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Sur l'antorité du

Sardique et de ses ca

nons.

[IV SIÈCLE.]

rieure, c'est-à-dire de la Germanie inférieure.
Constant même confirma la députation du
concile, envoyant de sa part les mèmes évê-
ques, Vincent et Euphratas, auxquels il joi-
gnit le général Salien, que son amour pour
la piété et la justice rendait illustre.

32. Il parait inutile de discuter si le con-
concile decile de Sardique doit passer pour un concile
œcuménique, puisque l'Église, qui est l'ar-
bitre de ces sortes de questions, n'a point
jugé à propos de lui donner rang parmi ceux
qu'elle respecte sous ce titre *.Ce que l'on peut
dire, c'est qu'il avait été convoqué pour re-
présenter toute l'Église, que ce qu'elle avait
alors de plus saint s'y trouva réuni, et que,
malgré l'opposition des évêques orientaux, il
fut néanmoius réçu deux ans après par plu-
sieurs évèques d'Orient, et ensuite par toute
P'Église, en ce qui regardait la justification
de saint Athanase. Ses canons, qui, selon la
prétention de de Marca, ne doivent être
considérés que comme des statuts des Occi-
dentaux, ne furent pas sitôt adoptés par l'É-
glise Orientale. Il est vrai que, dans l'affaire
de saint Chrysostôme, on opposa l'autorité
du concile de Sardique aux canons d'An-
ticche, et que celui de Chalcédoine parle
avec respect du jugement qui y avait été ren-
du contre les restes de l'arianisme; mais ces
passages ne regardent point les canons, dont
on ne voit pas non plus que les historiens
de ces temps-là aient parlé. Ils furent depuis
généralement approuvés par les Grecs, dans
le concile in Trullo; et une déclaration si au-
thentique suppose clairement qu'ils avaient
auparavant beaucoup d'autorité parmi eux.
Ils étaient dans le code dont ils se servaient
ordinairement, et encore dans une collection
des canons réduits sous cinquante titres, que
quelques-uns attribuent à Théodoret, et que
d'autres disent être de Jean, patriarche de
Constantinople sous Justinien; ce qui s'ac-
corde avec ce qu'on " remarque, que cet em-
pereur donne le titre d'œcuménique au con-
cile de Sardique. A l'égard des Occidentaux,

9

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5

1 Theodoret., lib. Hist. eccles., cap. 6, pag. 597. C'est la question. Voir Noël Alexandre, diss. 27. et Mansi, qui défendent cet œcuménique contre de Marca et Basnage. Voir aussi Dictionnaire des Conciles de Migne sur le concile de Sardique. (L'éditeur.) 3 Marca, lib. VII Concil., cap. 3, § 5, pag. 218, Paris. ann. 1669.

Palladius, Dialog. de Vita Chrysostom., pag. 18,
tom. II Concil., pag. 1303.

Tom. IV Concil., pag. 826.
• Tom. VI Concil., pag. 1141.

bien que les canons dont il s'agit, fussent
proprement leur ouvrage, il semble néan-
moins que, bien loin d'y avoir été universel-
lement reçus, ils n'etaient point connus dans
certaines provinces d'Occident, et qu'on n'y
connaissait pas même le concile qui les avait
faits. La chose parait claire pour l'Afrique,
du temps de saint Augustin; Cresconius, do-
natiste, et Fortune, évêque du même parti,
ayant objecté à ce Père que le concile de
Sardique avait écrit à Donat de Carthage, ce
qui est vrai du faux concile de Sardique ou
de Philippopole, dont nous parlerons bientôt,
saint Augustin" répondit seulement sur la
lettre qu'ils en produisaient, que c'était un
concile d'ariens; et il le prouva, parce que
ce concile avait condamné saint Athanase
et le pape Jules, sans jamais dire qu'il y
en avait eu un autre catholique, où Gratus,
évêque catholique de Carthage 12, avait assis-
té. La dispute qui arriva entre saint Hilaire
d'Arles et saint Léon, peut également donner
quelque lieu de douter si les canons de Sar-
dique, qui permettent d'appeler au Pape,
étaient alors connus ou reçus dans les Gau-
les; mais ce qui est surprenant, c'est qu'à
Rome mème, où l'on ne pouvait pas manquer
de les connaître, et où on les a souvent em-
ployés, on ne sût pas qu'ils étaient de Sar-
dique; car les Papes, comme Zosime dans
l'affaire de Dappiarius, prêtre d'Afrique,
saint Léon et les autres les citent " sous le
nom du concile de Nicée; et comme on ne
peut soupçonner saint Léon et d'autres, dont
l'Église honore la sainteté, de l'avoir fait de
mauvaise foi, pour tromper leurs frères, il
y a toute apparence que, dans le code dont
ils se servaient, on les avait mis tout de suite
après ceux de Nicée, sans les en distinguer
et sans marquer qu'ils fussent du concile de
Sardique. C'est ce qui s'est enfin vérifié par
le code de l'Église romaine ", trouvé par le
Père Quesnel, et donné au public dans son
édition de saint Léon 15. Ce ne fut qu'au com-
mencement du sixième siècle, que Denys le

14

13

7 Marca, lib. II de Concord., cap. 15, § 9, pag. 122.
8 Ibid., lib. III, cap. 3, § 8, pag. 152.
Lup., tom. I, pag. 216, 218.

10 David., pag. 48 edit. Paris. 1671.
11 August., lib. II contra crescon., cap. 34, pag. 454,
et lib. IV, cap. 44, pag. 509 et alibi.

12 Leo Quesnel., dissertat. 5 Apolog. pro S. Hilar. Arelat., cap. 14, pag. 253 et seq. edit. Lugd. 1700. 13 David, pag. 43, 57.

Leo Quesnel, tom. II, pag. 15 et seq. 15 Marca, de Concordia, cap. 4, § 7, pag. 152.

Petit, ayant inséré dans son code les canons de Sardique, comme de Sardique, ils furent reçus de même que ce code, dans tout l'Occident. Fulgentius Ferrandus, diacre d'Afrique, leur a aussi donné place dans sa collec

tion, et les Grecs, comme nous l'avons dit, les ayant reçus dans le concile in Trullo, ils ont été adoptés du consentement général de toute l'Église.

CHAPITRE XXV.

Faux concile de Sardique, ou conciliabule des eusébiens à Philippopole.

[Vers l'an 325.]

Les eusébiens

as

Philippopole datent leur lettre de

quel était le

fiction.

1. Les eusébiens, après s'être enfuis de semblés Sardique, s'arrêtèrent enfin à Philippopole, en Thrace, qui obéissait à Constantius. Ils y Sardique; tinrent leur concile particulier, composé de but de cette leurs soixante ou quatre-vingts évêques, ayant à leurs tête Etienne d'Antioche, digne de présider à cette asssemblée, plus encore par sa méchanceté que par la dignité de son siége. Ce fut dans ce conciliabule qu'ils tâchèrent de répandre leur venin par la lettre qu'ils envoyèrent de tous côtés. Saint Augustin en parle en quelques endroits; Sozomène en fait l'abrégé ", et saint Hilaire en rapporte le formulaire de foi dans son traité des Synodes. Nous l'avons même tout entière dans les fragments de ce Saint 9. Les eusébiens déclarent qu'ils l'écrivent de Sardique, et ils l'ont persuadé à 10 Sozomène. Mais ils font voir eux-mêmes que cela est faux, puisqu'ils parlent de la lettre circulaire des Occidentaux, qui certainement n'a pu être écrite qu'après 12 qu'ils se furent enfuis de Sardique. Il est aisé de juger qu'ils n'usèrent de cette fiction, dans laquelle le concile d'Ancyre montres qu'ils ont continué, que pour couvrir la honte de leur fuite, et effacer par là l'autorité du concile légitime de Sardique, comme ils essayèrent quelques années après,

1 Ibid., lib. VII, cap. 15, § 5, pag. 253.

2 Socrat., lib. II Hist., cap. 20, pag. 102.

3 Mansi met ce concile comme le précédent en l'an 344; le P. Mamachi a réfuté ce sentiment. D'a près la Chronique athanasienne, ce conciliabule s'est teau en 343. (L'éditeur).

Apud Hilar., Fragment. 3, pag. 1323.
Socrat., lib. II, cap. 20, pag. 102.

• Sozomen., lib. III Hist., cap. 10, pag. 510.

d'effacer le grand concile de Nicée, par l'équivoque de leur conciliabule de Nicée en Thrace. On voit, par saint Angustin, qu'ils ne réussirent pas mal à l'égard du concile de Sardique, le véritable étant inconnu de son temps en Afrique, où l'on ne connaissait que le faux.

Ceux à qui ils l'adres

2. Leur lettre, telle qu'elle est dans les fragments de saint Hilaire et qu'elle fut en- serent, voyée en Afrique, est adressée à Grégoire d'Alexandrie, Amphion de Nicomédie, Donat de Carthage, Didier de Campanie, Fortunat de Naples en Campanie, Eutyce de Rimini, Maxime de Salone en Dalmatie, et généralement à tous les évêques, prêtres, diacres et fidèles de l'Église catholique; ce qui était néanmoins faux pour Donat, qui n'était évêque de Carthage que dans le parti schismatique des donatistes 15. Saint Augustin remarque qu'il y avait des exemplaires où on ne lisait que les noms des évêques, et non celui de leurs évêchés; il dit que c'était les plus communs, et il ajoute même que, quand des évêques écrivaient à des évêques, ce n'était pas la coutume de mettre le nom de leurs évêchés; c'est pourquoi il demande aux donatistes quelle preuve ils avaient que Donat, marqué dans le titre de cette lettre,

7 Hilar., lib. de Synod., pag. 1172.

8 Apud Hilar., Fragment. 3, pag. 1307.-9 Ibid. et pag. 1319. 10 Sozomen., lib. III, cap. 11, pag. 512. 11 Apud Hilar., Fragment. 3, pag. 1317.

12 Apud Athanas., Apolog. contra Arian., pag. 164. 13 Apud Epiphan., Hæres. 73, cap. 2, pag. 846.

14 Apud Hilar., Fragment. 3, pag. 307.

15 Augustin., lib. III cont. Crescon., cap. 34, p. 454, et lib. IV, cap. 44, pag. 590.

Analyse de cette lettre.

1309, 1310.

fût leur évêque de Carthage. Il le leur accorde néanmoins facilement, mais il leur montre en même temps qu'ils ne peuvent tirer aucun avantage de ce que des ariens condamnés par toute l'Église, ont tàché d'attirer à leur parti Donat et les donatistes. Ils ne réussirent pas même en ce dessein 1; car, quoique Donat, en confessant la consubstantialité, crût le Fils inférieur au Père, et le Saint-Esprit au Fils, les donatistes ne suivaient point cette erreur et ne faisaient nulle difficulté de reconnaître que les ariens étaient des hérétiques détestables.

3. La lettre des eusébiens avait pour but de donner quelque couleur au refus qu'ils avaient fait de se joindre aux Occidentaux, et de flétrir leurs ennemis par les calomnies les plus noires3. Rien n'est plus insupportable que l'hypocrisie avec laquelle ils commencent cet ouvrage d'iniquité. Ils ne parlent que de paix, de charité et d'observation des lois de P'Eglise, eux qui étaient les perturbateurs de la paix et les violateurs de tous les canons. Pag. 1308, Après cette fausse déclaration, ils s'élévent tout d'un coup contre Marcel, évêque d'Ancyre, à qui ils attribuent les hérésies de Sabellius, de Paul de Samosate et de Montan. Ils exhortent tous les fidèles à condamner ses blasphèmes; puis, venant à la personne dA1311. thanase, ils renouvellent contre lui leurs anciennes calomnies, si fortement ruinées en tant de rencontres; touchant le calice rompu, l'autel brisé dans la maison d'Ischyras, le meurtre d'Arsène. Ils rappellent le refus qu'il avait fait de comparaitre au concile indiqué contre lui à Césarée en Palestine, sa condam1312. nation dans celui de Tyr, et le chargent de mille violences, des brigandages, des meurtres des sacriléges qu'ils avaient commis contre lui et contre son peuple, par les mains de Philagre, son persécuteur et le ministre de toutes leurs passions. Ils noircissent par de semblables calomnies, saint Paul de Constantinople, Marcel d'Ancyre, Asclépas de Gaze. Ils disc t,en termes vagues et généraux, qu'on ne peut ouïr sans horreur ce qu'avait fait le premier, autrefois évêque de Constantinople,

1 Idem, Hæres. 69, cap. 6.

2 Apud Hilar., Fragment. 3, pag. 1317. Idem, lib. contra Crescon., loco citato.

Fuere namque et in Ancyra.provincia Galatiæ, post reditum Marcelli hæretici, domorum incendia, et genera diversa bellorum. Nudi ab ipso ad forum trahebantur presbyteri, et quod cum lacrymis luctuque est dicendum, consecratum Domini corpus ad sacerdotum

au retour de son exil; que Marcel avait fait brûler plusieurs maisons dans Ancyre; qu'il avait fait traîner des prêtres nus devant les juges, profané publiquement le corps sacré Pag. 1313. du Seigneur, attaché à leur cou, et dépouillé aux yeux de tout de tout le peuple, au milieu de la ville et de la place publique, des vierges d'une vie très-sainte, consacrées à Dieu; qu'Asclépas, étant retourné à Gaze, y avait rompu un autel et excité plusieurs séditions; que Luce, après son retour dans Andrinople, avait fait jeter aux chiens le saint sacrifice, consacré par des évêques très-saints et trèsinnocents; enfin, comme si tous ces crimes eussent été bien avérés, ils s'emportent d'un faux zèle, et demandent s'il est juste de confier plus longtemps les brebis de Jésus-Christ à ces loups si furieux, de faire de ses membres saints, les membres d'une malheureuse prostituée; ce qu'ils protestent ne pouvoir souffrir.

Suite.

4. Ils essayaient ensuite, par diverses raisons, de montrer que le concile de Sardique Pag. 1313, n'a pu ni dû recevoir à la communion Atha- 1314, 1315. nase et les autres évêques accusés, et le prétexte qu'ils alléguent pour excuser la manière honteuse dont ils s'étaient retirés, c'est que ces évêques, quoique condamnés, ne laissaient pas d'avoir pris séance dans le concile, avec Osius et Protogène, de conférer avec eux et de célébrer même les saints mystères. Ils se 1316. plaignent qu'on ait refusé le parti qu'ils avaient fait proposer au concile, d'envoyer de part et d'autre des évêques dans la Maréote et aux lieux où les crimes avaient été commis, pour en informer de nouveau. Ils déclarent que, pour ne pas se souiller par la communion de ces criminels, qui avaient reçu à la participation des saints mystères des évèques convaincus de crimes, ils avaient 1319. résolu de retourner chez eux, et qu'ils ont écrit de Sardique même toutes ces choses, comme elles se sont passées, exhortant tous les fidèles à se séparer de la communion d'Osius,de Protogène, d'Athanase, de Marcel, d'Asclépas, de Paul et de Jules. Ils ajoutent: 1320. Tout l'Orient et l'Occident sont renversés, pour quelques scélérats, à l'occasion desquels

colla suspensum, palam publiceque profanabat, virginesque sanctissimas Deo Christoque dicatas publice in foro, medioque civitate, concurrentibus populis, abstractis vestibus horrenda fœditate nudabat. Apud Hilar., Fragment. 3, pag. 1313.

Præterea Hadrianopoli Lucius post reditum suum, sacrificium a sanctis et integris presbyteris confectum, si fas est dicere, canibus projiciendum jubebat. Ibid.

il a fallu que tant d'évêques chargés d'années et d'infirmités, quittent leurs Églises, abandonnent la prédication de l'Evangile, le soin de leurs troupeaux, et entreprennent un long et pénible voyage, dont la fatigue en a obligé plusieurs de rester malades sur les chemins. Le monde entier est troublé pour un criminel ou deux en qui il ne reste plus aucune semence de religion, puisque, s'ils en avaient le moindre sentiment, ils imiteraient le prophète Jonas, en disant comme lui: Jetez-moi dans la mer, et cette tempête s'apaisera à l'instant. Mais leurs adversaires sont fort éloignés d'imiter cette conduite, parce qu'ils ne prennent point l'exemple des saints pour règle de leurs actions, et que,se rendant chefs et conducteurs de scélérats, ils ne recherchent le gouvernement de l'Église que comme une domination temporelle et tyrannique. C'est par ce motif qu'ils s'efforcent de ruiner les lois divines et les règles de l'Église, et veulent établir un nouvel usage, en remettant au jugement des évêques d'Occident l'examen et la décision des choses que les évêques d'Orient ont ordonnées; au lieu que la sentence prononcée autrefois dans le concile de Rome contre Novat, Sabellius et Valentin, hérétiques, avait été Pag. 1321. rectifiée par les prélats d'Orient. Après avoir confirmé de nouveau la condamnation de saint Athanase, de Marcel, d'Asclépas et de saint Paul de Constantinople, ils poussent encore leur emportement jusqu'à prononcer anathème contre Osius, Protogène, le pape Jules, Gaudence de Naïsse et saint Maximin de Trèves. Ce fut cet anathème contre le Pape et contre saint Athanase, qui fit reconnaître à saint Augustin que la lettre ne pouvait venir que des ariens. Le crime général qu'ils reprochent à tous ces prélats, c'est d'avoir fait recevoir à la communion Marcel, Athanase et les autres scélérats, comme il leur plaît de les appeler; et ils rejettent particulièrement sur le pape Jules ce crime si glorieux. Outre ce crime commun, ils reprochent à Osius d'avoir toujours été l'ennemi et le persécuteur d'un certain Marc, de très

1

heureuse mémoire (qu'on ne connaît point) et le défenseur de tous les méchants, nommément de Paulin, évêque de Dace, d'un Eustathe et d'un Quimasse, dont ils disent beaucoup de mal. Sozomène l'entend de Paulin et d'Eustathe, évêques d'Antioche, ce qui ne fait point de difficulté pour le dernier; mais il se trompe pour Paulin, qui ne fut évêque qu'en 362, et qui ne le fut jamais dans la Dace. A l'égard de Protogène, les eusébiens Pag. 1317. prétendent qu'il s'était condamné lui-même en communiquant avec Marcel et avec saint Paul, après avoir signé plusieurs fois leur anathème. Ils font un crime à Gaudence de 1321. ce qu'il recevait ceux que Cyriaque, son prédécesseur, avait anathématisés, et encore de ce qu'il défendait hautement saint Paul de Constantinople. Mais la faute de saint Maxi- 1322. min était bien plus noire, puisqu'il avait communiqué le premier avec ce Saint et avait été cause de son rétablissement, outre qu'il n'avait point voulu recevoir les évèques que les ariens avaient députés dans les Gaules en 342. Les eusébiens excommunièrent donc tous ces prélats, dans leur faux concile, priant tous les fidèles de n'avoir aucune liaison avec eux, ni avec ceux qui communiqueraient avec

eux.

2

Formule

de foi da

de Sardique

5. Ils ajoutèrent à la fin une formule de foi, qu'ils prient tout le monde de signer. Ils n'y faux concie établissent point le Fils consubstantiel au Père, mais aussi ils ne détruisent point ce dugme, comme Socrate l'a prétendu. Au Pag. 1322, contraire, ils condamnent ceux qui croyaient 1323. que le Fils est tiré du néant, ou qu'il est d'une autre substance que celle du Père; mais leur symbole ne laisse pas d'ètre dangereux et suspect, tant parce qu'ils s'y abstiennent du terme de consubstantiel, que parce qu'il ne fallait point d'autre Symbole que celui de Nicée, si on n'avait pas une autre foi. On ne sait pourquoi saint Athanase l'a omis dans son recueil des divers symboles des ariens. On le trouve dans les fragments de saint Hilaire, à la fin de la lettre dont nous venons de parler, et il est encore d'une version plus correcte dans son traité des Syuodes.

1 Sozomen., lib. III Hist., cap. 11, pag. 512. 2 Socrat., lib. II Hist., cap. 20, pag. 102.

Lib. de Synodis, pag. 1172.

Concile de Milan con

en 347 2.

Histoire

de cet hérésiarque.

6

CHAPITRE XXVI.

Concile de Milan en 347, et les autres jusqu'en 351.

3

1. Peu de temps après le concile de Sarditre Photin, que, et la même année 347, il s'en tint un à Milan contre Photin, évêque de Sirmium, qui renouvelait les erreurs de Sabellius 3 et de Paul de Samosate. Il était d'Ancyre en Galatie, disciple de l'évêque Marcel, sous lequel il avait été quelque temps diacre. Saint Hilaire, dont nous apprenons cette circonstance, insinue assez qu'il n'en avait reçu que d'excellentes instructions, et il parut quelque temps digne du choix qu'on fit de lui pour remplir le siége de Sirmium, qui était le premier d'Illyrie. Mais il commença par se corrompre dans les mœurs, après quoi, comme il arrive souvent que l'accroissement des vices, en diminuant en l'âme l'amour de Dieu, y produit la folle passion d'une science fausse et pernicieuse, il entreprit de troubler, par de nouveaux dogmes, la vérité de l'Évangile. Il niait la trinité des personnes en Dieu 3, n'en admettant qu'une seule et singulière, à la manière des Juifs, c'est-à-dire le Père, qui avait bien son Verbe ou sa raison éternelle, mais comme nous avons la nôtre, sans subsistance distincte et personnelle1o, d'où vient que, selon lui, Dieu n'avait " point de Fils,et Jésus-Christ 12 était un pur homme qui avait pris son commencement de Marie. Il niait de mème 15 que le Saint-Esprit subsistàt personnellement. Il avait déjà été condamné par les

1 Il fut assemblé, deux ans avant, un autre concile d'Occident, fort connu par la réconciliation d'Ursace et de Valens, en 349, comme on le dira ailleurs. 2 Le Père Mansi place ce concile en l'an 346, sur une lettre du pape Libère, écrite en l'an 354, dans laquelle il est dit que les évêques s'étaient assemblés à Milan, huit ans auparavant, pour déposséder Photin. (L'éditeur.)

Socrat., lib. XI Hist., cap. 29; Sozomen., lib. IV Hist., cap. 6; Epiphan., Hæres. 71, num. 1; Theodoret., lib. XI Hist., cap. 4.

Apud Athanas., lib. de Synodis, pag. 740. Hilar., ex Oper. hist., Fragment. 11, num. 19. 6 Vincent. Lirin., Commonit., pag. 339 et 340 edit. Baluz. -7 Hilar., supra.

8 Vincent. Lirin., Commonit., pag. 341.

9 Epiphan., Hares. 71, num. 2.

III.

Orientaux, en 344 ou 345, comme il paraît par la longue formule 1 d'Antioche, apportée vers ce temps-là en Occident 15. Mais soit qu'on s'y défiat d'un jugement rendu 16 par des évêques eusébiens, pour la plupart, et qui attaquaient également Marcel d'Ancyre; soit pour quelque autre raison, comme celle-ci, que les erreurs de Photin étant connues de tout le monde 17, c'était assez d'acquiescer à la sentence des évêques d'Orient, il ne s'était point encore agi de condamner Photin dans aucun concile des Occidentaux, pas même dans celui de Sardique, quoique Sirmium fût proche et que l'Illyrie, dont cette ville était capitale, fût du district d'Occident.

pas

2. Le concile de Milan 18 déclara Photin hérétique et le retrancha de la communion de l'Église. On peut croire que ce ne fut sans l'avoir entendu; et saint Epiphane, qui a confondu ce concile avec celui de Sardique, trompé par la proximité du temps et du lieu, dit positivement que Photin fut appelé par les évêques pour rendre raison de la mauvaise doctrine qu'il enseignait 1o, et qu'il entreprit de se purger en leur présence; mais que le concile, ayant horreur de ses blasphèmes, le déposa. Il ne se soumit point; mais comme il était naturellement éloquent 20, qu'il avait de l'esprit et du savoir, il se maintint par l'affection de son peuple, que ces

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12 Vincent. Lirin., Commonit., pag. 341; Sulpit. Sever., lib. XI Hist., num. 52, edit. de Leyde 1654. 13 Ibidem. 14 Apud Athanas., lib. de Synodis, pag. 740.

15 Au concile de Milan de 346.

16 La formule en elle-même fut rejetée par les évêques du concile, qui dirent qu'ils se contentaient de la foi de Nicée, sans vouloir rien rechercher au-delà. 17 Sulp. Sever., lib. II Hist., num. 51.

18 Hilar., Fragment. 2, num. 19, 21.

19 Epiphan., Hæres. 71, num. 1.

20 Sozomen., lib. IV Hist., cap. 6; Epiph., supra; Vincent. Lirin., Commonit., pag. 339.

21 Hilar., Fragment. 2, num. 19.

32

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