prétexte de vie ascétique, sans prendre soin de leur nourriture ou de leur conversion; les Con xvi. enfants' qui, sous le même prétexte de piété, 3 6 quittent leurs parents sans leur rendre l'honneur qu'ils doivent; les femmes qui, par un XVI. semblable motif, se coupent les cheveux que Dieu leur a donnés, comme un mémorial de l'obéissance qu'elles doivent à leurs maris. L'Église a approuvé depuis que les religieuses coupassent leurs cheveux, et les usages ont varié, selor les pays et les temps, sur ces choses indifférentes; mais la vanité et l'affectation opiniâtre ont toujours été conXVI. damnées. Le concile défend aussi de jeûner Xx le dimanche, de mépriser les jeûnes qui xx. viennent de la tradition, et de blåmer les mémoires des martyrs, les assemblées qui s'y tenaient et les offices qu'on y célébrait. Après XXI. quoi il ajoute : « Nous ordonnons ceci, non pour retrancher de l'Église ceux qui veulent s'exercer à la piété, selon les Écritures, mais ceux à qui ces exercices sont une occasion de s'élever avec arrogance au-dessus de la vie plus simple, et d'introduire des nouveautés contre l'Écriture et les canons. Nous admirons donc la virginité, nous approuvons la continence et la séparation du monde, pourvu que l'humilité et la modestie les accompagnent. Mais nous honorons le mariage et nous ne méprisons pas les richesses accompagnées de justice et de libéralité. Nous louons la simplicité des habits, qui sont pour le seul besoin 1 Si qui filii a parentibus, maxime fidelibus, prætextu pietatis recesserint, et parentibus quem par est honorem non tribuerint, apud eos scilicet præposita in Deum pietate, sint anathema. Can. 16. 2 Si qua mulier, propter eam quæ existimatur pietatem, tondeat comam, quam Deus ei dedit ad recordationem subjectionis, ut quæ subjectionis præceptum dissolvat, sit anathema. Can. 17. 3 Fleury, Hist. ecclés., liv. XVII, pag. 335. Si quis propter eam, quæ existimatur, exercitationem in dominico jejunet, sit anathema. Can. 18. Si quis eorum qui exercentur, absque corporali necessitate se insolenter gerat, et tradita jejunia, quæ communiter servantur ab Ecclesia, dissolvat, perfecto in ea residente ratione, sit anathema. Can. 19. • Si quis arrogantia utens, et martyrum congregationes abhorrens, et sacra quæ in eis celebrantur, et eorum memorias accuset, sit anathema. Can. 20. 7 Hæc autem scribimus, non eos abscindentes, qui in Dei Ecclesia volunt secundum Scripturas in continentia et pietate exerceri : sed eos qui prætextum exercitationis ad arrogantiam assumunt, adversus eos qui du corps, et nous n'y approuvons ni la mollesse ni la curiosité. Nous honorons les maisons de Dieu et les assemblées qui s'y font, sans toutefois renfermer la piété dans les murailles. Nous lonons aussi les grandes libéralités que les frères font aux pauvres par le ministère de l'Église. En un mot, nous souhaitons que l'on y pratique tout ce que nous avons appris par les divines Écritures et par les traditions apostoliques. >> Le pape Adrien, dans son Epitome des canons, dit que dix évèques souscrivirent au concile de Gangres; à la tête de ces prélats il met Eusèbe, qui se trouve placé ainsi dans presque tous les exemplaires. Mais il y en a qui marquent les souscriptions de douze évêques, d'autres de quinze. Saint Grégoire de Tours cite le quatorzième canon de ce concile comme étant de Nicée : ce qui vient apparemment de ce que, dans l'exemplaire qu'il avait en main, les canons de Gangres étaient joints à ceux de Nicée, sous un même titre. 8 Il n'est parlé d'Eustathe ni de ses disciples dans aucun ancien catalogue des hérétiques, et on ne voit, par aucun endroit de l'histoire, qu'ils aient continué à dogmatiser depuis leur condamnation dans le concile de Gangres: d'où il est naturel de conclure qu'ils acquiescèrent à ce qui y avait été ordonné, ou au moins que leurs erreurs prirent fin avec eux. simplicius vivunt se efferentes, et præter Scripturas ecclesiasticosque canones novitates inducunt. Virginitatem itaque una cum humilitate admiramur et continentiam, quæ cum pietate et gravitate exerceatur, admittimus et a sæcularibus negotiis secessum cum humilitate suspicimus : et honorabilem matrimonii conjunctionem honoramus, et divitias cum justitia et beneficentia non vili pendimus, et vestium vilitatem propter corporis tantum curam minime curiosam ac operosam laudamus: dissolutos autem et molles in vestibus incessus aversamur, et domos Dei honoramus, et qui fiunt in iis conventus, ut sanctos et utiles recipimus, non pietatem in domibus includentes, sed omnem locum in Dei nomine ædificatum honorantes, et quæ fit in ipsa Ecclesia, congressionem ad publici utilitatem recipimus, et insignes fratrum beneficentias quæ tanquam secundum traditiones fiunt per Ecclesiam in pauperes, laudamus et ut semel dicamus, quæ a divinis Scripturis et apostolicis traditionibus tradita sunt, in Ecclesia fieri optamus. Can. 21. Gregor. Turonens., lib. IX Hist, Frạnc., cap. 35. CHAPITRE XXIX. Conciles de Rome', d'Arles, de Milan et de Béziers. Concile de Rome,en 352 2 1. Nous avons laissé l'empereur Constantius, en 351, embarrassé dans les préparatifs de la guerre contre Magnence. La même année, au commencement de l'automne, il gagna sur lui une grande bataille, auprès de Murse, dans les plaines de Pannonie, et il aurait pu dès-lors recouvrer une partie des pays de deçà les Alpes, sans la circonstance de la saison qui était avancée. Mais cette victoire devint préjudiciable à l'Église, par une rencontre particulière. L'empereur, n'osant pas risquer sa personne dans le combat, s'était retiré hors de Murse, dans un oratoire de martyrs; il avait pris avec lui Valens, évêque du lieu, ce fameux arien dont nous avons vu la pénitence avec celle d'Ursace en 349. Ils n'étaient peut-être pas encore retournés au parti, au moins publiquement, mais ils ne tardèrent pas. Valens, craignant comme les autres l'événement de la bataille, avait disposé adroitement toutes choses, par le secours de ses gens, pour en avoir le premier les nouvelles, et, selon qu'elles seraient bonnes ou mauvaises, s'en faire un mérite auprès de l'empereur, ou prendre son temps pour s'enfuir. Lors donc que ce prince était encore dans l'inquiétude de ce qui serait arrivé, et que le petit nombre de personnes qu'il avait autour de lui était saisi de crainte, Valens fut le premier à rapporter la fuite des ennemis. L'empereur lui ayant demandé qu'il fit entrer celui qui lui avait appris cette nouvelle, Valens, voulant s'attirer de la vénération, répondit que c'était un ange. Constantius ajouta foi à l'imposture, et il avait coutume de dire depuis,qu'il avait vaincu plus par les mérites de Valens que par la valeur de ses soldats. Ainsi le crédit de cet évêque devint grand à la cour. Le premier usage qu'ils en firent, lui et Ursace, fut de se joindre à Léonce d'Antioche, à Georges de Laudicée, à Acace de Césarée en Palestine, à Théodore d'Héraclée, à Narcisse de Néroniade, les héritiers des sentiments et de l'impiété d'Eusèbe de Constantinople, pour faire un effort général en faveur de ce parti, qu'ils voyaient abattu et presque abandonné. Car le Pape, toute l'Italie, la Sicile et les autres îles, toute l'Afrique, la Gaule, la Grande-Bretagne, l'Espagne et le grand Osius, la Pannonie, la Dalmatie, la Dacie, la Macédoine, la Grèce, la plus grande partie de la Palestine, toute l'Égypte et la Libye, conservaient avec saint Athanase la paix et l'union ecclésiastique. Valens et les autres, que nous venons de nommer, allèrent ensemble trouver l'empereur, à qui ils représentèrent le tort que leur avait fait le rétablissement d'Athanase; qu'ils étaient à la veille de demeurer seuls de leur doctrine et d'être traités comme des hérétiques et des manichéens; que cela ne pourrait retomber que sur lui-même, qui s'était déclaré leur protecteur; qu'enfin le seul remède à ces maux était de traiter Athanase et ses sectateurs comme il avait fait dans le passé. On peut mettre aussi vers ce temps ce que dit Théodoret, qu'après la mort de Constantius, ceux qui disposaient à leur gré de l'esprit de Constantius, son frère, lui rappelèrent le différend qui avait été entre eux à l'occasion d'Athanase et le peu qu'il s'en était fallu que les deux frères ne vinssent à une rupture ouverte et à une guerre civile. L'empereur fut échauffé par ces discours, et comme en marchant contre Magnence, il avait vu lui-même la multitude d'évêques qui communiquaient avec Athanase, il changea entièrement de disposition à son égard. Il oublia les promesses Athanas., Hist. arian. ad Monach., tom. 1, p. 360. Idem, pag. 361. 7 Theodoret., lib. II Hist., cap. 20. 8 Athanas., Hist. arian. ad Monachos, pag. 361. qu'il avait faites, soit de vive voix, soit par écrit, ce qu'il devait à la mémoire de l'empereur Constant, son frère, et était entré en Italie dès le printemps de l'année 352, il1 obligea les évêques dans toutes les villes à se séparer de la communion d'Athanase. Alors les eusébiens s'imaginèrent pouvoir aussi gagner quelque chose sur l'esprit du pape Jules, soit par la terreur de Constantius, soit en supposant quelques crimes nouveaux à saint Athanase.Nous voyons, par Sozomène, qu'on l'accusa d'avoir fait depuis son retour des ordinations dans les villes où il n'avait point ce droit; c'est-à-dire qu'y trouvant des prêtres ariens, il les en avait chassés pour mettre des orthodoxes en leur place. La mort du pape Jules, arrivée le 12 d'avril de cette année 352, le délivra des piéges que les ariens lui avaient tendus. Leurs lettres furent rendues à Libère, son successeur, avec d'autres qu'ils avaient fait écrire par les méléciens ou les nouveaux ariens d'Alexandrie, et qui ne contenaient en tout que les mêmes crimes contre saint Athanase. Eusèbe, le célèbre eunuque de la cour de Constantius, fut apparemment le porteur de ces lettres; il les laissa à Rome en passant, pour aller en Afrique, où il était envoyé. Dans le même temps arrivèrent celles que quatre-vingts évêques d'Égypte écrivaient pour la défense du saint archevêque. Le pape Libère les ayant reçues toutes, affecta de les rendre publiques; il les lut en présence de son Église et ensuite dans un concile des évêques d'Italie. Ceux-ci, voyant un plus grand nombre d'évêques pour Athanase, jugèrent qu'il était contre les lois de Dieu d'ajouter foi aux accusations que les évêques d'Orient formaient contre lui, et c'est ce qui régla la réponse que le Pape leur fit. Cependant, comme on prévoyait qu'ils ne s'en tiendraient pas à ce jugement, et qu'ou tre l'affaire d'Athanase, il y en avait encore d'autres à terminer avant de parvenir à pacifier les Eglises, on convint dans ce concile de Rome de prier l'empereur qu'il lui plût en faire assembler un à Aquilée, comme il l'avait 8 résolu depuis longtemps. La guerre continua toute cette année et ne finit que vers l'automne de la suivante (353), par la défaite entière et la mort de Magnence, qui se tua à Lyon au mois d'août. Concile d'Arles, ea 2. Dès qu'on sut cet événement en Italie, les évêques qui avaient assisté au concile de 352, Rome l'année précédente, se rassemblèrent en grand nombre auprès du pape Libère, pour reprendre l'affaire du concile d'Aquilée, qui n'avait point eu de suite, peut-être à cause de la guerre. On choisit pour aller solliciter à la cour Vincent de Capoue, dont le Pape espérait beaucoup, parce qu'il avait une grande connaissance des matières qui causaient la division et qu'il avait souvent été juge dans ces contestations, conjointement avec Osius. Cet endroit peut servir de preuve à ceux qui prétendent que Vincent présida avec Osius le concile de Nicée. On lui associa cette fois Marcel, qui était aussi évêque en Campanie 10, et quelques autres; et le Pape ayant soin qu'il ne manquât rien de ce qui était pour obtenir le concile, leur remit toutes les lettres des eusébiens, des méléciens et des évêques d'Égypte, touchant saint Athanase. Il ne savait pas apparemment jusqu'à quel point les eusébiens avaient aigri l'empereur contre lui, en l'accusant faussement 11 d'avoir supprimé leurs lettres par amitié pour saint Athanase; et contre ce saint évêque, qu'ils avaient chargé de plusieurs crimes nouveaux, entre autres d'avoir écrit à " Magnence, ce dont ils prétendaient avoir la preuve par devers eux. D'ailleurs 15, ce n'était point par les règles de l'équité, ni par l'ordre de l'Église que l'arianisme voulait s'établir dans le monde. Quand les députés arrivèrent à Arles, où Constantius demeura longtemps depuis sa victoire, il ne fut plus question de concile pour examiner l'affaire d'Athanase, l'empereur ayant déjà donné 1 un édit qui condamnait au bannissement tous ceux qui ne souscriraient point à sa condamnation. Seulement les eusébiens, qui s'étaient emparés de toute l'autorité, assemblèrent un parte aliqua commodare consensum. Ibid., pag. 1331. Ibid., pag. 1330. Liber., Epist. 1 ad Osium, inter Epist. decret., pag. 421. 12 Athanas., Apolog. ad Constant., pag. 298, tom. I. Hermant., Vie de S. Athanase, tom. I. 14 Sulpit. Sever., lib. II, pag. 428. certain nombre d'évêques dans le dessein d'autoriser, par quelque ombre de jugement ecclésiastique, l'iniquité de cet édit. Ce fut dans ce conciliabule qu'on introduisit les légats du Pape. Avec ceux de l'assemblée qui étaient bien intentionnés 2, ils demandérent qu'avant d'exiger la condamnation d'Athanase, on fût libre de traiter de la foi, qu'il ne serait plus temps d'examiner la doctrine quand une fois on aurait condamné la personne. Mais Valens et ses complices n'étant point assez hardis pour disputer de la foi contre de tels défenseurs, voulaient, au contraire, qu'on commençât par souscrire cette condamnation. Dans ce conflict des deux partis, saint Paulin de Trèves fut envoyé en exil; Vincent de Capoue et les autres évèques souffrirent des contraintes, des injures et des violences non communes. Enfin les légats du Pape .cédant aux troubles de toutes les Églises, proposèrent un moyen d'accommodement, qui était que les Orientaux commençassent par condamner l'hérésie d'Arius; après quoi ils promettaient d'acquiescer à la condamnation d'Athanase. Ils donnèrent même là-dessus leur écrit, pour plus grande sûreté. On alla aux avis, et après une mûre délibération, on répondit aux légats qu'on ne pouvait condamner la doctrine d'Arius, mais qu'on n'exigerait d'eux que de ne plus communiquer avec Athanase; et Vincent de Capoue se laissa entraîner à cette dissimulation3, comme l'appelle Libère. Néanmoins il répara cette faute, qui n'a pas empêché qu'un célèbre concile (c'est celui de Rome sous Damase, en 372, où se trouvèrent quatre-vingt-dix évêques) n'ait dit de lui qu'il a conservé inviolablement l'honneur de l'épiscopat jusque dans une grande vieillesse, et que le concile de Rimini ne peut être légitime, en partie par la raison que Vincent n'y a point consenti. Sulpice-Sévère ajoute à ce que nous avons dit de saint Paulin de Trèves, que lorsqu'on lui présenta à souscrire le résultat du concile d'Arles, il déclara qu'il acquiesçait à la condamnation de Photin et de Marcel, mais qu'il 6 Sulp. Sev., pag. 429; Athanas., Hist. ad Monachos, pag. 561; Hilar., ad Constant., lib. I, pag. 1222, et Fragment. 1, pag. 1282. • Ut priusquam in Athanasium subscribere cogerentur, de fide potius disceptarent: nec tum demum de re cognoscendum, cum de persona judicium constitisset. Sulpit. Sever., lib. II, pag. 429. • Athan., Apolog. ad Const., pag. 312, tom. I. Hilar., Fragment. 5, pag. 1332. ne pouvait signer celle de saint Athanase. D'où il parait que les Eusébiens exigèrent aussi la condamnation de Marcel d'Ancyre, quoique le concile n'eût point été assemblé contre lui. On avait employé beaucoup de caresses pour gagner saint Paulin; mais une déclaration si libre et si généreuse le fit juger indigne de l'Église par les évêques, et digne de l'exil par l'empereur. Saint Hilaire', qui l'appelle un homme bienheureux dans ses souffrances, remarque que Constantius s'efforça de lasser sa patience en le faisant sans cesse changer d'exil jusqu'à sa mort ; et qu'il le rélégua même dans des lieux où l'on n'adorait pas le nom de Jésus-Christ, afin qu'il fût réduit ou à mourir de faim, ou à se nourrir de viandes corrompues et profanées par l'hérésie abominable de Montan et de Maximille c'était en Phrygie, où il mourut l'an 358 ou 359. 8 Libère de un mande concile en 3. Le pape Libère, quoique sensiblement affligé de la faiblesse avec laquelle Vincent de Capoue, son légat au concile d'Arles, avait 354. cédé aux ariens, ne perdit pas néanmoins courage; et pour empêcher que la chute de cet évêque ne fût aux autres une occasion de prévarication, il les exhorta à ne pas se décourager par cet exemple, mais à demeurer fermes. Nous parlerons ailleurs de la lettre qu'il écrivit pour ce sujet à Cécilien, évêque de Spolète. Cependant on avait sommé publiquement tous les évêques d'Italie de se soumettre au jugement des Orientaux, et on employait la force pour les y contraindre, sous le spécieux prétexte de rétablir la paix1o entre les évêques d'Occident et d'Orient, comme si l'on eût pu faire une véritable paix avec ceux qui ne demandaient la condamnation d'Athanase que pour soutenir ouvertement l'hérésie d'Arius. Libère qui, dans de si tristes circonstances, avait besoin de consolation, en reçut de la part de saint Eusèbe de Verceil et d'Eusèbe de Cagliari, métropole de Sardaigne et des îles voisines. Ce dernier, qui s'était déjà rendu illustre dans l'Église par la pureté de sa vie, sa constance dans la foi et son amour 10 7 Hilar., lib. I ad Constant., pag. 1222, et Fragm. 1, pag. 1282, 1283, et lib. contra Constant., pag. 1246. 8 Hilar., Fragment. 6, pag. 1334. • Liber., Epist. 3 ad Eusebium, tom. I Decretal. epist., pag. 422. 10 Hilar., Fragment. 5, pag. 1831 et 1882. 3 pour les saintes Lettres, vint trouver Libère et s'offrit d'aller à la cour, d'expliquer toutes choses à l'empereur et d'obtenir de lui le concile dont on lui avait demandé la convocation l'année précédente. Le Pape accepta son offre avec joie, et envoya avec lui un prêtre nommé Pancrace ou Eutrope, et Hilaire, diacre de Rome, qu'il chargea d'une lettre pour l'empereur, également pleine de respect et de fermeté. Il demande d'abord à ce prince une audience favorable, et ajoute qu'il peut se la promettre de lui en qualité d'empereur chrétien et de fils de Constantin de sainte mémoire. Ensuite, après lui avoir témoigné son chagrin de n'avoir pu se réconcilier avec lui, ni le fléchir par ses prières, il lui représente qu'il ne lui avait pas demandé un concile seulement pour y examiner l'affaire d'Athanase, mais plusieurs autres, et avant toutes choses, la cause de la foi. Il répond au reproche que les Orientaux lui faisaient, d'avoir supprimé leurs lettres contre Athanase, en disant qu'il les a lues en présence de son Église et en plein concile, et que s'il n'a pas déféré à leur accusation, c'est qu'elle avait été contredite en même temps par soixante-quinze évèques d'Égypte, dont il avait aussi lu les lettres aux évêques d'Italie en sorte que le plus grand nombre rendant témoignage à l'innocence d'Athanase, il aurait cru violer les lois de la justice, s'il avait ajouté foi à ses calomniateurs. Il ajoute que toutes les lettres des évêques d'Orient ne l'avaient pas empêché de lui envoyer ses légats pour obtenir un concile; et quant à la paix que ces évêques témoignaient vouloir avoir avec ceux d'Occident, il dit : « Quelle paix, Seigneur, peut-il y avoir, puisqu'il y a quatre évêques du même parti, savoir Démophile, Macédonius, Eudoxe et Martyrius, qui, à Milan il y a huit ans, c'est-à-dire en 346, n'ayant pas voulu condamner l'opinion hérétique d'Arius, sortirent en colère du concile?»> Il représente encore à l'empereur ce qui s'était passé depuis à Arles, où ses légats n'avaient pu engager les Orientaux à condamner l'hérésie d'Arius, quelques offres qu'ils eussent faites de leur côté ; c'est pourquoi il le conjure de nouveau de faire exa 1 Athanas., Hist. arian ad Monachos, pag. 68. • Hilar., Fragment. 5, pag. 1333. Ibid., pag. 1329. * Liberius, Epist. 5 et 6, inter Epistolas decretal. Constant., pag. 427 et 429. miner le tout dans une assemblée d'évêques, où la foi de Nicée étant reçue unanimement, chacun fùt convaincu dans la suite que les prélats n'auront fait que la confirmer par leurs décisions. Libère écrivit en même temps à saint Eusèbe de Verceil et à Fortunatien d'Aquilée, les priant de seconder ses légats, dans la défense de la foi catholique et de l'innocence d'Athanase. 4. L'empereur accorda le concile et il ordonna qu'il se tiendrait à Milan 3, où il faisait sa résidence dans les commencements de l'année 355. Il s'y trouva très-peu d'évêques d'Orient, les uns s'étant excusés sur leur grand âge, et les autres sur la longueur et la difficulté des chemins. Mais il y en eut plus de trois cents d'Occident. Saint Eusèbe de Verceil se fit beaucoup prier pour y venir. Le concile, pour l'y engager, lui députa deux évêques, Eustomius et Germinius, avec une lettre dans laquelle il l'exhortait à prendre confiance en eux, à se résoudre par leur conseil à conserver l'unité et le lien de la charité, c'est-à-dire à souscrire au jugement que presque tout le monde avait porté touchant les hérétiques Marcel et Photin, et le sacrilége Athanase; il ajoutait que s'il croyait devoir agir autrement, on ne laisserait pas de juger suivant les règles de l'Évangile. C'étaient des évêques ariens qui parlaient ainsi au nom du concile, où ils étaient les maîtres, quoiqu'en plus petit nombre que les évêques catholiques. Mais ils osaient tout, soutenus de l'autorité de Constantius, dont ils disposaient à leur gré. Ce prince écrivit lui-même à Eusèbe, pour l'exhorter à être du même sentiment que les évêques ses frères. Lucifer et les deux autres légats du Pape, Pancrace et Hilaire, le pressèrent aussi de leur côté 1o, de venir au plus tôt dissiper par sa présence les artifices des ariens et résister à Valens, comme les bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, à Simon le Magicien. Saint Eusèbe vint donc à Milan; mais quand il y fut arrivé, on le laissa dix jours sans lui permettre l'entrée de l'église où se tenait le concile. Etant ensuite mandé, il vint avec les trois légats du Pape. On le pressa d'abord de souscrire à la condamnation de saint Atha Concile de Milan en 355 |