause ecclésiastique, comme vous le verrez par les Actes que nous vous en envoyons et que nous avons cherchés avec soin, lorsque nous avons su ce que les eusébiens ont écrit. Ainsi, lorsqu'ils font tant de bruit pour des choses qu'il n'a jamais faites et qui même n'ont pas été faites à son occasion, lorsqu'ils les assurent comme les choses qu'ils savent le plus certainement: qu'ils vous disent quel est le concile qui leur en a donné connaissance? quelles raisons convaincantes ils en peuvent alléguer? sur quel jugement ils se fondent? Et quand vous verrez qu'ils se contentent d'assurer ces faits, sans avoir de quoi les appuyer, nous vous laissons à examiner quelle réalité avaient les crimes sur lesquels ils le condamnèrent, il y a quelques années, et si vous devez croire que ce qu'ils en disaient, fût bien avéré. Car ce ne sont que calomnies, que piéges d'ennemis, que fureur, que conspiration de l'impiété des ariens contre la piété des fidèles; et tout cela ne tend qu'à détruire les orthodoxes, afin que les partisans de cette hérésie soutiennent avec liberté toutes les erreurs qu'ils voudront. »

3. Les Pères marquent ensuite les motifs de la haine que les eusébiens ont conçue contre saint Athanase, et disent qu'elle est aussi ancienne que la déposition d'Arius, parce que dès-lors ce Saint, qui n'était encore que diacre, avait beaucoup de crédit auprès de saint Alexandre, qui chassa cet hérésiarque de l'Église. Ils ajoutent que la haine des eusébiens contre Athanase s'était accrue au concile de Nicée, où ils avaient été témoins de son zèle contre les ariens; que, le voyant élevé à l'épiscopat et ennemi déclaré de l'hérésie, Eusèbe de Nicomédie, à la tête des partisans d'Arius, avait conjuré sa ruine, et n'avait point eu de repos qu'il n'eût fait assembler contre lui un concile à Tyr. De là les Pères passent aux calomnies qu'Eusèbe de Nicomédie et ses adhérents répandaient contre saint Athanase. La première regardait son ordination; les eusébiens soutenaient qu'elle avait été faite secrètement, en présence seu

1 Neque enim advertit Apostoli præceptum: Alligatus es uxori, noli quærere solutionem. Quod si hoc de uxore dictum est, quanto magis de Ecclesia et de ipso episcopatu, cui alligatus quispiam aliam quærere non debet, ne adulter ex sacris Litteris deprehendatur. Apud Athanas., pag. 129.

lement de six ou de sept évêques. Au contraire, disent les Pères, nous sommes témoins, nous, toute la ville et toute la province, que tout le peuple de l'Église catholique Pag. 129. demanda Athanase pour évêque, tout d'une voix, et que la plus grande partie de nous l'ordonna aux yeux de tout le peuple sur quoi nous sommes plus croyables que ceux qui n'y étaient point. >> Comme c'était Eusèbe de Nicomédie qui critiquait l'ordination de saint Athanase, les Pères lui reprochèrent les défauts de la sienne, qu'ils doutaient avoir été légitime; ils ajoutaient que, quand il aurait été ordonné suivant les règles, il avait depuis anéanti son ordination, en quittant l'évêché de Béryte pour passer à celui de Nicomédie, et de là sur le siége de l'Église de Constantinople; qu'il avait ainsi mis la religion dans les richesses et dans la grandeur des villes, ne comptant pour rien le partage que l'on a reçu par l'ordre de Dieu. « Il ne pense point, ajoutent-ils, à ce précepte de l'Apôtre: Si tu est lié avec une femme, ne cherche point à te délier.Car si cela est dit d'une femme, combien doit-on plus l'entendre d'une Église? Quiconque y est une fois lié par l'épiscopat, ne doit plus en chercher d'autre, de peur d'être trouvé adultère, suivant les divines Écritures. » Ils condamnent l'insolence d'Eusèbe et celle de Théognis, qui, bien

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que déposés dans le concile de Nicée, à 130. cause de leur impiété, avaient osé déposer Athanase et lui reprocher ensuite sa déposition. Ils attaquent après cela l'autorité du concile de Tyr, et soutiennent qu'on ne peut donner le nom de concile à une assemblée 3 où présidait un officier de l'empire, où les évêques étaient contraints de se trouver par ses ordres, où ses soldats commettaient des violences, où les eusébiens, appuyés de la puissance séculière, dominaient; où ceux qui y paraissaient comme juges, étaient eux-mêmes accusés et convaincus de divers crimes, où les soldats, comme les satellites d'Eusèbe, 131. avaient commis plusieurs violences. Ils justifient saint Athanase sur le meurtre d'Arsène, par les lettres de ce dernier, et en disant qu'il vit encore et demande d'être admis à leur communion. Ils font voir qu'Athanase 132.

2 Cor. XI, 27.

• Quomodo synodum vocare audent, in qua comes præsidebat et cui specula aderat, ac in quam commentarius vice diaconorum nos introduxit? Cujus exitus erat exilium et cædes, si Imperatori placeret. Ibidem, pag. 130 et 131.

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