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Can. I.

Can. 2.

Can 3.

Can-4.

Can. 5.

Can. 6.

Can. 7

Can. 8.

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2

à chacun des remèdes proportionnés. Dans le premier canon, il accorde la communion à ceux qui, ayant été pris et amenés devant les juges, avaient cédé à la violence et à la longueur des tourments, en sorte qu'ils n'étaient tombés que par la faiblesse de la chair, sur laquelle ils portaient encore les stigmates de Jésus-Christ. Seulement il leur ordonne quarante jours de jeunes et de veilles, croyant que cela leur suffisait pour effacer leur faute, avec les trois années que quelques-uns d'entre eux avaient passées dans le deuil et la pénitence depuis leur chute. Quant à ceux qui n'ont souffert que les incommodités de la prison et ont été vaincus sans combat, il leur impose un an de pénitence, au-delà de celle qu'ils ont déjà faite, voulant ainsi qu'ils payent plus qu'au double, par leurs austérités, le bon traitement qu'ils ont reçu dans la prison par la charité des frères. Dans le troisième, à ceux qui, sans avoir souffert aucuns tourments, pas même la prison, se sont livrés comme des transfuges, il ordonne de faire, pendant trois ou quatre ans, de dignes fruits de pénitence, avant d'être secourus. Le canon suivant est une continuation du précédent. Le Saint y déplore le malheur de ceux qui ne font point de pénitence. Dans le cinquième, il condamne l'hypocrisie de ceux qui ont délivré des billets attestant qu'ils renonçaient à Jésus-Christ, ou de ceux qui ont envoyé des païens ou leurs esclaves chrétiens pour sacrifier; il veut qu'ils fassent trois ans de pénitence, sans avoir égard au pardon que les confesseurs avaient accordé à quelques-uns d'entre eux. Il n'impose qu'un an de pénitence à ces serviteurs trop obéissants, afin qu'ils apprennent, comme esclaves de Jésus-Christ, à faire sa volonté et à ne craindre que lui. 6. Mais il reçoit à la communion des priè

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1 Tamen quia multum decertarunt et diu restiterunt, non enim sponte ad ea devenerunt, sed a carnis imbecillitate proditi: nam et stigmata Jesu in suis corporibus os tentant, et anno jam tertio deflent, eis ab adventu per revocationem in memoriam, alii quadraginta dies injungantur, in quibus et ipsi cum valde exercitati fuerint, et constantius jejunaverint, vigilabunt in orationibus. Ibid.

2 lis autem qui postquam in custodiam traditi.... afflictiones gravesque fœtores passi sunt, postea autem sine bello tormentorum captivi facti sunt nimia virium inopia, et quadam cæcitate confracti, placet annum ad aliud tempus adjungi : nam ipsi quoque se omnino pro lege Christi affligendos dedere, sicque etiam a fratribus in carcere multum consolationem assecuti sunt: quæ quidem multiplicata reddent pro iis nimirum quibus in custodia oblectati sunt, Ibidem.

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res et du corps et du sang de Jésus-Christ, ceux qui, après leur chute, sont retournés au combat et ont enduré la prison et les tourments, persuadé de leur parfaite conversion. Il veut aussi que l'on communique avec ceux qui, s'étant engagés d'eux-mêmes témérairement dans le combat, en sont sortis victorieux. Il fait voir néanmoins que leur action n'est pas louable, et il ne les excuse que parce qu'ils ont agi au nom de Jésus-Christ. Quant aux clercs qui se sont livrés eux-mêmes et sont tombés, puis ont combattu de nouveau, il leur interdit les fonctions de leurs ordres, et se contente de leur laisser la communion, pour ne pas les décourager dans les tourments qu'ils avaient encore à souffrir. Ces dernières paroles indiquent que ces clercs étaient encore dans les prisons. Il appelle " vanité ce zèle indiscret qu'ils avaient fait paraître, et les blâme de ce qu'ils ont quitté dans le temps où ils pouvaient être utiles à leurs frères. Il y en avait d'autres qui, dans le commencement et dans le premier feu de la persécution, se trouvant devant les tribunaux des persécuteurs et voyant le zèle des saints martyrs, s'étaient déclarés chrétiens par une louable émulation, et étaient ensuite tombés, après avoir souffert la prison, la faim, la soif et plusieurs tourments. Saint Pierre approuve que leurs parents et leurs amis prient pour eux, et que l'Eglise joigne ses prières aux leurs, dans la persuasion que Dieu fait quelquefois des grâces aux uns, à cause de la foi des autres. Il témoigne la même indulgence pour ceux qui ne s'étaient déclarés, en ces occasions, que dans la douleur de voir leurs frères emportés par la violence des tourments.

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7. Le douzième de ces réglements exempte de reproches ceux qui, préférant la perte de leurs biens à celle de leur âme, ont donné

3 lis autem qui proditi sunt et exciderunt, qui et ipsi ad certamen accesserunt, se esse christianos confitentes et in custodiam cum tormentis conjecti sunt, æquum est in exultatione cordis vires simul addere, et eis in omnibus communicare, et in orationibus, et in participatione Corporis et Sanguinis, et in sermonis exhortatione. Tom. I Concil., p. 959.

Tillemont, tom. v, p. 451.

Ideo magis curam gerant quomodo in humilitate confessionem peragent, a vana gloria cessantes. Ibid., p. 962.

6 Scimus enim etiam propter aliorum fidem quosdam esse bonitatem Dei assecutos, et in peccatorum remissione et corporis sanitate, et mortuorum resurrectione. Ibid., p. 963.

7 lis qui pecuniam dederunt, ut ab omni improbitatis molestia omni ex parte remoti essent, crimen intendi

Can.

Can. 10.

Can, 11.

Can 12,

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de l'argent pour se délivrer de la vexation des persécuteurs. Dans le treizième on justifie aussi, par divers exemples tirés de l'Écriture, ceux qui 1, après avoir tout quitté se sont dérobés par la fuite, bien que d'autres aient été pris pour eux. Le quatorzième permet d'honorer comme confesseurs et d'élever au sacré ministère, ceux à qui l'on a fait avaler du vin des sacrifices, en leur mettant un bâillon à la bouche, ou à qui l'on a fait offrir de l'encens, en leur mettant la main dans le feu, principalement si leurs frères rendent témoignage de ces violences.

8. A ces quatorze réglements touchant la pénitence, Zonare en ajoute un quinzième, qui n'est qu'un passage tiré d'un traité de saint Pierre d'Alexandrie sur la fête de Pâques; il est conçu en ces termes : «Personne ne doit nous reprendre de ce que nous jeùnons la quatrième et la sixième férie, comme il nous est ordonné, suivant la tradition. La quatrième, c'est à cause du conseil que tinrent les Juifs pour trahir le Seigneur; la sixième, à cause de sa passion. Pour le dimanche, nous le passons en joie, à cause de sa résurrection, et nous avons appris à ne pas même fléchir le genou en ce saint jour.»>

9. Ces Réglements de saint Pierre d'Alexandrie se trouvent imprimés en grec et en latin dans toutes les Collections des canons; dans l'édition des Conciles du Père Labbe, et parmi les œuvres de saint Grégoire Thaumaturge, à Paris en 1622, avec les Commentaires de Zonare. Balsamon les a aussi commentés. On 3 cite une version syriaque qui passe pour très-ancienne et la plus exacte de toutes, dans laquelle il y a, entre le treizième et le quatorzième canon, un fragment d'une exhortation

non potest. Damnum enim et jacturam pecuniarum sustinuerunt, ne ipsi animæ detrimento afficerentur. Ibid.

1 Unde nec eos, qui omnia reliquerunt propter salutem animæ et secesserunt licet accusare, tanquam aliis propter seipsos detentis. Ibid., p. 966.

2 Non reprehendet nos quisquam quartam et sextam feriam observantes, in quibus nos jejunare, secundum traditionem præceptum est: quartam quidem propter initum a Judæis consilium de proditione Domini: sextam autem quod ipse pro nobis passus sit. Diem vero Dominicum lætitiæ diem agimus, quod in eo resurrexit, in quo nec genua quidem flectere accepimus. Tom. II Conc., p. 967. A la tête de ce canon, dans l'édition de Paris, de l'an 1622, parmi les œuvres de saint Grégoire Thaumaturge, on lit: Ejusdem ex sermone de Paschate.

3 Renaudot., Hist. Patriarch. Alexand., p. 61.

Quin etiam canones Petri, qui fuit Alexandria archiepiscopus et ma tyr... et nulli liceat prius declaratos canones adulterare vel non recipere. Tom. VI Concil, p. 1141, can. 2.

à la pénitence. Tous ces canons furent approuvés dans le concile dit in Trullo. [Galland, tom. IV, p. 91, a publié ces réglements, avec les Commentaires de Balsamon et de Zonare.]

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Auires écrits de S.

xandrie

10. Saint Pierre d'Alexandrie composa encore un livre qui avait pour titre : De la Divi- Pierre d'Alenité; il est cité par saint Cyrille d'Alexandrie, et dans les Actes du concile d'Ephèse; une homélie sur l'avènement du Sauveur, alléguée par Léonce de Bysance contre les erreurs de Nestorius et d'Eutychès; un discours sur la Páque d'où est tiré le quinzième canon, que nous avons rapporté plus haut. Justinien rapporte un passage extrait d'un premier discours de saint Pierre, pour montrer, contre Origène, que l'âme n'est pas avant le corps, et qu'elle n'est point mise dans le corps pour avoir péché auparavant 10; et un autre passage tiré d'un " discours que le Saint avait fait dans l'assemblée des fidèles, lorsqu'il était près de souffrir le martyre. Tous ces écrits sont perdus, et il ne nous en reste que quelques fragments peu considérables. [Galland, au tom. IV de sa Bibliothèque des Anciens Pères, a publié la lettre de saint Pierre à son Église; cette lettre avait été publiée auparavant par Scipion Maffeï dans les Monuments anciens de l'Église c'est celle dont il est parlé à l'article précédent. On la trouvera ici en note 12. Le traité de Justinien contre les monophysites, Écrivains anciens de Maï, tom. VII, p. 306, 307, contient un passage de saint Pierre sur cett parole de Jésus-Christ: « Vous livrez le fils de l'homme par un baiser. >> On cite aussi, Patrologie grecque, tom. XVIII, p. 522, un passage tiré du sermon ou du livre sur la théologie.]

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:

11. On attribue à saint Pierre un discours

Cyrill., in Apolog., tom. III Concil., p. 836.

6 Petri sanctissimi episcopi et martyris, ex libro de Deitate. Ibid., p. 508. Ex Conc. Ephes. et tom. IV, p. 286, ex Concil. Chalcedonensi.

7 S. Petri, episcopi Alexandrini et martyris, homiliæ de adventu Salvatoris nostri. Leontius, contra Nestorium et Eutich., lib. I, p. 682, tom. IX Biblioth. Patr. 8 Ejusdem Petri Alexandrini, ex sermone de Paschate. Inter opera Gregor. Thaumaturgi, p. 28, can. 15. 9 S. Petri Alexandrini episcopi et martyris, ex primo sermone, quod nec præextitit anima, nec cum peccasset, propterea in corpus missa. Tom. V Concil., p. 651. 10 D. Pitra, dans le Spicilége de Solesmes, publie ce passage grec et latin; il l'a trouvé dans l'Exposition sur la Genèse, de Jean, diacre de l'Eglise romaine. (Voyez Spicil., tom. I, p. 283. (L'éditeur.)

11 Ejusdem ex mystagogia, quam fecit ad Ecclesiam, cum martyrii coronam suscepturus esset. Ibid.

12 Petrus in fide Dei stabilis dilectis fratribus, in Domino salutem. Quoniam cognovi Melchium mihi per

Ecrits sur la l'àque,

supposés à S. sur la Páque, fait en forme de dialogue; il est

Pierred'Ale

xandrie.

Doctrine

de S. Pierre sur la divinité et les deux natures en

J.-C.

3

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1

imprimé à la tête de la Chronique pascale ou d'Alexandrie, donnée par M. du Cange, et avant lui, par le Père Pétau. Mais on ne peut douter qu'il ne soit d'un écrivain beaucoup plus récent. Saint Athanase y est cité 1 avec éloge et qualifié « la grande lumière de l'Église d'Alexandrie, » lui qui avait à peine quinze ans, lorsque saint Pierre souffrit le martyre. Il y est parlé du 2 concile de Nicée, de la fête de la 3 Naissance de saint Jean, de celles de l'Annonciation et de la Purification de la sainte Vierge : ce qui donne lieu de supposer qu'il n'a vécu qu'après les conciles d'Éphèse et de Chalcédoine. Peut-être n'a-t-on mis le nom de saint Pierre d'Alexandrie à la tête de ce discours, que parce qu'on savait qu'il en avait fait un sur la Pâque. [Ces raisons n'ont pas empêché Galland, tom. IV Prolegomènes, et tom. III, d'admettre l'authenticité des fragments de ce discours. L'auteur de la Chronique y a inséré un passage pris de saint Athanase. Dans les fragments rapportés par Galland, on ne trouve point de citations de faits postérieurs à saint Pierre. Les écrits qui nous restent de saint Pierre se trouvent dans Galland, tom. IV, et dans la Patrologie grecque de M. Migne, t. XII de la série latine et t. XVIII de la série grecque, avec les Actes authentiques du martyre de saint Pierre et les fragments publiés par Maï dans son Spicilege.]

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12. On peut mettre avec raison saint Pierre d'Alexandrie au nombre des Pères qui, avant le concile de Nicée, ont rendu témoignage, par leur sang et par leurs écrits, à la divinité de Jésus-Christ. Il dit nettement que le Verbe s'est fait homme sans cesser d'être Dieu, qu'il s'est fait chair dans le sein de la Vierge, par l'opération du Saint-Esprit, et que, lorsque l'Ange la salua pleine de grâce,

utilitatem (agere), cui nec beatissimorum episcoporum ac martyrum epistola placuit, sed insuper ingressum nostram paræciam, tantum sibi assumpsisse, ut etiam ex mea auctoritate presbyteros, et quibus permissum erat egentes visitare, conaretur separare; et indicium suæ cupiditatis in principatu, quosdam sibi ordinasse, in carcere: modo illud observate, ne ei communicetis, donec occurram illo cum sapientibus viris, et videam quæ sunt quæ cogitavi. Valete. (L'éditeur.)

1 Chronic. Paschal., édit. Paris 1688, p. 4. 2 Ibid., p. 8.-3 Ibid., p. 11.

Dei voluntate Verbum factum est caro, habituque inventum ut homo, non recessit a Deitate.... (et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis). Tum videlicet cum Angelus Virginem salutavit dicens: Ave gratia plena, Dominus tecum, hoc est, Dei Verbum tecum est... Deus autem Verbum citra viri commercium, Dei, qui quidvis efficere potest, voluntate, in Virginis utero

en lui disant: Le Seigneur est avec vous, c'était la même chose que s'il lui eût dit: Dieu le Verbe est avec vous. Il fait voir ", par les miracles de Jésus-Christ et par les circonstances de sa passion, qu'il était tout ensemble Dieu et homme par natures.

Histoire d'une femme

enfants dans la mer.

13. Nous trouvons dans la 6 Chronique Orientale une histoire assez singulière, qu'on dit gets être arrivée sous l'épiscopat de saint Pierre d'Alexandrie. Une femme chrétienne d'Antioche, ayant deux fils, voulut les faire baptiser; mais, ne l'ayant pu à Antioche, à cause de la persécution de Dioclétien, dans laquelle son mari avait renié la foi, elle s'embarqua pour aller à Alexandrie les faire baptiser par saint Pierre. Pendant le voyage il s'éleva une tempête, qui lui ayant fait appréhender de périr avec ses enfants qui n'étaient pas encore baptisés, elle se piqua d'un couteau à la mamelle droite, et du sang qui en sortit, elle fit le signe de la croix sur eux, puis les baptisa dans la mer en disant : «Je vous baptise, mes enfants, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Etant arrivée le VendrediSaint à Alexandrie, elle conduisit ses enfants à l'archidiacre, qui les présenta au baptême que Pierre donnait ce jour-là dans son église. D'autres avaient déjà été baptisés; mais lorsque ceux-ci approchèrent des fonts baptismaux, l'eau qui y était s'endurcit, de sorte que l'évêque ne put les baptiser; ce qui arriva point trois fois. Surpris de cet événement extraordinaire, il demanda à la mère quel péché elle avait commis, puisque Dieu ne voulait pas admettre ses enfants au baptême? Alors cette femme lui raconta tout ce qu'elle avait fait; l'évêque lui dit de se consoler, que Dieu avait baptisé lui-même ses enfants, et qu'après avoir confirmé leur baptême par un tel miracle, il ne fallait pas le réitérer.

incarnatum est, viri operatione ad hoc minime requisita. Dei namque virtus Virginem per Spiritus Sancti adventum obumbrans viro efficacius operata est. Petrus Alex., lib. de Deitate, p. 508, tom. III Concil.

5 Et Judæ dixit: Osculo Filium Dei tradis? Hæc et his similia et signa omnia quæ fecit, et virtutes demonstrant esse eum Deum factum hominem, utraque itaque demonstrantur, et quod erat Deus natura, et quod fuit homo natura. Idem, Homilia de adventu Salvatoris; apud Leontium, lib. I contra Nestor., p. 682, tom. IX Biblioth. Patr.

6 Chron. Orient., p. 116. Cette histoire est plus détaillée dans la Vie de notre Saint, par Sévère, évêque d'Aschmonin, qui en rapporte encore d'autres qui ne sont pas mieux autorisées. Renaudot, tom. V Perpétuité de la Foi, p. 116; et Histor. Patriarcha Alexand., p. 56, 59.

Autre bistoire sur le Baptême

Jngement

de c-s histoi

jes.

Martyre de

S Cyr et de S Jean.

14. Le Pré Spirituel rapporte une autre histoire sur le baptême, d'après le témoignage de saint Athanase. La terreur d'une grande peste qui arriva à Alexandrie, du temps du saint évêque Pierre, ayant obligé beaucoup de païens à recourir au baptême, quelqu'un lui apparut sous la forme d'un ange et lui dit ces paroles « Nous enverrez-vous donc toujours ces sacs scellés et cachetés, mais tout-àfait vides? >> De là saint Athanase concluait, au rapport de cet auteur, que ces sortes de personnes, qui recevaient le baptême sans avoir la foi chrétienne, étaient néanmoins baptisées et recevaient le sceau du baptême, mais qu'ils n'en recevaient point la grâce.

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15. L'autorité de la Chronique d'Alexandrie n'est pas d'un assez grand poids pour nous obliger à recevoir la première de ces histoires, dont il n'est rien dit dans les anciens. Les historiens arabes n'en font non plus aucune mention; et si les Égyptiens, qui ont autant de vénération pour les canons pénitentiaux de saint Pierre d'Alexandrie, que pour les épîtres canoniques, en avaient eu connaissance, ils n'auraient pas manqué de s'en autoriser pour soutenir, contre les autres Orientaux, la validité du baptême conféré par une femme, dans le cas de nécessité. La seconde histoire n'est pas mieux appuyée. J. Mosck 2, qui la rapporte, écrivait près de 350 ans après saint Pierre d'Alexandrie: il ne marque pas de quel endroit des écrits de saint Athanase il l'a tirée, et elle ne s'y trouve pas aujourd'hui. [16. Quelque temps après le martyre de saint Pierre, eut lieu celui de saint Cyr et de saint Jean. Cyr ou Cyrus était d'Alexandrie même, y exerçait la profession de médecin, guérissant les âmes des erreurs du paganisme, non moins que les corps de leurs maladies. Il fut dénoncé au gouverneur syrien comme détournant les peuples du culte des idoles et leur persuadant d'adorer Jésus le Crucifié. Le gouverneur donna ordre de l'arrêter. Le Saint se réfugia sur les frontières de l'Arabie, y changea de costume, se rasa la tête, prit l'habit de moine et continua de guérir les corps et les âmes par la foi et la prière. Jean était d'une naissance illustre et occupait un poste élevé dans la milice séculière. Ayant été faire un pèlerinage à Jérusalem, il vint en Égypte et se joignit à Cyrus, attiré par le bruit de ses guérisons miracu

1 Pratum Spirituale, tom. II Biblioth. Patr., an. 1576., Paris, cap. 198, p. 630.

* Pratum Spirituale, cap. 198, tom. II Biblioth. Patr.,

leuses. S'édifiant l'un l'autre, ils faisaient tous les jours de nouveaux progrès dans la vertu. La persécution ayant redoublé, trois vierges chrétiennes de Canope, consacrées à Jésus-Christ, furent arrêtées avec leur mère Anastasie, et présentées au gouverneur syrien. Saint Cyr, l'ayant appris dans sa retraite, craignit beaucoup que ces enfants, intimidées à la vue des supplices, ne vinssent à renier leur céleste époux, surtout à cause de leur grande jeunesse; car Théoctiste, l'aînée des trois, n'avait que quinze ans ; Théodote, la seconde, en avait treize; et Eudoxie, la dernière, était dans sa onzième. Saint Cyr rentra donc dans Alexandrie, accompagné de Jean. Ils pénètrent dans la prison, ils exhortent les jeunes vierges à mettre leur confiance en Jésus-Christ, à qui elles se sont consacrées et qui sera lui-même leur force au milieu des tourments; ils leur inspirèrent ainsi un courage au-dessus de leur âge et de leur sexe. Le gouverneur, l'ayant connu, les fit amener tous deux devant son tribunal, ainsi que les trois vierges et leur mère. Il comptait entraîner ces dernières dans l'apostasie des deux hommes, ou les effrayer par leur supplice. Il essaya d'abord de gagner Cyr et Jean par des promesses; leur offrit de l'argent, des honneurs, des places, s'ils voulaient revenir à la religion du prince. Sur leur refus, il leur fit endurer tous les genres de tourments, les coups de fouets, le fer et le feu. Voyant ces deux hommes insensibles comme s'ils avaient souffert dans un corps étranger, il les fit mettre à part et se mit à tourmenter les jeunes vierges et leur mère. Comme elles demeurèrent inébranlables, il fit trancher la tête et à la mère et aux trois filles. Après quoi il essaya de nouveau, sur les deux martyrs Cyr et Jean, tous les genres de promesses et de tortures, et finit par les décapiter. Les chrétiens transportèrent leurs corps dans l'église de Saint-Marc, et les placèrent, les trois vierges et leur mère dans un tombeau, les deux amis saint Cyr et saint Jean dans un autre. Plus tard, saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, transféra saint Cyr et saint Jean dans l'église des Évangélistes, sur le bord de la mer, où ils opérèrent une infinité de miracles. Saint Sophrone, patriarche de Jérusalem, a écrit la relation détaillée de soixante-dix miracles. Le dernier a été opéré sur lui-même. Par re

p. 620 édit. Paris., an. 1576. 3 Voyez Rohrbacher, Hist. de l'Eglise, tom. VI, pag. 139-40.

S. Méthode, évêque de risé en 311 Ou 312.

connaissance, il écrivit l'histoire de ces deux Saints. Cette histoire, ainsi que le panégyrique et la relation de leurs miracles, a été publiée par le cardinal Maï dans le tom. III et IV du Spicilege romain, d'après des manuscrits du Vatican. Le texte grec de l'éloge des saints martyrs et celui du récit de leurs miracles sont suivis d'une traduction ancienne due à Boniface le Conseiller, qui vivait un demi-siècle après saint Sophrone, et à Anastase le Bibliothécaire. Saint Cyrille d'Alexandrie a aussi trois petits discours sur saint Cyr et saint Jean. Pierre, évêque de Naples, vers l'an 1094, a écrit en latin un abrégé de la passion de ces Saints. On trouve ces différents récits au tom. IV du Spicilége romain.

ARTICLE VI.

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2. Saint Méthode avait donc composé divers ouvrages sur la religion; mais il ne nous reste que celui qui a pour titre: Le Banquet des Vierges, connu de saint Grégoire de Nysse, de saint Jérôme, d'André 1o et d'Arétas ", tous deux évêques de Césarée en Cappadoce; de Photius 12, de saint Jean de Damas 13 et de plusieurs autres ", qui le lui attribuent d'un consentement unanime. Je ne sais que Rivet, entre les écrivains du dernier siècle,

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SAINT MÉTHODE ÉVÊQUE, DOCTEUR DE L'ÉGLISE qui le lui ait disputé. Il l'a contesté parce que,

ET MARTYR.

1. Saint Méthode, surnommé Cubule, fut Tyr, marty d'abord évêque d'Olympe, ville maritime de Lycie, puis de Tyr en Phénicie. Léonce de Bysance le fait encore évêque de Patare, autre ville célèbre de Lycie. Mais il n'est pas impossible que ces deux églises aient été unies alors et gouvernées par un même pasteur. On croit qu'il succéda, dans l'évêché de Tyr, à saint Tyrannion, l'un des plus illustres martyrs de la persécution de Diociétien; et ce fut apparemment pour les pressants besoins de cette Église, que saint Méthode quitta le siége de celle d'Olympe. Car ces sortes de translations étaient alors très-rares dans les premiers siècles et étaient défendues comme contraires" aux canons de l'Église et à la tradition apostolique. Il souffrit le martyre à Chalcide, dans la Grèce, sur la fin de la dernière persécution, c'est-à-dire en 311 ou 312. Il y en a qui mettent sa mort sous Valérien; mais cette opinion ne paraît pas soutenable, puisque Porphyre

1 Epiphan., Hæres. 64, p. 590.

2 Hieronym., de Viris illustribus, cap. 83, p. 169. 3 Leontius, lib. de Sectis, act. 3, p. 664, tom. IX Biblioth. Patr.

Euseb., lib. VIII Hist. eccles., cap. 13, p. 307. Canon. Apostolorum 14, p. 413. tom. 1 Patrum Apostolicorum; et Euseb, lib. III de Vita Constant., cap. 61, p. 518.

6 Ad extremum novissimæ persecutionis, sive ut alii affirmant, sub Decio et Valeriano in Chaldice Græciæ martyrio coronatus est. Hieron., lib. de Vir. illustribus, cap. 83, p. 170.

7 Eusebius Cæsariensis in sexto libro Apologiæ dicit: Quomodo ausus est Methodius nunc contra Origenem scribere, qui hæc et hæc de Origenis locutus est dogmati

dans un passage de ce Banquet, rapporté par Photius 15, on cite le Théologien, c'est-à-dire, saint Grégoire de Nazianze, plus récent que saint Méthode. Mais il est à remarquer que cette citation ne se trouve point dans les éditions que nous avons du Banquet de saint Méthode. A l'égard de l'endroit de la Bibliothèque de Photius où elle se trouve, ce n'est point saint Méthode, mais Photius lui-même qui apporte l'autorité de saint Grégoire, pour montrer en quel sens il est dit que l'homme a été créé à l'image de Dieu; et il faut bien qu'il soit entré dans cette discussion, à l'occasion de quelqu'autre écrit que de celui du Banquet des Vierges, puisque cette question n'y est point agitée.

Ses écrits, son Banquet des Vierges.

Analyse de ce traité. Auctuar., 66 et seq.

3. Ce traité est un dialogue où dix vierges s'entretiennent sur la chasteté et font Combes, p. chacune un discours soit pour en relever les avantages, soit pour en prescrire les devoirs; mais elles ne parlent point en personne: c'est une femme nommée Gregorium, qu'on suppose avoir été présente à leur entretien, qui

bus. Idem., in Apol. advers. Rufin., lib. I, p. 359, tom. IV.

8 Gregor. Nyss., orat. de eo quid sit ad imaginem Dei, etc., p. 858, tom. I.

9 Hieron, lib. de Vir. illustr., cap. 83, p. 170. 10 Andreas, Comment. in Apocalyp., serm. 11, p. €09, tom. V. Biblioth. Patr.

11 Aretas, Comment. in cap. XXXIII Apocal., p. 769, tom. IX Biblioth. Patr.

12 Photius, Cod. 237, p. 950.

13 Joan. Damascen., in Sacris Parallelis. p. 643, t. II. 14 Honorius Augustodunensis, lib. de Script. eccles., cap. 84, p. 78; et Trithem., lib. de Script. eccles., cap. 60, p. 19.

15 Photius, Cod. 237, p. 966.

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