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rante-huit sections, pour les inviter à accueillir les demandes de passeport faites par les officiers de santé qui vont à l'armée.

CLUB DES JACOBINS. Séance du 15 mai.

Un soldat de la légion de la Moselle réclame contre quelques inculpations élevées contre ce corps. Il convient que cette légion renferme des individus réellement indignes de défendre les drapeaux sous lesquels ils se sont enrôlés, et que ces individus, assez nombreux, sont tous déserteurs autrichiens ou prussiens. Il est chargé d'une adresse à la Convention, pour lui demander leur expulsion, et qu'ainsi dégagée, on accorde à cette légion d'aller combattre les révoltés.

› Bourdon invite avec force la société à écarter de ses discussions tout objet incidentel ou partiel, pour ne s'occuper que des moyens de garantir la Constitution des atteintes de l'intrigue.

› Robespierre jeune et Legendre pensent, au contraire, que le premier but de la société est d'éclairer l'opinion publique, de démasquer aux yeux du peuple tous ses ennemis, en déjouant leurs projets liberticides, et que jamais les circonstances n'ont moins permis de s'en écarter. Il faut enchaîner les traîtres, dit le premier, et bâtir ensuite.

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› La société, ajoute Legendre, est essentiellement surveillante; › elle est la corde du tocsin qui doit frémir à l'unisson d'un bout › à l'autre de la République; elle est la boussole de l'esprit public; son premier devoir est d'écarter tout ce qui s'oppose à sa › direction..

Le contingent de la section des Gardes-Françaises défile en armes, le sac sur le dos. Legendre fait part d'un fait d'où il résulte que les voituriers à la conduite des effets militaires pour la Vendée sont, en grande partie, composés de ci-devant comtes, marquis ou gardes du roi. Le comité de salut public en a déjà fait arrêter quinze, et a envoyé ordre, par courriers extraordinaires, d'arrêter ceux qui sont en route. On frémit d'horreur à cette nouvelle, qui donne lieu à différentes observations qu'elle devait produire en même temps qu'elle prouve aux Jacobins

combien le salut de la République tient à leur plus ou moins de surveillance. (Le Républicain, journal des hommes libres, n. CXCVII.)

TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.

Audiences des 12, 15, 14 et

15 mai. Affaire du général Miranda.

Le procès du général Miranda remplit presque en entier huit numéros du Bulletin du tribunal révolutionnaire. La levée du blocus de Maestricht, l'évacuation de Liége, la déroute de NeerWinden, et la trahison de Dumourier, sont les principaux élémens de cette cause. La déposition des témoins à charge, et la discussion par laquelle Miranda réussit à prouver qu'il n'est coupable d'aucun de ces événemens, concourent à produire un document historique de la plus haute importance. Nous transcrivons intégralement cette procédure des numéros XXX, XXXI, XXXII, XXXIII, XXXIV, XXXV, XXXVI et XXX VII du Bulletin du tribunal révolutionnaire.

Interrogé de ses nom, surnoms, âge, qualités, lieu de naissance et demeure;

» A répondu qu'il se nomme François Miranda, âgé de 40 ans, général divisionnaire des armées de la République, demeurant ordinairement à l'armée.

› Lecture faite de l'acte d'accusation, il en résulte que, par décret de la convention nationale du 15 avril dernier, lu et publié à l'audience du tribunal, le 17 du même mois, François Miranda, lieutenant-général des armées de la République, a été envoyé par-devant le tribunal criminel extraordinaire, et il a été ordonné que le comité de la guerre ferait passer sans délai, à l'accusateur public, toutes les pièces qui sont entre ses mains, et qui ont rapport aux délits qni lui sont imputés, et que les pièces et renseignemens acquis par les commissaires de la Belgique, relativement à la conduite de ce général, seraient communiqués par eux au tribunal; qu'en exécution de ce décret, toutes pièces ont été envoyées à l'accusateur public, et ledit Miranda a été interrogé devant le président dudit tribunal, le 20

avril dernier ; qu'il a été aussi reçu par le président différentes déclarations de témoins; qu'examen fait par l'accusateur public desdites pièces, il en résulte que ledit Miranda a reçu des ordres, le 11 février dernier, de Dumourier, commandant alors en chef les troupes de la République dans la Belgique, de commencer du 18 au 19 du même mois, au plus tard, l'attaque de Maëstricht, en y jetant des bombes, et de brusquer cette attaque, attendu que ce n'était ni la saison ni le temps d'ouvrir un siége régulier ; que par les ordres subséquens de Dumourier, il a été prévenu que le commandant de cette place n'était point militaire; que dans le cas où il proposerait d'évacuer la place, et de se retirer avec sa garnison, il ne fallait pas le permettre, et intimer au gouverneur qu'il serait personnellement responsable envers les habitans des dégâts du bombardement; que si le siége de Maëstrich se prolongeait, de le laisser asseoir par l'armée de Dumourier et celle de Valence, et de marcher sur Nimègue, en prenant la moitié des mortiers et du canon de douze et de seize; que dans la sommation qu'il ferait à la ville de Maëstrich, de ne pas oublier, indépendamment du gouverneur, de faire sommer les magistrats, et de les rendre responsables des dégâts des bombes; et de les prévenir, et par eux les habitans, qu'ils n'en voulaient qu'aux partisans du stathouder, qu'il poursuivrait à toute rigueur; qu'il n'avait, ainsi que tous, que de l'amitié pour la nation hollandaise; que ce n'était point contre elle, mais pour elle, que nous faisions la guerre, et que l'armée ne désirait que de prévenir les Prussiens, qui les vexaient comme ils l'avaient déjà fait ; de mettre par écrit ses conseils, et de les faire parvenir par toutes voies possibles; de se hâter de rassembler l'artillerie et les chariots pour n'être pas retardé après la prise de Maëstrich; qu'on ne pouvait être assuré de la Meuse que lorsque l'on aurait cette place; que la consternation y était très-grande; que la plupart des troupes de sa garnison avaient peu de volonté de se battre ; que moins il mettrait de méthode au siége, plus tôt il y réussirait, parceque le bombardement dégoûterait la garnison et effraierait les habitans; les émigrés même qui y étaient

retirés seraient un embarras de plus, qui faciliterait la reddition de la place; que dans les réponses faites par ledit Miranda, à l'interrogatoire par lui subi au comité de guerre de la Convention, il dit qu'en exécution des ordres ci-dessus énoncés, et pour se préparer au siége de Maëstricht, il avait fait venir l'artillerie de siége des trois armées réunies, et avec toutes les pièces capables de jeter les bombes: qu'il a exécuté le bombardement, faisant encore venir toute la grosse artillerie de siége des trois armées, pour continuer le bombardement en tirant à boulets rouges sur la place; si ce bombardement n'était pas suffisant, qu'il était pourvu de tous les approvisionnemens nécessaires pour le bombardement de cinq à six jours, ainsi que Dumourier le supposait dans ses ordres, et pour la continuation du bombardement, et ensuite tirer à boulets rouges; toutes les pièces et toutes les munitions nécessaires étaient dans les depôts de Tongres, Liége, Tirlemont, Saint-Tron, Louvain et Malines, pour arriver à fur et mesure pour la continuation du siége par les armées des Ardennes et de la Belgique, puisque celle du Nord, qui était sous ses ordres, devait partir sous sa conduite pour la Hollande, son avantgarde étant déjà sur Grave; qu'il avait fait investir Maëstricht par une armée de quatorze ou quinze mille hommes, laquelle, dans le cours du siége, fut diminuée de trois à quatre mille hommes, qui marchèrent sur la frontière de la Hollande, d'après quelques mouvemens des ennemis ; qu'il ne pouvait augmenter le nombre des troupes sans désobéir aux ordres du général; qu'il est arrivé à Maëstricht du 21 au 22 février ; qu'il a ouvert la tranchée y étant en personne, avec tous les chefs d'artillerie et de génie ; que conformément aux ordres par lui reçus de Dumourier, il a fait passer la Meuse à toutes les troupes de l'armée des Ardennes, pour se joindre à celle de la Belgique, qui gardait la Roère, formant avec les deux corps une armée d'observation, qui, sous les ordres des généraux Valence, Lanoue, Stingel, Miaczinski, Dampierre, Lamarche et Neuilly, devaient couvrir l'attaque de Maëstricht; › Qu'il a établi ses batteries pour le bombardement à environ 500 toises de l'enceinte de la ville, et que le bombar

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dement a duré cinq à six jours; que des déclarations des témoins il résulte au contraire que Miranda n'a pas pris les précautions nécessaires et indispensables pour le siége de Maëstrich, telles que les aurait prises un général qui aurait été animé du désir de faire triompher les armées de la République ; qu'il y a mis la négligence la plus répréhensible et la plus coupable, qui décèle qu'à cette époque déjà il s'occupait d'effectuer la trahison combinée avec Dumourier, dont il a toujours été un des principaux agens, et qu'en commençant ce siége, il n'avait aucune pièce de canon; que beaucoup de bombes n'étaient pas de calibre, que la poudre était mauvaise, et ne pouvait porter des bombes sur la ville; que le charbon était de mauvaise qualité, et ne pouvait servir à chauffer les boulets; que les grilles n'étaient point préparées pour chauffer lesdits boulets; que pour commencer le bombardement Il n'avait que six obusiers et six mortiers; faits qui aux yeux de tout militaire de bonne foi et expérimenté, ne permettent pas de douter que Miranda n'a eu d'autre but, en formant ce siége, et de complicité avec Dumourier, que de faire massacrer l'armée de la République ; qu'il n'en est resté que cinq, attendu que le mortier de douze était hors d'état de pouvoir servir; que pendant trois jours les assiégeans furent sans artillerie; que le quatrième jour, après les représentations que firent les canonniers et les bombardiers, qu'ils réitérèrent plusieurs fois que les pièces d'artillerie qui étaient au parc étaient inutiles, et qu'elles serviraient aux retranchemens, Miranda fit venir sur un autre retranchement que celui des mortiers et obuses, quatre pièces de canon de seize, qui étaient les seules pièces de seize qui fussent au parc; mais que ces pièces ne purent servir, attendu la mauvaise qualité de charbon pour chauffer les boulets; qu'il fallut en demander d'autres qui n'arrivèrent que douze heures après, c'està-dire le matin, qu'ayant été mis aux fourneaux ainsi que les boulets, alors les canonniers reçurent des ordres de ne plus faire feu avec les quatre pièces de canon qui ne servirent point; qu'on ignore par quelle raison Miranda empêcha le feu de ces quatre pièces d'artillerie, lorsqu'elles étaient en état de jouer à boulet

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