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Analyse de ces Actes Tom. II op.

138,

Chrysost

pag. 681.

moins citée sous le nom de saint Basile, dans
le septième concile générale, par saint Jean
de Damas et par Métaphraste. Mais ces sortes
de témoignages, trop éloignés du temps de
saint Basile pour lui assurer une pièce con-
testée, n'ont pas empêché les nouveaux édi-
1
teurs de ses ouvrages d'attribuer cette seconde
homélie à saint Chrysostome, à qui personne
ne conteste la première; et ils en ont donné
des preuves qui paraissent solides. Elles sont
fondées, premièrement, sur la conformité du
style et du génie de cette homélie avec beau-
coup d'autres de saint Chrysostome; en se-
cond lieu, sur ce qu'ayant été prononcée au
tombeau du Saint, qui était à Antioche, elle
ne peut être de saint Basile, qu'on ne trouve
point avoir été jamais en état de prêcher en
cette ville. On ne peut répondre à cette der-
nière difficulté qu'en mettant le martyre de
saint Barlaam à Césarée, dont saint Basile
était évêque, et non à Antioche. Mais cette
solution est insoutenable. L'homélie qui porte
le nom de saint Chrysostôme et qu'on ne lui
conteste pas, met le tombeau de saint Barlaam
à Antioche. D'ailleurs Eusèbe, en parlant des
martyrs de Cappadoce, ne dit rien de saint
Barlaam ni des circonstances de son martyre,
au lieu que, dans l'histoire qu'il fait de ceux
qui ont souffert à Antioche, il marque en ter-
mes assez clairs le supplice qu'on fit souffrir
à notre Saint. On lui mit sur la main de l'en-
cens, avec des charbons allumés,
afin que
la
douleur du feu l'obligeant de la remuer et de
la tourner avec précipitation, il laissât tomber
de l'encens sur l'autel, où l'on avait allumé
du feu pour un sacrifice.

2. Saint Barlaam était de basse condition, et ne savait point d'autre langage que celui Basil, pag. qu'il avait appris dans le village où il était né. Tomo Mais son âme ne se sentait point de la basAct. sincer. sesse de son origine ni de la barbarie de ses Martyr,, pag. 510. expressions. Après être demeuré longtemps en prison, où Dieu lui fit connaître tous les moyens de combattre les démons, il en fut tiré pour être conduit devant le juge, qui, se moquant de son langage rustique, essaya de vaincre sa constance par divers tourments. On le déchira à coups de fouet et avec des ongles de fer jusqu'à lui ouvrir les côtés; mais,

1 Præfat. oper. Basil., in tom. II, p. 4 et seq.

2 Jam vero ea quæ apud Antiochiam gesta sunt quid opus est in memoriam revocare? Ubi alii craticulis impositi, non ad mortem usque, sed ad diuturnitatem supplicii torrebantur. Alii dextras suas in ignem immittere maluerunt, quam impia libamenta contingere, Eu

au lieu de succomber, il se plaignait que les mains des bourreaux n'avaient pas plus de force que si elles eussent été de cire. Le juge le menaça de la mort et lui fit voir les épées, les haches, les coutelas encore teints du sang des martyrs; mais il n'en fut pas ébranlé. On le remit en prison, et pendant qu'il y était, le juge inventa un supplice tout nouveau, pour obliger le Saint à sacrifier. Il le fit mener devant un autel profane, où l'on avait allumé du feu pour un sacrifice; les ministres lui prirent la main, la remplirent d'encens tout brûlant et la lui tinrent immédiatement au-dessus du feu, dans l'espérance que, n'en pouvant supporter l'ardeur, il retirerait sa main avec précipitation et laisserait tomber l'encens sur l'autel. Mais le martyr eut le courage d'attendre que les charbons, après lui avoir brûlé et percé la main, tombassent d'eux-mêmes par l'ouverture qu'ils s'étaient faite. Ce tourment fut le dernier que souffrit saint Barlaam. Il paraît, par ce que nous avons cité d'Eusèbe, qu'il mourut dans la persécution de Dioclétien; mais on n'en sait pas l'année.

3. L'année du martyre de saint Gordie est également incertaine; et on ne sait s'il souffrit dans les dernières années de la persécution de Dioclétien, ou au commencement de celle de Licinius. Mais on ne peut former aucun doute sur les autres circonstances de son martyre, puisque c'est de saint Basile que nous les apprenons, et qu'il les avait apprises lui-même d'une tradition qui lui paraissait assurée.

3

Les Actes du martyre

de s. Gordie Basile.

tirés de S

ces Actes. Tom. II op Basilii, page

hom 18 Martyr., pag.

Act., sincèr.

150.

4. Il était de Césarée, capitale de la Cap- Analyse de padoce, et avait adoré Jésus-Christ dès son enfance. Cela ne l'empêcha pas de prendre le parti des armes et d'exercer des emplois considérables dans le service, où sa valeur, soutenue par une force de corps peu commune, lui acquit une grande réputation. Il se trouvait à la tête d'une compagnie de cent hommes, en qualité de centurion, lorsqu'on publia, dans Césarée, l'édit de la persécution contre les chrétiens. Prévoyant qu'il serait bientôt obligé de se déclarer, il quitta de luimême les marques de la milice, renonça à tout ce qu'il possédait, se retira dans les déserts les plus reculés, aimant mieux vivre

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Ad. Rom. 20.

avec les bêtes sauvages, que parmi les idolâtres. S'étant ainsi dérobé au tumulte des villes, il s'appliqua à purifier son âme des souillures que les images restées de tous les objets mondains pouvaient y avoir laissées. Il employa, à cet effet, les jeûnes, les veilles, les prières et la méditation continuelle des oracles du Saint-Esprit. Aussi Dieu se découvrit à lui, et l'Esprit de vérité lui fit connaître des mystères que les hommes ne lui avaient point appris.

5. Comme il pensait jour et nuit au peu de fonds qu'il y a à faire sur la vie présente, il se sentit enflammé de l'amour de cette autre vie qui ne doit jamais finir, et résolut de sortir du désert pour aller chercher le martyre. Lorsqu'il s'y fut bien préparé, il prit le jour d'une fête solennelle, en l'honneur de Mars, où toute la ville de Césarée était accourue au cirque pour voir une course de chars, et, s'étant avancé jusqu'au milieu du cirque, il dit tout haut, d'un ton ferme et d'un visage assuré, ces paroles citées par saint Paulin: « J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, et je me suis fait voir à ceux qui ne me demandaient point; » il voulut, par ces paroles, montrer qu'il venait mourir pour Jésus-Christ de son propre mouvement, et non par aucune nécessité. La voix de Gordie et sa figure, que son séjour dans le désert avait rendue à demi-sauvage, attirèrent les regards de tous les assistants, et on entendit partout des cris confus. D'un côté, les chrétiens témoignaient leur joie en voyant la valeur de Gordie, et d'un autre, les païens demandaient qu'on le fit mourir. Le gouverneur, qui était présent, ayant imposé silence, le fit amener devant lui et lui demanda avec beaucoup de douceur qui il était, d'où il était, et ce qui l'amenait. Gordie lui répondit en peu de mots sur tous ces articles. Le juge, voyant qu'il ne désirait autre chose que de

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1 Saint Basile remarque qu'il y avait des chrétiens dans cette assemblée: Imo vero erat eis admixta multitudo magna christianorum; mais il se plaint qu'en cela ils n'agissaient point conformément aux maximes de l'Evangile, qui incaute viventes et una cum concilio vanitatis sedentes, nec congressus male agentium declinantes celeritatem, equorum et aurigarum peritiam tunc ipsi quoque spectabant. Basil., Hom. 18, in S. Gordium, P. 144.

2 Alii consiliis ad persuadendum idoneis eum decipere nitebantur. Neque verbo solo; in animo vero ut voles, serva fidem, utique non attendit Deus linguam, sed loquentis mentem. Ita enim tibi licebit, et judicem mitigare, et Deum propitium reddere, Basil., ibid.,

mourir pour Jésus-Christ, lui fit souffrir divers tourments, et le condamna à mort. Tout le peuple voulut être présent à son martyre, et la ville de Césarée devint déserte en un moment. Les amis et les proches du confesseur y vinrent, l'embrassèrent, le mouillèrent de leurs larmes et le conjurèrent en des termes les plus pressants de ne pas se perdre. D'autres, croyant qu'il était permis de feindre, même en matière de religion, pour sauver sa vie, lui disaient qu'il pouvait renoncer Jésus-Christ de bouche et à l'extérieur, et le reconnaître toujours dans le cœur et en secret; que Dieu regarde moins les paroles que la volonté; que c'était le seul moyen d'apaiser le gouverneur, sans irriter Dieu. Mais le Saint demeura ferme et inébranlable; et, s'adressant à ceux qui pleuraient autour de lui, il leur dit ces paroles du Fils de Dieu aux femmes de Jérusalem: Ne me pleurez point, mais pleurez vous vous-mêmes, Puis il ajouta : « Pleurez les ennemis de Dieu, qui allument partout des feux pour brûler ceux qui le servent. Je suis prêt à mourir pour le nom de mon Seigneur Jésus, non une fois, mais mille, si cela se pouvait. » Il dit 3 à ceux qui lui conseillaient de renoncer de bouche, qu'il ne pouvait se servir de sa langue pour renier Jésus-Christ qui l'a créée; qu'il n'était pas extraordinaire de trouver des serviteurs de Dieu parmi ceux qui portent les armes ; qu'à la mort du Sauveur, le centurion, témoin des miracles qui s'y étaient opérés, n'avait pas craint de confesser la divinité de Jésus-Christ en présence des Juifs. Ensuite, s'étant fortifié par le signe de la croix, il marcha à la mort d'un pas assuré, d'un visage gai, sans changer de couleur et sans marquer la moindre appréhension. On bâtit depuis une église au lieu de son supplice; et ce fut en cet endroit que saint Basile prononça son éloge, le jour de sa fête, devant un peuple très-nombreux "

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p. 147. Aliis vero qui ut lingua negaret suadebant, respondit, linguam quæ a Christo creata erat, quidquam in conditorem loqui non posse. Corde enim credimus ad justitiam, ore vero confitemur ad salutem, lbid.

Recordor primum Centurionis ejus qui Christi cruci adstans, ex miraculis cognita ejus potentia..... confessus est, nec negavit eum vere esse Filium Dei. Ibid.

5 Hæc cum dixisset crucisque signo se circumscrip· sisset, ibat ad ictum, nihil immutato colore, nihil alterata faciei alacritate. Ibid., p. 148,

• Ibid., p. 141.

6

Les Actes du martyre

litte.

qui s'était assemblé là, malgré la rigueur de l'hiver. [L'Église honore sa mémoire le 3 janvier ].

ARTICLE IX.

LES ACTES DE SAINTE JULITTE ET DE SAINTE PÉLAGIE, MARTYRES.

1. D'après les Actes du martyre de sainte de sainte Ju- Julitte, celui qui l'avait dépouillée injustement de ses biens soutint en pleine audience que, par une loi des empereurs, elle ne pouvait être reçue en justice à agir contre lui; ce qui se rapporte visiblement au premier édit de Dioclétien, par lequel les chrétiens étaient déclarés infâmes et incapables d'être écoutés en justice, pour quelque cause que ce fût; et c'est une preuve que le martyre de la sainte arriva postérieurement à cet édit; mais on ne sait en quelle année. On croit que Julitte était de Cappadoce, et qu'elle souffrit à Césarée, qui en était la capitale et le lieu de la résidence ordinaire du gouverneur. Cela paraît par un discours de saint Basile, que nous avons encore et qui contient l'histoire du martyre de cette Sainte.

Analyse de ces Actes. Tom. II op.

Basil pag 33 Martyr, pag.

Act, sincer.,

515

1

2. Elle avait de grands biens, beaucoup de terres, de métairies, de bestiaux, de meubles et d'esclaves. Mais un des premiers de la ville s'en était emparé par violence; elle fut obligée de l'appeler en justice. Il comparut, et, quoiqu'il eût gagné plusieurs faux témoins et les juges mêmes par ses présents, voyant toutefois qu'il ne pourrait se défendre, il prit le parti de dire que Julitte n'était pas recevable à paraître en justice, puisqu'elle était chrétienne. Le préteur reçut ce moyen d'opposition, qui lui paraissait fondé sur le droit; et, laissant le principal de l'affaire, il fit apporter du feu et de l'encens, et dit aux 2 parties que, pour jouir du bénéfice des fois, il fallait auparavant qu'elles renonçassent JésusChrist. Julitte refusa de sacrifier et dit : «Que toutes les richesses du monde périssent, que je perde la vie, que mon corps soit mis en pièces, plutôt que de dire une parole qui

1 Cet édit fut publié le 24 février de l'an 303.

2

• Propositum est litigantibus, negantes quidem Christum legibus et legum præsidio fruituros; retinentes vero fidem, neque forum, neque leges, neque reliqua civitatis jura participaturos. Basil., tom. II, p. 34.

Potius ne corpus mihi quidem supersit, quam impia ulla verba in Deum qui me condidit proferam. Ibid. His dictis, persilivit in rogum qui.... venerandum corpus necessariis ac propinquis integrum et incolume

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puisse offenser Dieu, mon Créateur! » Elle ajouta : « On m'ôte un peu de terre, et je gagne le paradis les hommes me déclarent infâme, et Dieu me prépare une couronne. >> Le préteur, irrité de ses réponses et de sa constance, la pressa de nouveau de sacrifier; mais elle protesta qu'elle était servante de Jésus-Christ et qu'elle avait en horreur ceux qui voulaient l'obliger à abjurer sa foi. Le Préteur confirma l'usurpateur dans son injuste détention, et condamna Julitte à être brûlée. Julitte, après avoir exhorté plusieurs femmes qui étaient présentes à endurer avec constance tous les tourments pour le soutien et la défense de la foi, sans s'excuser sur la faiblesse de leur sexe, se jeta gaîment sur le bûcher et y mourut. Les flamines laissèrent son corps en entier, qui fut ensuite enterré dans le vestibule de la principale église de la ville. La terre qui reçut ce précieux dépôt, produisit une fontaine douce et agréable, tandis que les eaux des environs étaient amères et salées; d'après saint Basile, l'eau qui sortait de cette fontaine miraculeuse, soulageait les malades.

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3. On met aussi le martyre de sainte Pélagie dans la persécution de Dioclétien. Elle était d'Antioche, âgée seulement d'environ quinze ans. Se trouvant assiégée dans sa maison, en l'absence de sa mère, de ses sœurs et de toutes les autres personnes qui auraient pu la secourir, elle ouvrit elle-même la porte aux soldats, et, ayant su d'eux qu'ils venaient la citer à comparaître devant le juge, ou bien l'y trainer malgré elle, en cas de résistance, elle leur demanda la permission de rentrer et de changer d'habit; ce qu'ils lui accordèrent. Elle se para, en effet, de ses plus magnifiques habits. Mais comme elle ne doutait pas qu'on n'en voulût à sa vie ou à son honneur, dans la crainte de profaner sa beauté en la produisant au jour, et de donner innocemment un plaisir criminel, elle se précipita du toit de la maison, et échappa ainsi à tous les piéges de ses persécuteurs. Saint Chrysostome " dit qu'elle ne chercha ce genre de martyre que par le mouvement que Jésus-Christ for

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servavit: quod in pulcherrimo unius templi urbis vestibulo tumulatum, tum ipsi loco, tum iis qui ad hunc locum accedunt, sanitatem confert. Basil., t. II, p. 34.

Terra autem Beatæ hujus adventu prospera effecta aquam gratissimam e sinu suo emisit. Ibid., p. 35. 6 Hæc aqua et sanis tutela, et ægris solatium est. Ibid. 7 Non sola intus erat, sed Jesum habebat consiliarium, ipse aderat, ipse cor ejus tangebat, ipse animum confirmabat, ipse metum pellebat. Chrysost., p. 585, tom. II.

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Martyre de

des sœurs de

ma dans son cœur et par le courage qu'il lui inspira. « Pour preuve, ajoute-t-il1, que Dieu agissait en elle, c'est qu'elle alla généreusement à la mort; c'est que les soldats lui accordèrent sans méfiance ce qu'elle leur demandait pour l'accomplissement de son dessein; et puis ces sortes de chutes ne sont pas toujours mortelles; souvent on a seulement un bras rompu, ou bien quelqu'autre dérangement dans les membres, qui n'ôte la vie que longtemps après. La bienheureuse vierge n'éprouva rien de pareil en cette occasion; mais Dieu commanda à son âme de quitter aussitôt son corps : ainsi sa mort fut plutôt l'effet de la volonté divine que de sa chute. »> Il dit encore que le corps de Pélagie, en tombant à terre, frappa les yeux du démon plus vivement qu'un éclair, et le terrassa comme par un coup de foudre.

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4. Saint Ambroise 3, en faisant mention du la mere et martyre de sainte Pélagie, dit que les persésainte Péla- cuteurs, voyant qu'ils avaient laissé échapper Er Ambros., la proie dont ils espéraient assouvir leur imFin cap. pudicité, commencèrent à chercher la mère

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b. III. de

7, pag 183. tom. 2.

et les sœurs de la Sainte. Mais elles s'étaient sauvées à la campagne; enfermées entre les persécuteurs qui les avaient poursuivies et le fleuve qui les empêchait de fuir plus loin, elles relevèrent modérément leurs robes pour marcher plus librement, et, se tenant par les mains, elles entrèrent dans le fleuve, cherchant les endroits où son lit était plus profond, et elles s'y noyèrent ensemble. Le genre de mort de ces Saintes les a fait confondre avec les saintes Bérénice, Prosdoce et Domnine, leur mère, qui se jetèrent aussi d'ellesmêmes dans la rivière, pour éviter les mauvais traitements des persécuteurs; mais les autres circonstances de leur histoire sont différentes et font voir qu'on doit les distinguer les unes des autres. Saint Chrysostome, qui a fait l'éloge de sainte Pélagie d'Antioche, ne dit nulle part qu'elle fut fille de sainte Domnine; et, dans l'endroit où il parle de

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1 Ut vero discas id non sine divino nutu factum fuisse, id maxime comperias, tum ex virginis alacritate, tum ex eo quod milites dolum non olfecerint, quod petenti annuerint et quod res ad exitum deducta sit, neque minus id ediscere liceat ex ipsa mortis ratione. Multi enim e sublimi tecto delapsi, nihil mali passi sunt, alii item membris quibusdam corporis mutilati, longe post lapsum tempore vixerunt. Beatæ autem virgini nihil hujusmodi contingere voluit Deus; sed jussit animam statim e corpore exire, et eam, ut quæ satis certasset omniaque implesset, excepit. Non enim ex casus natura, sed ex Dei jussu mors consecuta est. Ibid., p. 588. 2 Non enim fulgur e cœlo demissum ita nobis terri

celle-ci, il ne lui donne que deux filles, Bérenice et Prosdoce. Aurait-il oublié de lui faire honneur du martyre de sainte Pélagie, s'il avait cru qu'elle en fût aussi la mère?

ARTICLE X.

LES ACTES DU MARTYRE DE SAINT PIERRE BALSAME.

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1. Quelques-uns ont cru que Pierre Apselam, dont Eusèbe fait mention parmi les martyrs de la Palestine, et Pierre Balsame, n'étaient qu'une même personne, soit à cause de la conformité des noms, soit parce qu'on les fait tous les deux naître dans le territoire d'Eleutherople et souffrir dans la même persécution, celle de Dioclétien. Mais ces raisons sont insuffisantes, et il y en a de bien plus fortes pour montrer qu'il faut les distinguer l'un de l'autre. Eusèbe, en parlant de saint Pierre Apselam, dit ' qu'il fut jugé à Césarée en Palestine, par Firmilien, et condamné à être brûlé en la même ville, le onzième de janvier de la septième année de la persécution, qui était l'an 309 de Jésus-Christ. Au contraire, saint Pierre Balsame fut pris, selon ses Actes, qu'on convient être authentiques, dans la ville d'Aulane, et aussitôt présenté à Sévère, gouverneur de la province, qui le fit crucifier le troisième de janvier, dans la ville même d'Aulane, sous l'empire de Maximien. Voilà, évidemment, plusieurs différences essentielles dans l'histoire de leur martyre. D'ailleurs, leurs noms n'ont pas une entière ressemblance; et, bien qu'ils soient nés tous deux dans le territoire d'Eleutherople, il ne s'en suit nullement qu'ils aient pris naissance dans le même lieu, et moins encore qu'ils soient une même personne.

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bile est, ut corpus martyris fulgure ipso gravius dæmonum phalangas perterrere faciebat. Ibid.

3 Ambros., lib. III de Virgin., cap. 7, p, 188, tom. II. Voyez l'article où nous en avons fait l'histoire. 5 Chrysostom., tom. II, p. 634 nov. édit. Bolland., ad diem 3 januarii, p. 128.

7 Euseb., lib. VIII Hist. cap. 10.

8 Cum comprehensus fuisset apud Aulanam, oblatus est Severo præsidi... qui Petrum sententiam subire crucis præcepit. Martyrisatus est autem Petrus apud Aulanam civitatem III nonas januarii sub Maximiano imperatore. Ruinart, Acta sincera Martyr., p. 501, 502 et 503.

Analyse de ces Actes.

Martyr, pag

B04.

j'ai reçu au baptême celui de Pierre, » Sé vère ajouta « De quel pays, de quelle famille êtes-vous?» Pierre répondit : « Je suis chrétien. » Sévère dit : « Quel emploi avezvous?» Pierre répondit qu'il ne pouvait en avoir de plus considérable que celui de chrétien. Sévère lui demanda s'il avait encore son père et sa mère. Pierre ayant répondu d'une manière négative: « Vous ne dites pas vrai, lui repartit le gouverneur; car je sais de bonne part que vous avez l'un et l'autre. » Pierre dit : « L'Évangile ordonne que, lorsque nous confessons le nom de JésusChrist, nous renoncions à toutes choses. » Sévère dit : « Avez-vous connaissance de l'édit des empereurs?» Pierre répondit: « Je connais les ordonnances de mon Dieu, qui est le roi véritable et éternel. » Le gouverneur lui dit que les empereurs voulaient que les chrétiens sacrifiassent, ou qu'on les fit mourir, et il le pressa d'obéir. Pierre répondit qu'il lui était défendu de sacrifier au démon et à des dieux de bois et de pierre faits de la main des hommes. Le gouverneur insista et lui dit, par une fausse compassion, d'avoir soin de lui-même, qu'il voulait bien lui donner du temps pour penser à sauver sa vie. Pierre répondit : « Je ne ferai pas ce que vous voulez me persuader de faire, et je prie Jésus-Christ mon Seigneur, que j'adore, de ne le permettre pas.

3. Le gouverneur le fit étendre sur le cheActa sincer valet, et, après l'avoir raillé sur la situation où ce supplice le mettait, il lui demanda s'il refuserait encore de sacrifier? « Je vous l'ai déjà dit souvent, répondit Pierre, je ne sacrifie' qu'à mon Dieu seul, pour le nom duquel je souffre. » Le gouverneur fit redoubler les tourments; mais ils ne purent tirer aucune plainte de la bouche du Saint; il ne se répandait qu'en actions de grâces au Seigneur, pour les faveurs qu'il en recevait. Sévère, irrité de sa constance, fit venir de nouveaux bourreaux qui le tourmentèrent avec tant de cruauté, que ceux qui étaient présents, voyant son sang couler sur le pavé, l'exhortaient à

1 Nomine paterno Balsamus dicor; spirituali vero nomine, quod in baptismo accepi, Petrus dicor. On voit, par saint Denis d'Alexandrie, qu'on donnait aux enfants nouvellement nés les noms des saints Pierre, Paul, Jean, etc.

2 Non sacrifico dæmonis, nisi soli Deo meo, pro cujus nomine hæc patior. Ruinart, Acta sincera Martyr., p. 502. 3 Quod si negavero nomen Dei mei, in veras panas et in majora tormenta, perpetuo ingressurum me esse cognosco. Ibid., p. 503,

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avoir pitié de lui-même et à sacrifier, pour se délivrer de ces cruels tourments. Pierre leur dit « Ces peines ne sont rien, et ne sont point sensibles; mais je sais que si je manquais de fidélité à mon Dieu, en renonçant son nom, j'en serais puni par de véritables supplices et par des peines éternelles.>> Le gouverneur lui dit encore une fois de sacrifier, et, le voyant inflexible, il prononça cette sentence contre lui; «Nous ordonnons* que Pierre, à cause du refus qu'il fait d'obéir aux édits des invincibles princes, aimant mieux suivre la loi de son Dieu crucifié, subira le même supplice que lui. » Ainsi ce vénérable athlète de Jésus-Christ eut le bonheur de participer aux souffrances de son Seigneur.

ARTICLE XI.

LES ACTES DES QUARANTE MARTYRS.

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1. Les plus célèbres d'entre les chrétiens qui souffrirent pour la foi, dans la persécution de Licinius, sont ceux que nous connaissons sous le nom général des Quarante Martyrs. On neles trouve nommés, en particulier, dans aucun des discours que les anciens Pères de l'Église ont fait en leur honneur; et il n'était pas aisé, dans les panégyriques prononcés de vive voix, d'entrer dans ce détail. Mais leurs noms se lisent dans Adon et dans les Actes de leur martyre, publiés par Bollandus: en beaucoup d'endroits, ils sont contraires à ce que saint Basile, saint Ephrem, saint Grégoire de Nysse, saint Chrysostôme et saint Gaudence ont dit de ces Saints, et, par conséquent, sont peu dignes de foi; ils peuvent néanmoins passer pour authentiques,à l'égard des noms propres qu'ils donnent à ces martyrs; car les falsifications de ce genre sont très-rares, surtout en un si grand nombre de noms. D'ailleurs saint Ephrem 7 remarque que ces martyrs avaient différents noms; ce qui montre que la mémoire s'en était conservée. Voici ces noms, selon les Actes : « Quirion, Candide, Domnus, Méliton, Domitien, Eu

↳ Petrum admodum contemnentem invictissimorum principum jussa propter legem Dei sui crucifixi, sententiam crucis subire præcipio. Ibidem.

Bolland., ad diem 10 mart., p. 18 et 19.

6 Basil., Act. Martyr. Ruinart., p. 523; S. Ephrem, Orat. 27, tom. III, p. 727; Gregor. Nyss., tom. II, Orat. 2, p. 936; Gaudent., serm. 17 in Dedication. Basilica SS. XL Martyr.; Chrysostom. apud Phot., Cod. 274.

7 Quadraginta numero erant personæ et omnibus divina providentia diversi aspectus ac nominum appella

Les Quaran sous Lici

te Martyrs,

nius, en 320.

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